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Poèmes patrie

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Poèmes patrie - Page 2 Empty Poèmes patrie

Message par davidof Sam 3 Avr - 10:12

Rappel du premier message :

À Napoléon


De lumière et d’obscurité,
De néant et de gloire étonnant assemblage,
Astre fatal aux rois comme à la liberté;
Au plus haut de ton cours porté par un orage,
Et par un orage emporté,
Toi, qui n’as rien connu, dans ton sanglant passage,
D’égal à ton bonheur que ton adversité;
Dieu mortel, sous tes pieds les monts courbant leurs têtes
T’ouvraient un chemin triomphal;
Les élémens soumis attendaient ton signal;
D’une nuit pluvieuse écartant les tempêtes,
Pour éclairer tes fêtes,
Le soleil t’annonçait sur son char radieux;
L’Europe t’admirait dans une horreur profonde,
Et le son de ta voix, un signe de tes yeux,
Donnaient une secousse au monde.
Ton souffle du chaos faisait sortir les lois;
Ton image insultait aux dépouilles des rois,
Et, debout sur l’airain de leurs foudres guerrières,
Entretenait le ciel du bruit de tes exploits.
Les cultes renaissans, étonnés d’être frères,
Sur leurs autels rivaux, qui fumaient à la fois,
Pour toi confondaient leurs prières.
<< Conservez, disaient-ils, le vainqueur du Thabor,
Conservez le vainqueur du Tibre; >>
Que n’ont-ils pour ta gloire ajouté plus encor:
<< Dieu juste, conservez le roi d’un peuple libre! >>
Tu régnerais encor si tu l’avais voulu.
Fils de la Liberté, tu détrônas ta mère.
Armé contre ses droits d’un pouvoir éphémère,
Tu croyais l’accabler, tu l’avais résolu!
Mais le tombeau creusé pour elle
Dévore tôt ou tard le monarque absolu;
Un tyran tombe ou meurt; seule elle est immortelle.
Justice, droits, sermens, peux-tu rien respecter?
D’un antique lien périsse la mémoire!
L’Espagne est notre soeur de dangers et de gloire;
Tu la veux pour esclave, et n’osant ajouter
À ta double couronne un nouveau diadème,
Sur son trône conquis ton orgueil veut jeter
Un simulacre de toi-même.
Mais non, tu l’espérais en vain.
Ses prélats, ses guerriers l’un l’autre s’excitèrent,
Les croyances du peuple à leur voix s’exaltèrent.
Quels signes précurseurs d’un désastre prochain!
Le beffroi, qu’ébranlait une invisible main,
S’éveillait de lui-même et sonnait les alarmes;
Les images des preux s’agitaient sous leurs armes;
On avait vu des pleurs mouiller leurs yeux d’airain;
On avait vu le sang du sauveur de la terre
Des flancs du marbre ému sortir à longs ruisseaux;
Les morts erraient dans l’ombre, et ces cris : guerre! guerre!
S’élevaient du fond des tombeaux.
Une nuit, c’était l’heure où les songes funèbres
Apportent aux vivans les leçons du cercueil;
Où le second Brutus vit son génie en deuil
Se dresser devant lui dans l’horreur des ténèbres;
Où Richard, tourmenté d’un sommeil sans repos,
Vit les mânes vengeurs de sa famille entière,
Rangés autour de ses drapeaux,
Le maudire et crier : voilà ta nuit dernière!
Napoléon veillait, seul et silencieux;
La fatigue inclinait cette tête puissante
Sur la carte immobile où s’attachaient ses yeux;
Trois guerrières, trois soeurs parurent sous sa tente.
Pauvre et sans ornemens, belle de ses hauts faits,
La première semblait une vierge romaine
Le front ceint d’un rameau de chêne,
Elle appuyait son bras sur un drapeau français.
Il rappelait un jour d’éternelle mémoire;
Trois couleurs rayonnaient sur ses lambeaux sacrés
Par la foudre noircis, poudreux et déchirés,
Mais déchirés par la Victoire.
<< Je t’ai connu soldat; salut : te voilà roi.
De Marengo la terrible journée
Dans tes fastes, dit-elle, a pris place après moi;
Salut; je suis sa soeur aînée.
<< Je te guidais au premier rang;
Je protégeai ta course et dictai la parole
Qui ranima des tiens le courage expirant,
Lorsque la mort te vit si grand,
Qu’elle te respecta sous les foudres d’Arcole.
<< Tu changeas mon drapeau contre un sceptre d’airain;
Tremble, je vois pâlir ton étoile éclipsée.
La force est sans appui, du jour qu’elle est sans frein.
Adieu, ton règne expire et ta gloire est passée. >>
