joiedevie Forum de Aziza Rahmouni
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

La pollution lumineuse

Aller en bas

La pollution lumineuse Empty La pollution lumineuse

Message par cristopher-cris Mer 21 Avr - 15:52

La pollution lumineuse
On parle de pollution lumineuse lorsque les éclairages artificiels sont si
nombreux et omniprésents qu'ils nuisent à l'obscurité normale et souhaitable de
la nuit.
Ainsi, à la tombée de la nuit, d'innombrables sources de lumières
artificielles (éclairage urbain, enseignes publicitaires, vitrines de magasins,
bureaux allumés en permanence...) prennent le relais du soleil dans les centres
urbains jusqu'au plus petit village.

La pollution lumineuse est une forme
de pollution assez peu évoquée car à priori peu néfaste pour la santé lorqu'on
la compare aux pollutions plus classiques : déchets, smog urbain, eaux
souillées....

Dès 1830, les responsables de l'éclairage à Paris
n'allumait qu'un réverbère sur deux les nuits de clair de lune afin d'économiser
l'énergie.
Plus récemment, c'est l'association américaine "Dark Sky" qui, dès 1988, a
fait connaître ce phénomène qui s'est amplifié en véritable nuisance. En 1992,
dans la « déclaration des droits pour les générations futures » l'UNESCO a
consacré un volet spécifique au droit et à la conservation du ciel et de sa
pureté.
La Terre brille dans la nuit : les villes sont visibles de l'espace !

L'astronome italien Pierantonio Cinzano a publié il y a quelques années le premier
atlas mondial de la luminosité artificielle du ciel nocturne, révélant l'étendue
de cette pollution.

De nombreuses images de la Terre prises de nuit par
satellite rendent compte d'une progression de ce phénomène "d'année en année",
souligne Olivier Las Vergnas, président de l'Association française d'astronomie
(AFA).
Au niveau de la France, des cartes de la
pollution lumineuse nous sont proposées par l'association AVEX.

Une
telle représentation des activités terrestres nous permet de constater qu'il
existe quatre types de sources lumineuses :

  • les lumières des grandes agglomérations urbaines des pays à forte
    industrialisation : Etats-unis, Europe, Japon, Taiwan...
  • les voies de communication qui concentrent les populations : delta et vallée
    du Nil, cours du Fleuve Jaune en Chine, chemin de fer du transsibérien...
  • les feux de forêts qui témoignent à la fois des catastrophes écologiques
    mais surtout des cultures itinérantes sur brûlis
  • les torchères qui brûlent sans relâche une partie du gaz qui ne peut être
    exploité pour l'extraction du pétrole. Cette source est sans doute la plus
    intense.
En France, seul un petit triangle dans le Quercy et une
portion de la Corse ne sont pas encore envahis par nos lumières. Il est ainsi
devenu indispensable pour les observations astronomiques de s'isoler loin des
habitations et en altitude. Car même dans les petits bourgs, on s'acharne à
déployer de plus en plus un éclairage pas forcèment voulu par les habitants et
de surcroît souvent mal adapté...
Plus de 35% de l'énergie lumineuse émise sur la Terre éclaire les nuages et
illumine le ciel en altitude. C'est ce halos diffus qui dénature la voûte
céleste de nos villes les baignant dans une nuit artificielle mauve pâle et qui
gêne considérablement l'observation astronomique.
Or, un lampadaire bien
conçu devrait éclairer le sol autour de lui, plutôt à un point stratégique où la
visibilité pour les automobilistes notamment est nécessaire et non le ciel, un
espace vierge ou un endroit inacessible... Tout comme les enseignes lumineuses
qui sont trop agressives et n'intéressent que peu les citoyens et les
astronomes.
Conséquences de la pollution lumineuse


Les effets sur la santé humaine

Les conséquences les plus évidentes vont
de la simple gène (qui peut tout de même perturber le sommeil dans le cas d'une
source lumineuse clignotante dirigée vers une chambre), aux dépenses inutiles
d'énergie.
Cependant, quelques études non confirmées mettent en évidence des
conséquences probables pour notre santé. A ce titre, selon des chercheurs de
l'Université de Toronto (Canada), notre exposition quotidienne à la lumière
électrique a considérablement augmenté pour atteindre jusqu'à 7 heures par jour
en moyenne, cette exposition prolongée non naturelle constituerait une
"pollution par la lumière artificielle" qui seraient un des plus importants
facteurs à l'origine de l'augmentation des cancers.
En effet, sous l'effet de
la lumière artificielle, l'épiphyse (petite glande située dans le cerveau)
diminue nettement la production de mélatonine dont les bienfaits seraient
multiples : anti-vieillissement, freine le développement des tumeurs, stabilise
la tension, maintient la libido...
Les effets sur la biodiversité

