joiedevie Forum de Aziza Rahmouni
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Poèmes patrie

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Message par davidof Sam 3 Avr - 10:12

À Napoléon


De lumière et d’obscurité,
De néant et de gloire étonnant assemblage,
Astre fatal aux rois comme à la liberté;
Au plus haut de ton cours porté par un orage,
Et par un orage emporté,
Toi, qui n’as rien connu, dans ton sanglant passage,
D’égal à ton bonheur que ton adversité;
Dieu mortel, sous tes pieds les monts courbant leurs têtes
T’ouvraient un chemin triomphal;
Les élémens soumis attendaient ton signal;
D’une nuit pluvieuse écartant les tempêtes,
Pour éclairer tes fêtes,
Le soleil t’annonçait sur son char radieux;
L’Europe t’admirait dans une horreur profonde,
Et le son de ta voix, un signe de tes yeux,
Donnaient une secousse au monde.
Ton souffle du chaos faisait sortir les lois;
Ton image insultait aux dépouilles des rois,
Et, debout sur l’airain de leurs foudres guerrières,
Entretenait le ciel du bruit de tes exploits.
Les cultes renaissans, étonnés d’être frères,
Sur leurs autels rivaux, qui fumaient à la fois,
Pour toi confondaient leurs prières.
<< Conservez, disaient-ils, le vainqueur du Thabor,
Conservez le vainqueur du Tibre; >>
Que n’ont-ils pour ta gloire ajouté plus encor:
<< Dieu juste, conservez le roi d’un peuple libre! >>
Tu régnerais encor si tu l’avais voulu.
Fils de la Liberté, tu détrônas ta mère.
Armé contre ses droits d’un pouvoir éphémère,
Tu croyais l’accabler, tu l’avais résolu!
Mais le tombeau creusé pour elle
Dévore tôt ou tard le monarque absolu;
Un tyran tombe ou meurt; seule elle est immortelle.
Justice, droits, sermens, peux-tu rien respecter?
D’un antique lien périsse la mémoire!
L’Espagne est notre soeur de dangers et de gloire;
Tu la veux pour esclave, et n’osant ajouter
À ta double couronne un nouveau diadème,
Sur son trône conquis ton orgueil veut jeter
Un simulacre de toi-même.
Mais non, tu l’espérais en vain.
Ses prélats, ses guerriers l’un l’autre s’excitèrent,
Les croyances du peuple à leur voix s’exaltèrent.
Quels signes précurseurs d’un désastre prochain!
Le beffroi, qu’ébranlait une invisible main,
S’éveillait de lui-même et sonnait les alarmes;
Les images des preux s’agitaient sous leurs armes;
On avait vu des pleurs mouiller leurs yeux d’airain;
On avait vu le sang du sauveur de la terre
Des flancs du marbre ému sortir à longs ruisseaux;
Les morts erraient dans l’ombre, et ces cris : guerre! guerre!
S’élevaient du fond des tombeaux.
Une nuit, c’était l’heure où les songes funèbres
Apportent aux vivans les leçons du cercueil;
Où le second Brutus vit son génie en deuil
Se dresser devant lui dans l’horreur des ténèbres;
Où Richard, tourmenté d’un sommeil sans repos,
Vit les mânes vengeurs de sa famille entière,
Rangés autour de ses drapeaux,
Le maudire et crier : voilà ta nuit dernière!
Napoléon veillait, seul et silencieux;
La fatigue inclinait cette tête puissante
Sur la carte immobile où s’attachaient ses yeux;
Trois guerrières, trois soeurs parurent sous sa tente.
Pauvre et sans ornemens, belle de ses hauts faits,
La première semblait une vierge romaine
Le front ceint d’un rameau de chêne,
Elle appuyait son bras sur un drapeau français.
Il rappelait un jour d’éternelle mémoire;
Trois couleurs rayonnaient sur ses lambeaux sacrés
Par la foudre noircis, poudreux et déchirés,
Mais déchirés par la Victoire.
<< Je t’ai connu soldat; salut : te voilà roi.
De Marengo la terrible journée
Dans tes fastes, dit-elle, a pris place après moi;
Salut; je suis sa soeur aînée.
<< Je te guidais au premier rang;
Je protégeai ta course et dictai la parole
Qui ranima des tiens le courage expirant,
Lorsque la mort te vit si grand,
Qu’elle te respecta sous les foudres d’Arcole.
<< Tu changeas mon drapeau contre un sceptre d’airain;
Tremble, je vois pâlir ton étoile éclipsée.
La force est sans appui, du jour qu’elle est sans frein.
Adieu, ton règne expire et ta gloire est passée. >>
La seconde unissait aux palmes des déserts
Les dépouilles d’Alexandrie.
Les feux dont le soleil inonde sa patrie,
De ses brûlans regards allumaient les éclairs.
Sa main, par la conquête armée,
Dégouttante du sang des descendans d’Omar,
Tenait le glaive de César
Et le compas de Ptolémée.
<< Je t’ai connu banni; salut : te voilà roi.
Du mont Thabor la brillante journée
Dans tes fastes, dit-elle, a pris place après moi;
Salut! Je suis sa soeur aînée.
<< Je te dois l’éclat immortel
Du nom que je reçus aux pieds des pyramides.
J’ai vu les turbans d’Ismaël
Foulés au bord du Nil par tes coursiers rapides.
Les arts sous ton égide avaient placé leurs fils,
Quand des restes muets de Thèbe et de Memphis
Ils interrogeaient la poussière;
Et, si tu t’égarais dans ton vol glorieux,
C’était comme l’aiglon qui se perd dans les cieux,
C’était pour chercher la lumière.
<< Tu voulus l’étouffer sous ton sceptre d’airain;
Tremble, je vois pâlir ton étoile éclipsée.
La force est sans appui, du jour qu’elle est sans frein.
Adieu! Ton règne expire, et ta gloire est passée. >>
La dernière… O pitié, des fers chargeaient ses bras!
L’oeil baissé vers la terre où chacun de ses pas
Laissait une empreinte sanglante,
Elle s’avançait chancelante
En murmurant ces mots : meurt et ne se rend pas.
Loin d’elle les trésors qui parent la conquête,
Et l’appareil des drapeaux prisonniers!
Mais des cyprès, beaux comme des lauriers,
De leur sombre couronne environnaient sa tête.
<< Tu ne me connaîtras qu’en cessant d’être roi.
Écoute et tremble : aucune autre journée
Dans tes fastes jamais n’aura place après moi,
Et je n’eus point de soeur aînée.
<< De vaillance et de deuil souvenir désastreux,
J’affranchirai les rois que ton bras tient en laisse,
Et je transporterai la chaîne qui les blesse
Aux peuples qui vaincront pour eux.
Les siècles douteront, en lisant ton histoire,
Si tes vieux compagnons de gloire,
Si ces débris vivans de tant d’exploits divers,
Se sont plus illustrés par trente ans de victoire,
Que par un seul jour de revers.
<< Je chasserai du ciel ton étoile éclipsée;
Je briserai ton glaive et ton sceptre d’airain;
La force est sans appui, du jour qu’elle est sans frein.
Adieu! Ton règne expire, et ta gloire est passée. >>
Toutes trois vers le ciel avaient repris l’essor,
Et le guerrier surpris les écoutait encor;
Leur souvenir pesait sur son ame oppressée;
Mais aux roulemens du tambour,
Cette image bientôt sortit de sa pensée,
Comme l’ombre des nuits se dissipe effacée
Par les premiers rayons du jour.
Il crut avoir dompté les enfans de Pélage;
Entraîné de nouveau par ce char vagabond
Qui portait en tous lieux la guerre et l’esclavage,
Passant sur son empire, il le franchit d’un bond;
Et tout fumans encor, ses coursiers hors d’haleine,
Que les feux du midi naguère avaient lassés,
De la Bérésina, qui coulait sous sa chaîne,
Buvaient déjà les flots glacés.
Il dormait sur la foi de son astre infidèle,
Trompé par ces flatteurs dont la voix criminelle
L’avait mal conseillé.
Il rêvait, en tombant, l’empire de la terre,
Et ne rouvrit les yeux qu’aux éclats du tonnerre;
Où s’est-il réveillé! …
Seul et sur un rocher d’où sa vie importune
Troublait encor les rois d’une terreur commune,
Du fond de son exil encor présent partout,
Grand comme son malheur, détrôné, mais debout
Sur les débris de sa fortune.
Laissant l’Europe vide et la victoire en deuil,
Ainsi, de faute en faute et d’orage en orage,
Il est venu mourir sur un dernier écueil,
Où sa puissance a fait naufrage.
La vaste mer murmure autour de son cercueil.
Une île t’a reçu sans couronne et sans vie,
Toi qu’un empire immense eut peine à contenir;
Sous la tombe, où s’éteint ton royal avenir,
Descend avec toi seul toute une dynastie.
Et le pêcheur le soir s’y repose en chemin;
Reprenant ses filets qu’avec peine il soulève
Il s’éloigne à pas lents, foule ta cendre, et rêve…
A ses travaux du lendemain.
Casimir Delavigne (1793-1843), Les Messéniennes, Livre II (1835)
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Message par davidof Sam 3 Avr - 10:13

