Paysages de Cappadoce
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Paysages de Cappadoce
Paysages de Cappadoce
La Cappadoce doit sa célébrité à ses paysages ruiniformes exceptionnels, mais aussi à sa densité d’habitations troglodytiques, la plus grande concentration au monde, et à son riche passé préhistorique et historique, conservé notamment dans les églises troglodytiques et les villes souterraines. Ces attraits naturels et culturels sont pour une bonne part liés à l’histoire géologique de la Cappadoce et à l’exploitation par la nature et par l’homme, de formations géologiques singulières.L’histoire géologique de la Cappadoce n’est pas très ancienne (pour le géologue!) et remonte au Miocène (vers 10-15 millions d’années). Depuis cette époque, la Cappadoce a été le plus souvent une région topographiquement déprimée et occupée par des lacs, dont on retrouve les traces sous forme de sédiments fins, dont par exemple les argiles qui servent à l’activité des potiers du secteur d’Avanos. Depuis le Miocène également et jusqu’à la période préhistorique, une activité volcanique très importante s’est développée dans toute la région. Les expressions les plus immédiatement visibles en sont les deux grands volcans Hasan Dağ, à proximité d’Aksaray, et Erciyes, à proximité de Kayseri. Ces grands appareils volcaniques ont une morphologie très bien préservée car ils sont très récents (autours de 2 millions d’années probablement, les dernières éruptions étant probablement dans la période préhistorique).
Fairy ChimneysPour spectaculaires qu’ils soient, ces grands volcans ne sont qu’une partie infime en volume du volcanisme de Cappadoce et dans 2 ou 3 millions d’années, l’érosion les aura fait disparaître du paysage. Les formations volcaniques de la région sont pour l’essentiel plus anciennes et sont des ignimbrites. On appelle ainsi des dépôts de particules volcaniques (pyroclastes) de taille infra-millimétrique (cendres) à centimétrique (ponces), mis en place par des écoulements pyroclastiques, c’est-à-dire des écoulements biphasés où le milieu de transport des particules est le gaz émis par l ‘éruption. Les ignimbrites sont typiquement produites par des éruptions explosives de grand volume: chaque dépôt ignimbritique a ainsi un volume de quelques centaines voire milliers de km3 et couvre une surface de dizaines ou centaines de milliers de km2. Il va sans dire que de telles éruptions sont rares à l’échelle de vie humaine et, sur la base de l’enregistrement géologique mondial, on considère que leur taux de récurrence est de l’ordre d’une éruption par centaine de milliers d’années. La dernière éruption à cette échelle remonte à 1815 avec l’éruption de Tambora, une île de l’archipel indonésien, qui a produit des ignimbrites et un volume total de produits volcaniques de 150 km3. Au cours des éruptions ignimbritiques, on observe systématiquement la formation d’un immense cratère, ou caldera, dont le diamètre va typiquement de 5 à 15 km. Cette caldera se forme par effondrement des roches qui surmontent le réservoir magmatique (en général à quelques kilomètres seulement sous la surface terrestre), lorsque ce réservoir se vide de ces énormes volumes de magma.En Cappadoce, les études géologiques ont montré qu’il existe 7 à 8 ignimbrites principales d’au moins 500 km3 chacune, mises en place entre 14 et 3 millions d’années environ. Les calderas qui ont accompagné les éruptions de ces ignimbrites ne sont plus visibles dans le paysage: il est facile de comprendre que ces cratères sont depuis longtemps comblés par les phénomènes d’érosion et de sédimentation (les calderas bien visibles dans le monde ont moins de 1 million d’années et sont occupées par des lacs). Par les études géologiques et géophysiques, on a pu établir que la plupart étaient concentrées dans la zone entre Nevşehir et Derinkuyu. Il est donc faux d’attribuer ces grandes formations ignimbritiques aux volcans Hasan Dağ ou Erciyes comme on le trouve souvent écrit à tort.