Le « suréclairage » est la cause première
de la disparition d’espèces d’insectes, ce qui perturbe significativement la
chaîne alimentaire naturelle. A ce titre, les effets sur la faune et la flore
sont notables :

  • La végétation éclairée en permanence dégénère de façon précoce
  • les oiseaux migrateurs sont gênés et désorientés : près d'un million d'entre
    eux en meurent chaque année selon Marc Théry, chercheur au laboratoire
    d'écologie générale.
  • les populations d'insectes nocturnes et pollinisateurs sont décimées
    (seconde cause de mortalité après les produits phytosanitaires)

L'observation astronomique

En moins de 50 ans, une grande partie de la
population française s'est privée de la beauté de la voie lactée qui n'est plus
visible tout comme 90% des étoiles...
Les astrophysiciens et les astronomes
amateurs, fortement gênés, dénoncent cette situation. Ainsi, ils se sont
regroupés en associations pour aider les maires des communes à diminuer leur
éclairage mal adapté avec des réverbères mieux pensés et moins nombreux. De
surcroît, cette pollution s'ajoute aux conséquences d'une pollution atmosphérique dont les particules masquent
parfois considérablement le ciel.
Pour définir la noirceur d'un ciel et donc les possiblités d'observations
astronomiques, John Bortle a imaginé en 2001 une échelle
de mesure de la pollution lumineuse. Elle se décline de 1 (excellent ciel
noir) à 9 (Ciel de centre-ville) où on ne distingue quasiment plus d'étoile dans
le ciel hormis la Lune et les planètes.
Les effets culturels

Enfin, dans un souci de sécurisation constant et
parfois futile, chaque coin de rue est investi d'un réverbère de sorte que nous
ne connaissons plus de vraies nuits qui ont pourtant une dimension culturelle
importante.
Conséquences énergétiques et économiques : un véritable
gouffre


L'éclairage de nuit représenterait environ 1% de la consommation
électrique en France. Selon l'ADEME, l'éclairage, en Europe, a un impact
conséquent sur l'environnement, puisqu'il représente autour de 40 % des
consommations totales d'électricité du secteur tertiaire. Or, produire de
l'électricité n'est pas anodin... Sur ce dernier point, les campagnes de
publicité d'EDF destinées au grand public mettent tantôt l'accent sur l'économie
d'électricité, tantôt sur les mérites du tout électrique, on s'y perd.
En
France, les dernières enquêtes nationales notent qu'en 2002, l'éclairage public
représente en moyenne 48% de la consommation totale d'électricité des communes,
et 40 % des dépenses. Un constat qui s'aggrave puisqu'en 1990 l'éclairage public
équivalait à 70 kWh/an/habitant et qu'en 2000 cette consommation s'élevait à 91
kWh/an/habitant, c'est près du double par rapport à l'Allemagne (43
kWh/an/habitant).

Or, l'ADEME estime que les économies sur ce poste
peuvent atteindre 20 à 40 % avec des investissements de surcroît
rentables.
Enfin, une enquête de la Direction générale des collectivités
locales et de l'ADEME note que l'éclairage public représente en France 4% des
émissions totales de gaz à effet de serre...
Quelques chiffres

Lorsque l'on sait :

  • qu'une simple ampoule est visible à des dizaines de kilomètres
  • que dans les grandes villes, les milliers de lampes allumées peuvent être
    perçues à des milliers voire des dizaines de milliers de kilomètres
  • qu'un américain utilise 75 fois plus d'électricité qu'un Indien, un japonais
    30 fois plus et un chinois deux fois plus (d'après Woodruff Sullivan de
    l'Université de Washnigton, qui a réalisé la première carte de la Terre nocturne
    vue de satellite),
nous mesurons davantage l'impact de cette
pollution.
Les citoyens, via leur éclairage particulier, sont loin d'être les
premiers responsables vu le gachis évident des collectivités territoriales
(éclairage urbain inadapté ou superflu...) et de nombre d'entreprises
(commerces, chaînes de distribution, bureaux...)
Quelques mesures timides...

