Ernest Pépin : DIS-LEUR
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Ernest Pépin : DIS-LEUR
DIS-LEUR
Un
oiseau passe
éclair de plumes
dans le courrier du crépuscule
VA
VOLE
ET DIS-LEUR
Dis-leur que tu viens d'un pays
formé dans une
poignée de main
un pays simple comme bonjour
où les nuits chantent
pour conjurer la peur des lendemains
dis-leur
que nous sommes une
bouchée
répartie sur sept îles
comme les sept couleurs de la semaine
mais que jamais ne vient
le dimanche de nous-mêmes
VA
VOLE
ET DIS-LEUR
Dis-leur que les marées
ouvrent la serrure de nos
mémoires
que parfois le passé souffle
pour attiser nos flammes
car
un peuple qui oublie
ne connaît plus la couleur des jours
il va comme un
aveugle dans la nuit du présent
dis-leur que nous passons d'île en île
sur le pont du soleil
mais qu'il n'y aura jamais assez de lumière
pour éclairer
nos morts
dis-leur que nos mots vont de créole en
créole
sur les épaules de la mer
mais qu'il n'y aura jamais assez de sel
pour brûler notre langue
VA
VOLE
ET DIS-LEUR
Dis-leur qu'à
force d'aimer les hommes
nous avons appris à aimer l'arc-en-ciel
et
surtout dis-leur
qu'il nous suffit d'avoir un pays à aimer
qu'il nous
suffit d'avoir des contes à raconter
pour ne pas avoir peur de la nuit
qu'il nous suffit d'avoir un chant d'oiseau
pour ouvrir nos ailes
d'hommes libres
VA
VOLE
ET DIS-LEUR...
Ernest Pépin "Babil du songer"
Un
oiseau passe
éclair de plumes
dans le courrier du crépuscule
VA
VOLE
ET DIS-LEUR
Dis-leur que tu viens d'un pays
formé dans une
poignée de main
un pays simple comme bonjour
où les nuits chantent
pour conjurer la peur des lendemains
dis-leur
que nous sommes une
bouchée
répartie sur sept îles
comme les sept couleurs de la semaine
mais que jamais ne vient
le dimanche de nous-mêmes
VA
VOLE
ET DIS-LEUR
Dis-leur que les marées
ouvrent la serrure de nos
mémoires
que parfois le passé souffle
pour attiser nos flammes
car
un peuple qui oublie
ne connaît plus la couleur des jours
il va comme un
aveugle dans la nuit du présent
dis-leur que nous passons d'île en île
sur le pont du soleil
mais qu'il n'y aura jamais assez de lumière
pour éclairer
nos morts
dis-leur que nos mots vont de créole en
créole
sur les épaules de la mer
mais qu'il n'y aura jamais assez de sel
pour brûler notre langue
VA
VOLE
ET DIS-LEUR
Dis-leur qu'à
force d'aimer les hommes
nous avons appris à aimer l'arc-en-ciel
et
surtout dis-leur
qu'il nous suffit d'avoir un pays à aimer
qu'il nous
suffit d'avoir des contes à raconter
pour ne pas avoir peur de la nuit
qu'il nous suffit d'avoir un chant d'oiseau
pour ouvrir nos ailes
d'hommes libres
VA
VOLE
ET DIS-LEUR...