La seconde unissait aux palmes des déserts
Les dépouilles d’Alexandrie.
Les feux dont le soleil inonde sa patrie,
De ses brûlans regards allumaient les éclairs.
Sa main, par la conquête armée,
Dégouttante du sang des descendans d’Omar,
Tenait le glaive de César
Et le compas de Ptolémée.
<< Je t’ai connu banni; salut : te voilà roi.
Du mont Thabor la brillante journée
Dans tes fastes, dit-elle, a pris place après moi;
Salut! Je suis sa soeur aînée.
<< Je te dois l’éclat immortel
Du nom que je reçus aux pieds des pyramides.
J’ai vu les turbans d’Ismaël
Foulés au bord du Nil par tes coursiers rapides.
Les arts sous ton égide avaient placé leurs fils,
Quand des restes muets de Thèbe et de Memphis
Ils interrogeaient la poussière;
Et, si tu t’égarais dans ton vol glorieux,
C’était comme l’aiglon qui se perd dans les cieux,
C’était pour chercher la lumière.
<< Tu voulus l’étouffer sous ton sceptre d’airain;
Tremble, je vois pâlir ton étoile éclipsée.
La force est sans appui, du jour qu’elle est sans frein.
Adieu! Ton règne expire, et ta gloire est passée. >>
La dernière… O pitié, des fers chargeaient ses bras!
L’oeil baissé vers la terre où chacun de ses pas
Laissait une empreinte sanglante,
Elle s’avançait chancelante
En murmurant ces mots : meurt et ne se rend pas.
Loin d’elle les trésors qui parent la conquête,
Et l’appareil des drapeaux prisonniers!
Mais des cyprès, beaux comme des lauriers,
De leur sombre couronne environnaient sa tête.
<< Tu ne me connaîtras qu’en cessant d’être roi.
Écoute et tremble : aucune autre journée
Dans tes fastes jamais n’aura place après moi,
Et je n’eus point de soeur aînée.
<< De vaillance et de deuil souvenir désastreux,
J’affranchirai les rois que ton bras tient en laisse,
Et je transporterai la chaîne qui les blesse
Aux peuples qui vaincront pour eux.
Les siècles douteront, en lisant ton histoire,
Si tes vieux compagnons de gloire,
Si ces débris vivans de tant d’exploits divers,
Se sont plus illustrés par trente ans de victoire,
Que par un seul jour de revers.
<< Je chasserai du ciel ton étoile éclipsée;
Je briserai ton glaive et ton sceptre d’airain;
La force est sans appui, du jour qu’elle est sans frein.
Adieu! Ton règne expire, et ta gloire est passée. >>
Toutes trois vers le ciel avaient repris l’essor,
Et le guerrier surpris les écoutait encor;
Leur souvenir pesait sur son ame oppressée;
Mais aux roulemens du tambour,
Cette image bientôt sortit de sa pensée,
Comme l’ombre des nuits se dissipe effacée
Par les premiers rayons du jour.
Il crut avoir dompté les enfans de Pélage;
Entraîné de nouveau par ce char vagabond
Qui portait en tous lieux la guerre et l’esclavage,
Passant sur son empire, il le franchit d’un bond;
Et tout fumans encor, ses coursiers hors d’haleine,
Que les feux du midi naguère avaient lassés,
De la Bérésina, qui coulait sous sa chaîne,
Buvaient déjà les flots glacés.
Il dormait sur la foi de son astre infidèle,
Trompé par ces flatteurs dont la voix criminelle
L’avait mal conseillé.
Il rêvait, en tombant, l’empire de la terre,
Et ne rouvrit les yeux qu’aux éclats du tonnerre;
Où s’est-il réveillé! …
Seul et sur un rocher d’où sa vie importune
Troublait encor les rois d’une terreur commune,
Du fond de son exil encor présent partout,
Grand comme son malheur, détrôné, mais debout
Sur les débris de sa fortune.
Laissant l’Europe vide et la victoire en deuil,
Ainsi, de faute en faute et d’orage en orage,
Il est venu mourir sur un dernier écueil,
Où sa puissance a fait naufrage.
La vaste mer murmure autour de son cercueil.
Une île t’a reçu sans couronne et sans vie,
Toi qu’un empire immense eut peine à contenir;
Sous la tombe, où s’éteint ton royal avenir,
Descend avec toi seul toute une dynastie.
Et le pêcheur le soir s’y repose en chemin;
Reprenant ses filets qu’avec peine il soulève
Il s’éloigne à pas lents, foule ta cendre, et rêve…
A ses travaux du lendemain.
Casimir Delavigne (1793-1843), Les Messéniennes, Livre II (1835)
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Poèmes patrie - Page 2 Empty Cardinal de BERNIS