Cave Formations Les ignimbrites, par nature, sont des formations clastiques, assemblages chaotiques de ponces et de débris de roches dans une matrice cendreuse. Meubles (et chaudes!) au moment de leur dépôt, elles peuvent s’indurer à des degrés divers. Dans certains cas, elles se compactent fortement dès leur dépôt et les particules encore à haute température peuvent se souder entre elles, donnant finalement une roche très compacte et très dure: les unités ignimbritiques nommées Valibaba Tepe et Kızılkaya dans la stratigraphie de la Cappadoce, en sont d’excellents exemples. Dans d’autres cas, elles restent relativement tendres et friables, comme par exemple les unités Zelve et Cemilköy de Cappadoce. Ce sont ces variations de résistance mécanique, faible dans certaines ignimbrites, meilleure dans d’autres, qui ont été utilisées en Cappadoce, par la nature pour donner les reliefs ruiniformes et les «cheminées de fées», par l’homme pour creuser les habitations troglodytes et les villes souterraines.Les cheminées de fées typiques sont formées d’une colonne surmontée d’un bloc, ce bloc étant constitué d’une roche plus dure et plus résistante à l’érosion. Le ruissellement par les eaux de pluie tend à contourner ce bloc et à affouiller les roches tout atour, pour former finalement la colonne que le bloc protège. La petite ville d’Ürgüp, cœur de la Cappadoce touristique, comme d’autres villages touristiques alentour (Uçhisar, Ortahisar, İbrahimpasa par exemple), sont installés dans l’unité stratigraphique la plus ancienne, dénommée Kavak dans la stratigraphie régionale. Il s’agit en fait d’un ensemble de plusieurs unités ignimbritiques, séparées localement par des cordons d’alluvions de rivière ou d’autres sédiments; mais le tout est relativement homogène, donnant des entaillements fortement pentés voire subverticaux de roches à teinte jaunâtre, dans lesquelles se développent facilement des cheminées grossières et irrégulières.Plus au Nord, on observe le passage des ignimbrites Kavak à l’unité ignimbritique sus-jacente, dite Zelve. Au site même de Zelve, les cheminées de fées sont formées dans la partie sommitale de l’unité Kavak et sont coiffées de fragments d’un dépôt plus induré et moins friable qui correspond aux retombées de ponces marquant le début de l’éruption Zelve. L’ignimbrite Zelve se voit au-dessus et alentour, formant des versants irrégulièrement et finement incisés dans une roche plus tendre, blanche dans sa partie basse puis passant progressivement vers le haut à des teintes rose à rougeâtre, cette variation de teinte étant due à l’oxydation des minéraux ferreux de l’ignimbrite par les eaux d’infiltration. Des bancs subhorizontaux de calcaire lacustre plus dur surmontent et protègent l’ignimbrite Zelve dans ce secteur, formant le sommet des collines résiduelles en rive gauche du Kızılırmak.La vallée d’Ilhara est un autre site touristique de la Cappadoce, dans sa partie occidentale. Là, une vallée verdoyante est limitée par des falaises verticales où des niches troglodytiques perchées à différents niveaux semblent inaccessibles. Dans ce site pittoresque, les falaises sont entaillées dans l’une des ignimbrites supérieures de la Cappadoce, l’ignimbrite Kızılkaya, âgée d’environ 5 millions d’années. Cette ignimbrite est la plus étendue de Cappadoce et se retrouve jusqu’en limite du bassin de Kayseri. C’est aussi la plus résistante à l’érosion, car elle est fortement soudée. Elle forme ainsi le sommet des plateaux, marqués par une petite falaise de 5 à 10 de mètres de haut, autour du bassin d’Ürgüp. A Ilhara, l’ignimbrite Kızılkaya a été canalisée dans une vallée à l’époque de sa mise en place et se trouve sur-épaissie.
Avec le développement continu du tourisme, les études visant à la compréhension des phénomènes géologiques qui ont présidé au façonnement de la Cappadoce sont de plus en plus pertinentes et utiles, pour la conservation environnementale des sites les plus visités, ou pour la réhabilitation et la restauration des cavités troglodytiques, dont beaucoup sont aujourd’hui ré-occupées sous forme d’habitations privées, de maisons d’hôtes ou d’hôtels. Les phénomènes géologiques étant souvent à l’origine des particularités de la Cappadoce, ils mériteraient aussi d’être davantage vulgarisés et expliqués dans les différents guides touristiques proposés aux visiteurs de cette magnifique région.