Espagne


Mon doux pays des Espagnes
Qui voudrait fuir ton beau ciel,
Tes cités et tes montagnes,
Et ton printemps éternel ?
Ton air pur qui nous enivre,
Tes jours, moins beaux que tes nuits,
Tes champs, où Dieu voudrait vivre
S’il quittait son paradis.
Autrefois ta souveraine,
L’Arabie, en te fuyant,
Laissa sur ton front de reine
Sa couronne d’Orient !
Un écho redit encore
A ton rivage enchanté
L’antique refrain du Maure :
Gloire, amour et liberté !
"Odelettes"
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Message par davidof Sam 3 Avr - 10:14

France


Oui, mon pays est encor France :
La fougue, la verve, l’accent,
L’âme, l’esprit, le coeur, le sang,
Tout nous en donne l’assurance :
La France reste toujours France.
Aujourd’hui, tout comme naguères,
Ne sommes-nous pas, trait pour trait,
Le vrai profil, le vif portrait
Du Normand, père de nos pères ?
Français, vous êtes nos grands frères.
Il est toujours vert et vivace,
Le rameau du vieil arbre franc ;
De sève chaude exubérant,
Superbe et fort comme la race,
Il est toujours vert et vivace.
Vienne la magnifique aurore
Des fêtes d’hiver, Montréal,
Narguant l’âpre vent boréal,
Pour la danse revêt encore
Son domino multicolore.
Pittoresque palais féerique,
Sur tes murs de glace et de feu,
Le drapeau rouge, blanc et bleu
Arbore au soleil d’Amérique
La chaude gaîté d’Armorique.
Avec la fusée écarlate,
Qui crépite et crible d’éclairs
Le cristal de tes dômes clairs,
Dans l’air qu’elle échauffe et dilate
L’allégresse de France éclate.
Mais au lointain si notre oreille
Entend le clairon du combat,
C’est alors que le coeur nous bat,
C’est alors que le sang s’éveille,
Au son qui frappe notre oreille.
Sonnez, chantez, clairons sonores !
Allons, étendards, en avant !
Dans le feu, l’éclair et le vent,
Déployez vos plis tricolores !
Sonnez, chantez, clairons sonores !
L’envahissement est immense.
- Pour chasser ces grands reîtres roux,
Que ne sommes-nous avec vous,
Jeunes soldats de la défense !
Oh ! notre douleur est immense.
France, ô maternelle patrie,
Nos coeurs, qui ne font qu’un pour toi,
Encore palpitants d’émoi,
Saignent des coups qui t’ont meurtrie,
France, ô maternelle patrie !
Ici comme là-bas on pleure.
Dévorant le sanglant affront,
Baissant les yeux, courbant le front,
Silencieux, on attend l’heure.
Ici comme là-bas on pleure.
Quand finira l’horrible transe ?
Oh ! quand de Versaille à Strasbourg,
Cloche, canon, clairon, tambour
Proclameront la délivrance
De la grande terre de France ?
"Les floraisons matutinales"
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Message par davidof Sam 3 Avr - 10:15

France, mère des arts, des armes et des lois


France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,
Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine
D’une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las, tes autres agneaux n’ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
, Les Regrets (1558)
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Message par davidof Sam 3 Avr - 10:16

La Bataille de Waterloo


Ils ne sont plus, laissez en paix leur cendre;
Par d’injustes clameurs ces braves outragés
À se justifier n’ont pas voulu descendre;
Mais un seul jour les a vengés :
Ils sont tous morts pour vous défendre.
Malheur à vous si vos yeux inhumains
N’ont point de pleurs pour la patrie!
Sans force contre vos chagrins,
Contre le mal commun votre ame est aguerrie;
Tremblez, la mort peut-être étend sur vous ses mains!
Que dis-je? Quel français n’a répandu des larmes
Sur nos défenseurs expirans?
Prêt à revoir les rois qu’il regretta vingt ans,
Quel vieillard n’a rougi du malheur de nos armes?
En pleurant ces guerriers par le destin trahis,
Quel vieillard n’a senti s’éveiller dans son ame
Quelque reste assoupi de cette antique flamme
Qui l’embrasait pour son pays?
Que de leçons, grand dieu! Que d’horribles images
L’histoire d’un seul jour présente aux yeux des rois!
Clio, sans que la plume échappe de ses doigts,
Pourra-t-elle en tracer les pages?
Cachez-moi ces soldats sous le nombre accablés,
Domptés par la fatigue, écrasés par la foudre,
Ces membres palpitans dispersés sur la poudre,
Ces cadavres amoncelés!
Eloignez de mes yeux ce monument funeste
De la fureur des nations;
Ô mort! Epargne ce qui reste!
Varus, rends-nous nos légions!
Les coursiers frappés d’épouvante,
Les chefs et les soldats épars,
Nos aigles et nos étendards
Souillés d’une fange sanglante,
Insultés par les léopards,
Les blessés mourant sur les chars,
Tout se presse sans ordre, et la foule incertaine,
Qui se tourmente en vains efforts,
S’agite, se heurte, se traîne,
Et laisse après soi dans la plaine
Du sang, des débris et des morts.
Parmi des tourbillons de flamme et de fumée,
Ô douleur, quel spectacle à mes yeux vient s’offrir?
Le bataillon sacré, seul devant une armée,
S’arrête pour mourir.
C’est en vain que, surpris d’une vertu si rare,
Les vainqueurs dans leurs mains retiennent le trépas.
Fier de le conquérir, il court, il s’en empare;
La garde, avait-il dit, meurt et ne se rend pas.
On dit qu’en les voyant couchés sur la poussière,
D’un respect douloureux frappé par tant d’exploits,
L’ennemi, l’oeil fixé sur leur face guerrière,
Les regarda sans peur pour la première fois.
Les voilà ces héros si long-temps invincibles!
Ils menacent encor les vainqueurs étonnés!
Glacés par le trépas, que leurs yeux sont terribles!
Que de hauts faits écrits sur leurs fronts sillonnés!
Ils ont bravé les feux du soleil d’Italie,
De la castille ils ont franchi les monts;
Et le nord les a vus marcher sur les glaçons
Dont l’éternel rempart protége la Russie.
Ils avaient tout dompté… Le destin des combats
Leur devait, après tant de gloire,
Ce qu’aux français naguère il ne refusait pas;
Le bonheur de mourir dans un jour de victoire.
Ah! Ne les pleurons pas! Sur leurs fronts triomphans
La palme de l’honneur n’a pas été flétrie;
Pleurons sur nous, français, pleurons sur la patrie;
L’orgueil et l’intérêt divisent ses enfans.
Quel siècle en trahisons fut jamais plus fertile?
L’amour du bien commun de tous les coeurs s’exile;
La timide amitié n’a plus d’épanchemens;
On s’évite, on se craint; la foi n’a plus d’asile,
Et s’enfuit d’épouvante au bruit de nos sermens.
O vertige fatal! Déplorables querelles
Qui livrent nos foyers au fer de l’étranger!
Le glaive étincelant dans nos mains infidèles,
Ensanglante le sein qu’il devrait protéger.
L’ennemi cependant renverse les murailles
De nos forts et de nos cités;
La foudre tonne encore, au mépris des traités.
L’incendie et les funérailles
Épouvantent encor nos hameaux dévastés;
D’avides proconsuls dévorent nos provinces;
Et, sous l’écharpe blanche, ou sous les trois couleurs,
Les français, disputant pour le choix de leurs princes,
Détrônent des drapeaux et proscrivent des fleurs.
Des soldats de la Germanie
J’ai vu les coursiers vagabonds
Dans nos jardins pompeux errer sur les gazons,
Parmi ces demi-dieux qu’enfanta le génie.
J’ai vu des bataillons, des tentes et des chars,
Et l’appareil d’un camp dans le temple des arts.
Faut-il, muets témoins, dévorer tant d’outrages?
Faut-il que le français, l’olivier dans la main,
Reste insensible et froid comme ces dieux d’airain
Dont ils insultent les images?
Nous devons tous nos maux à ces divisions
Que nourrit notre intolérance.
Il est temps d’immoler au bonheur de la France
Cet orgueil ombrageux de nos opinions.
Etouffons le flambeau des guerres intestines.
Soldats, le ciel prononce, il relève les lis;
Adoptez les couleurs du héros de Bovines,
En donnant une larme aux drapeaux d’Austerlitz.
France, réveille-toi! Qu’un courroux unanime
Enfante des guerriers autour du souverain!
Divisés, désarmés, le vainqueur nous opprime;
Présentons-lui la paix, les armes à la main.
Et vous, peuples si fiers du trépas de nos braves,
Vous, les témoins de notre deuil,
Ne croyez pas, dans votre orgueil,
Que, pour être vaincus, les français soient esclaves.
Gardez-vous d’irriter nos vengeurs à venir;
Peut-être que le ciel, lassé de nous punir,
Seconderait notre courage;
Et qu’un autre Germanicus
Irait demander compte aux Germains d’un autre âge
De la défaite de Varus.
(1793-1843), Les Messéniennes, Livre I (1835)
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Message par davidof Sam 3 Avr - 10:17