Message par Rita-kazem Lun 3 Mai - 14:41


  • Cardinal de BERNIS (1715-1794)

Sur l'amour de la patrie



Je vous salue, ô terre où le ciel m'a fait naître,
Lieux où le jour pour moi commença de paraître,
Quand l'astre du berger, brillant d'un feu nouveau,
De ses premiers rayons éclaira mon berceau !
Je revois cette plaine où des arbres antiques
Couronnent les dehors de nos maisons rustiques,
Arbres, témoins vivants de la faveur des cieux,
Dont la feuille nourrit ces vers industrieux
Qui tirent de leur sein notre espoir, notre joie,
Et pour nous enrichir s'enferment dans leur soie.
Trésor du laboureur, ornement du berger,
L'olive sous mes yeux s'unit à l'oranger.
Que j'aime à contempler ces montagnes bleuâtres
Qui forment devant moi de longs amphithéâtres,
Où l'hiver règne encor quand la blonde Cérès
De l'or de ses cheveux a couvert nos guérets !
Qu'il m'est doux de revoir sur des rives fertiles
Le Rhône ouvrir ses bras pour séparer nos îles,
Et, ramassant enfin ses trésors dispersés,
Blanchir un pont bâti sur ses flots courroucés ;
D'admirer au couchant ces vignes renommées
Qui courbent en festons leurs grappes parfumées ;
Tandis que vers le nord des chênes toujours verts
Affrontent le tonnerre et bravent les hivers !

Je te salue encore, ô ma chère patrie !
Mes esprits sont émus ; et mon âme attendrie
Échappe avec transport au trouble des palais,
Pour chercher dans ton sein l'innocence et la paix.
C'est donc sous ces lambris qu'ont vécu mes ancêtres !
Justes pour leurs voisins, fidèles à leurs maîtres,
Ils venaient décorer ces balcons abattus,
Embellir ces jardins, asiles des vertus,
Où sur des bancs de fleurs, sous une treille inculte
Ils oubliaient la cour et bravaient son tumulte !
Chaque objet frappe, éveille et satisfait mes sens ;
Je reconnais les dieux au plaisir que je sens.
Non, l'air n'est point ailleurs si pur, l'onde si claire ;
Le saphir brille moins que le ciel qui m'éclaire ;
Et l'on ne voit qu'ici, dans tout son appareil,
Lever, luire, monter, et tomber le soleil.

Amour de nos foyers, quelle est votre puissance !
Quels lieux sont préférés aux lieux de la naissance ?
Je vante ce beau ciel, ce jour brillant et pur
Qui répand dans les airs l'or, la pourpre et l'azur,
Cette douce chaleur qui mûrit, qui colore
Les trésors de Vertumne et les présents de Flore ;
Un Lapon vanterait les glaces, les frimas
Qui chassent loin de lui la fraude et les combats ;
Libre, paisible, heureux, dans le sein de la terre,
Il n'entend point gronder les foudres de la guerre.
Quels stériles déserts, quels antres écartés
Sont pour leurs habitants sans grâce et sans beautés ?
Virgile abandonnait les fêtes de Capoue
Pour rêver sur les bords des marais de Mantoue ;
Et les rois indigents d'Ithaque et de Scyros
Préféraient leurs rochers aux marbres de Paros.

En vain l'ambition, l'inquiète avarice,
La curiosité, le volage caprice,
Nous font braver cent fois l'inclémence des airs,
Les dangers de la terre et le péril des mers :
Des plus heureux climats, des bords les plus barbares,
Rappelés sourdement par la voix de nos Lares,
Nous portons à leurs pieds ces métaux recherchés
Qui au fond du Potosi les dieux avaient cachés.
Assis tranquillement sous nos foyers antiques,
Nous trouvons dans le sein de nos dieux domestiques
Cette douceur, ce calme, objet de nos travaux,
Que nous cherchions en vain sur la terre et les eaux.

