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poésiede Victor Segalen

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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty poésiede Victor Segalen

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 18:17

Rappel du premier message :

Poésies de Victor Segalen
Victor Segalen

Victor Segalen est né 1878, Brest et mort en 1919, il fut un poète,
mais aussi médecin de marine, ethnographe et archéologue français.
Il est né le 14 janvier 1878 à Brest (rue Massillon). Après
des études de médecine à l'université de Bordeaux,Victor Segalen est
engagé comme officier médecin et est affecté en Polynésie française.
Il n'aime pas la mer, ni naviguer mais débarquer et découvrir. Il
séjourne à Tahiti en 1903 et 1904. Lors d'une escale aux îles
Marquises, il a pu acheté les derniers croquis de Gauguin,
décédé trois mois avant son arrivée, qui seraient sans lui partis au
rebut. Il rapporte en métropole un roman, les Immémoriaux (1907), un
journal et des essais sur Gauguin et Rimbaud qui ne seront publiés qu'en 1978.



poésiede Victor Segalen - Page 2 Victor-segalen




En 1908, il décide de partir en Chine où il soigne les victimes de
l'épidémie de peste de Mandchourie. En 1910, il décide de s'installer
en Chine avec sa femme et son fils. La première édition de Stèles voit
le jour à Pékin en 1912. Il entreprend en 1914 une mission
archéologique consacrée aux monuments funéraires de la dynastie des
Han. Cette étude sur les sculptures chinoises ne sera publiée qu'en
1972 (Grande Statuaire chinois).A ce titre et en ce qui concerne la
littérature il renouvelle le genre de l'exotisme alors encore trop naïf
et ethnocentrique.

En Chine il rencontra un des rares européens qui s'y trouvaient alors, et qui le marqua beaucoup, le sinologue belge Charles Michel qui lui inspira le personnage de René Leys.
Il meurt le 21 mai 1919 dans la forêt de Huelgoat, Hamlet à la main.
Après coup, l'état français a inscrit son nom sur les murs du Panthéon
en tant qu'"écrivain mort pour la France pendant la guerre de
1914-1918".
L'université de médecine de Bordeaux où Victor Segalen fit ses études
porte son nom (Université Victor Segalen Bordeaux ). La faculté de
Lettres et Sciences sociales de Brest, sa ville natale, lui rend aussi
hommage en portant son nom. Le lycée LFI (Lycée Français International)
"Victor Segalen", à Hong Kong, porte également son nom.
nadia ibrahimi
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Jade faux

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 18:53

Jade faux




O fourberie d'une amitié parfaite !
Sonorités sournoises d'un double écho
de l'un à l'autre cœur !






Nous aimions, nous décidions en même confiance :
de l'un à l'autre fidèle en termes plus
clairs que le grand ciel sec de l'hiver.

Las ! le mauvais printemps est venu,
et le vent trouble et le sable en tourmente jaune.
J'avais promis,

Je n'ai pas tenu. L'écho s'étouffe.
C'est fini. -- Ce jour glorieux d'abandon,
ah ! que n'ai-je été dur et sourd et sans paroles !

O générosité fourbe, jade faux blessant
au cœur plus que l'indifférence
au cœur de porcelaine !

nadia ibrahimi

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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Miroirs

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 18:54

Miroirs




Ts'ai-yu se mire dans l'argent poli
afin d'ajuster ses bandeaux noirs
et les perles sur ses bandeaux.






Ou si le rouge est trop pâle aux yeux,
ou l'huile blanche trop luisante aux joues,
le miroir, avec un sourire, l'avertit.

Le Conseiller s'admire dans l'histoire,
vase lucide où tout vient s'éclairer :
marches des armées, paroles des Sages,
troubles des constellations.

Le reflet qu'il en reçoit ordonne sa conduite.

o

Je n'ai point de bandeaux ni perles,
et pas d'exploits à accomplir.
Pour régler ma vie singulière,
je me contemple seul en mon ami quotidien.

Son visage, -- mieux qu'argent ou récits antiques,
-- m'apprend ma vertu d'aujourd'hui.
nadia ibrahimi
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Empreinte

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 18:55

Empreinte




Choun, Empereur, donnant investiture
aux cinq classes de princes,
leur confiait des tablettes de jade,






De contours stricts et d'ornements divers :
deux colonnes,
-- un homme au corps droit,
-- un homme courbé, -- des épis,
-- des joncs.