La Java des Bombes Atomiques


Mon oncle un fameux bricoleur
Faisait en amateur des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C’était un vrai génie question travaux pratiques
Il s’enfermait toute la journée
Au fond de son atelier pour faire ses expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en transes
En nous racontant tout:
“Pour fabriquer une bombe “A”
Mes enfants croyez-moi
C’est vraiment de la tarte
La question du détonateur
Se résout en un quart d’heure
C’est de celles qu’on écarte
En ce qui concerne la bombe “H’
C’est pas beaucoup plus vache
Mais une chose me tourmente
C’est que celles de ma fabrication
N’ont qu’un rayon d’action
De trois mètres cinquante
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans
J’y retourne immédiatement !”
Il a bossé pendant des jours
Tachant avec amour d’améliorer le modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il dévorait d’un coup sa soupe aux vermicelles
On voyait à son air féroce
Qu’il tombait sur un os
Mais on n’osait rien dire
Et puis un soir pendant le repas
Voilà Tonton qui soupire et qui s’écrie comme ça:
“À mesure que je deviens vieux
Je m’en aperçois mieux
J’ai le cerveau qui flanche.
Soyons sérieux, disons le mot
C’est même plus un cerveau
C’est comme de la sauce blanche
Voilà des mois et des années
Que j’essaie d’augmenter
La portée de ma bombe
Et je ne me suis pas rendu compte
Que la seule chose qui compte
C’est l’endroit où elle tombe
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans
J’y retourne immédiatement
Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d’état
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s’excusa de ce que sa cagna
Était aussi petite
Mais sitôt qu’ils sont tous entrés
Il les a enfermés en disant “soyez sages”
Et quand la bombe a explosé
De tous ces personnages il n’est plus rien resté
Tonton devant ce résultat ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au tribunal on l’a traîné et devant les jurés
Le voilà qui bafouille:
“Messieurs c’est un hasard affreux
Mais je jure devant Dieu
Qu’en mon âme et conscience
En détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D’avoir servi la France”
On était dans l’embarras
Alors on le condamna et puis on l’amnistia
Et le pays reconnaissant l’élut immédiatement
Chef du gouvernement.
Boris Vian
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Poèmes patrie Empty Nérée Beauchemin,

Message par davidof Sam 3 Avr - 10:18

La petite Canadienne


Elle est bonne, franche, et telle
Que l’amoureux de chez nous
Ne courtise et n’aime qu’elle.
Et, de vrai, c’est la plus belle,
Avec ses Jolis yeux doux.
Beauté d’idylle naïve,
Elle a l’air, le teint vermeil,
De cette prime fleur vive,
Qui, malgré le gel, hâtive,
Fleurit sous un froid soleil.
Hormis cette grâce fine,
Charmes purs, charmes frais,
Joliesse féminine
Que la nature dessine,
Je lui sais plus rares traits.
Compatriote chérie,
Où je te vois et t’entends,
Où tu ris, c’est la patrie,
Revivante, refleurie,
Dans un rayon de printemps.
Ton sourire nous enivre ;
Ta vaillance est notre espoir ;
Le divin bonheur de vivre,
Nous le trouvons à te suivre
Par le chemin du devoir.
La Saint-Jean-Baptiste appelle
La nationalité.
Viens, ma chère, fais-toi belle ;
Dans la fête solennelle,
Viens marcher à mon côté.
Viens !… et mets, pour qu’on le dise,
Cocarde parlante, autour
De ton chapeau de payse,
La feuille qui symbolise
Le patriotique amour !
Première entre les premières,
Prends ta place dans nos rangs.
Fière au-dessus des plus fières,
Française, de nos bannières,
Ferme et haut, tiens les rubans !
Salut, princesse lointaine,
Seigneuresse des vieux lys !
Haute dame souveraine
De cette claire fontaine
Qu’ombragent les bois jolis !
Les fils n’aiment plus la terre ;
Ô patronne, enseigne-leur
Le patriotisme austère,
Le bon travail salutaire,
Qui rend solide et meilleur.
Grande chrétienne, humble sainte,
Qui, forte divinement,
Monte au calvaire, et, sans plainte,
Souffre et meurt, ivre d’absinthe,
Sur ta croix du dévouement !
Oh ! quelle gloire est la tienne !
Tu représentes, pour moi,
La pure race ancienne.
Petite Canadienne,
La France, en nos coeurs, c’est toi.
Nérée Beauchemin, Patrie intime
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Poèmes patrie Empty Casimir Delavigne