Tel est l'heureux effet de l'amour de nous-même :
Utile à l'univers quand il n'est point extrême,
Cet amour, trop actif pour être concentré,
S'échappe de nos coeurs, se répand par degré
Sur nos biens, sur les lieux où nous prîmes naissance,
Jusque sur les témoins des jeux de notre enfance.
C'est lui qui nous rend cher le nom de nos aïeux,
Les destins inconnus de nos derniers neveux,
Et qui, trop resserré dans la sphère où nous sommes,
Embrasse tous les lieux, enchaîne tous les hommes.
L'amour-propre a tissu les différents liens
Qui tiennent enchaînés les divers citoyens :
L'intérêt personnel, auteur de tous les crimes,
De l'intérêt public établit les maximes.
Oui, lui seul a formé nos plus aimables noeuds
Nos amis ne sont rien, nous nous aimons en eux.
Vous qui nommez l'amour une étincelle pure,
Un rayon émané du sein de la nature,
Détruisez une erreur si chère à vos appas.
Aimerait-on autrui, si l'on ne s'aimait pas ?
Ces transports renaissants à l'aspect de vos charmes,
Ces soins mêlés de trouble et ces perfides larmes
Sont des tributs trompeurs qu'un amant emporté
Offre au dieu des plaisirs bien plus qu'à la beauté.

L'amour des citoyens ne devient légitime
Que par le bien public qui le règle et l'anime.
Malheur aux coeurs d'airain qui tiennent en prison
Un feu né pour s'étendre au gré de la raison,
Un amour dangereux que l'intérêt allume,
Qui, trop longtemps captif, s'irrite et nous consume,
Tels les terribles feux dont brûlent les Titans,
Comprimés par la terre, enfantent les volcans.
Ainsi vit-on jadis, dans Rome et dans Athènes,
Le peuple heureux et libre, ou courbé sous les chaînes,
Selon que l'amour-propre, obéissant aux lois,
De la patrie en pleurs reconnaissait la voix.
Ainsi dans tous les temps l'intérêt domestique
A balancé le poids de la cause publique.

Amour de la justice, amour digne de nous,
Embrasez les mortels, croissez, étendez-vous ;
Consumez, renversez ces indignes barrières,
Ces angles meurtriers qui bordent les frontières,
Ces remparts tortueux, et ces globes de fer
Qui vomissent sur nous les flammes de l'enfer.
Faut-il que nos fureurs nous rendent nécessaires
Les glaives que forgea l'audace de nos pères ?
Faut-il toujours attendre ou craindre des revers,
Et gémir sur le bord de nos tombeaux ouverts ?

Ô moeurs du siècle d'or, ô chimères aimables !
Ne saurons-nous jamais réaliser vos fables ?
Et ne connaîtrons-nous que l'art infructueux
De peindre la vertu sans être vertueux ?

Rita-kazem

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Poèmes patrie - Page 2 Empty André CHÉNIER:Terre, terre chérie

Message par Rita-kazem Lun 3 Mai - 15:20


  • André CHÉNIER (1762-1794)

Terre, terre chérie



.................... Terre, terre chérie
Que la liberté sainte appelle sa patrie ;
Père du grand sénat, ô sénat de Romans,
Qui de la liberté jetas les fondements ;
Romans, berceau des lois, vous, Grenoble et Valence,
Vienne, toutes enfin, monts sacrés d'où la France
Vit naître le soleil avec la liberté !
Un jour le voyageur par le Rhône emporté,
Arrêtant l'aviron dans la main de son guide,
En silence et debout sur sa barque rapide,
Fixant vers l'orient un oeil religieux,
Contemplera longtemps ces sommets glorieux ;
Car son vieux père, ému de transports magnanimes,
Lui dira : " Vois, mon fils, vois ces augustes cimes. "

Au bord du Rhône, le 7 juillet 1790
Rita-kazem
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Poèmes patrie - Page 2 Empty Canada:Gonzalve Desaulniers

Message par Rita-kazem Mar 4 Mai - 19:30

Canada
Terre des libertés!
Dans les ors des étés
Les cieux t'inondent
De fleurs et de chansons
Pour que dans les moissons
Courent les chauds frissons
Qui te fécondent.

Terre des bois ombreux
Et des lacs plus nombreux
Que les étoiles!
Tes rameaux infinis
Tamisent dans les nids
Tous les rayons bénis
Comme des toiles.