Mais il en gardait les empreintes.
Parfois juxtaposant l'une à l'autre et pressant de sa main,
il vérifiait l'authentique investiture.

o

Celui que j'ai fait Noble de mon amitié,
Prince du sang de mon cœur fraternel
et Censeur à mon secret empire,

Celui-là, n'a-t-il pas reçu le jade :
-- deux hommes penchés -- pour emblème ?
Il revient. J'ai gardé l'empreinte.
Affrontons la double fidélité.

o

Hélas ! oh hélas ! Les contours ne s'enferment plus ;
les coins se heurtent et les creux tintent le vide :
est-ce là le dépositaire choisi ?
A-t-il perdu la forme de mon âme ?

Plutôt, est-ce mon âme dont la forme a gauchi ?
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Édit funéraire

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 18:56

Édit funéraire




Moi l'Empereur ordonne ma sépulture :
cette montagne hospitalière, le champ qu'elle entoure est heureux.
Le vent et l'eau dans les veines de la terre
et les plaines du vent sont propices ici.
Ce tombeau agréable sera le mien.






o

Barrez donc la vallée entière d'une arche quintuple :
tout ce qui passe est ennobli.

Étendez la longue allée honorifique :
— des bêtes ; des monstres ; des hommes.

Levez là-bas le haut fort crénelé.
Percez le trou solide au plein du mont.

Ma demeure est forte. J'y pénètre.
M'y voici. Et refermez la porte, et maçonnez
l'espace devant elle. Murez le chemin aux vivants.

o

Je suis sans désir de retour, sans regrets,
sans hâte et sans haleine. Je n'étouffe pas.
Je ne gémis point.
Je règne avec douceur et mon palais noir est plaisant.

Certes la mort est plaisante et noble et douce.
La mort est fort habitable.
J'habite dans la mort et m'y complais.

o

Cependant, laissez vivre, là,
ce petit village paysan.
Je veux humer la fumée qu'ils allument dans le soir.

Et j'écouterai des paroles.
nadia ibrahimi
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Hommage à la raison

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 18:57

Hommage à la raison




J'enviais la Raison des hommes,
qu'il proclament peu faillible, et pour en mesurer le bout,
j'ai proposé : Le Dragon a tous les pouvoirs ;
en même temps il est long et court, deux et un,
absent et ici, -- et j'attendais un grand rire parmi les hommes,
-- mais,



Ils ont cru.

J'ai proclamé ensuite par Édit :
que le Ciel inconnaissable avait crevé jadis
comme une fleur étoilée,
lançant au fond du Grand Vide ses pollens d'étés,
de lunes de soleils et de moments,

Ils on fait un calendrier.

J'ai décidé que tous les hommes sont d'un prix équivalent
et d'une ardeur égale,
-- inestimables,
-- et qu'il vaut mieux tuer le meilleur
de ses chameaux de bât que le chamelier boîteux qui se traîne.
J'espérais un dénégateur,
-- mais,

Ils ont dit oui.

J'ai fait alors afficher par tout l'Empire
que celui-ci n'existait plus,
et que le peuple, désormais Souverain,
avait à se paître lui-même, les marques de gloire,
abolies, reprenant au chiffre un :

Ils sont repartis de zéro.

o

Alors, rendant grâces à leur confiance,
et service à leur crédulité, j'ai promulgué :
Honorez les hommes dans l'homme
et le reste en sa diversité.

Et c'est alors qu'ils m'ont qualifié de rêveur,
de traître, de régent dépossédé par le Ciel
de sa vertu et de son trône.
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty le départ.

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 18:58

Ici, l'Empire au centre du monde.
La terre ouverte au labeur des vivants.
Le continent milieu des Quatre-mers.
La vie enclose, propice au juste, au bonheur,
à la conformité.






Où les hommes se lèvent, se courbent,
se saluent à la mesure de leurs rangs.
Où les frères connaissent leurs catégories :
et tout s'ordonne sous l'influx clarificateur du Ciel.

o

Là, l'Occident miraculeux,
plein de montagnes au-dessus des nuages ;
avec ses palais volants, ses temples légers,
ses tours que le vent promène.

Tout est prodige et tout inattendu :
le confus s'agite :
la Reine aux désirs changeants tient sa cour.
Nul être de raison jamais ne s'y aventure.

o

Son âme, c'est vers Là que,
par magie, Mou-wang l'a projetée en rêve.
C'est vers là qu'il veut porter ses pas.

Avant que de quitter l'Empire pour rejoindre son âme,
il en a fixé, d'Ici,
le départ.
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Nominations

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 18:59

Nominations




Chaque officier, civil ou militaire, détient son titre dans l'Empire.
De soi-même le nom se glorifie ;
le grade et la faveur grandissent :
obtenir un emploi du Prince
n'est-ce pas là le plus noble but ?







Je veux investir mes êtres familiers.
Qu'ils n'envient plus rien désormais
aux sages, aux Saints, aux conseillers et aux généraux
qui ne fuient pas devant l'ennemi,
— car je décide :

Ce laurier fidèle et fleuri sera mon satellite ;
ce pin qui m'observe et reste droit est fait juge de seconde classe ;
mon puits devient Grand Astrologue
puisqu'il voit le Ciel profond en plein jour.

Reconnaissons que dans la basse-cour,
ce volatile est Maître des Cérémonies :
n'a-t-il point, de par la naissance,
la noble démarche du canard ?

o

Ainsi, recevez de moi vos apanages,
ô mes êtres familiers, et en raison de vos qualités justes.
Tel par le Fils du Ciel le Mont T'aï pour sa hauteur
et son poids déclaré Duc et gardien de l'Empire.
nadia ibrahimi
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Ordre de marche

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:00

Ordre de marche




Plus de stupeur ! Croyez-vous ces palais immobiles ?
Lourds à l'égal des bâtis occidentaux ?
Assez longtemps ils ont accueilli notre venue :
qu'ils s'en viennent à nous, à leur tour.







Debout, l'arche triomphale et sa bannière en horizon et sa devise :
Porche oscillant des nues.
Des porteurs pour ses hampes droites ;
des porteurs aux hampes obliques.
Qu'ils gonflent l'épaule, piétinant.

Derrière, le pont en échine de bête arquée :
d'un saut il franchira l'eau de jade fuyant sous lui.
Qu'on l'attelle à la voie
du milieu déroulant son trait impérial.

À gauche et à droite, dans un mouvement balancé,
riche d'équilibre, marchent la Tour de la Cloche
et la Tour du Tambour aux puissants coeurs sonores
de bois et d'airain sur leurs huit pieds éléphantins.

Viennent ensuite les gardes lourdes des tripodes ;
et s'ébranlent enfin les poteaux du Palais
au toit double ondulant comme un dais,
soufflant de haut en bas.

Pour le démarrer, lâchez les cavaleries d'arêtes,
les hordes montées aux coins cornus.
Et déroulez les nues des balustres,
les flammes des piliers. Laissez tourbillonner les feux,
vibrer les écailles, se hérisser les crocs
et les sourcils du Dragon.

Le beau cortège étalé pour tant de règnes
implore qui lui rendra sa vertu d'en-allée.
Il ne pèse plus : il attend.

Qu'il se déploie !

Seules immobiles contre le défilé,
voici les Pierres mémoriales que nul ordre de marche
ne peut toucher ni ébranler. Elles demeurent.
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Aux dix mille années

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:01

Aux dix mille années




Ces barbares, écartant le bois,
et la brique et la terre,
bâtissent dans le roc afin de bâtir éternel !

Ils vénèrent des tombeaux dont la gloire
est d'exister encore ; des ponts renommés
d'être vieux et des temples de pierre
trop dure dont pas une assise ne joue.

Ils vantent que leur ciment durcit avec les soleils ;
les lunes meurent en polissant leurs dalles ;
rien ne disjoint la durée dont
ils s'affublent ces ignorants, ces barbares !



o

Vous ! fils de Han, dont la sagesse
atteint dix mille années
et dix mille milliers d'années,
gardez-vous de cette méprise.

Rien d'immobile n'échappe aux dents affamées des âges.
La durée n'est point le sort du solide.
L'immuable n'habite pas vos murs,
mais en vous, hommes lents, hommes continuels.

Si le temps ne s'attaque à l'oeuvre,
c'est l'ouvrier qu'il mord. Qu'on le rassasie :
ces troncs pleins de sève, ces couleurs vivantes,
ces ors que la pluie lave et que le soleil éteint.

Fondez sur le sable. Mouillez copieusement votre argile.
Montez les bois pour le sacrifice :
bientôt le sable cédera, l'argile gonflera,
le double toit criblera le sol de ses écailles :

Toute l'offrande est agréée !

o

Or, si vous devez subir la pierre insolente
et le bronze orgueilleux,
que la pierre et que le bronze subissent
les contours du bois périssable et simulent son effort caduc :
Point de révolte : honorons les âges dans
leurs Chutes successives et le temps dans sa voracité.
nadia ibrahimi
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Vision pieuse

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:02

Vision pieuse






Le peuple dit avoir vu de ses yeux sans nombre,
ici même : le Prêtre-Lama, gros de sainteté,
prenant son couteau et d'un seul
trait s'ouvrant du nombril au coeur.






Puis il exhiba ses entrailles, dévida les boucles,
défit les noeuds et cependant donnait des réponses claires
sur les fortunes et les sorts.

Puis il empoigna les agiles serpents humides.
Soufflant sur ses mains, poussant un cri de porc,
il se frotta le ventre de nouveau nu, sans couture,
et que des gens vénéraient aussitôt.

Le peuple a vu, de ses yeux indiscutables.
Sans plus examiner, Nous avons fait graver ceci.

(Le graveur ne fut pas témoin.
La pierre n'est pas responsable.
Nous ne sommes pas répondant.)
nadia ibrahimi
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Les gens de Mani

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:03

Les gens de Mani




Quant à ceux-ci, ils servent non pas
un principe unique, mais DEUX :
ce sont les gens de Mani.






Ils récusent le mariage, abusant de
ce qui n'est point mariage :
ils accomplissent sans dire mot,
comme la tortue et le serpent.

Ils méprisent les médecines et se régalent
de poisons médicaux. Maudissant
la viande avant de la manger,
leurs amis avant de les aimer,
l'un des principes avant de l'adorer.

Ils songent tout le plein jour
et veillent toutes les ténèbres...
Ceci ne vaudrait pas un exergue, à peine d'être dit.

S'ils n'usaient entre eux d'un parfum magique :
vous les reconnaîtrez à leur odeur.
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty En l'honneur d'un Sage solitaire

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:04

En l'honneur d'un Sage solitaire




Moi l'Empereur je suis venu.
Je salue le Sage qui, soixante-dix années,
a retourné et labouré
nos Mutations anciennes et levé des savoirs nouveaux.

J'attends du Vieux Père la leçon :
et d'abord, s'il a trouvé la Panacée des Immortels ?
Comment on prend place au milieu des génies ?






o

Le Sage dit : Faire monter au Ciel
le Prince que voici serait un malheur
pour l'Empire terrestre.

o

Moi l'Empereur interroge le Solitaire :
a-t-il reçu dans sa caverne la visite des
trente-six mille Esprits ou seulement
de quelques-uns de ces Très-Hauts ?

o

Moi le Solitaire n'aime pas les visiteurs importuns.

o

Moi l'Empereur implore enfin le Sage
le pouvoir d'être utile aux hommes :
quelque chose pour le bien des hommes !

o

Le Sage dit : Étant sage,
je ne me suis jamais occupé des hommes.
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Religion lumineuse

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:05

Religion lumineuse




L'Empereur, -- père de toutes les croyances,
et estimant en chacune d'entre elles la Raison qui est une,
-- veut que ceci, prêt à s'effacer par négligence,
soit reporté sur une table neuve et marqué du sceau de son règne :








L'Être admirable, n'est-ce pas l'Unité-Trine,
le Seigneur sans origine, Oloho ?
Il a divisé en croix les parties du monde ;
décomposé l'air primordial ;
suscité le Ciel et la terre ;
lancé le soleil et la lune ;
créé le premier homme dans une parfaite harmonie.

Mais Sa-Than répandit le mensonge,
proclama l'égalité des grandeurs
et mit la créature dans le lieu de l'Éternel.
L'homme perdit la voie et ne put la retrouver.

Viennent ensuite des promesses :
une incarnation ; un supplice ; une mort ;
une résurrection. Or cela n'est pas bon
à faire trop savoir aux hommes.

Que nul n'ose donc ajouter de commentaires ici.
Que nul ne cherche un enseignement ici.
Afin que sans fruits ni disciples la Croyance
Lumineuse meure en paix, obscurément.
nadia ibrahimi
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Éloge d'une vierge occidentale

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:06

Éloge d'une vierge occidentale




La raison ne s'offense pas :
certainement une vierge occidentale a conçu,
voici deux mille années,
puisque deux mille ans avant elle, Kiang-yuan,
fille sans défaut, devint mère parmi nous :
ayant marché sur l'empreinte du Souverain Roi du Ciel.






Et enfanta aussi légèrement que la brebis son agneau,
sans rupture ni grands efforts.
Même le nouveau-né se trouva recueilli par un oiseau
qui d'une aile faisait sa couche et de l'autre l'éventait.

Ceci est croyable. Le philosophe dit :
Tout être extraordinaire naît d'une sorte extraordinaire :
la Licorne autrement que chien et boue ;
le Dragon non pas comme lézard.
— M'étonnerai-je si la naissance des hommes extraordinaires
n'est pas celle des autres hommes ?

La raison ne s'offense pas. Certainement
une vierge occidentale a conçu.
nadia ibrahimi
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Sur un hôte douteux

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:07

Sur un hôte douteux




Ses disciples chantent : Il revient le Sauveur des hommes :

Il vêt un autre habit de chair.

L'étoile, tombée du plus haut ciel a fécondé la Vierge choisie.

Et il va renaître parmi nous.

Temps bénis où la douleur recule !




Temps de gloire où la Roue de la Loi courant sur

l'Empire conquis va traîner tous les êtres

hors du monde illusoire.

o

L'Empereur dit : Qu'il revienne,

et je le recevrai, et je l'accueillerai

comme un hôte.

Comme un hôte petit, qu'on gratifie

d'une petite audience,

-- pour la coutume,

-- et d'un repas et d'un habit et d'une perruque

afin d'orner sa tête rase.

Comme un hôte douteux que l'on surveille ;

que l'on reconduit bien vite là d'où il vient,

pour qu'il ne soudoie personne.

o

Car l'Empire, qui est le monde sous le Ciel,

n'est pas fait d'illusoire : le bonheur est le prix,

seul, du bon gouvernement.

Que fut-il, celui qu'on annonce,

le Bouddha, le Seigneur Fô ?

Pas même un lettré poli,

Mais un barbare qui connut mal ses devoirs de sujet

et devint le plus mauvais des fils.
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Les trois hymnes primitifs

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:08

Les trois hymnes primitifs que les trois Régents avaient nommés : Les Lacs, l’Abîme, Nuées, sont effacés de toutes les mémoires. Qu'ils soient ainsi recomposés :
Les lacs


Les lacs, dans leurs paumes rondes noient le visage du Ciel :

J'ai tourné la sphère pour observer le Ciel.

Les lacs, frappés d'échos fraternels en nombre douze :

J'ai fondu les douze cloches qui fixent les tons musicaux.




o

Lac mouvant, firmament liquide à l'envers, cloche musicale,

Que l’homme recevant mes mesures retentisse à son tour sous le puissant Souverain-Ciel.

Pour cela j'ai nommé l'hymne de mon règne : les Lacs.
L'abîme


Face à face avec la profondeur, l'homme, front penché, se recueille.

Que voit-il au fond du trou caverneux ? La nuit sous la terre, l'Empire d'ombre.

o

Moi, courbé sur moi-même et dévisageant mon abîme, -- ô moi ! -- je frissonne,

Je me sens tomber, je m'éveille et ne veux plus voir que la nuit.
Les nuées


Ce sont les pensées visibles du haut et pur Seigneur-Ciel.

Les unes compatissantes, pleines de pluie. Les autres roulant leurs soucis, leurs justices et leurs courroux sombres.

o

Que l'homme recevant mes largesses ou courbé sous mes coups connaisse à travers moi le Fils les desseins du Ciel ancestral.

Pour cela j'ai nommé l'hymne de mon règne : Nuées.
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poésiede Victor Segalen - Page 2 Empty Sans marque de règne

Message par nadia ibrahimi Ven 23 Avr - 19:09

Sans marque de règne




Honorer les Sages reconnus ;

dénombrer les Justes ;

redire à toutes les faces que celui-là vécut,

et fut noble et sa contenance vertueuse,

Cela est bien. Cela n'est pas de mon souci :

tant de bouches en dissertent !

Tant de pinceaux élégants s'appliquent




à calquer formules et formes,

Que les tables mémoriales se jumellent

comme les tours de veille au long de la voie d'Empire,

de cinq mille en cinq mille pas.

o

Attentif à ce qui n'a pas été dit ;

soumis par ce qui n'est point promulgué ;

prosterné vers ce qui ne fut pas encore,

Je consacre ma joie et ma vie et ma piété

à dénoncer des règnes sans années,

des dynasties sans avènement,

des noms sans personnes,

des personnes sans noms,

Tout ce que le Souverain-Ciel englobe

et que l'homme ne réalise pas.o

Que ceci donc ne soit point marqué d'un règne ;

— ni des Hsia fondateurs ; ni des Tcheou législateurs ;

ni des Han, ni des Thang, ni des Soung,

ni des Yuan, ni des Grands Ming,

ni des Tshing, les Purs, que je sers avec ferveur.

Ni du dernier des Tshing dont

la gloire nomma la période Kouang-Siu, —

o

Mais de cette ère unique, sans date et sans fin,

aux caractères indicibles, que tout homme instaure en lui-même et salue.

A l'aube où il devient Sage et Régent du trône de son cœur.
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