A l'étranger, dans plusieurs régions
d'Italie et de République tchèque notamment, des textes ont été adoptés en
faveur d'une réduction de la pollution lumineuse, comme c'est le cas de Tucson
en Arizona qui a renouvelé la quasi-totalité de son éclairage. (AFA, 08/2005).
Pour l'AFA, Les marges de manoeuvre se situent actuellement en France à
l'échelle locale. En 2006, elle veut ainsi "essayer de s'appuyer sur les
conseils municipaux et départementaux de jeunes" afin d'obtenir des initiatives
et faire en sorte que la réduction des nuisances lumineuses devienne un élément
de qualité que des territoires pourraient ainsi promouvoir.
Au début des
années 1990, des études sur l'aménagement urbain commencent à prendre en compte
les nuisances et les dépenses liées à l'éclairage public. En 1999, 27% des
collectivités territoriales françaises s'étaient dotées d'études en ce sens :
Schémas Directeurs d'Aménagement Lumière (SDAL), Charte Lumière, Plan Lumière...
Actuellement, plus d'un tiers des communes se sont engagées.
Enfin, dans le
cadre du Grenelle de
l'Environnement, la réduction de la pollution lumineuse est mentionné comme
"un objectif que l’on peut atteindre aisément, dès aujourd’hui". Quelques
mesures s'y attaquent : établissement de spécifications techniques sur les
éclairages, interdictions temporaires ou permanentes pour certains types
d’éclairage ou d’émissions lumineuses sur tout ou partie du territoire...
HQE®️ et pollution lumineuse

La certification Haute Qualité
Environnementale (HQE®️), qui s'étend
désormais aux maisons individuelles
, pourrait être l'occasion de diminuer la
puissance et la densité de l'éclairage de la voirie attenante. En effet, le
constructeur est souvent sollicité dans la définition de l'aménagement de
voirie, c'est pourquoi il doit être sensible à son impact. De plus, la première
cible de la certification prévoit une relation harmonieuse des bâtiments avec
leur environnement immédiat.
Selon Pierre Brunet, de l'Association Nationale
pour la Protection du Ciel Nocturne (ANPCN), il importera dans un souci de
minimisation d'impact, d'adopter pour la voirie comme pour les abords, des
lampadaires qui n'émettent pas vers le haut, de réduire leur nombre par rapport
aux pratiques actuelles, de viser la valeur cible de 5MWh/km/an (Cité de
l'Energie – European Energy Award), et de considérer l'extinction et/ou la
réduction de puissance en milieu de nuit.
Le projet européen Greenlight

Le projet GreenLight a été lancé le 7 février 2000 par la
Direction Générale de l'Energie et des Transports (DG TREN) de la Commission
Européenne pour promouvoir des systèmes d'éclairage performant dans les locaux
du secteur tertiaire et les espaces extérieurs.
Le programme GreenLight est
une action volontaire pour préserver l'environnement qui encourage les
consommateurs d'électricité du secteur non-résidentiel (publics et privés),
référencés en tant que Partenaires, à s'engager auprès de la Commission
Européenne sur l'installation des technologies d'éclairage à rendement optimum
dans leurs équipements quand le choix technologique est économiquement rentable,
et la qualité de l'éclairage maintenue ou améliorée.

A ce jour, le projet
a gagné la confiance de 575 partenaires et d'adhérents dans toute l'Europe !
Conclusion

Force est de constater que la grande ville demeure de plus en plus un
environnement artificiel où même les étoiles sont difficilement perceptibles à
cause de sources lumineuses bien trop nombreuses, parfois inutiles et souvent
mal conçues...
Dans ces conditions, il est facile de comprendre pourquoi les
observatoires sont installés dans des zones désertiques loin de toutes
perturbations atmosphériques liées aux activités humaines.
De plus, les
effets supposés de la lumière artificielle sur notre santé sont assez
préoccupants bien qu'encore peu relatés et confirmés.

Ainsi, le citadin
qui oubli et ne comprend plus la "nature" se trouve de surcroît dans
l'incapacité d'observer le ciel et ses étoiles qui ont pourtant fait rêver
d'innombrables civilisations et portent de plus en plus l'espoir de l'humanité.
cristopher-cris
cristopher-cris

Nombre de messages : 2748
loisirs : lecture, voyage
Date d'inscription : 18/07/2008

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum