enfant effarouché (3 et fin)
4 participants
Page 1 sur 1
enfant effarouché (3 et fin)
Errer…
À travers les forêts,
Les plaines nues, dévastées,
Des ombres balourdes,
Muettes et sourdes,
Qui le jour se terraient,
Surgissent de toutes parts,
Se disputent, voraces,
A coup de griffes,
A coup de grâce,
Le corps ensanglanté
D’un fugitif…
Errer…
Entendre gémir
La terre brûlée
Où lève la graine
Enceinte de mépris et de haine.
Ecouter geindre
Au-delà des limites
Les hameaux bannis, désertés,
Les cités maudites
Qui veillent leur fierté,
L’honneur bafoué,
Sans mérite…
Errer…
Aller le cœur serré
Jusqu’au bout de l’horizon,
De raison en raison,
De saison en saison,
Endurer les souffrances,
Les délires,
Quand le Temps dans son ire,
Sa danse et ses transes,
Dans son labyrinthe,
Sa folie et sa rage,
Dessine son empreinte ;
Son passage
Sur mon corps,
Et moi écœuré,
Au pied du monument aux morts,
Je m’égare dans l’étreinte
Du petit soldat décoré
Pour avoir tué avec courage…
Errer…
Aller de rides en rides,
De sillages en vides,
Oublier les caprices,
L’arabesque des cicatrices
Que le Temps a tracée
Sur mon corps agacé,
Et encor, et encor…
Marcher…
Que c’est loin! Que c’est long !
Ces yeux tristes, ce cœur qui fond,
Ces larmes brûlantes,
Blessures endormies
Des amours chancelantes …
Que c’est loin! Que c’est long !
Te rechercher,
Depuis qu’enfant effarouché
Je t’ai rêvée
Si douce, si fine ;
Toi, grâce divine
Qui répond aux prières
De mes nuits tourmentées.
Que c’est loin où je vais !
Marcher, s’en aller,
Dans ces lieux désolés,
Te rechercher ;
Toi, ma tourterelle
Dans tes matins si belle,
Rieuse quand mon soleil se fane
A l’ombre des regrets,
Radieuse quand l’amour t’appelle
Et te fait parler,
Malheureuse quand ma plume se tait,
Quand jaunissent les platanes
Et s’annonce l’été…
Que c’est loin où tu es !
Depuis que par des cités disparues,
Je suis parti à ta recherche
De rues en rues,
De crues en décrues,
Toi ; ombre qui se cache
Dans ma cruche brisée,
Verbe qui m’arrache
A ma rime prisée,
Insouciante fontaine,
Chante ton eau en dépit de ma peine…
Errer…
De portes en portes ferrées
Jusqu’au pont de ta tour étoilée,
Toi, ma destinée
Te voici enfin dévoilée,
Brumeuse, me voici né
Dans ton cœur où dorment en secret ;
Tes feux, les cendres refroidies,
Et moi étourdi…
Errer…
Toute l’éternité
Pour toi je le ferai !
Je remonterai l’abîme,
Nos pensées intimes
Du siècle passé.
Je jetterai des ponts
Sur nos rêves tressés
Par tes jolis doigts
Trempés dans un voile de henné,
Tes mots, ta voix.
Dans ce sillage dernier,
Sur ton regard,
J’irai m’accrocher,
Moi l’enfant effarouché,
Et je t’aimerai
Depuis que par des cités disparues
Je suis parti te rechercher
De rues en rues ;
Sur mon dos,
D’année en année,
Je portais tes mots,
Mon teint basané,
Mes rêves sur tes rivages,
Ma voile en dérive,
L’éclat de ton visage
De rives en rives,
Mes chemises déchirées
Par des vents amusés,
Mes chemins embrasés
Que mes chagrins ont noircis
De là-bas jusqu’ici…
Ouvre-moi la porte de ta citadelle ;
Ton ange le jour ; je le serai,
La nuit ; ta sentinelle.
Ouvre-moi ta porte ;
Les démons s’en iront, cohortes
Se brûler en enfer,
Tomberont les murs,
Nous serons dehors,
Et je t’aimerai si fort
Que tu m’aimeras de même,
Au-delà de nos corps…
Je t’ai vue, rosée qui brave le feu,
Rose qui s’étire,
Qui m’effleure,
Les matins qui t’inspirent
Me rapportent ta douceur.
Oh, toi jolie fleur
Qui en moi se réveille,
Je retournerai aux bancs de l’école,
Chasser de la rime l’insidieux,
Fracasser la plume traîtresse
Chargée de venin,
Et les mots qui blessent
Nos amours de demain…
Aime- moi ma chérie
Comme je ne t’ai jamais aimée !
Prends- moi dans tes bras
Pour ne plus m’égarer,
Moi ; papillon fragile
Perdu au cœur de ton île,
Attends-moi bleue sirène,
Je viens sur les marches de ton palais
M’immoler
Par le feu de tes yeux,
Couler dans tes veines ;
Je suis le sang du preux chevalier
Fidèle à sa reine…
Aime- moi ma chérie,
J’ai perdu mon chemin
Dans ta féerie,
Donne-moi ta main
Pour aller quelque part ;
Aux secrets de nos cœurs,
A l’antre du bonheur…
Aime- moi ma chérie
Comme je ne t’ai jamais aimée !
Oubliés les beaux discours,
Les vérités transcendées,
L’irréel qui t’auréole,
Les clefs de ma geôle,
De ta citadelle,
L’aberrance de nos sens
Dans l’autre dimension,
Les révolutions
Qui se confondent en misère,
Les sueurs, la poussière,
Les chemins que j’ai pris,
Qui nous ont conduits
Là où le destin tout heureux,
Ma belle, nous a réunis.
Ce destin, mais sans y croire,
Etait là sans me dire,
Une fois par hasard,
Que je t’ai aimé sans le savoir…
Errer…
Venir me reposer
Auprès de toi ;
M’enivrer de ta senteur,
Oublier mes craintes et mes peurs,
Ma tête sur ton épaule,
Ta main sur mon cœur,
Les matins, en secret,
Tu viendras feuilleter
Le livre de mes rêves
Et du bout du doigt
Essuyer les larmes de mes peines,
De mes joies…
Me chuchoter,
Quand les étoiles reviennent
Briller dans tes yeux,
La complainte du navire
Qui tangue, qui chavire
Dans l’écume argentée
Et qui vient à tes pieds s’échouer…
Errer…
De marées en marées,
De déserts en mirages,
Par des chemins escarpés,
Gravés dans ma mémoire
En tatouages.
Le rêve est là, à ma portée,
Je m’engage,
Je tends ma main, indolent,
Comme dans un songe…
Mensonge !
Dit le Sage ;
Au clair de la vérité,
Le faux se découvre !
Je regarde, je dévisage,
Emporté
Dans un tourbillon de doutes.
Madame,
J’ai égaré mon âme…
J’ai perdu ma route…
Hélas ! Ce n’était pas vous,
Dans ma galère, je l’avoue,
Que je recherchais
Encor enfant effarouché…
Errer…
De marais en marais,
Bled* après bled, sans arrêt…
Adieu! Je pars !
Je porterai bâton de pèlerin et pèlerine,
Ma route continue,
Pavée de ces rêves nus,
Ces tentations qui hantent, qui fascinent.
Derrière moi s’éteignent les lumières
Qui de nuit m’ont éclairé.
S’éloignent appairés,
Les arbres qui m’ont offert,
À leur tour, le gîte,
Le soleil de son zénith,
Ses humeurs évanescentes.
Au bas de la pente,
M’attend ce grand détour,
J’y laisserai de mes nuits, de mes jours.
Et si vous consentiez, Madame,
J’emporterais un brin de votre jeunesse,
Pour me consoler tout au long du parcours.
Là où le sort devient bât et blesse
Je tairai ma douleur, mes incertitudes.
Sur mon dos mon ballot
Alourdi par ma solitude,
Par le poids des ans et des mots,
Le futur tombé en désuétude…
Si la mort me ravissait en son absence,
Dites lui, Madame, que je l’ai aimée,
Si fort que j’ai gardé silence…
Dites lui que mes yeux brûlés
Par le soleil impassible des étés,
Par les lames tranchantes des gelées,
N’ont cessé de remuer ciel et terre
Pour enfin si belle la retrouver
Reine dans mon cœur…
Si la mort me ravissait en silence,
Dites lui dans mon silence je l’ai aimée,
Par les vents ; sinistres épouvantails
Qui balayaient mes attentes,
Les braises ardentes
Qui ravivaient mes insomnies.