Toi que deux océans
Baignent de flots géants,
Terre chérie!
Que tes fils désormais
Réunis à jamais,
Labourent dans la paix,
Ô ma Patrie!
Rita-kazem
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Poèmes patrie - Page 2 Empty La patrie:Apollinaire GINGRAS

Message par Nadej-isis Mer 5 Mai - 20:05


  • (1847-1935)





Enfants, le ciel, le ciel sur nos campagnes
A déployé de bien vives couleurs.
Sur nos lacs bleus, sur nos vertes montagnes,
Le ciel répand ses plus riches splendeurs.
Soit que la neige à nos bois étincelle,
Soit que l'été rayonne sur nos bords, -
Oh ! la patrie, oh ! la patrie est belle :
Ô Canada, je t'aime avec transports !

Un sang choisi, le plus pur sang de France,
Nourrit jadis mon pays bien-aimé.
Sous d'autres cieux la Foi pleure en silence :
Au Canada le Christ est acclamé.
Jogues, Bréboeuf et cent martyrs encore,
Dans le supplice ont rougi nos bosquets : -
Ô ma patrie ! oh ! je t'aime et t'honore :
Ô Canada, pour toi tous mes respects !

Sur son berceau rugissait le tonnerre,
Et l'avenir, oh ! n'était pas vermeil.
Mais en luttant le Canada sut faire
Son nid d'aiglon et sa place au soleil.
L'Anglais le sait si nous fûmes esclaves,
Et si ce Peuple aima sa liberté : -
Ô ma patrie, ô le pays des braves :
Ô Canada, je t'aime avec fierté !

A la Patrie oh ! ne soyons pas traîtres :
N'allons jamais déserter ses hameaux.
Quoi ! des Yankees seraient vos rois, vos maîtres,
Vous, les enfants de superbes héros ?
Dans nos forêts taillons-nous un domaine ;
Autour de nous plantons de beaux vergers : -
J'entends chanter le clocher dans la plaine :
Il est amer, le pain des étrangers !
Nadej-isis
Nadej-isis

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Date d'inscription : 15/03/2010

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Poèmes patrie - Page 2 Empty Premier soleil

Message par Valerie-M-kaya Sam 15 Mai - 14:55

PREMIER SOLEIL



Italie, Italie, ô terre où toutes choses
Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins !
Paradis où l'on trouve avec des lauriers-roses
Des sorbets à la neige et des ballets divins !

Terre où le doux langage est rempli de diphthongues !
Voici qu'on pense à toi, car voici venir mai,
Et nous ne verrons plus les redingotes longues
Où tout parfait dandy se tenait enfermé.

Sourire du printemps, je t'offre en holocauste
Les manchons, les albums et le pesant castor.
Hurrah ! gais postillons, que les chaises de poste
Volent, en agitant une poussière d'or !

Les lilas vont fleurir, et Ninon me querelle,
Et ce matin j'ai vu mademoiselle Ozy
Près des Panoramas déployer son ombrelle :
C'est que le triste hiver est bien mort, songez-y !

Voici dans le gazon les corolles ouvertes,
Le parfum de la sève embaumera les soirs,
Et devant les cafés, des rangs de tables vertes
Ont par enchantement poussé sur les trottoirs.

Adieu donc, nuits en flamme où le bal s'extasie !
Adieu, concerts, scotishs, glaces à l'ananas ;
Fleurissez maintenant, fleurs de la fantaisie,
Sur la toile imprimée et sur le jaconas !

Et vous, pour qui naîtra la saison des pervenches,
Rendez à ces zéphyrs que voilà revenus,
Les légers mantelets avec les robes blanches,
Et dans un mois d'ici vous sortirez bras nus !

Bientôt, sous les forêts qu'argentera la lune,
S'envolera gaîment la nouvelle chanson ;
Nous y verrons courir la rousse avec la brune,
Et Musette et Nichette avec Mimi Pinson !

Bientôt tu t'enfuiras, ange Mélancolie,
Et dans le Bas-Meudon les bosquets seront verts.
Débouchez de ce vin que j'aime à la folie,
Et donnez-moi Ronsard, je veux lire des vers.

Par ces premiers beaux jours la campagne est en fête
Ainsi qu'une épousée, et Paris est charmant.
Chantez, petits oiseaux du ciel, et toi, poëte,
Parle ! nous t'écoutons avec ravissement.

C'est le temps où l'on mène une jeune maîtresse
Cueillir la violette avec ses petits doigts,
Et toute créature a le coeur plein d'ivresse,
Excepté les pervers et les marchands de bois !


Auteur:Théodore de BANVILLE
Valerie-M-kaya
Valerie-M-kaya

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Date d'inscription : 21/03/2010

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