La vérité de l’être (Chant Royal)

Chant Royal

L’hiver que j’ai pour doux moment à lire,
Un mot de toi, berce l’endroit mon cœur.
L’âtre savant réchauffe tout ton dire,
En somme fait renaître la lueur
De te savoir, sans aucune tristesse.
On se quitta pour sauver la noblesse
De tout l’amour, lorsqu’il a fait si noir,
Pour notre enfant n’ayant plus de miroir.
Ainsi le temps avait tissé la haine,
Et le pourquoi voulant autant savoir.
Dans un salon aussi grand qu’une plaine.

Était-ce moi qui souvent faisais l’ire ?
Je t’aimais tant nous deux, pourquoi ce pleur.
Eusses-tu et eu ce temps pour l’écrire !
Sans craindre foi, quand on use la peur
Du juste mot, dont tu avais finesse.
Manipuler mon âme en quai détresse,
Au jour du lent, pour cet amour dortoir.
Et notre enfant meublant tout son devoir,
Être vivant pour un rouet sans laine.
Dix ans déjà de larmes en terroir.
Pourquoi comment, on s’est tant fait rengaine ?

À cet instant, où je ne peux élire,
Tout cet endroit au jardin de mon cœur.
La vérité de l’être et du moins pire.
Je lis tes mots, et tant fut ma douleur ,
De n’avoir point su peindre la tendresse.
Au fil des ans, qu’importe la richesse
Sous long séjour, qu’accouple tout l’avoir,
De l’incertain plié dans un tiroir.
Autant ce nous qui n’ayant su fontaine,
Et malgré tout, entre les lignes voir
Plus qu’un enjeu, au-delà d’un domaine.

La terre j’ai, sans l'encens et l’empire.
Pour doux chagrin, un hier qui fut fleur.
Un peu de toi, mémoire qui s’étire
Par lent baiser au début du bonheur.
J’aimai l’été, car le vent sans paresse,
Pour tes cheveux, avait cette caresse.
Le feu du blé sur nos corps et l’espoir,
Que cet enfant que nous eûmes à revoir !
À l’autre champ, où nous fûmes fredaine,
Pour enfanter le si du désespoir.
Sans un salon pour y lire Verlaine.

Tu es chagrin en vers, lettre de cire.
L’enfant est mort, la vie est sans couleur.
Vendre le vent sans chercher à détruire,
Le peu de toi que tu mets sans rancœur,
Dans tout ce pli que tu m’écris, qui blesse.
Ce mal d’un tout, s’éternisant sans cesse.
Que je comprends, même si ce vivoir
En ce moment n’est plus à recevoir.
Ni pour meubler toute cette neuvaine
Par peu de gens et tout le bon vouloir.
Si tant soumis à la lenteur humaine.

Tout ce qui fait vivre et mourir un soir,
Doit être écrit, posé sur le couloir
Du fil des ans, lorsque tout se déchaîne
Autour de soi, quant tout cet entonnoir
Suspend la vie et la douleur qui traîne.

atouthasard