SUR LE QUAI

Sur le quai...

Des bateaux comme s’il en pleuvait
et des trains comme un incendie.
Des bateaux au sillage épais
escarbilles de mes pensées.

Ancres noires qui chassent, déraillent.
La grand-voile du cheminot
drape des fiers capitaines
voyageurs en culottes courtes.

Sur le quai des départs
des mouchoirs s’agitent, nous pleurons.
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Adieu les côtes de l’Afrique,
le cheval de fer s’est noyé.
Dans une pente nostalgique,
ses sabots se sont sabordés.

Des bateaux comme s’il en pleuvait,
des locos attendant le flot
pour s’échapper à fond de train
à fond de cale vers un destin
chargé d’écume, de poussières.
Attention ! Fermez les portières !

Le bateau dans ses étriers
chevauche les rails, déchaîné ;
le chef de gare aux bras de pieuvre
est dépassé par la manœuvre.

Des chevaux comme des voiliers,
et des trains comme des coursiers.

Quand les bateaux s’en vont…





Quand les bateaux s’en vont

Moi je reste là, dans mes rêves, abandonnée

Le cœur à la vague, me laissant bercer

Près du quai j’y vais, me promener, le long.



Je regarde ailleurs sur l’océan

Plongeant souvenirs en souvenirs béants

Des beaux jours que l’on a partagé

Au fond de ma mémoire bien enfermée



Quand les bateaux s’en vont

Je me sens piteuse et le goût de crier

De tes mots je me laisse bercer

De ton affection, je renonce ? Oh non !



Je quitte le quai toute confuse

De ton départ, je refuse

Quand les bateaux s’en vont

Mon cœur est à l’abandon



Au loin ton visage me sourit

Moi je suis là, éblouis

Mon cœur est lourd de mélancolie

Je suis à toi, ainsi va la vie.



Quand les bateaux s’en vont…. :heart:

nuages noirs
loco et navire
tout nos espoirs
qui chavirent

il faut quitter !

magnifique

merci yann

je ne peux m'empêcher de penser à Emile VEHAEREN mais aussi à H. de REGNIER...

je cite verhaeren de mémoire

"il est de longs adieux au bord des quais
par de lourds soirs où l'on étouffe
les phares tournent déjà dans le crépuscule..."

ceci pour te dire que si j'aime bien ton texte
je lui trouve un peu de désuétude qui me gène ...
tu peux faire cent fois mieux

je te préfèrerais proche du transibérien de blaise cendrars
ou de victor serge le méconnu

OUI, faire mieux, c'est certain. Un de mes collègues a appris ce texte à des élèves de 10 ans qui l'avaient apprécié. Ils le récitaient par coeur en classe. Cela m'a fait plaisir mais dire que j'aime ce poème, oui et non, il est un de ceux que j'ai écrit à un moment dit d'inspiration ; mais il est vrai que pour être inspiré totalement et plaire à tous, ceci est une autre affaire. Nos jours et nos poèmes vécus sont d'inégale valeur ; c'est la loi du genre...humain.

il est plus facile d'être inspiré que de plaire à tous
ce qui est dangereux c'est que notre inspiration nous plaise
c'est ainsi que les narcisses se plantent
au sens propre
comme au figuré

Bien vu, le commentaire et extra le jeu de mots. Etre capable de dérision et d'auto-dérision, voilà ma ligne de conduite. Bien à toi, Yann

Algérie, nostalgérie, le port d'Oran, ville d'Emmanuel Roblès, romancier né en 1914... J'aimerais aussi connaître cette ville, ce port. "Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie", écrivait Baudelaire dans ses Poèmes en prose...
J'ai voulu associer le cheval, le train et les bateaux, trois moyens de se déplacer pour aller vers les autres...
Merci Layla et si mon poème t'a fait voyager, c'est déjà ça...
Au plaisir de te lire.

Et merci à Monique qui écrit "magnifique ". Si le mot féérique rime pauvrement avec, c'est trop d'honneur pour un apprenti-écrivain.

merci modest/yann d'être avec nous sur ces pages...
au plaisir de te lire ,
ainsi que tous les autres membres du site

nous avons connu les mêmes tropismes mon cher Yann :
céline et le voyage au bout de la nuit
bataille et le bleu du ciel ou madame edwarda
alger et le faisan d'or à bab el oued
ou la place emir abd el kader : j' y dansais sur les tables en 1973
tipasa et camus

Il vaut la peine de lire Jean Pelegri, Rachid Boudjedra, Abdelkader Djemaï, Yasmina Khadra, Malika Mokeddem, Assia Djebar, Mohamed Dib, et bien d'autres...romanciers.
Merci de ton com très émouvant.

si layla me communiquait une adresse e mail je lui adresserais une surprise

corialement

andersen

Pour le poème "Sur le quai", j'ai ajouté une illustration.
Vaste débat entre le mot et l'image : Victor Hugo disait : " Ne déposez pas de musique au pied de mes vers ! " Surtout ne mettez pas en musique mes poèmes, ils sont par eux-mêmes musicaux.
Flaubert détestait que l'on illustrât son oeuvre, surtout quand on lui proposa de faire la couverture de Salambo, en représentant, une femme dévêtue, de l'Orient, avec tous les fantasmes que cela comporte. Il disait qu'il avait mis cinq années à écrire chacun de ses romans, et que ses mots suffisaient.
Je leur donne raison, mêmes'ils sont un peu mégalo quelquefois. Mais chacun reste libre.