Je l’ai longtemps attendue
Dans mes veilles infinies,
Et dans l’eau de jouvence
Je me suis baigné et j’ai bu
Les écumes de mon impatience…
Dites lui que dans la cruche ocrée
Laissée au pied de la fontaine,
J’ai caché des regards indiscrets
Son diadème, des étrennes,
Mon amour si pur pour elle ;
Elle ; ma reine,
Si j’avais pu, vivant, la rencontrer…
*bled ; dans le parlé du Maghreb: terre, région qui a ses propres particularités.
Prend souvent une signification symbolique :
Bled des chiens, bled du mensonge, bled de l’injustice, bled du Bien…
lbled :Désigne la terre natale pour celui qui vit loin d’elle, le pays tout entier
À travers les forêts,
Les plaines nues, dévastées,
Des ombres balourdes,
Muettes et sourdes,
Qui le jour se terraient,
Surgissent de toutes parts,
Se disputent, voraces,
A coup de griffes,
A coup de grâce,
Le corps ensanglanté
D’un fugitif…
Errer…
Entendre gémir
La terre brûlée
Où lève la graine
Enceinte de mépris et de haine.
Ecouter geindre
Au-delà des limites
Les hameaux bannis, désertés,
Les cités maudites
Qui veillent leur fierté,
L’honneur bafoué,
Sans mérite…
Errer…
Aller le cœur serré
Jusqu’au bout de l’horizon,
De raison en raison,
De saison en saison,
Endurer les souffrances,
Les délires,
Quand le Temps dans son ire,
Sa danse et ses transes,
Dans son labyrinthe,
Sa folie et sa rage,
Dessine son empreinte ;
Son passage
Sur mon corps,
Et moi écœuré,
Au pied du monument aux morts,
Je m’égare dans l’étreinte
Du petit soldat décoré
Pour avoir tué avec courage…
Errer…
Aller de rides en rides,
De sillages en vides,
Oublier les caprices,
L’arabesque des cicatrices
Que le Temps a tracée
Sur mon corps agacé,
Et encor, et encor…
Marcher…
Que c’est loin! Que c’est long !
Ces yeux tristes, ce cœur qui fond,
Ces larmes brûlantes,
Blessures endormies
Des amours chancelantes …
Que c’est loin! Que c’est long !
Te rechercher,
Depuis qu’enfant effarouché
Je t’ai rêvée
Si douce, si fine ;
Toi, grâce divine
Qui répond aux prières
De mes nuits tourmentées.
Que c’est loin où je vais !
Marcher, s’en aller,
Dans ces lieux désolés,
Te rechercher ;
Toi, ma tourterelle
Dans tes matins si belle,
Rieuse quand mon soleil se fane
A l’ombre des regrets,
Radieuse quand l’amour t’appelle
Et te fait parler,
Malheureuse quand ma plume se tait,
Quand jaunissent les platanes
Et s’annonce l’été…
Que c’est loin où tu es !
Depuis que par des cités disparues,
Je suis parti à ta recherche
De rues en rues,
De crues en décrues,
Toi ; ombre qui se cache
Dans ma cruche brisée,
Verbe qui m’arrache
A ma rime prisée,
Insouciante fontaine,
Chante ton eau en dépit de ma peine…
Errer…
De portes en portes ferrées
Jusqu’au pont de ta tour étoilée,
Toi, ma destinée
Te voici enfin dévoilée,
Brumeuse, me voici né
Dans ton cœur où dorment en secret ;
Tes feux, les cendres refroidies,
Et moi étourdi…
Errer…
Toute l’éternité
Pour toi je le ferai !
Je remonterai l’abîme,
Nos pensées intimes
Du siècle passé.
Je jetterai des ponts
Sur nos rêves tressés
Par tes jolis doigts
Trempés dans un voile de henné,
Tes mots, ta voix.
Dans ce sillage dernier,
Sur ton regard,
J’irai m’accrocher,
Moi l’enfant effarouché,
Et je t’aimerai
Depuis que par des cités disparues
Je suis parti te rechercher
De rues en rues ;
Sur mon dos,
D’année en année,
Je portais tes mots,
Mon teint basané,
Mes rêves sur tes rivages,
Ma voile en dérive,
L’éclat de ton visage
De rives en rives,
Mes chemises déchirées
Par des vents amusés,
Mes chemins embrasés
Que mes chagrins ont noircis
De là-bas jusqu’ici…
Ouvre-moi la porte de ta citadelle ;
Ton ange le jour ; je le serai,
La nuit ; ta sentinelle.
Ouvre-moi ta porte ;
Les démons s’en iront, cohortes
Se brûler en enfer,
Tomberont les murs,
Nous serons dehors,
Et je t’aimerai si fort
Que tu m’aimeras de même,
Au-delà de nos corps…
Je t’ai vue, rosée qui brave le feu,
Rose qui s’étire,
Qui m’effleure,
Les matins qui t’inspirent
Me rapportent ta douceur.
Oh, toi jolie fleur
Qui en moi se réveille,
Je retournerai aux bancs de l’école,
Chasser de la rime l’insidieux,
Fracasser la plume traîtresse
Chargée de venin,
Et les mots qui blessent
Nos amours de demain…
Aime- moi ma chérie
Comme je ne t’ai jamais aimée !
Prends- moi dans tes bras
Pour ne plus m’égarer,
Moi ; papillon fragile
Perdu au cœur de ton île,
Attends-moi bleue sirène,
Je viens sur les marches de ton palais
M’immoler
Par le feu de tes yeux,
Couler dans tes veines ;
Je suis le sang du preux chevalier
Fidèle à sa reine…
Aime- moi ma chérie,
J’ai perdu mon chemin
Dans ta féerie,
Donne-moi ta main
Pour aller quelque part ;
Aux secrets de nos cœurs,
A l’antre du bonheur…
Aime- moi ma chérie
Comme je ne t’ai jamais aimée !
Oubliés les beaux discours,
Les vérités transcendées,
L’irréel qui t’auréole,
Les clefs de ma geôle,
De ta citadelle,
L’aberrance de nos sens
Dans l’autre dimension,
Les révolutions
Qui se confondent en misère,
Les sueurs, la poussière,
Les chemins que j’ai pris,
Qui nous ont conduits
Là où le destin tout heureux,
Ma belle, nous a réunis.
Ce destin, mais sans y croire,
Etait là sans me dire,
Une fois par hasard,
Que je t’ai aimé sans le savoir…
Errer…
Venir me reposer
Auprès de toi ;
M’enivrer de ta senteur,
Oublier mes craintes et mes peurs,
Ma tête sur ton épaule,
Ta main sur mon cœur,
Les matins, en secret,
Tu viendras feuilleter
Le livre de mes rêves
Et du bout du doigt
Essuyer les larmes de mes peines,
De mes joies…
Me chuchoter,
Quand les étoiles reviennent
Briller dans tes yeux,
La complainte du navire
Qui tangue, qui chavire
Dans l’écume argentée
Et qui vient à tes pieds s’échouer…
Errer…
De marées en marées,
De déserts en mirages,
Par des chemins escarpés,
Gravés dans ma mémoire
En tatouages.
Le rêve est là, à ma portée,
Je m’engage,
Je tends ma main, indolent,
Comme dans un songe…
Mensonge !
Dit le Sage ;
Au clair de la vérité,
Le faux se découvre !
Je regarde, je dévisage,
Emporté
Dans un tourbillon de doutes.
Madame,
J’ai égaré mon âme…
J’ai perdu ma route…
Hélas ! Ce n’était pas vous,
Dans ma galère, je l’avoue,
Que je recherchais
Encor enfant effarouché…
Errer…
De marais en marais,
Bled* après bled, sans arrêt…
Adieu! Je pars !
Je porterai bâton de pèlerin et pèlerine,
Ma route continue,
Pavée de ces rêves nus,
Ces tentations qui hantent, qui fascinent.
Derrière moi s’éteignent les lumières
Qui de nuit m’ont éclairé.
S’éloignent appairés,
Les arbres qui m’ont offert,
À leur tour, le gîte,
Le soleil de son zénith,
Ses humeurs évanescentes.
Au bas de la pente,
M’attend ce grand détour,
J’y laisserai de mes nuits, de mes jours.
Et si vous consentiez, Madame,
J’emporterais un brin de votre jeunesse,
Pour me consoler tout au long du parcours.
Là où le sort devient bât et blesse
Je tairai ma douleur, mes incertitudes.
Sur mon dos mon ballot
Alourdi par ma solitude,
Par le poids des ans et des mots,
Le futur tombé en désuétude…
Si la mort me ravissait en son absence,
Dites lui, Madame, que je l’ai aimée,
Si fort que j’ai gardé silence…
Dites lui que mes yeux brûlés
Par le soleil impassible des étés,
Par les lames tranchantes des gelées,
N’ont cessé de remuer ciel et terre
Pour enfin si belle la retrouver
Reine dans mon cœur…
Si la mort me ravissait en silence,
Dites lui dans mon silence je l’ai aimée,
Par les vents ; sinistres épouvantails
Qui balayaient mes attentes,
Les braises ardentes
Qui ravivaient mes insomnies.
Je l’ai longtemps attendue
Dans mes veilles infinies,
Et dans l’eau de jouvence
Je me suis baigné et j’ai bu
Les écumes de mon impatience…
Dites lui que dans la cruche ocrée
Laissée au pied de la fontaine,
J’ai caché des regards indiscrets
Son diadème, des étrennes,
Mon amour si pur pour elle ;
Elle ; ma reine,
Si j’avais pu, vivant, la rencontrer…
*bled ; dans le parlé du Maghreb: terre, région qui a ses propres particularités.
Prend souvent une signification symbolique :
Bled des chiens, bled du mensonge, bled de l’injustice, bled du Bien…
lbled :Désigne la terre natale pour celui qui vit loin d’elle, le pays tout entier
amadin- Nombre de messages : 202
Date d'inscription : 28/09/2009
Re: enfant effarouché (3 et fin)
long souffle a ta plume ya "weld bladi"amadin a écrit:Errer…
À travers les forêts,
Les plaines nues, dévastées,
Des ombres balourdes,
Muettes et sourdes,
Qui le jour se terraient,
Surgissent de toutes parts,
Se disputent, voraces,
A coup de griffes,
A coup de grâce,
Le corps ensanglanté
D’un fugitif…
Errer…
Entendre gémir
La terre brûlée
Où lève la graine
Enceinte de mépris et de haine.
Ecouter geindre
Au-delà des limites
Les hameaux bannis, désertés,
Les cités maudites
Qui veillent leur fierté,
L’honneur bafoué,
Sans mérite…
Errer…
Aller le cœur serré
Jusqu’au bout de l’horizon,
De raison en raison,
De saison en saison,
Endurer les souffrances,
Les délires,
Quand le Temps dans son ire,
Sa danse et ses transes,
Dans son labyrinthe,
Sa folie et sa rage,
Dessine son empreinte ;
Son passage
Sur mon corps,
Et moi écœuré,
Au pied du monument aux morts,
Je m’égare dans l’étreinte
Du petit soldat décoré
Pour avoir tué avec courage…
Errer…
Aller de rides en rides,
De sillages en vides,
Oublier les caprices,
L’arabesque des cicatrices
Que le Temps a tracée
Sur mon corps agacé,
Et encor, et encor…
Marcher…
Que c’est loin! Que c’est long !
Ces yeux tristes, ce cœur qui fond,
Ces larmes brûlantes,
Blessures endormies
Des amours chancelantes …
Que c’est loin! Que c’est long !
Te rechercher,
Depuis qu’enfant effarouché
Je t’ai rêvée
Si douce, si fine ;
Toi, grâce divine
Qui répond aux prières
De mes nuits tourmentées.
Que c’est loin où je vais !
Marcher, s’en aller,
Dans ces lieux désolés,
Te rechercher ;
Toi, ma tourterelle
Dans tes matins si belle,
Rieuse quand mon soleil se fane
A l’ombre des regrets,
Radieuse quand l’amour t’appelle
Et te fait parler,
Malheureuse quand ma plume se tait,
Quand jaunissent les platanes
Et s’annonce l’été…
Que c’est loin où tu es !
Depuis que par des cités disparues,
Je suis parti à ta recherche
De rues en rues,
De crues en décrues,
Toi ; ombre qui se cache
Dans ma cruche brisée,
Verbe qui m’arrache
A ma rime prisée,
Insouciante fontaine,
Chante ton eau en dépit de ma peine…
Errer…
De portes en portes ferrées
Jusqu’au pont de ta tour étoilée,
Toi, ma destinée
Te voici enfin dévoilée,
Brumeuse, me voici né
Dans ton cœur où dorment en secret ;
Tes feux, les cendres refroidies,
Et moi étourdi…
Errer…
Toute l’éternité
Pour toi je le ferai !
Je remonterai l’abîme,
Nos pensées intimes
Du siècle passé.
Je jetterai des ponts
Sur nos rêves tressés
Par tes jolis doigts
Trempés dans un voile de henné,
Tes mots, ta voix.
Dans ce sillage dernier,
Sur ton regard,
J’irai m’accrocher,
Moi l’enfant effarouché,
Et je t’aimerai
Depuis que par des cités disparues
Je suis parti te rechercher
De rues en rues ;
Sur mon dos,
D’année en année,
Je portais tes mots,
Mon teint basané,
Mes rêves sur tes rivages,
Ma voile en dérive,
L’éclat de ton visage
De rives en rives,
Mes chemises déchirées
Par des vents amusés,
Mes chemins embrasés
Que mes chagrins ont noircis
De là-bas jusqu’ici…
Ouvre-moi la porte de ta citadelle ;
Ton ange le jour ; je le serai,
La nuit ; ta sentinelle.
Ouvre-moi ta porte ;
Les démons s’en iront, cohortes
Se brûler en enfer,
Tomberont les murs,
Nous serons dehors,
Et je t’aimerai si fort
Que tu m’aimeras de même,
Au-delà de nos corps…
Je t’ai vue, rosée qui brave le feu,
Rose qui s’étire,
Qui m’effleure,
Les matins qui t’inspirent
Me rapportent ta douceur.
Oh, toi jolie fleur
Qui en moi se réveille,
Je retournerai aux bancs de l’école,
Chasser de la rime l’insidieux,
Fracasser la plume traîtresse
Chargée de venin,
Et les mots qui blessent
Nos amours de demain…
Aime- moi ma chérie
Comme je ne t’ai jamais aimée !
Prends- moi dans tes bras
Pour ne plus m’égarer,
Moi ; papillon fragile
Perdu au cœur de ton île,
Attends-moi bleue sirène,
Je viens sur les marches de ton palais
M’immoler
Par le feu de tes yeux,
Couler dans tes veines ;
Je suis le sang du preux chevalier
Fidèle à sa reine…
Aime- moi ma chérie,
J’ai perdu mon chemin
Dans ta féerie,
Donne-moi ta main
Pour aller quelque part ;
Aux secrets de nos cœurs,
A l’antre du bonheur…
Aime- moi ma chérie
Comme je ne t’ai jamais aimée !
Oubliés les beaux discours,
Les vérités transcendées,
L’irréel qui t’auréole,
Les clefs de ma geôle,
De ta citadelle,
L’aberrance de nos sens
Dans l’autre dimension,
Les révolutions
Qui se confondent en misère,
Les sueurs, la poussière,
Les chemins que j’ai pris,
Qui nous ont conduits
Là où le destin tout heureux,
Ma belle, nous a réunis.
Ce destin, mais sans y croire,
Etait là sans me dire,
Une fois par hasard,
Que je t’ai aimé sans le savoir…
Errer…
Venir me reposer
Auprès de toi ;
M’enivrer de ta senteur,
Oublier mes craintes et mes peurs,
Ma tête sur ton épaule,
Ta main sur mon cœur,
Les matins, en secret,
Tu viendras feuilleter
Le livre de mes rêves
Et du bout du doigt
Essuyer les larmes de mes peines,
De mes joies…
Me chuchoter,
Quand les étoiles reviennent
Briller dans tes yeux,
La complainte du navire
Qui tangue, qui chavire
Dans l’écume argentée
Et qui vient à tes pieds s’échouer…
Errer…
De marées en marées,
De déserts en mirages,
Par des chemins escarpés,
Gravés dans ma mémoire
En tatouages.