Ernest Pépin "Babil du songer"
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
POEMES Ernest PEPIN
POEMES
Ernest PEPIN
Ceinture d'eau à la taille
nouée de salaison
gabarre à la dérive
au défi du passé
un cri d'eau salée
rompt les amarres
et culmine en plumage de soufre
Les falaises font faillite
sauf pour quelques touristes
qui picorent de leur caméra
les cuisses
d'eau des Chutes
Iles errantes
éclatant non-lieu
coulé à pic
par l'obus négrier du soleil
escarbilles
escarboucles
des larmes de
rhum sec
creusent les mines abandonnées
du jour
La nuit les trois-chemins
apportent les nouvelles
d'un insomniaque
quimbois
Ce n'est que mon île
hommes tournés chiens
tournés rien
tous engourdis aux seins
d'exotiques icebergs
(malgré
l'évidente hostie du soleil)
Même la ville
tend son
cou d'autruche
à la hache
des cyclones
Pointe-à-Pitre déménage
à dos de bétonnières
et dresse de
grands cierges
en offrande aveugle
Pointe-à-Pitre
faux prophète
le sang des p.t..n
garde vraie une
goutte
de vie
sous les dessous des
faubourgs
Ce n'est que mon île
mon île
fonctionnaire
en faction
outre-caraïbe
La route roule son corps automobile
jusqu'aux hanches les
plus larges des campagnes
Les campagnes roulent les mornes
dans la gueule
des usines
Les usines roulent rage et chômage
au fond
des yeux
Ce n'est que mon île
scindée mâle et femelle
seule coup de
machette de la Rivière-Salée
mâle désir jaune La
Soufrière
mâle lévitation cannibale Matouba
Grande
Terre
femelle passion de la mer
plages nues
filles nues
touristes
ensablés
(ne pas oublier l'injustice d'une balle de golf
dépossédant un
crabe de son trou)
En éternelle césarienne
Porte-d'enfer lâche ses
eaux
utérines
Iles
dauphins jongleurs
à mordre
à
petits sauts
de mornes
la balle du soleil
Marie-Galante
mare
prophétique
pour la soif des marrons
Les Saintes
proues
jumelles
Saint-Barthélemy
bretonne
sous sa coiffe
d'écumes
Saint-Martin
Désirade agenouillée
sous la croix de
Pointe-des-Châteaux
Iles
seins blessés
bouquets d'îles
à
désarçonner
les géreurs de la joie
Ce n'est que mon île
mon île chien-créole
(lire dans les mains bleues du ciel
notre faim
canine d'être d'ici)
sa queue pyrogène
met le feu aux poudres
des voraces morsures de
squales
du
souvenir
Après des cents d'années damnées
l'échine haute des
volcans
porte sacrifié le sang
Proie sûre et
sanglante
liberté
belle légende
suspendue
au javelot des filaos
une
escorte de chiens
salue notre naissance
métamorphose
sonnant à la cloche des
volcans
l'heure dissidente
Rient
les insectes
au visage des nuits
dansent les fêtes indiennes
couleur
safran et colombo
aux lèvres
bombardent traqués
les tambours
météores
l'agonie hors-jeu
sacres
et massacres
Notre naissance
bague au doigt
consentant
des cyclones
Ce n'est que mon île
mon île paysanne
un vieux nègre zébu
tire la misère
un vieux nègre
gros-talons
met le tonnerre
en
terre
Sauvage éclat de rire des bombes
coup de main
pour demain
Pluie de seins
venue
d'arbres-à-faim
tombe fille à fille
sur les trottoirs d'exil
Ce n'est
que mon île-déluge
Cohue de cases
mauvais dominos posés à même la route
mauvais jeu
mauvaise main
maldonne
Ce n'est que mon
île
enfilant long manteau d'hiver
et colliers d'heures étrangères
Mais
l'hivernage
sourire fardé vert
herbes-guinée aux
lèvres
l'hivernage
plus frais que monbins
aux narines des rivières
Mais
le carême
cœur de chauffe
cils brûlés roux
à la dynamite
du soleil
Ce n'est que mon île
qu'attend
au doux recel des siècles
la chevelure interdite
d'un drapeau
Ernest PEPIN
(Extrait de Labours
d'amours)
Ernest PEPIN
Ceinture d'eau à la taille
nouée de salaison
gabarre à la dérive
au défi du passé
un cri d'eau salée
rompt les amarres
et culmine en plumage de soufre
Les falaises font faillite
sauf pour quelques touristes
qui picorent de leur caméra
les cuisses
d'eau des Chutes
Iles errantes
éclatant non-lieu
coulé à pic
par l'obus négrier du soleil
escarbilles
escarboucles
des larmes de
rhum sec
creusent les mines abandonnées
du jour
La nuit les trois-chemins
apportent les nouvelles
d'un insomniaque
quimbois
Ce n'est que mon île
hommes tournés chiens
tournés rien
tous engourdis aux seins
d'exotiques icebergs
(malgré
l'évidente hostie du soleil)
Même la ville
tend son
cou d'autruche
à la hache
des cyclones
Pointe-à-Pitre déménage
à dos de bétonnières
et dresse de
grands cierges
en offrande aveugle
Pointe-à-Pitre
faux prophète
le sang des p.t..n
garde vraie une
goutte
de vie
sous les dessous des
faubourgs
Ce n'est que mon île
mon île
fonctionnaire
en faction
outre-caraïbe
La route roule son corps automobile
jusqu'aux hanches les
plus larges des campagnes
Les campagnes roulent les mornes
dans la gueule
des usines
Les usines roulent rage et chômage
au fond
des yeux
Ce n'est que mon île
scindée mâle et femelle
seule coup de
machette de la Rivière-Salée
mâle désir jaune La
Soufrière
mâle lévitation cannibale Matouba
Grande
Terre
femelle passion de la mer
plages nues
filles nues
touristes
ensablés
(ne pas oublier l'injustice d'une balle de golf
dépossédant un
crabe de son trou)
En éternelle césarienne
Porte-d'enfer lâche ses
eaux
utérines
Iles
dauphins jongleurs
à mordre
à
petits sauts
de mornes
la balle du soleil
Marie-Galante
mare
prophétique
pour la soif des marrons
Les Saintes
proues
jumelles
Saint-Barthélemy
bretonne
sous sa coiffe
d'écumes
Saint-Martin
Désirade agenouillée
sous la croix de
Pointe-des-Châteaux
Iles
seins blessés
bouquets d'îles
à
désarçonner
les géreurs de la joie
Ce n'est que mon île
mon île chien-créole
(lire dans les mains bleues du ciel
notre faim
canine d'être d'ici)
sa queue pyrogène
met le feu aux poudres
des voraces morsures de
squales
du
souvenir
Après des cents d'années damnées
l'échine haute des
volcans
porte sacrifié le sang
Proie sûre et
sanglante
liberté
belle légende
suspendue
au javelot des filaos
une
escorte de chiens
salue notre naissance
métamorphose
sonnant à la cloche des
volcans
l'heure dissidente
Rient
les insectes
au visage des nuits
dansent les fêtes indiennes
couleur
safran et colombo
aux lèvres
bombardent traqués
les tambours
météores
l'agonie hors-jeu
sacres
et massacres
Notre naissance
bague au doigt
consentant
des cyclones
Ce n'est que mon île
mon île paysanne
un vieux nègre zébu
tire la misère
un vieux nègre
gros-talons
met le tonnerre
en
terre
Sauvage éclat de rire des bombes
coup de main
pour demain
Pluie de seins
venue
d'arbres-à-faim
tombe fille à fille
sur les trottoirs d'exil
Ce n'est
que mon île-déluge
Cohue de cases
mauvais dominos posés à même la route
mauvais jeu
mauvaise main
maldonne
Ce n'est que mon
île
enfilant long manteau d'hiver
et colliers d'heures étrangères
Mais
l'hivernage
sourire fardé vert
herbes-guinée aux
lèvres
l'hivernage
plus frais que monbins
aux narines des rivières
Mais
le carême
cœur de chauffe
cils brûlés roux
à la dynamite
du soleil
Ce n'est que mon île
qu'attend
au doux recel des siècles
la chevelure interdite
d'un drapeau
Ernest PEPIN
(Extrait de Labours
d'amours)
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
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