Message par davidof Sam 3 Avr - 10:18

La Sybille


Pouzzole.
Marchons, le ciel s’abaisse, et le jour pâlissant
N’est plus à son midi qu’un faible crépuscule;
Le flot qui vient blanchir les restes du port Jule
Grossit, et sur la cendre expire en gémissant.
Cet orage éloigné que l’Eurus nous ramène
Couvre de ses flancs noirs les pointes de Misène;
Avançons, et, foulant d’un pied religieux
Ces rivages sacrés que célébra Virgile,
Et d’où Néron chassa la majesté des dieux,
Allons sur l’avenir consulter la Sibylle.
<< Ces débris ont pour moi d'invincibles appas, >>
Me répond un ami, qu’aux doux travaux d’Apelle,
A Rome, au Vatican son art en vain rappelle;
<< Ils parlent à mes yeux, ils enchaînent mes pas.
<< Ces lentisques flétris dont la feuille frissonne;
<< Ces pampres voltigeants et rougis par l'automne,
<< Tristes comme les fleurs qui couronnaient les morts,
<< Ces frêles cyclamens, fanés à leur naissance,
<< Plaisent à ma tristesse, en mêlant sur ces bords
<< Le deuil de la nature au deuil de la puissance.
<< Où sont ces dais de pourpre élevés pour les jeux,
<< Ces troupeaux d'affranchis, ces courtisans avides?
<< Où sont les chars d'airain, les trirèmes rapides,
<< Qui du soleil levant réfléchissaient les feux?
<< C'est là que des clairons la bruyante harmonie
<< A d'Auguste expirant ranimé l'agonie;
<< Vain remède! et le sang se glaçait dans son coeur,
<< Tandis que sur ces mers les jeux de Rome esclave,
<< Retraçant Actiura à ce pâle vainqueur,
<< Faisaient sourire Auguste au triomphe d'Octave!
<< Ces monuments pompeux, tous ces palais romains,
<< Où triomphaient l'orgueil, l'inceste et l'adultère,
<< De la vaine grandeur dont ils lassaient la terre
<< N'ont gardé que des noms en horreur aux humains.
<< Les voilà, ces arceaux désunis et sans gloire
<< Qui de Caligula rappellent la mémoire!
<< Vingt siècles les ont vus briser le fol orgueil
<< Des mers qui les couvraient d'écume et d'étincelles,
<< Leur chaîne s'est rompue et n'est plus qu'un écueil
<< Où viennent des pécheurs se heurter les nacelles.
<< Ces temples du plaisir par la mort habités,
<< Ces portiques, ces bains prolongés sous les ondes,
<< Ont vu Néron, caché dans leurs grottes profondes,
<< Condamner Agrippine au sein des voluptés.
<< Au bruit des flots, roulant sur cette voûte humide,
<< Il veillait, agité d'un espoir parricide!
<< Il lançait à Narcisse un regard satisfait,
<< Quand, muet d'épouvante et tremblant de colère,
<< Il apprit que ces flots, instrument du forfait,
<< Se soulevant d'horreur, lui rejetaient sa mère.
<< Tout est mort : c'est la mort qu'ici vous respirez:
<< Quand Rome s'endormit do débauche abattue,
<< Elle laissa dans l'air ce poison qui vous tue;
<< Il infecte les lieux qu'elle a déshonorés.
<< Telle, après les banquets de ces maîtres du monde,
<< S'élevait autour d'eux une vapeur immonde
<< Qui pesait sur leurs sens, ternissait les couleurs
<< Des fastueux tissus Où retombaient leurs têtes,
<< Et fanait à leurs pieds sur les marbres en pleurs,
<< Les roses dont Pestum avait jonché ces fêtes.
<< Virgile pressentait que, dans ces champs déserts
<< La mort viendrait s'asseoir au milieu des décombres>>
<< Alors qu'il les choisit pour y placer les ombres,
<< Le Styx aux noirs replis, l'Averne et les Enfers.
<< Contemplez ce pécheur; voyez, voyez nos guides;
<< Interrogez les traits de ces patres livides:
<< Ne croyez-vous pas voir des spectres sans tombeaux,
<< Qui, laissés par Caron sur le fatal rivage,
<< Tendant vers vous la main; entr'ouvrent leurs lambeaux
<< Pour mendier le prix de leur dernier passage?...>>
Il disait, et déjà j’écartais les rameaux
Qui cachaient à nos yeux l’antre de la Sibylle,
Au fond de ce cratère, où l’Averne immobile
Couvre un volcan éteint de ses dormantes eaux.
L’enfer, devant nos pas, ouvrait la bouche antique
D’où sortit pour Énée une voix prophétique;
Un flambeau nous guidait, et ses feux incertains
Dessinaient sur les murs des larves, des fantômes,
Qui sans forme et sans vie, et fuyant sous nos mains,.
Semblaient le peuple vain de ces sombres royaumes.
<< Prêtresse des dieux, lève-toi!
<< Viens! m'écriai-je alors, furieuse, écumante,
<< Le front pâle, et les yeux troublés d'un saint effroi,
<< Pleine du dieu qui te tourmente,
<< Viens, viens, Sibylle, et réponds-moi!
<< Vers les demeures infernales,
<< Dis-moi pourquoi la mort pousse comme un troupeau
<< Cette foule d'ombres royales,
<< Que nous voyons passer de la pourpre au tombeau?
<< Est-ce pour insulter à l'alliance vaine
<< Que Waterloo scella de notre sang?
<< Veut-elle, à chaque roi qu'elle heurte en passant,
<< Briser un des anneaux de cette vaste chaîne?
<< Le dernier de ces rois, que le souffle du Nord
<< A du trône des czars apporté sui ce bord,
<< Pliait sous le nom d'Alexandre;
<< Allons-nous voir les chefs de son armée en deuil
<< Donner des jeux sanglants autour de son cercueil,
<< Pour un sceptre flottant qu'il ne peut plus défendre?
<< Verrons-nous couronner l'héritier de son choix,
<< Et ce maître nouveau d'un empire sans lois
<< Doit-il, usant ses jours dans de saintes pratiques,
<< Assister de loin comme lui
<< Aux funérailles héroïques
<< D'Athènes qui l'implore et qui meurt sans appui?
<< N'offrira- t-elle un jour que des débris célèbres?
<< La verrons-nous tomber après ses longs efforts,
<< Vide comme Pompei, qui du sein des ténèbres,
<< En secouant sa cendre, étale sur vos bords
<< Ses murs où manque un peuple, et ses palais funèbres
<< Où manquent les restes des morts?
<< Réponds-moi! réponds-moi! furieuse, écumante,
<< Le front pâle, et les yeux troublés d'un saint effroi,
<< Pleine du dieu qui te tourmente,
<< Viens, viens, Sibylle, et réponds-moi!
<< La verrons-nous, cette belle Ausonie,
<< Jeter quelques rayons de sen premier éclat?
<< Ou ce flambeau mourant des arts et du génie
<< Doit-il toujours passer avec ignominie
<< De la France aux Germains, du pontife au soldat,
<< Semblable aux feux mouvants, aux clartés infidèles
<< Qui, changeant de vainqueurs, volent de mains en mains,
<< Vain jouet des combats que livrent les Romains
<< Dans leurs saturnales nouvelles?
<< L'Espagne, qui préfère au plus beau de ses droits
<< La sainte obscurité dont la nuit l'environne,
<< Marâtre de ses fils, infidèle à ses lois,
<< A l'esclavage s'abandonne,
<< Et s'endort sous sa chaîne en priant pour ses rois.
<< Reprendra-t-elle un jour son énergie antique?
<< Libre, doit-elle enfin, d'un bras victorieux,
<< Combattre et déchirer le bandeau fanatique
<< Qu'une longue ignorance épaissit sur ses yeux?
<< Un arbre sur la France étendait son ombrage:
<< Nous l'entourons encor de nos bras impuissants;
<< Le fer du despotisme a touché son feuillage,
<< Dont les rameaux s'ouvraient chargés de fruits naissants.
<< Si par sa chute un jour le tronc qui les supporte
<< Doit de l'Europe entière ébranler les échos,
<< Le fer, sous son écorce morte,
<< De sa sève de feu tarira-t-il les flots?
<< Ou de sa dépouille flétrie
<< Quelque rameau ressuscité
<< Reprendra-t-il racine au sein de la patrie,
<< Au souffle de la liberté?
<< Réponds-moi, réponds-moi! furieuse, écumante,
<< Le front pâle, et les yeux troublés d'un saint effroi,
<< Pleine du dieu qui le tourmente,
<< Viens, viens, Sibylle, et réponds-moi!... >>
J’écoutais : folle attente! espérance inutile!
L’oracle d’Apollon ne répond qu’à Virgile;
Et ces noms méconnus qu’en vain je répétai,
Ces noms jadis si beaux : patrie et liberté,
N’ont pas même aujourd’hui d’écho chez la Sibylle.
Casimir Delavigne (1793-1843), Les Messéniennes, Livre III (1835)
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Poèmes patrie Empty Gérard de Nerval

Message par davidof Sam 3 Avr - 10:19

La Tête armée


Napoléon mourant vit une Tête armée…
Il pensait à son fils déjà faible et souffrant :
La Tête, c’était donc sa France bien-aimée,
Décapitée aux pieds du César expirant.
Dieu, qui jugeait cet homme et cette renommée,
Appela Jésus-Christ ; mais l’abîme s’ouvrant,
Ne rendit qu’un vain souffle, un spectre de fumée :
Le Demi-Dieu, vaincu, se releva plus grand.
Alors on vit sortir du fond du purgatoire
Un jeune homme inondé des pleurs de la Victoire,
Qui tendit sa main pure au monarque des cieux ;
Frappés au flanc tous deux par un double mystère,
L’un répandait son sang pour féconder la Terre,
L’autre versait au ciel la semence des dieux !
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Poèmes patrie Empty Re: Poèmes patrie

Message par davidof Sam 3 Avr - 10:20

La Vie de Jeanne d’Arc


Un jour que l’océan gonflé par la tempête,
Réunissant les eaux de ses fleuves divers,
Fier de tout envahir, marchait à la conquête
De ce vaste univers;
Une voix s’éleva du milieu des orages,
Et Dieu, de tant d’audace invinsible témoin,
Dit aux flots étonnés : << Mourez sur ces rivages,
Vous n’irez pas plus loin. >>
Ainsi, quand, tourmentés d’une impuissante rage,
Les soldats de Bedfort, grossis par leurs succès,
Menaçaient d’un prochain naufrage
Le royaume et le nom français;
Une femme, arrêtant ces bandes formidables,
Se montra dans nos champs de leur foule inondés;
Et ce torrent vainqueur expira dans les sables
Que naguère il couvrait de ses flots débordés.
Une femme paraît, une vierge, un héros;
Elle arrache son maître aux langueurs du repos.
La France qui gémit se réveille avec peine,
Voit son trône abattu, voit ses champs dévastés,
Se lève en secouant sa chaîne,
Et rassemble à ce bruit ses enfans irrités.
Qui t’inspira, jeune et faible bergère,
D’abandonner la houlette légère
Et les tissus commencés par ta main?
Ta sainte ardeur n’a pas été trompée;
Mais quel pouvoir brise sous ton épée
Les cimiers d’or et les casques d’airain?
L’aube du jour voit briller ton armure,
L’acier pesant couvre ta chevelure,
Et des combats tu cours braver le sort.
Qui t’inspira de quitter ton vieux père,
De préférer aux baisers de ta mère
L’horreur des camps, le carnage et la mort?
C’est Dieu qui l’a voulu, c’est le dieu des armées,
Qui regarde en pitié les pleurs des malheureux,
C’est lui qui délivra nos tribus opprimées
Sous le poids d’un joug rigoureux;
C’est lui, c’est l’éternel, c’est le dieu des armées!
L’ange exterminateur bénit ton étendard;
Il mit dans tes accens un son mâle et terrible,
La force dans ton bras, la mort dans ton regard,
Et dit à la brebis paisible;
Va déchirer le léopard.
Richemont, Lahire, Xaintrailles,
Dunois, et vous, preux chevaliers,
Suivez ses pas dans les batailles;
Couvrez-la de vos boucliers,
Couvrez-la de votre vaillance;
Soldats, c’est l’espoir de la France
Que votre roi vous a commis.
Marchez quand sa voix vous appelle,
Car la victoire est avec elle;
La fuite, avec ses ennemis.
Apprenez d’une femme à forcer des murailles,
À gravir leurs débris sous des feux dévorans,
À terrasser l’anglais, à porter dans ses rangs
Un bras fécond en funérailles!
Honneur à ses hauts faits! Guerriers, honneur à vous!
Chante, heureuse Orléans, les vengeurs de la France,
Chante ta délivrance;
Les assaillans nombreux sont tombés sous leurs coups.
Que sont-ils devenus ces conquérans sauvages
Devant le fer vainqueur qui combattait pour nous? …
Ce que deviennent des nuages
D’insectes dévorans dans les airs rassemblés,
Quand un noir tourbillon élancé des montagnes
Disperse en tournoyant ces bataillons ailés,
Et fait pleuvoir sur nos campagnes
Leurs cadavres amoncelés.
Aux yeux d’un ennemi superbe
Le lis a repris ses couleurs;
Ses longs rameaux courbés sous l’herbe
Se relèvent couverts de fleurs.
Jeanne au front de son maître a posé la couronne.
A l’attrait des plaisirs qui retiennent ses pas
La noble fille l’abandonne;
Délices de la cour, vous n’enchaînerez pas
L’ardeur d’une vertu si pure;
Des armes, voilà sa parure,
Et ses plaisirs sont les combats.
Ainsi tout prospérait à son jeune courage.
Dieu conduisit deux ans ce merveilleux ouvrage.
Il se plut à récompenser
Pour la France et ses rois son amour idolâtre,
Deux ans il la soutint sur ce brillant théâtre,
Pour apprendre aux anglais, qu’il voulait abaisser
Que la France jamais ne périt tout entière,
Que, son dernier vengeur fût-il dans la poussière,
Les femmes, au besoin, pourraient les en chasser.
Casimir Delavigne (1793-1843), Les Messéniennes, Livre I (1835)
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Message par davidof Sam 3 Avr - 12:23

Les Souhaits


Il n’est mortel qui ne forme des voeux :
L’un de Voisin convoite la puissance ;
L’autre voudrait engloutir la finance
Qu’accumula le beau-père d’Évreux.
Vers les quinze ans, un mignon de couchette
Demande à Dieu ce visage imposteur,
Minois friand, cuisse ronde et douillette
Du beau de Gesvre, ami du promoteur.
Roy versifie, et veut suivre Pindare ;
Du Bousset chante, et veut passer Lambert.
En de tels voeux mon esprit ne s’égare :
Je ne demande au grand dieu Jupiter
Que l’estomac du marquis de La Fare,
Et les c…ons de monsieur d’Aremberg.
(François Marie Arouet)
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Message par davidof Sam 3 Avr - 12:24

Ma France


Français je suis, je m’en vante,
Et très haut, très clair, très fort,
Je le redis et le chante.
Oui, je suis Français d’abord.
Mais, n’ayez soupçon ni doute,
Pour le loyal que je suis,
La France, où mon âme est toute,
Ma France, c’est mon pays.
Ma France, l’intime France,
C’est mon foyer, mon berceau,
C’est le lieu de ma naissance,
Dans ce qu’il a de plus beau ;
C’est la terre où s’enracine
L’érable national,
C’est le ciel où se dessine
La croix du clocher natal.
La douce image de l’autre
Tremble encore dans nos yeux.
Laquelle aimé-je ? La nôtre ?
Je les aime toutes deux !
Indivisibles patries,
Ces deux Frances, pour toujours,
De tout notre coeur chéries,
Ne font qu’une en nos amours.
Qu’un lâche à sa race mente ;
Moi, je suis Français d’abord.
Je le dis et je le chante
Très haut, très clair, et très fort.
Mais, n’ayez soupçon ni doute,
Pour le loyal que je suis,
La France où mon âme est toute,
Ma France, c’ est mon pays.
, Patrie intime
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Poèmes patrie Empty Nérée Beauchemin

Message par davidof Sam 3 Avr - 12:25

Notre terre


Terre, dont les âpres rivages
Et les promontoires géants
Refoulent les vagues sauvages
Que soulèvent deux océans ;
Terre qui, chaque avril, émerges,
Toute radieuse, à travers
La cendre de tes forêts vierges
Et la neige de tes hivers ;
Terre richement variée
De verdure et de floraisons,
Que le Seigneur a mariée
Au Soleil des quatre saisons ;
Reine des terres boréales,
Qui, sans mesure, donnes l’or,
L’or et l’argent des céréales,
Sans épuiser son grand trésor ;
Terre qui, d’un prime amour veuve,
N’a cessé de donner le sein
Au peuple, qui de toute épreuve,
Échappa toujours, sauf et sain ;
Terre de la persévérance,
Terre de la fidélité,
Vivace comme l’espérance,
Sereine comme un ciel d’été ;
Terre dont la race évolue
En nombre, en verdeur, en beauté,
Notre Terre, je te salue,
Avec amour, avec fierté !
Nérée Beauchemin, Patrie intime
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Poèmes patrie Empty Enrico macias

Message par davidof Sam 3 Avr - 12:27

Ma patrie, où le ciel et la mer me rassurent
C'est, là-bas, un pays sans murs et sans armures
Et je vois rire une fiancée sur la plage
Elle attend au soleil fou
Elle court au rendez-vous
Où l'amour jaillira dans un élan sauvage
Comme un cri né sur la mer,
Comme un pin dans la lumière
Où l'amour nous fondra, tous les deux comme un bleu de mirage
Dans la mer et dans le ciel
Dans le ciel de ma patrie.
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Poèmes patrie Empty Re: Poèmes patrie

Message par davidof Sam 3 Avr - 12:28

Ma patrie !
Ma patrie,
Tu es mon premier berceau !
Avant le panier de ma mère,
Tu es parmi les pays les plus beaux,
Monuments, paysages, et mers,
sur tes montagnes chantent les oiseaux,
Tout en respirant ta paix,
Avec mon sang je défends ton drapeau !
Sur tout relief, sur tout trait !

Ma patrie,
Je t’adore autant que mes parents !
Sur ta terre,
j'ai célébré le baptême de ma naissance,
Tu m’as protégé du grand vent,
sur ta terre,
Tu m'a confié toutes les chances !
De respirer ton air, de boire ton eau,
De vivre sous ton ciel,
Magique et beau,
Tout en ouvrant mon œil !

Sous lumiére de ton flambeau!




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Poèmes patrie Empty Poeme de Mahmoud DARWICH: A MA MERE ( = Patrie).

Message par davidof Sam 3 Avr - 12:38

J'ai la nostalgie du pain de ma mère,
Du café de ma mère,
Des caresses de ma mère...
Et l'enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J'aurais honte des larmes de ma mère !
Fais de moi, si je rentre un jour,
Une ombrelle pour tes paupières.
Recouvre mes os de cette herbe
Baptisée sous tes talons innocents.
Attache-moi
Avec une mèche de tes cheveux,
Un fil qui pend à l'ourlet de ta robe...
Et je serai, peut-être, un dieu,
Peut-être un dieu,
Si j'effleurais ton coeur !
Si je rentre, enfouis-moi,
Bûche, dans ton âtre.
Et suspends-moi,
Corde à linge, sur le toit de ta maison.
Je ne tiens pas debout
Sans ta prière du jour.
J'ai vieilli. Ramène les étoiles de l'enfance
Et je partagerai avec les petits des oiseaux,
Le chemin du retour...
Au nid de ton attente !


Mahmoud DARWICH
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Poèmes patrie Empty Nesly METELLUS

Message par davidof Sam 3 Avr - 12:41

Haiti, ma patrie!



Haïti, perle des Antilles!
Semblable à une jolie fille!
Aux yeux de tous, tu es charmante,
Avec tes sites élégants!
Ô! Terre de ma naissance!
Je te dois grande reconnaissance!
Car, c'est la contrée de ma mère
Et de mon valeureux père.

Haïti ma terre chérie!
Pays de hautes luttes conquis!
Je veux te dire un grand merci,
A travers ces vers écrits.
Fleur D'éternel printemps,
Avec des fruits très succulents,
Un chaud soleil toujours éclaire,
Constamment l'ile entière.

Haïti mon amour, mon paradis!
Tu es vraiment un lieu béni!
Tes enfants noirs ,rouges et blancs,
T'expriment en poésie, en chantant,
Leur amour de tes paysages,
Servant d'abris contre l'orage;
De tes sources et de tes rivières,
Dont nous sommes vraiment fiers!
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Poèmes patrie Empty Ma chére patrie ! BOUSSELHAM JAMAL

Message par davidof Sam 3 Avr - 12:42


Ma chére patrie !

Soumis par BOUSSELHAM JAMAL

Ma patrie est habillée en vert !
Sur sa porte un drapeau rouge
On le voit de loin, dans tout l’univers
Comme le coucher de soleil qui bouge !

Ma patrie arbre de l’Afrique
Entouré de l’océan et de l’atlantique
Son paysage du nord au sud est magnifique
Sa nature de l’est à l’ouest est magique !

Ma patrie est une poésie féerique,
Écrite,
Sur chaque grain de sable et chaque goute de la mer !
Avec des lettres d’orées artistiques,
Décorant les montagnes et les plaines de sa terre !

Ma patrie est un beau tapis géographique
Chaque région a son caractère typique
Pays d’histoire et de traditions !
Pays de modernisme et de civilisations !



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Poèmes patrie Empty Re: Poèmes patrie

Message par davidof Sam 3 Avr - 12:43

Côte D’ivoire :ma patrie

Blottie dans ton drap orange, blanc et vert,
Tu m’accueillis tel un prince dans ton univers,
Loin des hurlements de l’ouragan.
C’était une nuit de Septembre.

Tes vastes forêts peuplées d’éléphants
N’ont qu’une religion : l'union.
Elles ignorent les caprices des lions
Car le travail est leur encens

Et la discipline leur raison de vivre.
Même quand par hasard, tu deviens ivre
Et que l’adversité erre dans ton palais,

Ta colombe nous offre des jets de paix.
Quelle que soit la rage de l’orage,
Le soleil éblouit le visage des sages.
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Poèmes patrie Empty Dorothea McKellar

Message par davidof Sam 3 Avr - 12:44

Mon Pays
by Dorothea McKellar (1885–1968) (1885-1968)
an iconic poem about Australia un poème emblématique de l'Australie


The love of field and coppice, L'amour de la matière et les taillis,
Of green and shaded lanes, Des chemins verdoyant et ombragé,
Of ordered woods and gardens bois de commande et jardins
Is running in your veins. S'exécute dans vos veines.
Strong love of grey-blue distance, amour fort de la distance gris-bleu,
Brown streams and soft, dim skies - Brown ruisseaux et doux, le ciel sombre -
I know but cannot share it, Je sais, mais ne peut pas le partager,
My love is otherwise. Mon amour est ailleurs.
I love a sunburnt country, J'aime un pays brûlé par le soleil,
A land of sweeping plains, Une terre de vastes plaines,
Of ragged mountain ranges, Des chaînes de montagnes en haillons,
Of droughts and flooding rains. Des sécheresses et des pluies torrentielles.
I love her far horizons, Je l'aime horizons lointains,
I love her jewel-sea, J'aime son bijou-mer,
Her beauty and her terror – Sa beauté et sa terreur -
The wide brown land for me! Les terres à grande brune pour moi!
The stark white ring-barked forests, Le blanc éclatant des forêts anneau aboyait,
All tragic to the moon, Tous tragique de la lune,
The sapphire-misted mountains, Les montagnes embrumées saphir,
The hot gold hush of noon, L'or à chaud silence de midi,
Green tangle of the brushes Green enchevêtrement des brosses
Where lithe lianas coil, Lorsque lianes souples bobine,
And orchids deck the tree-tops, Et le pont orchidées la cime des arbres,
And ferns the warm dark soil. Et les fougères le sol chaud noir.
Core of my heart, my country! De mon cœur, mon pays!
Her pitiless blue sky, Son ciel bleu impitoyable,
When, sick at heart, around us Lorsque, le cœur, autour de nous
We see the cattle die – Nous voyons le bétail meurt -
But then the grey clouds gather, Mais les nuages gris de recueillir,
And we can bless again Et nous pouvons bénir à nouveau
The drumming of an army, Le tambour d'une armée,
The steady soaking rain. La pluie continue de trempage.
Core of my heart, my country! De mon cœur, mon pays!
Land of the rainbow gold, Pays de l'or en-ciel,
For flood and fire and famine Pour les inondations et le feu et la famine
She pays us back threefold. Elle nous rembourse triple.
Over the thirsty paddocks, Au cours des paddocks soif,
Watch, after many days, Regardez, après de nombreux jours,
The filmy veil of greenness Le voile vaporeux de verdure
That thickens as we gaze. Qui s'épaissit à nos regards.
An opal-hearted country, Un pays d'Opal-cœur,
A wilful, lavish land – Un volontaire, la terre prodigue -
All you who have not loved her, Tout ce que vous qui ne l'ont pas aimée,
You will not understand – Vous ne comprenez pas -
Though earth holds many splendours, Bien que la terre est titulaire de nombreuses splendeurs,
Wherever I may die, Chaque fois que je meure,
I know to what brown country Je sais à quel pays Brown
My homing thoughts will fly. Mes pensées homing volera
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Poèmes patrie Empty Mahmoud Darwich

Message par Valerie-M-kaya Sam 3 Avr - 14:35


extraits

Passants parmi des paroles passagères


Vous qui passez parmi les paroles passagères
portez vos noms et partez
Retirez vos heures de notre temps, partez
Extorquez ce que vous voulez
du bleu du ciel et du sable de la mémoire
Prenez les photos que vous voulez, pour savoir
que vous ne saurez pas
comment les pierres de notre terre
bâtissent le toit du ciel

2.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
Vous fournissez l’épée, nous fournissons le sang
vous fournissez l’acier et le feu, nous fournissons la chair
vous fournissez un autre char, nous fournissons les pierres
vous fournissez la bombe lacrymogène, nous fournissons la pluie
Mais le ciel et l’air
sont les mêmes pour vous et pour nous
Alors prenez votre lot de notre sang, et partez
allez dîner, festoyer et danser, puis partez
A nous de garder les roses des martyrs
à nous de vivre comme nous le voulons.

3.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
comme la poussière amère, passez où vous voulez
mais ne passez pas parmi nous comme les insectes volants
Nous avons à faire dans notre terre
nous avons à cultiver le blé
à l’abreuver de la rosée de nos corps
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici
pierres et perdrix
Alors, portez le passé, si vous le voulez
au marché des antiquités
et restituez le squelette à la huppe
sur un plateau de porcelaine
Nous avons ce qui ne vous agrée pas
nous avons l’avenir
et nous avons à faire dans notre pays

4.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
entassez vos illusions dans une fosse abandonnée, et partez
rendez les aiguilles du temps à la légitimité du veau d’or
ou au battement musical du revolver
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici, partez
Nous avons ce qui n’est pas à vous :
une patrie qui saigne, un peuple qui saigne
une patrie utile à l’oubli et au souvenir

5.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
il est temps que vous partiez
et que vous vous fixiez où bon vous semble
mais ne vous fixez pas parmi nous
Il est temps que vous partiez
que vous mouriez où bon vous semble
mais ne mourez pas parmi nous
Nous avons à faire dans notre terre
ici, nous avons le passé
la voix inaugurale de la vie
et nous y avons le présent, le présent et l’avenir
nous y avons l’ici-bas et l’au-delà
Alors, sortez de notre terre
de notre terre ferme, de notre mer
de notre blé, de notre sel, de notre blessure
de toute chose, sortez
des souvenirs de la mémoire
ô vous qui passez parmi les paroles passagères



L’hystérie du poème

Le poème, le poème… Jusqu’à quand ? Y aura-t-il encore en hébreu assez d’épées pour affronter le prochain poème qu’écrira un autre poète pour demander le retrait des occupants ?
Nathan Zakh a dû d’abord m’insulter pour avoir le droit de formuler ensuite cette question pertinente : " Les Israéliens poseraient-ils comme condition de la paix avec les Palestiniens que ces derniers tombent d’abord amoureux d’eux ? Dans ce cas, nous risquons d’attendre longtemps, très longtemps. "
Les Israéliens ont été surpris de découvrir que le peuple palestinien n’aime ni l’occupation ni les occupants. Ce fut une surprise telle que Yediot Aharonot a pu titrer : " Unité retrouvée à la Knesset ", après que le Premier ministre eut présenté mon poème comme la meilleure preuve qu’il fallait poursuivre l’occupation. Quand aux écrivains libéraux, si épris de paix, ils ont versé des larmes de crocodile lorsqu’ils ont découvert à cette occasion que les Palestiniens persistaient que la Palestine était leur patrie. Ce qui a poussé Amos Kenan à me menacer du fusil comme seule langue désormais possible entre nous.
Pendant ce temps, les orientalistes israéliens sont encore occupés à chercher le sens du mot " perdrix " (Hajal) et le sens à donner au fait que je l’ai mis après le mot " pierres " (Hajar). Mati Peled a fait a juste titre remarquer que c’est bien la marque d’une incompréhension, voire d’une véritable coupure, entre deux cultures vivant sur la même terre. Il faut que personne ne comprenne plus personne pour qu’aucun traducteur n’ait remarqué que la perdrix est un oiseau de la taille d’un pigeon qui vit au milieu des pierres.
Lorsque l’on fait remarquer à tel député du Likoud : " L’hymne israélien ne dit-il pas que le Jourdain a deux rives, une occidentale et l’autre orientale ? ", l’autre répond : " J’ai bien le droit de chanter. " Le Palestinien n’aurait-il pas le droit de chanter sa patrie comme l’Israélien son expansionnisme ? Non. L’Arabe n’a pas le droit de forger son langage en dehors des limites que l’Israélien lui a fixées. Ce qui déborde de ces limites est décrété hors de l’humain. L’humain, en nous, doit quitter son espace propre pour se confier dans le " ghetto " de l’autre. Il doit se faire le gardien de sa propre absence, au profit de la présence de l’autre.
Mais si nous n’arrivons pas à vivre côte à côte, pourquoi devrions-nous pour autant mourir ensemble ? Cette question, exprimant l’ultime concession qu’un homme puisse faire, devient, dans l’esprit des Israéliens, l’ultime degré de l’agression sauvage ; elle transgresse en effet les limites du rôle qu’ils ont fixé à l’autre, cet autre qui n’a même pas droit aux questions.
Ainsi, dans la mentalité israélienne, le Palestinien va passer de l’état d’une homme qu’on a le droit de réduire à rien pour accomplir sa propre humanité, à celui d’un élément constitutif de l’existence israélienne, un sujet nécessaire, dominé, que l'Israélien peut utiliser quand il veut, comme il veut.
Qui donc donne en effet à la mosaïque israélienne son unité, sinon la volonté unanime de la victoire sur un fantôme en train de se matérialiser, sinon la nécessité d’être unis face à la peur d’une défaite ? Tout se passe comme si le Palestinien, qu’il soit absent ou présent, était l’essence même de l’existence de l’Israélien. A condition, bien sûr, que ce Palestinien respecte le rôle qu’on lui a assigné. Plus on nie son existence, plus on reconnaît le poids de celle-ci. Et plus au contraire l’Israélien tend à reconnaître cette existence, plus il met en péril la sienne propre. Comme si l’Israélien avait besoin de convoquer le Palestinien selon l’image de son choix pour rester israélien.
N’y a-t-il d’autre identité que celle-là ?
Il est clair que c’est l’Israélien qui s’appauvrit lui-même, qui appauvrit sa propre substance en lui inculquant une peur devenue instinctive, la peur d’un ennemi indispensable, fabriqué avec soin de toutes pièces, un ennemi qui n’a lui-même d’autre ennemi que le juif, depuis la Création et pour toujours. Et si cet ennemi est le monde entier, cela ne peut que rehausser encore la fécondité du génie juif.
L’expression " Le monde entier est contre nous " est devenue une spécificité d’Israël et la condition de son existence. Quant à se demander pourquoi le monde entier à tort et l’Israélien raison, c’est une question tout à fait oiseuse. Car la légitimité de chaque acte d’Israël, sa revendication d’une vérité que personne d’autre ne saurait posséder, ont pour condition première l’hostilité du monde entier.
Ce credo est sans doute l’arme la plus simple qui permet à la mentalité israélienne de vaincre sa contradiction. Il a servi dans le passé à empêcher l’assimilation des juifs au sein des sociétés où ils vivaient. Il sert aujourd’hui à empêcher l’autre d’émerger, à empêcher la terre de s’ouvrir à la coexistence ; car la première condition en serait la reconnaissance du droit de l’autre à sa terre, puisque cette terre est à lui : il n’est pas un réfugié qui demande asile aux immigrants !
(…)
Ben Gourion n’était pas un goy. Pourtant, il reconnaissait en privé que le conflit n’était pas de nature raciale. C’étaient bien, selon lui, les Israéliens qui portaient la responsabilité de l’absence de paix, en raison de ce qu’ils faisaient et non pas de l’hostilité du monde entier vis-à-vis des juifs. Devant son ami Nahum Goldman, il manifestait, un soir, son inquiétude quant à l’avenir : " Pourquoi, lui disait-il, pourquoi les Arabes se réconcilieraient-ils avec nous ? C’est nous qui leur avons pris leur terre. "
" C’est nous qui leur avons pris leur terre. " Doit-on chercher là le motif de la fureur israélienne face aux manifestations de la mémoire arabe du présent ?
(…)
Ils disent ne pas vouloir coexister avec nous. Mais leur dilemme, c’est qu’ils ne peuvent pas vivre sans nous. Il ne nous appartient pas de régler ce paradoxe, lequel engendre la cruauté d’une jungle ou le mythe s’allie au fait accompli, et la fragilité de l’homme à la dureté de l’acier. Nous ne pouvons pas répondre à leur besoin permanent de fabriquer leur ennemi, l’ennemi dont ils veulent dicter la conduite, le langage, les réactions et même la forme des rêves. Un ennemi sur mesure répondant à toute leurs injonctions …
Le poème n’est qu’un prétexte. Mais jusqu’à quand … Jusqu’à quand ?
Nous leur proposons un marché : qu’ils suppriment les colonies, et nous supprimerons le poème ?


al-Yawm al-sâbi, le 18 avril 1988

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Poèmes patrie Empty Ma France :Nérée Beauchemin

Message par nadia ibrahimi Ven 16 Avr - 19:59

Ma France


Français je suis, je m'en vante,
Et très haut, très clair, très fort,
Je le redis et le chante.
Oui, je suis Français d'abord.
Mais, n'ayez soupçon ni doute,
Pour le loyal que je suis,
La France, où mon âme est toute,
Ma France, c'est mon pays.



Ma France, l'intime France,
C'est mon foyer, mon berceau,
C'est le lieu de ma naissance,
Dans ce qu'il a de plus beau ;
C'est la terre où s'enracine
L'érable national,
C'est le ciel où se dessine
La croix du clocher natal.

La douce image de l'autre
Tremble encore dans nos yeux.
Laquelle aimé-je ? La nôtre ?
Je les aime toutes deux !
Indivisibles patries,
Ces deux Frances, pour toujours,
De tout notre coeur chéries,
Ne font qu'une en nos amours.

Qu'un lâche à sa race mente ;
Moi, je suis Français d'abord.
Je le dis et je le chante
Très haut, très clair, et très fort.
Mais, n'ayez soupçon ni doute,
Pour le loyal que je suis,
La France où mon âme est toute,
Ma France, c'est mon pays.
nadia ibrahimi
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Poèmes patrie Empty Le pays:Anna de NOAILLES

Message par Rita-kazem Mer 28 Avr - 15:11


  • Anna de NOAILLES (1876-1933)

Le pays



Ma France, quand on a nourri son coeur latin
Du lait de votre Gaule,
Quand on a pris sa vie en vous, comme le thym,
La fougère et le saule,

Quand on a bien aimé vos forêts et vos eaux,
L'odeur de vos feuillages,
La couleur de vos jours, le chant de vos oiseaux,
Dès l'aube de son âge,

Quand amoureux du goût de vos bonnes saisons
Chaudes comme la laine,
On a fixé son âme et bâti sa maison
Au bord de votre Seine,

Quand on n'a jamais vu se lever le soleil
Ni la lune renaître
Ailleurs que sur vos champs, que sur vos blés vermeils,
Vos chênes et vos hêtres,

Quand jaloux de goûter le vin de vos pressoirs ;
Vos fruits et vos châtaignes,
On a bien médité dans la paix de vos soirs
Les livres de Montaigne,

Quand pendant vos étés luisants, où les lézards
Sont verts comme des fèves,
On a senti fleurir les chansons de Ronsard
Au jardin de son rêve,

Quand on a respiré les automnes sereins
Où coulent vos résines,
Quand on a senti vivre et pleurer dans son sein
Le coeur de Jean Racine,

Quand votre nom, miroir de toute vérité,
Émeut comme un visage,
Alors on a conclu avec votre beauté
Un si fort mariage

Que l'on ne sait plus bien, quand l'azur de votre oeil
Sur le monde flamboie,
Si c'est dans sa tendresse ou bien dans son orgueil
Qu'on a le plus de joie...
Rita-kazem
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Poèmes patrie Empty Terre de France:François FABIÉ

Message par nadia ibrahimi Sam 1 Mai - 16:35


  • François FABIÉ (1846-1928)

Terre de France



Oui, partout elle est bonne et partout elle est belle,
Notre terre de France aux mille aspects divers !
Belle sur les sommets où trônent les hivers,
Et dans la lande fauve à l'araire rebelle,
Belle au bord des flots bleus, belle au fond des bois verts !

Belle et bonne aux coteaux où la vigne s'accroche,
Et dans la plaine grasse où moutonnent les blés ;
Bonne dans les pâtis où les boeufs rassemblés
Mugissent ; bonne encore aux fentes de la roche
Où les oliviers gris aux figuiers sont mêlés !

Au front des pics neigeux où l'aigle pend son aire,
Et dont le soleil fait des tours de diamant,
Dans le glacier d'où sort le gave en écumant,
Et d'où parfois, avec un fracas de tonnerre,
L'avalanche bondit sur nos champs de froment ;

Belle et bonne toujours, à la fois forte et douce,
Notre terre se dresse en granit menaçant,
Tourne vers l'étranger son plus âpre versant,
Et nous déroule l'autre en gradins, sans secousse,
Comme un tapis moelleux qui d'un palais descend.

Et là-bas, tout au bout du morne promontoire
D'où s'élèvent, le soir, les cris et les sanglots
Des mères et des soeurs pleurant nos matelots,
Notre terre est superbe en sa double victoire
De ses feux sur la nuit, de ses rocs sur les flots !

Elle est belle surtout au pays d'où nous sommes,
Provençaux ou Lorrains, Rouergats ou Bretons,
Au pays qu'en nos coeurs partout nous emportons,
Dont nous gardons l'accent, dont nous vantons les hommes,
Et que, depuis Brizeux, à Paria nous chantons !

Elle est douce au vallon où joua notre enfance
Et dont l'esprit toujours reprend l'étroit chemin ;
Douce ou l'on nous connaît, où l'on nous tend la main,
Douce où dorment nos morts, douce où l'on a d'avance
Marqué la place où l'on ira dormir demain !...

Mais plus belle et plus douce à notre âme meurtrie
Est la terre d'Alsace arrachée à nos flancs,
La terre où sont tombés nos cuirassiers sanglants,
Et d'où leur ombre encore éperdument nous crie :
" Frères, comme à venir vers nous vous êtes lents ! "

La terre qu'il faudra reprendre par l'épée,
Quitte à donner nos fils la les plus forts, les plus beaux,
- Mères, vous le savez ! - en pâture aux corbeaux,
Mais qui, plus belle encor de notre sang trempée,
Verra se soulever les morts de leurs tombeaux

Pour regarder venir, au sommet des collines,
Nos drapeaux bien-aimés qui claqueront au vent,
Pour ouïr nos clairons sonner en les suivant,
Tandis que sous le ciel, en notes cristallines,
Ses clochers chanteront dans le soleil levant !...

Terre de France, terre entre toutes féconde,
Dont on a pu blesser mais non tarir le sein,
Ruche d'où part vibrant le glorieux essaim
Que depuis trois mille ans Dieu mène par le monde
A l'accomplissement de quelque grand dessein ;

Terre où le soc demain peut se changer en glaive,
Et le canon bondir en écrasant des fleurs,
Mère d'un peuple fier que trempent les douleurs,
Qui trop souvent faiblit, mais toujours se relève,
Plus grand au lendemain de ses plus grands malheurs ;

Terre de laboureurs, d'apôtres, de poètes
Qui font beau ton passé, triste et doux ton présent ;
Terre d'où l'Idéal son vol puissant
Et monte dans le ciel avec tes alouettes
Dès que l'aigle a cessé de réclamer du sang ;

Pardonne à l'un de ceux que tes beautés enchantent,
Qui t'aime dans tes monts, tes plaines et tes bois,
Tes douleurs d'aujourd'hui, tes gloires d'autrefois,
De te chanter, un peu comme nos pâtres chantent,
Avec beaucoup de coeur, sans art, à pleine voix.
nadia ibrahimi
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Poèmes patrie Empty Cardinal de BERNIS

Message par Rita-kazem Lun 3 Mai - 14:41


  • Cardinal de BERNIS (1715-1794)

Sur l'amour de la patrie



Je vous salue, ô terre où le ciel m'a fait naître,
Lieux où le jour pour moi commença de paraître,
Quand l'astre du berger, brillant d'un feu nouveau,
De ses premiers rayons éclaira mon berceau !
Je revois cette plaine où des arbres antiques
Couronnent les dehors de nos maisons rustiques,
Arbres, témoins vivants de la faveur des cieux,
Dont la feuille nourrit ces vers industrieux
Qui tirent de leur sein notre espoir, notre joie,
Et pour nous enrichir s'enferment dans leur soie.
Trésor du laboureur, ornement du berger,
L'olive sous mes yeux s'unit à l'oranger.
Que j'aime à contempler ces montagnes bleuâtres
Qui forment devant moi de longs amphithéâtres,
Où l'hiver règne encor quand la blonde Cérès
De l'or de ses cheveux a couvert nos guérets !
Qu'il m'est doux de revoir sur des rives fertiles
Le Rhône ouvrir ses bras pour séparer nos îles,
Et, ramassant enfin ses trésors dispersés,
Blanchir un pont bâti sur ses flots courroucés ;
D'admirer au couchant ces vignes renommées
Qui courbent en festons leurs grappes parfumées ;
Tandis que vers le nord des chênes toujours verts
Affrontent le tonnerre et bravent les hivers !

Je te salue encore, ô ma chère patrie !
Mes esprits sont émus ; et mon âme attendrie
Échappe avec transport au trouble des palais,
Pour chercher dans ton sein l'innocence et la paix.
C'est donc sous ces lambris qu'ont vécu mes ancêtres !
Justes pour leurs voisins, fidèles à leurs maîtres,
Ils venaient décorer ces balcons abattus,
Embellir ces jardins, asiles des vertus,
Où sur des bancs de fleurs, sous une treille inculte
Ils oubliaient la cour et bravaient son tumulte !
Chaque objet frappe, éveille et satisfait mes sens ;
Je reconnais les dieux au plaisir que je sens.
Non, l'air n'est point ailleurs si pur, l'onde si claire ;
Le saphir brille moins que le ciel qui m'éclaire ;
Et l'on ne voit qu'ici, dans tout son appareil,
Lever, luire, monter, et tomber le soleil.

Amour de nos foyers, quelle est votre puissance !
Quels lieux sont préférés aux lieux de la naissance ?
Je vante ce beau ciel, ce jour brillant et pur
Qui répand dans les airs l'or, la pourpre et l'azur,
Cette douce chaleur qui mûrit, qui colore
Les trésors de Vertumne et les présents de Flore ;
Un Lapon vanterait les glaces, les frimas
Qui chassent loin de lui la fraude et les combats ;
Libre, paisible, heureux, dans le sein de la terre,
Il n'entend point gronder les foudres de la guerre.
Quels stériles déserts, quels antres écartés
Sont pour leurs habitants sans grâce et sans beautés ?
Virgile abandonnait les fêtes de Capoue
Pour rêver sur les bords des marais de Mantoue ;
Et les rois indigents d'Ithaque et de Scyros
Préféraient leurs rochers aux marbres de Paros.

En vain l'ambition, l'inquiète avarice,
La curiosité, le volage caprice,
Nous font braver cent fois l'inclémence des airs,
Les dangers de la terre et le péril des mers :
Des plus heureux climats, des bords les plus barbares,
Rappelés sourdement par la voix de nos Lares,
Nous portons à leurs pieds ces métaux recherchés
Qui au fond du Potosi les dieux avaient cachés.
Assis tranquillement sous nos foyers antiques,
Nous trouvons dans le sein de nos dieux domestiques
Cette douceur, ce calme, objet de nos travaux,
Que nous cherchions en vain sur la terre et les eaux.

Tel est l'heureux effet de l'amour de nous-même :
Utile à l'univers quand il n'est point extrême,
Cet amour, trop actif pour être concentré,
S'échappe de nos coeurs, se répand par degré
Sur nos biens, sur les lieux où nous prîmes naissance,
Jusque sur les témoins des jeux de notre enfance.
C'est lui qui nous rend cher le nom de nos aïeux,
Les destins inconnus de nos derniers neveux,
Et qui, trop resserré dans la sphère où nous sommes,
Embrasse tous les lieux, enchaîne tous les hommes.
L'amour-propre a tissu les différents liens
Qui tiennent enchaînés les divers citoyens :
L'intérêt personnel, auteur de tous les crimes,
De l'intérêt public établit les maximes.
Oui, lui seul a formé nos plus aimables noeuds
Nos amis ne sont rien, nous nous aimons en eux.
Vous qui nommez l'amour une étincelle pure,
Un rayon émané du sein de la nature,
Détruisez une erreur si chère à vos appas.
Aimerait-on autrui, si l'on ne s'aimait pas ?
Ces transports renaissants à l'aspect de vos charmes,
Ces soins mêlés de trouble et ces perfides larmes
Sont des tributs trompeurs qu'un amant emporté
Offre au dieu des plaisirs bien plus qu'à la beauté.

L'amour des citoyens ne devient légitime
Que par le bien public qui le règle et l'anime.
Malheur aux coeurs d'airain qui tiennent en prison
Un feu né pour s'étendre au gré de la raison,
Un amour dangereux que l'intérêt allume,
Qui, trop longtemps captif, s'irrite et nous consume,
Tels les terribles feux dont brûlent les Titans,
Comprimés par la terre, enfantent les volcans.
Ainsi vit-on jadis, dans Rome et dans Athènes,
Le peuple heureux et libre, ou courbé sous les chaînes,
Selon que l'amour-propre, obéissant aux lois,
De la patrie en pleurs reconnaissait la voix.
Ainsi dans tous les temps l'intérêt domestique
A balancé le poids de la cause publique.

Amour de la justice, amour digne de nous,
Embrasez les mortels, croissez, étendez-vous ;
Consumez, renversez ces indignes barrières,
Ces angles meurtriers qui bordent les frontières,
Ces remparts tortueux, et ces globes de fer
Qui vomissent sur nous les flammes de l'enfer.
Faut-il que nos fureurs nous rendent nécessaires
Les glaives que forgea l'audace de nos pères ?
Faut-il toujours attendre ou craindre des revers,
Et gémir sur le bord de nos tombeaux ouverts ?

Ô moeurs du siècle d'or, ô chimères aimables !
Ne saurons-nous jamais réaliser vos fables ?
Et ne connaîtrons-nous que l'art infructueux
De peindre la vertu sans être vertueux ?
Rita-kazem
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