Conte de Reine Philippa

yefimia a écrit:

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Conte de Reine Philippa



C’était une nuit humide de fin de printemps,
les gros massifs de nuages voguaient lourdement
au dessous du ciel de la terre de providence.
Partout les premières étincelles perçaient,
les bancs de brume s’écartaient désemparés.

La lumière irrésistible dévalait du lointain abîme,
de la voûte céleste surgissaient des constellations
et le cercle lunaire débordait de rayons.
C’est par une telle nuit impétueuse,
avant son réveil et le point du jour,
que Philippa sortit en rêve de sa chambre.

Elle monta sur son cheval blanc,
quitta les contours réels des murailles de la ville.
Les yeux noirs, le sang chaud mais inféconde,
souvent, comme ça, elle quitta son maître en rêve.
Elle ne pouvait pas faire autrement, ses désirs visaient loin,
et les croisées des chemins étaient sous bonne garde.

La lune s’emplissait, le sommeil du seigneur était profond,
si bien que Philippa cédant à l’attrait de ses desseins,
s’élança en cachette sur les champs brumeux.
Les rayons de la lune imprégnaient sa robe,
milliers d’étincelles s’abattaient sur son corps
embrasant ses joues, ses bras et ses mollets nus.

Un rayon acéré venait de fendre la toile fine,
découvrant le corps nu de la cavalière.
Une partie de sa poitrine se découvrit soudainement,
tel un fruit mûre tendu par la branche,
voilée que d’un pâle halo de la lumière.
La jeune femme frémit, puis remit sa pèlerine.

Elle éperonna son cheval et se dirigea au galop
vers l’affluent où bouillonnait les remous
les plus tourbillonnant de son vouloir de femme.
Bientôt, avançant sur le chemin de ses rêves,
enlacée par les bras déliés du vent,
elle disparut lentement au-delà de l’horizon.


***