La Cappadoce doit sa célébrité à ses paysages ruiniformes exceptionnels, mais aussi à sa densité d’habitations troglodytiques, la plus grande concentration au monde, et à son riche passé préhistorique et historique, conservé notamment dans les églises troglodytiques et les villes souterraines. Ces attraits naturels et culturels sont pour une bonne part liés à l’histoire géologique de la Cappadoce et à l’exploitation par la nature et par l’homme, de formations géologiques singulières.L’histoire géologique de la Cappadoce n’est pas très ancienne (pour le géologue!) et remonte au Miocène (vers 10-15 millions d’années). Depuis cette époque, la Cappadoce a été le plus souvent une région topographiquement déprimée et occupée par des lacs, dont on retrouve les traces sous forme de sédiments fins, dont par exemple les argiles qui servent à l’activité des potiers du secteur d’Avanos. Depuis le Miocène également et jusqu’à la période préhistorique, une activité volcanique très importante s’est développée dans toute la région. Les expressions les plus immédiatement visibles en sont les deux grands volcans Hasan Dağ, à proximité d’Aksaray, et Erciyes, à proximité de Kayseri. Ces grands appareils volcaniques ont une morphologie très bien préservée car ils sont très récents (autours de 2 millions d’années probablement, les dernières éruptions étant probablement dans la période préhistorique).
Fairy ChimneysPour spectaculaires qu’ils soient, ces grands volcans ne sont qu’une partie infime en volume du volcanisme de Cappadoce et dans 2 ou 3 millions d’années, l’érosion les aura fait disparaître du paysage. Les formations volcaniques de la région sont pour l’essentiel plus anciennes et sont des ignimbrites. On appelle ainsi des dépôts de particules volcaniques (pyroclastes) de taille infra-millimétrique (cendres) à centimétrique (ponces), mis en place par des écoulements pyroclastiques, c’est-à-dire des écoulements biphasés où le milieu de transport des particules est le gaz émis par l ‘éruption. Les ignimbrites sont typiquement produites par des éruptions explosives de grand volume: chaque dépôt ignimbritique a ainsi un volume de quelques centaines voire milliers de km3 et couvre une surface de dizaines ou centaines de milliers de km2. Il va sans dire que de telles éruptions sont rares à l’échelle de vie humaine et, sur la base de l’enregistrement géologique mondial, on considère que leur taux de récurrence est de l’ordre d’une éruption par centaine de milliers d’années. La dernière éruption à cette échelle remonte à 1815 avec l’éruption de Tambora, une île de l’archipel indonésien, qui a produit des ignimbrites et un volume total de produits volcaniques de 150 km3. Au cours des éruptions ignimbritiques, on observe systématiquement la formation d’un immense cratère, ou caldera, dont le diamètre va typiquement de 5 à 15 km. Cette caldera se forme par effondrement des roches qui surmontent le réservoir magmatique (en général à quelques kilomètres seulement sous la surface terrestre), lorsque ce réservoir se vide de ces énormes volumes de magma.En Cappadoce, les études géologiques ont montré qu’il existe 7 à 8 ignimbrites principales d’au moins 500 km3 chacune, mises en place entre 14 et 3 millions d’années environ. Les calderas qui ont accompagné les éruptions de ces ignimbrites ne sont plus visibles dans le paysage: il est facile de comprendre que ces cratères sont depuis longtemps comblés par les phénomènes d’érosion et de sédimentation (les calderas bien visibles dans le monde ont moins de 1 million d’années et sont occupées par des lacs). Par les études géologiques et géophysiques, on a pu établir que la plupart étaient concentrées dans la zone entre Nevşehir et Derinkuyu. Il est donc faux d’attribuer ces grandes formations ignimbritiques aux volcans Hasan Dağ ou Erciyes comme on le trouve souvent écrit à tort.
Cave Formations Les ignimbrites, par nature, sont des formations clastiques, assemblages chaotiques de ponces et de débris de roches dans une matrice cendreuse. Meubles (et chaudes!) au moment de leur dépôt, elles peuvent s’indurer à des degrés divers. Dans certains cas, elles se compactent fortement dès leur dépôt et les particules encore à haute température peuvent se souder entre elles, donnant finalement une roche très compacte et très dure: les unités ignimbritiques nommées Valibaba Tepe et Kızılkaya dans la stratigraphie de la Cappadoce, en sont d’excellents exemples. Dans d’autres cas, elles restent relativement tendres et friables, comme par exemple les unités Zelve et Cemilköy de Cappadoce. Ce sont ces variations de résistance mécanique, faible dans certaines ignimbrites, meilleure dans d’autres, qui ont été utilisées en Cappadoce, par la nature pour donner les reliefs ruiniformes et les «cheminées de fées», par l’homme pour creuser les habitations troglodytes et les villes souterraines.Les cheminées de fées typiques sont formées d’une colonne surmontée d’un bloc, ce bloc étant constitué d’une roche plus dure et plus résistante à l’érosion. Le ruissellement par les eaux de pluie tend à contourner ce bloc et à affouiller les roches tout atour, pour former finalement la colonne que le bloc protège. La petite ville d’Ürgüp, cœur de la Cappadoce touristique, comme d’autres villages touristiques alentour (Uçhisar, Ortahisar, İbrahimpasa par exemple), sont installés dans l’unité stratigraphique la plus ancienne, dénommée Kavak dans la stratigraphie régionale. Il s’agit en fait d’un ensemble de plusieurs unités ignimbritiques, séparées localement par des cordons d’alluvions de rivière ou d’autres sédiments; mais le tout est relativement homogène, donnant des entaillements fortement pentés voire subverticaux de roches à teinte jaunâtre, dans lesquelles se développent facilement des cheminées grossières et irrégulières.Plus au Nord, on observe le passage des ignimbrites Kavak à l’unité ignimbritique sus-jacente, dite Zelve. Au site même de Zelve, les cheminées de fées sont formées dans la partie sommitale de l’unité Kavak et sont coiffées de fragments d’un dépôt plus induré et moins friable qui correspond aux retombées de ponces marquant le début de l’éruption Zelve. L’ignimbrite Zelve se voit au-dessus et alentour, formant des versants irrégulièrement et finement incisés dans une roche plus tendre, blanche dans sa partie basse puis passant progressivement vers le haut à des teintes rose à rougeâtre, cette variation de teinte étant due à l’oxydation des minéraux ferreux de l’ignimbrite par les eaux d’infiltration. Des bancs subhorizontaux de calcaire lacustre plus dur surmontent et protègent l’ignimbrite Zelve dans ce secteur, formant le sommet des collines résiduelles en rive gauche du Kızılırmak.La vallée d’Ilhara est un autre site touristique de la Cappadoce, dans sa partie occidentale. Là, une vallée verdoyante est limitée par des falaises verticales où des niches troglodytiques perchées à différents niveaux semblent inaccessibles. Dans ce site pittoresque, les falaises sont entaillées dans l’une des ignimbrites supérieures de la Cappadoce, l’ignimbrite Kızılkaya, âgée d’environ 5 millions d’années. Cette ignimbrite est la plus étendue de Cappadoce et se retrouve jusqu’en limite du bassin de Kayseri. C’est aussi la plus résistante à l’érosion, car elle est fortement soudée. Elle forme ainsi le sommet des plateaux, marqués par une petite falaise de 5 à 10 de mètres de haut, autour du bassin d’Ürgüp. A Ilhara, l’ignimbrite Kızılkaya a été canalisée dans une vallée à l’époque de sa mise en place et se trouve sur-épaissie.
Avec le développement continu du tourisme, les études visant à la compréhension des phénomènes géologiques qui ont présidé au façonnement de la Cappadoce sont de plus en plus pertinentes et utiles, pour la conservation environnementale des sites les plus visités, ou pour la réhabilitation et la restauration des cavités troglodytiques, dont beaucoup sont aujourd’hui ré-occupées sous forme d’habitations privées, de maisons d’hôtes ou d’hôtels. Les phénomènes géologiques étant souvent à l’origine des particularités de la Cappadoce, ils mériteraient aussi d’être davantage vulgarisés et expliqués dans les différents guides touristiques proposés aux visiteurs de cette magnifique région.
Valerie-M-kaya- Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010
Re: Paysages de Cappadoce
http://www.kayadam.com/francais/geographie-de-la-cappadoce/
Valerie-M-kaya- Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010
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