Le rêve est là, à ma portée,
Je m’engage,
Je tends ma main, indolent,
Comme dans un songe…
Mensonge !
Dit le Sage ;
Au clair de la vérité,
Le faux se découvre !
Je regarde, je dévisage,
Emporté
Dans un tourbillon de doutes.
Madame,
J’ai égaré mon âme…
J’ai perdu ma route…
Hélas ! Ce n’était pas vous,
Dans ma galère, je l’avoue,
Que je recherchais
Encor enfant effarouché…
Errer…
De marais en marais,
Bled* après bled, sans arrêt…
Adieu! Je pars !
Je porterai bâton de pèlerin et pèlerine,
Ma route continue,
Pavée de ces rêves nus,
Ces tentations qui hantent, qui fascinent.
Derrière moi s’éteignent les lumières
Qui de nuit m’ont éclairé.
S’éloignent appairés,
Les arbres qui m’ont offert,
À leur tour, le gîte,
Le soleil de son zénith,
Ses humeurs évanescentes.
Au bas de la pente,
M’attend ce grand détour,
J’y laisserai de mes nuits, de mes jours.
Et si vous consentiez, Madame,
J’emporterais un brin de votre jeunesse,
Pour me consoler tout au long du parcours.
Là où le sort devient bât et blesse
Je tairai ma douleur, mes incertitudes.
Sur mon dos mon ballot
Alourdi par ma solitude,
Par le poids des ans et des mots,
Le futur tombé en désuétude…
Si la mort me ravissait en son absence,
Dites lui, Madame, que je l’ai aimée,
Si fort que j’ai gardé silence…
Dites lui que mes yeux brûlés
Par le soleil impassible des étés,
Par les lames tranchantes des gelées,
N’ont cessé de remuer ciel et terre
Pour enfin si belle la retrouver
Reine dans mon cœur…
Si la mort me ravissait en silence,
Dites lui dans mon silence je l’ai aimée,
Par les vents ; sinistres épouvantails
Qui balayaient mes attentes,
Les braises ardentes
Qui ravivaient mes insomnies.
Je l’ai longtemps attendue
Dans mes veilles infinies,
Et dans l’eau de jouvence
Je me suis baigné et j’ai bu
Les écumes de mon impatience…
Dites lui que dans la cruche ocrée
Laissée au pied de la fontaine,
J’ai caché des regards indiscrets
Son diadème, des étrennes,
Mon amour si pur pour elle ;
Elle ; ma reine,
Si j’avais pu, vivant, la rencontrer…
*bled ; dans le parlé du Maghreb: terre, région qui a ses propres particularités.
Prend souvent une signification symbolique :
Bled des chiens, bled du mensonge, bled de l’injustice, bled du Bien…
lbled :Désigne la terre natale pour celui qui vit loin d’elle, le pays tout entier
à relire ................... [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
firdaws- Nombre de messages : 930
Humeur : joie de vie !
Date d'inscription : 21/05/2008
Re: enfant effarouché (3 et fin)
un long souffle...une vie...
merci d'avoir parcouru ce long chemin.
amitiés.
merci d'avoir parcouru ce long chemin.
amitiés.
amadin- Nombre de messages : 202
Date d'inscription : 28/09/2009
davidof- Nombre de messages : 2697
loisirs : pêche, voyage, music...
Date d'inscription : 21/05/2008
Re: enfant effarouché (3 et fin)
-Belle trajectoire de plume.
-Le souffle des mots s'imprime dans le lecteur et y reste longtemps.
-J'aime et je retiens ces mots:
-Le souffle des mots s'imprime dans le lecteur et y reste longtemps.
-J'aime et je retiens ces mots:
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Sujets similaires
» enfant effarouché(1)
» enfant effarouché(2)
» Enfant de la rue, enfant perdu ....
» Toi l'enfant
» L'enfant
» enfant effarouché(2)
» Enfant de la rue, enfant perdu ....
» Toi l'enfant
» L'enfant
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum