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Message par magda Mer 31 Mar - 19:31

Charles Beltjens
À Beethoven




Magna testatur voce
per ambras.
Virgilius.

J’écoutai, j’entendis et jamais voix pareille
Ne sortit d’une bouche et n’émut une oreille.
Victor Hugo.




Quand des sommets glacés, où l’Hécla solitaire
Ouvre en vaste entonnoir son effrayant cratère,
Soupirail d’un enfer morne et silencieux,
L’Ouragan, escorté de ses sœurs les Tempêtes,
Vers l’azur qui s’ébranle aux voix de leurs cent têtes,
Reprend son vol audacieux ;

Sous ses ailes vibrant à ses noires épaules,
De l’aurore au couchant, de l’équateur aux pôles,
Le ciel que le tonnerre emplit de sourds appels,
Les fuyants, horizons du globe qui tressaille
Et des Ilots mugissant, ainsi qu’une bataille
Au sein des profonds archipels,

Tout l’espace est à lui ; — les continents énormes,
Les villes dont la brume estompe au loin les formes,
Les déserts étalant leur sauvage beauté,
Cimes et profondeurs, vallon, montagne et plaine,
Sombres forêts courbant leurs fronts sous son haleine,
Tout reconnaît sa royauté.

La foudre le précède, et les vagues marines,
Hurlant comme une foule aux cent mille poitrines,
Lorsqu’un triomphateur entre dans la cité,
En concert formidable acclamant son passage,
De leurs clameurs tonnant de rivage eu rivage
Font retentir l’immensité.

S’il en prend fantaisie à sa course homérique,
D’un seul coup d’aile il va d’Europe en Amérique,
Et l’Islande sauvage, où partit sou élan,
Du bruit de son essor tremble encore et résonne,
Que déjà sous son vol en tumulte frissonne
Toute la mer de Magellan.

Quand repliant alors sa puissante envergure,
Dans les rougeurs du soir, sur quelque rive obscure,
Il finit, triomphant, son glorieux chemin,
L’Océan à ses pieds secouant sa crinière,
Comme un lion soumis devant le belluaire,
Soupire et vient lécher sa main.

Les miasmes ont fui, balayés par son aile ;
L’air embaumé murmure, et la nuit solennelle,
Dans le ciel rajeuni, chastement dévoilé,
Guidant les matelots qui voguent sur les ondes,
Fait reluire à leurs yeux de clartés plus profondes
L’azur de son dôme étoile.

Ainsi, quand dans l’essaim de tes neuf Symphonies,
O Beethoven, Orphée au front mystérieux,
L’une ou l’autre, épandant ses larges harmonies,
Gigantesque alouette, est envolée aux cieux ;
Quand l’éclatant prodige aux ailes colossales
De sa voix titanique émerveille nos salles,
Faisant vibrer sous lui, d’un vol impétueux,
L’orchestre qui déborde en bruits majestueux,
Comme à ce roi des airs les gouffres et les cimes,
L’âme humaine est à toi, l’âme et tous ses abîmes ;
L’âme humaine ! — océan plus sombre que celui
Qui bouillonne à nos yeux sous la foudre qui luit,
Plus hérissé d’écueils, plus semé de naufrages
Que l’autre dans son lit n’a de flots et d’orages !
Dans ce domaine obscur, par tous interrogé,
Nul regard plus avant que le tien n’a plongé ;
Jamais aucun sondeur n’a dans cette eau profonde,
Si loin que tu l’as fait, laissé filer la sonde ;
Nul bras, comme le tien, scruté d’un tel flambeau
Les ombres du secret gardé par le tombeau,
Que l’inflexible loi du destin qui nous mène
Défend de pénétrer à la sagesse humaine.
Et jamais autre voix n’en saurait raconter
Ce que la tienne en put nous dépeindre et chanter ;
Oh ! les divins instants que l’on savoure, extase
Ineffable, bonheur que l’on boit à plein vase,
Quand les effluves d’or de tes créations
Se répandent sur nous, riches d’émotions,
Et nous parlent, ainsi qu’aux plages effarées
Les flots tumultueux des superbes marées !
Tout ce que le silence au plus profond de nous
Enveloppe de grand, de terrible et de doux :
Les essaims fugitifs de brumeuses pensées,
Visions de la nuit par l’aurore effacées,
Les aspirations vers un ciel inconnu,
Monde mystérieux dans nos seins contenu,
Souvenir, espérance et vague nostalgie.
Soudain tout se réveille au coups de ta magie.
Tout se met à vibrer ; — en soubresauts nerveux
L’enthousiasme ardent fait dresser nos cheveux ;
Un lointain paradis luit dans un crépuscule ;
Une fièvre divine en nos veines circule ;
De tendresse et d’horreur nous frémissons, — nos yeux
S’emplissent par degrés de pleurs délicieux,
Et notre esprit, nos sens que ta musique enivre.
Tout ce qui vit en nous, doublement se sent vivre !
— Oui ! lorsque traduisant ton génie inspiré,
Pythonisse debout sur le trépied sacré,
De ses plus beaux concerts ta Muse nous régale,
C’est une volupté qui n’a point son égale,
D’ouvrir, au gré des vents soufflant de toutes parts,
Son âme à tous les bruits dans l’univers épars,
A toutes les rumeurs sombres ou triomphales,
Aux souffles des zéphyrs, aux souffles des rafales.
Avec leurs mille accents, éplorés ou joyeux.
Venant des profondeurs ou venant des hauts lieux.
Et d’entendre à la fois, se déroulant ensemble,
Comme deux vastes mers qu’un même lit rassemble,
Dans un hymne de gloire et de fraternité,
Les voix de la Nature et de l’Humanité !
— Aussi, vienne un des jours, trop rares dans la vie,
Où quelque ville en fête à tes chants nous convie,
Tous ceux dont l’idéal, en ce siècle moqueur.
Echauffe encor la tête et tait battre le cœur.
Tous accourent en foule, et dédaignant le monde,
Loin du théâtre obscène, où la Venus immonde
Epoumone à grands cris plus d’un vil histrion,
Assiègent ton festin, ô noble amphytrion ;
Car la table est royale, et c’est, ô maître auguste,
Le vin des forts, du vrai nectar qu’on y déguste.
Que l’on boit à longs traits, et dont l’ivresse en feu
Nous enlève à la terre et fait de l’homme un dieu !

──────────


O musique, pouvoir inexpliqué, mystère
Que la science en vain scrute d’un œil austère ;
Langue où le verbe cesse, où commence le cri
Du gouffre que nul mot n’articule et n’écrit ;
Rendez-vous merveilleux où convergent dans l’ombre
L’espace avec le temps, la forme avec le nombre,
Et traduits en accords de leur mélange issus,
Se pénétrant l’un l’autre en magiques tissus,
Comme les flots couvrant les sables de la grève,
Laissent apercevoir le réel sous le rêve !
Fleuve au large murmure, où cent peuples divers
Viennent se retrouver des bouts de l’univers.
Et que chaque homme ému jusqu’au fond de son être,
Aussitôt qu’il l’entend, comprend sans le connaître !
— Par quel rapport étrange et quel chemin subtil,
Par quelle loi secrète, un tel accord fait-il,
Eveillant mille échos dans nos fibres intimes,
Chanter et résonner la joie aux cris sublimes,
Et tel autre en sanglots éclater la douleur ?
Et d’où vient que le son, comme aux yeux la couleur,
En détours inconnus arrivant par l’oreille,
Sait parler à l’esprit une langue pareille ?
Si bien que nous voyons, lorsqu’en flots écumants
L’orchestre ouvre l’écluse à tous ses instruments,
Apparaître tantôt des ligures rieuses,
Tantôt des visions graves et sérieuses !
— Dans le scherzo badin le plaisir fugitif
Secouant ses grelots, et, d’un rythme furtif.
Amenant après lui la folie et sa danse,
Et les masques joyeux sautillant en cadence ;
Et le sarcasme, fifre au rire étincelant,
Qui sait punir les sots, et, comme un fouet sifflant,
Sur le dos des bassons qu’en jouant il étrille,
Faire claquer l’arpège et rebondir le trille ;
Et la plaisanterie, avec ses gais propos,
Où la verve déborde, où le chœur des pipeaux,
Des flûtes, des haut bois, des violons alterne
Avec les cors profonds grondant d’un air paterne !
— Puis, dans l’adagio plaintif et solennel.
Le regret, le chagrin et le pleur éternel ;
— De ses doigts convulsifs, le désespoir livide
Se cramponnant aux bords du gouffre où luit le vide ;
— L’amour doux et cruel, maître du cœur humain ;
Ange d’Eden qu’un jour on rencontre en chemin,
Nous offrant quelques fleurs du jardin de délices,
Pour nos larmes d’exil entr’ouvrant leurs calices !
— Et vous, désirs trompés aux sourires amers.
Plongeurs, qui n’apportez du gouffre obscur des mers.
Sans la perle ou la coupe aux promesses divines,
Qu’un peu de sable pris au fond de ses ravines !
— Dans un coin, à l’écart, la haine aux yeux ardents,
Qui rêve la vengeance et qui grince des dents ;
— Puis, d’un sourire en pleurs consolant la souffrance,
Montrant du doigt les cieux, l’immortelle Espérance ;
— Ici de blancs essaims d’Archanges radieux,
Et là des groupes noirs de monstres odieux :
Des goules vomissant, avec des bruits d’orage,
Et la pluie et la grêle et la foudre et la rage :
La forêt ténébreuse où, dans l’horreur du soir,
Le passant croit entendre, ayant peur de s’asseoir.
A travers le taillis du hallier qui murmure,
Les pas mystérieux du stryge et du lémure !
— Puis encor les tyrans, les martyrs, les héros,
Et la procession sinistre des bourreaux ;
Et les veuves en deuil, les plaintives amantes,
Et les traîtres cachant des poignards sous leurs mantes ;
Aux sons des harpes d’or, ou des lyres de fer,
Montant au ciel, ou bien descendant à l’enfer ;
— Tous avec leurs discours, leurs gestes, leurs visages,
Leurs crimes, leurs exploits, posant pour tous les âges,
Dont les hommes futurs, ô sublime Louis,
Comme nous, devant eux resteront éblouis ;
— Tous vivants, immortels ; par ton souffle olympique
Doués d’une existence idéale et typique ;
Par ta main de géant d’un tel cachet frappés,
Qu’en des traits plus saillants, plus justement drapés,
Ceux-ci marqués d’opprobre et ceux-là de l’étoile,
Un peintre ne pourrait les fixer sur la toile !
— O prodige inouï ! le maître souverain,
Faisant parler les bois, les cordes et l’airain,
Par son art formidable arrive à tel prestige
Que l’esprit s’épouvante, et, saisi de vertige,
Eperdu, s’interroge, et doute par instant
Si par l’oreille émue il voit, ou s’il entend !

──────────


Heureux, trois fois heureux ! dira-t-on, le génie
Qui trouve au fond de soi ces trésors d’harmonie,
Et fait, par mille accords de voix et d’instruments,
Eclater tout un peuple en applaudissements,
Mieux qu’aux temps orageux, dans Rome ou dans Athènes,
L’éloquent Cicéron, le puissant Démosthènes ;
Mieux qu’un tragédien qui nous montre vivant,
Par son air, sa parole et par son jeu savant,
Un des types sortis des mains du grand Shakspeare ;
Jamais triomphateur, au faîte de l’empire
Majestueusement traîné par huit chevaux,
Jamais poète illustre, au milieu des bravos,
Le laurier sur le front ainsi qu’une auréole,
Descendant à pas lents du haut du Capitole.
N’ont d’une multitude en pompeux appareil
Goûté d’enthousiasme à celui-là pareil :
Un tel enivrement touche à l’apothéose ;
L’homme s’évanouit ; le maître grandiose
Apparaît, ceint d’éclairs, dans un nimbe sacré,
Et plus d’un jeune artiste au regard inspiré
Qui cherche encor sa voie, avec un œil d’envie
Contemple son image. — A-t-il fouillé sa vie ?
— Sur les marches du trône où siège, radieux,
Ce César, empereur parmi les demi-dieux,
Voit-il encor percer l’ancien débris des claies ?
Sous son manteau de pourpre a-t-il compté ses plaies ?
A-t-il vu, l’entravant dans ses jeunes travaux,
L’infâme chausse-trape, où d’impuissants rivaux
Ont fait, à ses débuts, choir avec des huées
Son jeune esprit prenant son vol vers les nuées ?
L’a-t-il, comme un Sisyphe, ardent à s’approcher
Des fiers sommets de l’Art, vu rouler son rocher,
Dévorant en secret la plus sombre torture
Que puisse a l’être humain infliger la nature ?
A-t-il, pendant les nuits de décembre, assisté
Aux lamentations de son cœur attristé,
Quand plus rien désormais ne pouvait sur la terre
Consoler l’abandon de ce grand solitaire ?
— Regardez cette bouche, aujourd’hui dans l’or fin
Savourant l’ambroisie et le nectar sans fin ;
Sur ce coin ironique où la lèvre se plisse
On lit le souvenir enfiellé du calice ;
Ces yeux d’aigle ont pleuré, consternés par l’affront,
Les pleurs du désespoir, et sur ce noble front,
Sous le laurier vainqueur du vol et des rapines
On pourrait retrouver la trace des épines !

O malheur ! Jusqu’au fond noir poison consommé !
Dans le martyrologe ô supplice innommé !
Hideux raffinement du sort, rançon fatale
A faire frissonner Ixion et Tantale !
Dans l’empire des Sons ce maître illimité
Fut en son plein Zénith frappé dé surdité !...
— Est-ce qu’on s’imagine, ô tourment exécrable,
Entre son œuvre et lui ce mur inexorable ?
Par ce rempart d’airain, qu’il ne franchira plus,
De sa création ce dieu lui-même exclus ?
Est-ce qu’on se figure, au milieu d’un musée,
Rubens, roi des couleurs, dont la prunelle usée
Cherche en vain, à travers un brouillard odieux,
Ses grands tableaux, Kermesse immortelle des yeux ?
Ou Michel Ange aveugle et penché vers la tombe,
Une dernière fois, à l’heure où le jour tombe,
Conduit dans la Sixtine ou dans Saint Pierre, et là,
Navré de ne plus voir ces murailles qu’il a
D’innombrables splendeurs autrefois revêtues,
Dans l’ombre en sanglotant tâtonnant ses statues ?
Lui, l’aède suprême, à la beauté des cieux
Il lui restait encor d’assister par les yeux ;
Ce visible univers, dont il était le mage,
Avec son âme encor conversait en image,
Mais il ne vivait plus, pour ses chants à venir,
Dans le monde des sons que par le souvenir.

Sur la rive, où des flots du Danube arrosée,
Vienne sourit, charmante , au sein d’un Elysée,
Les beaux jours de printemps ou d’été, grave et seul,
De son affreux malheur secouant le linceul,
Il sortait. — O vallons, jardins, pentes fleuries,
Aspect sauvage et doux des fuyantes prairies,
Abîme ensoleillé du magique lointain
Ouvrant ses portes d’or, quand le vent du matin
Découvrant devant lui l’immense paysage,
De bonheur et d’amour éclairait son visage !
Paradis encadré de coteaux onduleux
Que le fleuve ébloui baignait de ses flots bleus.
Ourlant dans le soleil d’un bord de pierreries,
Comme un manteau royal, leurs vertes draperies !
Molles senteurs des prés, acres parfums des monts,
Dont l’air pur à grands flots inondait ses poumons,
Forêt, chênes touffus dont jadis les ramures
Epandaient sur son front tant de profonds murmures,
Tant de concerts d’oiseaux, et, dans l’ombre entendus,
Des bruits si doux, pour lui sans plus d’espoir perdus !
Frais viviers où glissait une brise plaintive
Qu’il semblait écouter d’une oreille attentive,
Et qu’il accompagnait, ivre de renouveau,
Des longs accords vibrant tout bas dans son cerveau !
Clairière au fond des bois, où sortaient des ravines.
Le saluant en chœur, des figures divines,
Qui, sur l’herbe imprimant leurs pas mystérieux,
Fuyaient dans la lumière en lui montrant les cieux ;
Halliers profonds, rochers muets, grottes furtives,
Riants taillis, sentiers aux mille perspectives,
Jeux de lumière et d’ombre épars sur le gazon,
Chatoyantes couleurs, grâces de l’horizon,
Oh ! comme il savourait d’une extase enivrée
Tes beautés, ô Nature, et, l’oreille sevrée
De ta voix vers laquelle il s’inclinait en vain,
Plus tendre amant, buvait ton sourire divin !
Comme il songeait ! — suivant de regards idolâtres
La bergère au milieu de ses agneaux folâtres,
Et sur les verts étangs bordés de frais roseaux.
Les grands cygnes neigeux, fleurs nageantes des eaux !
Et les bruns moissonneurs à l’œil fier, dont les bustes
Dominaient les poitrails des étalons robustes,
Et sur les chars faisant ployer leurs lourds essieux.
Assises, les pieds nus, en essaims gracieux,
Les glaneuses riant parmi les gerbes blondes
De sentir les cahots des ornières profondes !
O champêtres douceurs, Joie immense des champs !
Près d’un humble ruisseau, sous des rameaux penchants,
Comme il oubliait tout, même son infortune,
Loin du fourmillement de la foule importune,
Heureux de fuir la ville et son brumeux séjour.
Au milieu des parfums et des splendeurs du jour !

Puis, à l’heure où le soir, envahissant les mies,
Fait naître en nous la soif des choses inconnues.
Comme il se recueillait, tout Poèmes musique 923781, regardant
Les voiles qu’emportait le fleuve, et l’Occident,
Gigantesque bûcher plein de flamme et de cendre,
Où comme un roi mourant le jour allait descendre !

Rentré chez lui, bientôt, devant quelques amis,
Groupe vaillant et sûr, dans sa demeure admis,
Tel qu’un peintre à sa toile, épris de son modèle,
Rêveur, il s’asseyait à son piano fidèle. —
— Les visions du jour, sous son crâne inspiré,
Panorama chantant revivant par degré,
Comme un vin généreux des raisins mûrs qu’on foule,
En hymnes éclatants de lui sortaient en foule,
Et du clavier sonore, où palpitaient ses mains,
À pleins bords jaillissaient des accents surhumains ;
Par son art magistral les phrases cadencées,
Oiseaux de paradis, traduisaient ses pensées,
Et de leurs ailes d’or les ombres par instants
Venaient se refléter aux fronts des assistants ;
Selon qu’il célébrait la douleur ou la joie,
La tempête sinistre ou l’aube qui rougeoie,
De ses chants, tour à tour sombres ou pleins d’attraits
Les visibles échos se peignaient sur leurs traits.
De plus près ses amis, retenant leurs haleines,
L’entouraient, — et, pareils à des urnes trop pleines,
Par son puissant génie enlevés jusqu’aux cieux,
Epanchaient leur extase en pleurs silencieux.
Sur les touches d’ivoire alors ses mains moins vives
Ralentissaient leur jeu splendide, — ses convives
Tout-à-coup le voyaient pâlir, son œil profond,
Tout plein de désespoir, se fixer au plafond,
Et ses bras dans le vide en frissonnant s’étendre
Vers une ombre qu’en vain il s’efforçait d’entendre !

Adieu la Mélodie ! adieu pour tout jamais
Ta Muse aux blonds cheveux, qui de ses blancs sommets
Descendait sur ton cœur, prophétesse ravie,
Et fascinait ton âme, et faisait de ta vie
Un tissu radieux de longs enchantements !
Adieu, mer d’Harmonie où, comme deux amants
Vous tenant embrassés, l’orchestre des abîmes
Vous emparadisait parmi les Kéroubimes !
Au milieu des accords séraphiques des flots
Adieu sa voix céleste unie à tes sanglots,
Et sous sa bouche en fleur la tienne extasiée.
De ses baisers mielleux jamais rassassiée !
Adieu ! pour un mortel ton sort était trop beau !
N’espère son retour qu’au delà du tombeau !
— Ecce homo ! — vivant, descends dans l’ossuaire,
En guise de manteau drape toi d’un suaire,
Et poursuis, couronné d’épines, dans ta main
Un sceptre de roseau, ton lugubre chemin !
Prends ta croix, suis le Christ dans sa route sévère !
Ta résurrection n’est qu’au prix du Calvaire.
Résigne toi, subis la loi du noir destin !
En plein midi frappé vois Mozart qui s’éteint ;
Tous les deux sur nos fronts, perçant nos nuits obscures,
Désormais vous brillez, immortels Dioscures ;
Mais avant de surgir dans les cieux étoiles.
Par l’aile d’Azrael à votre insu voilés,
Vous avez composé pour vos propres Ténèbres,
Lui, son grand Requiem, toi, tes marches funèbres !
Tout génie est martyr ; — accablé de douleurs,
C’est dans son propre sang arrosé de ses pleurs
Que la gloire, vengeant l’outrage et l’anathème.
De l’immortalité lui donne le baptême.

— N’importe ! il faut qu’il marche, il a sa mission ;
En avant à Florence, en avant à Sion,
Toi, de l’exil aux pieds traînant la chaîne, ô Dante,
Vengeur terrible, et toi, dont par la braise ardente
L’Esprit sacra la bouche, et que, vivant lambeau,
L’horrible scie en deux mettra dans le tombeau,
Isaie, ô prophète à la voix irritée !
Et toi, chantre géant du titan Prométhée.
Toi qu’Athènes bannit, et que l’Humanité
Inscrit au premier rang dans son droit de cité !
Et toi, par la sottise et la bassesse immonde
Tant bafoué, poète aussi grand que le monde,
Divin Shakspeare ! et toi, Corneille, à qui le prix
Du pain quotidien semblait cher à Paris,
Quand Versailles repu nageait dans les délices !
Forçats sacrés, martyrs, videz vos noirs calices !
Le pélican ne meurt qu’en versant jusqu’au bout
Le pur sang de son cœur, et le Volcan qui bout
Jamais n’éteint le feu dont son enceinte est pleine,
Que le jour où sa lave a fécondé la plaine.
Toi, Maître, quels sommets te fallut-il gravir,
Quel immense ouragan parfois dut te ravir
Loin du monde réel, — quels éclairs de leur flamme
Entrouvrir à tes yeux ces arcanes de l’âme
Où la passion lutte et pleine, aigle ou vautour,
Pour que ton cœur ait pu nous jeter, tour à tour,
Avec cette suave ou terrible harmonie,
Et ces hymnes d’extase et ces cris d’agonie !
Qu’il t’a fallu souffrir, aimer, douter, pleurer,
Dans le silence obscur des nuits désespérer :
Quel effort surhumain, de sueurs solitaires
Dut inonder ton crâne et raidir tes artères.
Dans ta lutte avec l’Ange où plus d’un succomba,
Pour être avec Jacob triomphant du combat,
Pour trouver ces accents de ta grande Neuvième,
Où ton génie altier atteint son vol suprême ;
Concert où l’on entend, comme le bruit des flots,
Gronder, rire, chanter, se plaindre en longs sanglots.
Tout ce qui peut jamais, si grand qu’on la renomme,
S’agiter dans la tête et dans le cœur d’un homme
— Le superbe défi de l’âpre volonté
Foulant d’un pied vainqueur l’obstacle surmonté ;
La noble ambition que le monde humilie :
L’amour qui dans sa coupe enfin trouve la lie,
Et l’ironie au rire amer, masque moqueur
Qu’on met sur son visage, alors qu’au fond du cœur
La chaste illusion pose, belle éplorée,
Et clôt dans le cercueil sa chimère adorée !
Et puis, après l’orgueil au geste menaçant,
Fronçant vers le tonnerre un sourcil impuissant,
La résignation qui, la tête inclinée,
Accepte tes rigueurs, sévère Destinée,
Et, le sourire en pleurs, écartant de la main
Le morne désespoir qui l’accoste en chemin,
Sœur attendrie, aux bras des doux regrets ses frères,
Se console avec eux de tous les vents contraires ;
Mais aussi la révolte indomptable, l’essor
Aquilin du désir qui s’indigne du sort,
Et, dans l’affreux néant plutôt que de descendre,
Ardent Phénix, renaît plus vivant, de sa cendre,
D’un grand vol au soleil remonte épanoui,
Et célèbre, enivré, sur un mode inouï,
Dans la sphère idéale au mal inaccessible,
La Joie, hélas ! la Joie ici bas impossible !
— Cette fille du ciel, inconnue aux humains
Aurait peur de fouler nos lugubres chemins ;
Pas de vin assez pur ne croit sur nos collines
Que boiraient sans frémir ses lèvres sibyllines ;
Pas une fleur sans tache où pourrait se poser
Sans l’acre odeur du sang son lumineux baiser,
Et son aile, fuyant nos discordes sans trêves,
Ose à peine la nuit se risquer dans nos rêves.
Mais, évoquée un jouir par ton frère Schiller,
Tu la vis de si près passer dans un éclair,
Que le nimbe, où sa gloire à nos yeux se dérobe,
Fit tressaillir ton front au contact de sa robe,
Et que ton cœur ému sous son vol de condor
Se mit à résonner comme une harpe d’or.
Tel qu’Orphée, aux accents de sa voix surhumaine,
Sut ravir Eurydice à l’infernal domaine,
Toi, nouveau Prométhée, à ses chastes autels
Tu l’aurais enlevée, et parmi les mortels,
Du ciel avec la terre annonçant l’hyménée,
Tu l’aurais, souriante, en triomphe amenée,
Si l’homme au paradis pouvait rentrer, vivant,
Si l’Archange, debout sur le seuil, glaive au vent,
Sentinelle placée aux abords du mystère,
N’en défendait l’entrée aux enfants de la terre.

Pourtant, maître sublime, aux chants consolateurs.
Titan qui sous tes pieds abaissas des hauteurs
Où l’air à nos poumons devient irrespirable,
De ce divin séjour, qu’un voile impénétrable
Cache à tous les regards, — grâce à toi, parmi nous,
Des échos sont venus qu’on adore à genoux ;
Le croyant les écoute et murmure : j’espère !
La veuve à l’orphelin dit : Dieu reste ton père ;
Et le tyran pâlit ; l’esclave sent le droit
Protester sous ses fers ; le sceptique à l’œil froid,
Tout étonné, tressaille en essuyant ses larmes,
Et l’athée à son tour, lui-même pris d’alarmes,
Entend d’une voix sourde, en son cœur soucieux,
Gémir « le dieu tombé qui se souvient des cieux ».

O chantre sans égal, pic au milieu des cimes,
Où de plus de hauteur l’œil voit le plus d’abîmes,
O poète, ô penseur, noble musicien
Que désormais la terre appellera le sien,
Voilà cette œuvre immense, en sa vaste stature,
Grande, idéale et vraie ainsi que la nature ;
Drame intime, profond, joyeux, plaintif, amer,
Brillant comme l’azur, sombre comme la mer
Et que tu déroulas de ta voix inspirée,
Les pieds dans le chaos, le front dans l’empyrée !

Gloire à toi, gloire à toi ! — comme un arbre ses fruits,
Le monde verra choir les empires détruits,
Et les fiers conquérants suivis de leurs escortes
S’en aller dans la nuit comme des feuilles mortes.
Les siècles passeront ; trônes, lois, mœurs, autels,
Rien ne sera jamais stable chez les mortels.
Avec leurs Panthéons, leurs dômes, leurs portiques,
Fières de surpasser les Ninives antiques,
Si superbes que soient les cités des vivants
Jetant leurs millions de voix aux quatre vents,
Le temps avec son char aux terribles ornières
Les viendra niveler comme des taupinières,
Et sur les noirs débris de leurs entassements
Les autans jongleront avec leurs ossements.
Au bout de leurs destins, malheureux ou prospères,
Les rois iront dormir le sommeil de leurs pères,
Et le bruit de leur nom chaque jour affaibli,
Sans laisser un écho, s’éteindra dans l’oubli.
— Mais toi ; tant qu’ici bas de bonheurs ou de peines
S’agiteront encor des poitrines humaines ;
Tant que le long des bois, l’ombre des soirs charmants
Prêtera son silence à de jeunes amants :
Tant qu’au pied des autels de blanches fiancées
Courberont leurs fronts purs et leurs chastes pensées ;
Tant que sur les genoux des aïeuls triomphants
Sautilleront, joyeux, de beaux groupes d’enfants ;
Tant qu’en habits de deuil des veuves désolées
Regarderont la nuit les voûtes étoilées ;
Tant que des jeunes gens les cœurs pleins de fierté
Battront pour la Justice et pour la Liberté,
Maître tu régneras ! ta majesté sans tache,
Ton fier prestige auquel nulle ombre ne s’attache,
Ton immense magie au charme si puissant,
D’âge en âge toujours iront s’agrandissant.
Grâce au progrès sacré, les sombres multitudes
S’élèveront un jour jusqu’à tes altitudes,
Et les haines d’en bas aux sinistres terreurs,
Et talions d’en haut, rancunes et fureurs.
Eteindront à la lin leurs torches insensées
Dans le Niagara de tes vastes pensées !

Oh ! maintenant qu’absous des terrestres soucis,
Vêtu de pourpre et d’or, et sur un trône assis,
Dans l’insondable azur de la clarté sereine
Face à face tu vois la Beauté Souveraine ;
Maintenant qu’au milieu des sphères sans confins,
En écoutant, ravi, le chœur des Séraphins,
Tu sièges, accoudé sur tes Œuvres bénies,
Tranquille et bienheureux, parmi les purs Génies,
Permets moi, chantre obscur, dé suspendre humblement
Ma modeste couronne à ton fier monument !
Car tu m’as consolé dans mes jours de souffrance,
Tes chants de désespoir m’ont rendu l’espérance,
Et j’ai repris courage à ton Gethsémani,
En l’écoutant crier : Lama Sabactani !
Tu m’as rendu ma force, et, sûr du lendemain,
Grâce à toi, je connais désormais mon chemin ;
Mais avant d’y marcher, aux pieds de ton image,
Suzerain, ton vassal dépose son hommage !
Ainsi, lorsqu’au désert la sauvage tribu,
Après que ses chameaux aux fontaines ont bu,
Sort du frais oasis et reprend sa carrière,
Quelque nomade enfant parfois reste en arrière ;
Sur l’écorce de l’arbre où sa tête a dormi,
Pendant qu’au loin soufflait le Simoun ennemi,
Avant que de laisser son ombre hospitalière.
Il grave avec son nom une sainte prière,
Et, bénissant la palme aux divines senteurs
Qui lui versa, la nuit, des rêves en chanteurs,
Le cœur empli de joie il quitte la savane,
Il rejoint à pas lents la grande caravane.

1886
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Poèmes musique Empty à chopin

Message par magda Mer 31 Mar - 19:33









Prestigieux rival des grands maîtres d’Europe,
Poitrinaire à la fois viril et défaillant,
Tu fus un être unique, et le cœur d’un vaillant
Battait robustement sous ta frêle enveloppe.

Aux plus grandes douleurs sachant te résigner,
Tu te montrais pourtant irascible et morose,
Et quelqu’un nous a dit que le pli d’une rose
Pouvait meurtrir ton cœur et le faire saigner

Et sitôt que l’on fait résonner ta musique,
Sitôt que l’on entend tes accords palpiter,
On croit ouïr ton âme en sanglots éclater,
Ô virtuose étrange ! ô sublime phtisique !

Même quand ton génie, oubliant ses douleurs,
Dans les notes veut faire étinceler le rire,
Sous tes doigts décharnés le piano soupire,
Et tes scherzos légers semblent mouillés de pleurs.

Notre esprit s’épouvante et s’emplit de ténèbres
En sondant de ton cœur le gouffre palpitant,
Et sur tes mazurkas, si folâtres pourtant,
Voltige l’écho sourd de tes marches funèbres.

Mais, parmi les sanglots du grand flot musical
Qui rend les fronts songeurs et les cœurs taciturnes,
A travers les accords plaintifs de tes nocturnes,
On distingue toujours le fier accent natal.

L’âme de la Pologne en toi devait survivre ;
Aussi dans ta Berceuse au murmure idéal
Il nous semble écouter le souffle boréal
Et le balancement des sapins blancs de givre.

Patriote toujours sublime de fierté,
Tu chantes ton pays, et ta moindre ballade
Evoque les douleurs d’une race malade
Qui marche vers la mort ou vers la liberté.

Tu chantes ta patrie en des accents suaves,
Et, pendant que les sons ruissellent sous tes mains,
La douce mélodie entre ses bras divins
Emporte tous les cœurs vers la terre des Slaves.

La vague de tes chants se déroule à plein bord,
Et tu fais palpiter cette onde mélodique
Comme à travers la brume âpre et mélancolique
Qui flotte sur les eaux de l’Océan du nord.

L’esprit toujours hanté d’indicibles délires,
Tu fais pâlir les fronts, épanouir les cœurs ;
Tu sais entremêler dans tes accents vainqueurs
De l’ombre et des rayons, des pleurs et des sourires.

Pleins de soupirs d’amour, de longs cris affolés,
Tes airs versent en nous l’ivresse et les alarmes,
Et toi seul dans tes chants as mis assez de larmes
Pour pleurer sur les morts et sur les exilés.

Non, divin maestro, jamais muse attendrie
N’a pu comme la tienne exprimer les sanglots,
Rendre les cris de l’âme et le râle des flots.
Nul n’a su mieux que toi célébrer la patrie.

Aussi, quand s’est ouvert le funèbre caveau
Où devra reposer toujours ton front d’artiste,
La Musique a pleuré son amant le plus triste,
L’arbre national son plus tendre rameau.
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Poèmes musique Empty Émile Nelligan: clavier...

Message par magda Mer 31 Mar - 19:34







Clavier vibrant de remembrance,
J’évoque un peu des jours anciens,
Et l’Éden d’or de mon enfance

Se dresse avec les printemps siens,
Souriant de vierge espérance
Et de rêves musiciens…

Vous êtes morte tristement,
Ma muse des choses dorées,
Et c’est de vous qu’est mon tourment ;

Et c’est pour vous que sont pleurées
Au luth âpre de votre amant
Tant de musiques éplorées.
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Poèmes musique Empty clé de sol

Message par magda Mer 31 Mar - 19:35

























à Pierre Reverdy
On peut suivre sur le rideau
L’amour s’en va

Toujours est-il

Un piano à queue
Tout se perd

Au secours
L’arme de précision
Des fleurs
Dans la tête sont pour éclore

Coup de théâtre
La porte cède
La porte c’est de la musique
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Poèmes musique Empty L’Orgue (Chapman)

Message par magda Mer 31 Mar - 19:36

William ChapmanLes Fleurs de givre

À Samuel Casavant.
L’orgue ! ― Dans l’atelier immense qui bourdonne,
Maint ouvrier déploie un effort rude et long,
Ciselant tour à tour le bois, le fer, le plomb,
Pour créer l’instrument qui chante, pleure et tonne.

Heureux d’emprisonner dans ses flancs le trombone,
La flûte, le hautbois, le cor, le violon,
Le facteur patient, héritier d’Apollon,
Poursuit avec lenteur son travail monotone.

À polir un sonnet, une ode, un madrigal,
Le musophile prend une peine infinie.
Le vers doit y vibrer comme bois et métal.

Et j’applaudis en vous l’artiste de génie
Qui, l’oreille toujours ouverte à l’harmonie,
Dans le poète acclame un fraternel rival.
magda
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Poèmes musique Empty la piano-Rollinat

Message par magda Mer 31 Mar - 19:37





À Marcel Noël.



Puis-je te célébrer autant que je le dois,
Cher interlocuteur au langage mystique ?
Hier encor, le chagrin, ruisselant de mes doigts,
T’arrachait un sanglot funèbre et sympathique.

Sois fier d’être incompris de la vulgarité !
Beethoven a sur toi déchaîné sa folie,
Et Chopin, cet Archange ivre d’étrangeté,
T’a versé le trop-plein de sa mélancolie.

Le rêve tendrement peut flotter dans tes sons ;
La volupté se pâme avec tous ses frissons
Dans tes soupirs d’amour et de tristesse vague ;

Intime confident du vrai musicien,
Tu consoles son cœur et son esprit qui vague
Par ton gémissement, fidèle écho du sien.
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Poèmes musique Empty L'opéra-Jean de La Fontaine

Message par magda Mer 31 Mar - 19:39

Jean de La Fontaine: l'opéra
Niert, qui, pour charmer le plus juste des rois,
Inventas le bel art de conduire la voix,
Et dont le goût sublime à la grande justesse,
Ajouta l’agrément et la délicatesse ;
[ 108 ]Toi qui sais mieux qu’aucun le succès que jadis
Les Pièces de Musique eurent dedans Paris,
Que dis-tu de l’ardeur dont la Cour échauffée
Frondoit en ce tems-là les grands Concerts d’Orphée2,
Les passages d’Atto, et de Leonora3,
Des Machines d’abord le surprenant spectacle
Éblouit le Bourgeois et fit crier miracle ;
Mais la seconde fois il ne s’y pressa plus :
Il aima mieux le Cid, Horace, Heraclius.
Aussi, de ces objets l’ame n’est point émue,
Et même rarement ils contentent la vue.
Quand j’entends le sifflet, je ne trouve jamais
Le changement si prompt que je me le promets.
Souvent au plus beau char, le contre-poids résiste ;
Un Dieu pend à la corde, et crie au Machiniste ;
Un reste de Forêt demeure dans la mer,
Ou la moitié du Ciel au milieu de l’Enfer.
Quand le Théâtre seul ne réussiroit guère,
La Comédie, au moins, me diras-tu, doit plaire.
Les Ballets, les Concerts, se peut-il rien de mieux
Pour contenter l’esprit et réveiller les yeux ?
Ces beautés, néanmoins, toutes trois séparées,
Si tu veux l’avouer, seroient mieux savourées.
Des genres si divers le magnifique amas
Aux règles de chaque art ne s’accommode pas.
Il ne faut point, suivant les préceptes d’Horace,
Qu’un grand nombre d’Acteurs le théâtre embarrasse ;
[ 109 ]Qu’en sa machine un Dieu vienne tout ajuster4.
Le bon Comédien ne doit jamais chanter.
Le Ballet fut toujours une action muette.
La Voix veut le Théorbe, et non pas la Trompette ;
Et la Viole, propre aux plus tendres amours,
N’a jamais, jusqu’ici, pu se joindre aux Tambours.
Mais en cas de vertus, Louis, qui, par pratique,
Sait que pour en avoir une seule héroïque,
Il faut en avoir mille, et toutes à la fois,
Veut voir si, comme il est le plus puissant des Rois,
En joignant, comme il fait, mille plaisirs de même,
Il en peut avoir un dans le degré suprême.
Comme il porte au-dehors la terreur et l’amour,
Humain dans son armée autant que dans sa Cour
Il veut sur le théâtre, ainsi qu’à la campagne,
La foule qui le suit, l’éclat qui l’accompagne ;
Grand en tout, il veut mettre en tout de la grandeur.
La guerre fait sa joie et sa plus forte ardeur ;
Ses divertissements ressentent tous la guerre :
Ses concerts d’instruments ont le bruit du tonnerre,
Et ses concerts de voix ressemblent aux éclats,
Qu’en un jour de combat font les cris des soldats.
Les danseurs, par leur nombre, éblouissent la vue,
Et le Ballet paroît, exercice, revue,
Jeu de gladiateurs, et tel qu’au champ de Mars,
En leurs jours de triomphe en donnoient les Césars.
Glorieux, tous les ans, de nouvelles conquêtes,
À son peuple il fait part de ses nouvelles fêtes ;
Et son peuple qui l’aime et suit tous ses desirs,
Se conforme à son goût, ne veut que ses plaisirs.
Ce n’est plus la saison de Raymond ni d’Hilaire ;
Il faut vingt clavecins, cent violons pour plaire.
On ne va plus chercher au bord de quelque bois
Des amoureux Bergers la Flûte et le Hautbois.
Le Théorbe charmant, qu’on ne vouloit entendre
[ 110 ]Que dans une ruelle avec une voix tendre,
Pour suivre et soutenir par des accords touchants
De quelques airs choisis les mélodieux chants,
Boisset, Gaultier, Hémon, Chambonniere, La Barre,
Tout cela seul déplaît, et n’a plus rien de rare.
On laisse là Dubut, et Lambert, et Camus ;
On ne veut plus qu’Alceste5, ou Thésée6, ou Cadmus7.
Que l’on n’y trouve point de machines nouvelles,
Que les vers soient mauvais, que les voix soient cruelles :
De Baptiste8 épuisé les compositions
Ne sont, si vous voulez, que répétitions :
Le François pour lui seul contraignant sa nature,
N’a que pour l’Opéra de passion qui dure.
Les jours de l’Opéra, de l’un à l’autre bout,
Saint Honoré, rempli de carrosses partout,
Voit, malgré la misère à tous états commune,
Que l’Opéra tout seul fait leur bonne fortune.
Il a l’or de l’Abbé, du Brave, du Commis ;
La Coquette s’y fait mener par ses amis ;
L’Officier, le Marchand tout son rôti retranche
Pour y pouvoir porter tout son gain le Dimanche.
On ne va plus au Bal, on ne va plus au Cours :
Hiver, Été, Printemps, bref, Opéra toujours ;
Et quiconque n’en chante, ou bien plutôt n’en gronde
Quelque récitatif, n’a pas l’air du beau monde.
Mais que l’heureux Lully ne s’imagine pas
Que son mérite seul fasse tout ce fracas.
[ 111 ]Si Louis l’abandonne à ce rare mérite,
Il verra si la Ville et la Cour ne le quitte9.
Ce grand Prince a voulu tout écouter, tout voir ;
Mais il sait de nos sens jusqu’où va le pouvoir,
Et que si notre esprit a trop peu de portée,
Leur puissance est encor beaucoup plus limitée ;
Que lorsqu’à quelque objet l’un d’eux est attaché,
Aucun autre de rien ne peut être touché.
Si les yeux sont charmés, l’oreille n’entend gueres :
Et tel, quoiqu’en effet il ouvre les paupières,
Suit attentivement un discours sérieux,
Qui ne discerne pas ce qui frappe ses yeux.
Car ne vaut-il pas mieux, dis-moi ce qu’il t’en semble,
Qu’on ne puisse saisir tous les plaisirs ensemble,
Et que, pour en goûter les douceurs purement,
Il faille les avoir chacun séparément ?
La Musique en sera d’autant mieux concertée ;
La grave Tragédie, à son point remontée,
Aura les beaux sujets, les nobles sentimens,
Les vers majestueux, les heureux dénouemens :
Les Ballets reprendront leurs pas et leurs machines,
Et le Bal éclatant de cent Nimphes divines,
Qui de tout tems des Cours a fait la Majesté,
Reprendra de nos jours sa première beauté.
Ne crois donc pas que j’aie une douleur extrême
De ne pas voir Isis10 pendant tout le Carême.
Si nous ne pouvons pas de l’auguste Louis
Savoir encor sitôt les projets inouïs,
Le jour de son départ, sa marche et quelles Places
Foudroyant ses canons, embrasent ses carcasses,
Avec mille autres biens, le Jubilé fera
[ 112 ]Que nous serons un temps sans parler d’Opéra.
Mais aussi, de retour de mainte et mainte Église,
Nous irons, pour causer de tout avec franchise,
Et donner du relâche à la dévotion,
Chez l’illustre Certain faire une station :
Certain, par mille endroits également charmante,
Et dans mille beaux Arts également savante,
Dont le rare génie et les brillantes mains
Surpassent Chambonniere, Hardel, les Couperins.
De cette aimable Enfant le Clavecin unique
Me touche plus qu’Isis et toute sa Musique :
Je ne veux rien de plus, je ne veux rien de mieux
Pour contenter l’esprit, et l’oreille et les yeux ;
Et si je puis la voir une fois la semaine,
À voir jamais Isis je renonce sans peine.
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Poèmes musique Empty suite l'opéra

Message par magda Mer 31 Mar - 19:40

1. Un fragment de cette épître a paru dans le Nouveau choix de Duval de Tours, mais elle n’a été publiée en entier qu’en 1765, dans les Variétés sérieuses et amusantes de l’abbé Sablier (tome II, 1re partie, p. 115).

Pierre de Niert ou de Nyert, qui est appelé aussi de Nière et même de Niel, fut valet de chambre de Louis XIII, surnommé le Juste, et de Louis XIV, et dirigea longtemps les concerts de ces deux rois.[ 108 ]

2. Orfeo e Euridice, opéra italien, représenté en 1647. On en trouve la relation dans l’Extraordinaire de la Gazette du 8 mars.

3. Ainsi dans les Œuvres diverses de 1758. On lit dans le Recueil de Sablier :

Les longs passages d’Atto et de Leonora.

Cette leçon, évidemment défectueuse, est accompagnée de la remarque suivante : « Le vers est ainsi dans deux copies que j’ai. »[ 109 ]

4. ————————Nec Deus intersit, nisi dignus vindice nodus

Inciderit ; nec quarta loqui persona laboret.
Inciderit ; nec q(Horat. de Arte poetica, V, 191.)[ 110 ]

5. Opéra de Quinault, représenté en avril 1674.

6. Opéra de Quinault, joué à Saint-Germain, en 1675.

7. Opéra de Quinault, joué en avril 1673.

8. Jean-Baptiste Lully. Walckenaër remarque qu’il était de bon ton à la Cour de désigner ce musicien par son prénom et cite, à ce propos, ce passage des Fâcheux (acte I, scène iv) :

N’a pointBaptiste le très-cher
N’a point veu ma courante, et je le vais chercher.[ 111 ]

9. La Fontaine se rappelle ici les paroles d’Auguste à Cinna dans la pièce de Corneille (acte V, scène i) :

Ta fortune est bien haut, tu peux ce que tu veux,
Mais tu ferois pitié mesme à ceux qu’elle irrite,
Si je t’abandonnois à ton peu de mérite.

10. Opéra de Quinault, représenté le 5 janvier 1677.
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Poèmes musique Empty si....-Richard Barnfield

Message par magda Mer 31 Mar - 19:41

Le Pèlerin passionné

Si musique et douce poésie s’accordent…
Traduit par François-Victor Hugo





[ 54 ]Si musique et douce poésie s’accordent comme le doivent deux sœurs, alors nous devons bien nous aimer, toi et moi, car tu aimes l’une et j’aime l’autre.
Ton goût est pour Dowland, dont la touche céleste sur le luth ravit les sens humains ; le mien est pour Spenser, dont la pensée est si profonde que, dépassant toute pensée, elle échappe à l’éloge.
Tu aimes entendre le doux son mélodieux que Phébus tire de son luth, ce roi de la musique, et moi je suis surtout noyé dans des délices profondes quand il se met à chanter.
Poésie et musique ont le même Dieu, dit la fable : toutes deux ont le même amoureux, car toutes deux vivent en toi.
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Poèmes musique Empty La Lyre d’airain

Message par magda Mer 31 Mar - 19:43







Quand l’Italie en délire,
L’Allemagne aux blonds cheveux,
Se partagent toutes deux
Les plus beaux fils de la lyre,
Hélas ! Non moins chère aux dieux,
La ténébreuse Angleterre,
Dans son île solitaire,
Ne sent vibrer sous sa main
Qu’un luth aux cordes d’airain.
Ah ! Pour elle Polymnie,
La mère de l’harmonie,
N’a que de rudes accents,
Et les bruits de ses fabriques
Sont les hymnes magnifiques
Et les sublimes cantiques
Qui viennent frapper ses sens.

Écoutez, écoutez, enfants des autres terres !
Enfants du continent, prêtez l’oreille aux vents
Qui passent sur le front des villes ouvrières,
Et ramassent au vol comme flots de poussières
Les cris humains qui montent de leurs flancs !
Écoutez ces soupirs, ces longs gémissements
Que vous laisse tomber leur aile vagabonde,
Et puis vous me direz s’il est musique au monde
Qui surpasse en terreur profonde
Les chants lugubres qu’en ces lieux
Des milliers de mortels élèvent jusqu’aux cieux !
Là tous les instruments qui vibrent à l’oreille
Sont enfants vigoureux du cuivre ou de l’airain ;
Ce sont des balanciers dont la force est pareille
À cent chevaux frappés d’un aiguillon soudain ;
Ici, comme un taureau, la vapeur prisonnière
Hurle, mugit au fond d’une vaste chaudière,
Et, poussant au dehors deux immenses pistons,
Fait crier cent rouets à chacun de leurs bonds.
Plus loin, à travers l’air, des milliers de bobines
Tournant avec vitesse et sans qu’on puisse voir,
Comme mille serpents aux langues assassines
Dardent leurs sifflements du matin jusqu’au soir.
C’est un choc éternel d’étages en étages,
Un mélange confus de leviers, de rouages,
De chaînes, de crampons se croisant, se heurtant,
Un concert infernal qui va toujours grondant,
Et dans le sein duquel un peuple aux noirs visages,
Un peuple de vivants rabougris et chétifs
Mêlent comme chanteurs des cris sourds et plaintifs.


L’ouvrier.

Ô maître, bien que je sois pâle,
Bien qu’usé par de longs travaux
Mon front vieillisse, et mon corps mâle
Ait besoin d’un peu de repos ;
Cependant, pour un fort salaire,
Pour avoir plus d’ale et de bœuf,
Pour revêtir un habit neuf,
Il n’est rien que je n’ose faire :
Vainement la consomption,
La fièvre et son ardent poison,
Lancent sur ma tête affaiblie
Les cent spectres de la folie,
Maître, j’irai jusqu’au trépas ;
Et si mon corps ne suffit pas,
J’ai femme, enfants que je fais vivre,
Ils sont à toi, je te les livre.


Les enfants.

Ma mère, que de maux dans ces lieux nous souffrons !
L’air de nos ateliers nous ronge les poumons,
Et nous mourons, les yeux tournés vers les campagnes.
Ah ! Que ne sommes- nous habitants des montagnes,
Ou pauvres laboureurs dans le fond d’un vallon ;
Alors traçant en paix un fertile sillon,
Ou paissant des troupeaux aux penchants des collines,
L’air embaumé des fleurs serait notre aliment
Et le divin soleil notre chaud vêtement.
Et, s’il faut travailler sur terre, nos poitrines
Ne se briseraient pas sur de froides machines,
Et la nuit nous laissant respirer ses pavots,
Nous dormirions enfin comme les animaux.


La femme.

Pleurez, criez, enfants dont la misère
De si bonne heure a ployé les genoux,
Plaignez- vous bien : les animaux sur terre
Les plus soumis à l’humaine colère
Sont quelquefois moins malheureux que nous.
La vache pleine et dont le terme arrive
Reste à l’étable, et sans labeur nouveau,
Paisiblement sur une couche oisive
Va déposer son pénible fardeau ;
Et moi, malgré le poids de mes mamelles,
Mes flancs durcis, mes douleurs maternelles,
Je ne dois pas m’arrêter un instant :
Il faut toujours travailler comme avant,
Vivre au milieu des machines cruelles,
Monter, descendre, et risquer en passant
De voir broyer par leurs dures ferrailles,
L’œuvre de Dieu dans mes jeunes entrailles.


Le maître.

Malheur au mauvais ouvrier
Qui pleure au lieu de travailler ;
Malheur au fainéant, au lâche,
À celui qui manque à sa tâche
Et qui me prive de mon gain ;
Malheur ! Il restera sans pain.
Allons, qu’on veille sans relâche,
Qu’on tienne les métiers en jeu ;
Je veux que ma fabrique en feu
Écrase toutes ses rivales,
Et que le coton de mes halles,
En quittant mes brûlantes salles,
Pour habiller le genre humain,
Me rentre à flots d’or dans la main.


Et le bruit des métiers de plus fort recommence,
Et chaque lourd piston dans la chaudière immense,
Comme les deux talons d’un fort géant qui danse,
S’enfonce et se relève avec un sourd fracas.
Les leviers ébranlés entrechoquent leurs bras,
Les rouets étourdis, les bobines actives
Lancent leurs cris aigus, et les clameurs plaintives,
Les humaines chansons plus cuisantes, plus vives,
Se perdent au milieu de ce sombre chaos,
Comme un cri de détresse au vaste sein des flots...

Ah ! Le hurlement sourd des vagues sur la grève,
Le cri des dogues de Fingal,
Le sifflement des pins que l’ouragan soulève
Et bat de son souffle infernal,
La plainte des soldats déchirés par le glaive,
La balle et le boulet fatal,
Tous les bruits effrayants que l’homme entend ou rêve
À ce concert n’ont rien d’égal ;
Car cette noire symphonie
Aux instruments d’airain, à l’archet destructeur,
Ce sombre oratorio qui fait saigner le cœur,
Sont chantés souvent en partie
Par l’avarice et la douleur.

Et vous, heureux enfants d’une douce contrée
Où la musique voit sa belle fleur pourprée,
Sa fraîche rose au calice vermeil,
Croître et briller sans peine aux rayons du soleil,
Vous qu’on traite souvent dans cette courte vie
De gens mous et perdus aux bras de la folie,
Parce que doux viveurs, sans ennui, sans chagrins,
Vous respirez par trop la divine ambroisie
Que cette fleur répand sur vos brûlants chemins,
Ah ! Bienheureux enfants de l’Italie,
Tranquilles habitants des golfes aux flots bleus,
Beaux citoyens des monts, des champs voluptueux
Que le reste du monde envie ;
Laissez dire l’orgueil au fond de ses frimas !
Et bien que l’industrie, ouvrant de larges bras,
Épanche à flots dorés sur la face du monde
Les trésors infinis de son urne féconde,
Enfants dégénérés, oh ! Ne vous pressez pas
D’échanger les baisers de votre enchanteresse
Et les illusions qui naissent sous ses pas,
Contre les dons de cette autre déesse
Qui veut bien des humains soulager la détresse,
Mais qui, le plus souvent, ne leur accorde, hélas !
Qu’une existence rude et fertile en combats,
Où, pour faire à grand’peine un gain de quelques sommes
Le fer use le fer et l’homme use les hommes.
magda
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Poèmes musique Empty la musique-Charles Baudelaire

Message par magda Mer 31 Mar - 19:44


Les Fleurs du mal
SPLEEN ET IDÉAL
La Musique


La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ; [ 159 ]

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autre fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !
magda
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Poèmes musique Empty Le piano que baise une main frêle…

Message par magda Mer 31 Mar - 19:46

Le piano que baise une main frêle…Paul Verlaine


Le piano que baise une main frêle
Luit dans le soir rose et gris vaguement,
Tandis qu’avec un très léger bruit d’aile
Un air bien vieux, bien faible et bien charmant
Rôde discret, épeuré quasiment,
Par le boudoir, longtemps parfumé d’Elle.

Qu’est-ce que c’est que ce berceau soudain
Qui lentement dorlote mon pauvre être ?
Que voudrais-tu de moi, doux chant badin ?
Qu’as-tu voulu, fin refrain incertain
Qui vas tantôt mourir vers la fenêtre
Ouverte un peu sur le petit jardin ?
magda
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Poèmes musique Empty Sérénade (Verlaine)

Message par magda Mer 31 Mar - 19:47

SÉRÉNADE





Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

[ 50 ] Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d’insomnie.

Et pour finir, je dirai le baiser
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
— Mon Ange ! — ma Gouge !

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.
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Poèmes musique Empty Émile Nelligan violon brisé

Message par magda Mer 31 Mar - 19:48

Émile Nelligan et son oeuvre

Le Violon brisé

Aux soupirs de l'archet béni.
Il s'est brisé, plein de tristesse.
Le soir que vous jouiez, comtesse.
Un thème de Paganini.

Comme tout choit avec prestesse !
J'avais un amour infini.
Ce soir que vous jouiez, comtesse.
Un thème de Paganini.

L'instrument dort sous l'étroitesse
De son étui de bois verni,
Depuis le soir où, blonde hôtesse,
Vous jouâtes Paganini.

Mou cœur repose avec tristesse
Au trou de notre amour fini.
Il s'est brisé le soir, comtesse,
Que vous jouiez Paganini.
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Poèmes musique Empty la musique-sully

Message par magda Mer 31 Mar - 19:49

Sully Prudhomme(Prudhomme)Épaves

La Musique






Ah ! chante encore, chante, chante !
Mon âme a soif des bleus éthers.
Que cette caresse arrachante
En rompe les terrestres fers !

Que cette promesse infinie,
Que cet appel délicieux
Dans les longs flots de l’harmonie
L’enveloppe et l’emporte aux cieux !

Les bonheurs purs, les bonheurs libres
L’attirent dans l’or de ta voix,
Par mille douloureuses fibres
Qu’ils font tressaillir à la fois…

Elle espère, sentant sa chaîne
À l’unisson si fort vibrer,
Que la rupture en est prochaine
Et va soudain la délivrer !

La musique surnaturelle
Ouvre le paradis perdu…
Hélas ! Hélas ! il n’est par elle
Qu’en songe ouvert, jamais rendu.
magda
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Poèmes musique Empty Re: Poèmes musique

Message par magda Mer 31 Mar - 19:51







Quand le vieil Amphion, la cithare à la main,
Bâtissait les remparts de la ville thébaine ;
Quand le bon Josué, soufflant à perdre haleine,
Ébranlait Jéricho de sa trompe d’airain ;

Certe ils avaient tous deux le rhythme souverain,
Bien qu’un effet contraire ait couronné leur peine ;
Et tous deux ont touché, poëte et capitaine,
À des buts différents, par le même chemin.

Amphion ! Josué ! Musiciens antiques !
Le temps n’a pas brisé vos instruments magiques,
Prévoyant qu’après vous d’autres s’en serviraient.

Mais, hélas ! Dans nos jours aux muses difficiles,
Pour un ou deux chanteurs qui bâtiraient des villes,
Comme on en peut nommer qui les renverseraient !
magda
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Poèmes musique Empty Re: Poèmes musique

Message par magda Mer 31 Mar - 19:52







J’ADORAIS la musique autrefois : j’ai changé ;
Je préfère aujourd’hui le rythme du silence.
Je sens en moi grandir une âme d’étranger
Que trouble et que distrait la sonore cadence.

Comme une pierre en l’eau jetée, où le ciel luit,
Brouille la vision de l’image sereine,
Les sons harmonieux sont des cailloux de bruit
Dans le beau lac de paix dont mon âme fut pleine ![ 138 ]
O vrai Musicien, ô Silence profond !
Calme charmeur de mélodie universelle,
Sur ton autel, je brûlerai le violon
Et le si grave et le si doux violoncelle !

Car tout ce qui te chasse, ô Silence, est mauvais,
Hors la parole humaine et le chant solitaire ;
Et c’est toi qui, dans les temps anciens, t’élevais,
O Silence, premier orchestre de la terre !…

* * *

Parlez-moi. Votre voix pleine de mots muets
M’enchante ; je comprends surtout ce qu’elle cache.
Laissez au piano dormir ces menuets,
Et rêvons : il n’est rien de meilleur, que je sache…
magda
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Poèmes musique Empty William Chapman — Les Fleurs de givre

Message par magda Mer 31 Mar - 19:53

William ChapmanLes Fleurs de givre

À Gustave Comte.
Ô le mystérieux pouvoir de la Musique !
Depuis les jours sacrés d’Orphée et d’Arion
Enivrant le dauphin et charmant le lion,
Nul ne peut résister à son souffle magique
Où palpite le vol de l’Inspiration !

Un jour, à Montréal, au pied de la colonne
Qui porte à son sommet Nelson à Trafalgar,
Un béquillard, au teint livide, à l’œil hagard,
Râclait du violon, malgré le vent d’automne
Fouettant son corps mouillé des pleurs d’un froid brouillard.

Il râclait, il râclait, et la foule mobile
Restait indifférente aux cris de l’instrument,
Fermait les yeux devant le triste affaissement
Du pâle garçonnet qui tenait la sébile.
Il râclait, il râclait, sans trêve, obstinément.

En vain le malheureux par sa fugue entêtée
S’efforçait d’arrêter les passants dédaigneux,
En vain l’enfant malade et des pleurs dans les yeux,
Faisait tinter des sous dans l’écuelle agitée.
Hélas ! rien ne tombait aux pâles haillonneux.

Cependant un piéton, à la démarche, altière,
Attiré par les sons du violon criard,
Remarquant l’abandon navrant du béquillard,
S’arrêta, se troubla, fit un pas en arrière.
Puis marcha vers le couple, et, parlant au vieillard :

« Je voudrais essayer ton violon, confrère,
Dit le passant avec un sourire charmant,
Je voudrais l’essayer un tout petit moment,
Pour voir si je pourrais soulager ta misère.
Non, non, ne cache pas ainsi ton instrument. »

Et, dégantant soudain une main fine et blanche,
Il saisit le crincrin que le vieux lui cachait,
― Comme un enfant peureux étreignant un hochet, ―
Et, l’œil en feu, campé fièrement sur la hanche,
Fébrilement passa sur les cordes l’archet.

Mais à peine avait-il égrené quelques notes,
Que les passants, surpris, s’étaient groupés autour
De ce musicien qui faisait tour à tour
Gazouiller sous ses doigts rossignols et linottes,
Et dont le cœur semblait tout flamme et tout amour.

Bientôt les sons joyeux devenaient lents et graves :
Un andante vibrait au lieu des allégros.
Ensuite des soupirs, des plaintes, des sanglots,
Sous ses doigts tressaillaient, farouches et suaves
Comme la grande voix des brises et des flots.

Et les gémissements du mendiant aux portes
Des riches assouvis de parfums et de vin,
L’appel du naufragé qui se lamente en vain,
Les bruits du vent glacé roulant les feuilles mortes,
Sortaient des flancs émus de l’instrument divin.

Brusque transition ! des cordes harmoniques
S’envolent tout à coup les vifs accords du bal.
Les rires, les chansons, les cris du carnaval.
Les citadins, poussant des bravos frénétiques,
Entouraient de plus près le maître sans rival.

Mais le musicien reprend la note triste
Et fait pleurer les sons sur le déshérité
Pour qui jamais ne brille un rayon de gaîté.
Ses arpèges, tout pleins de son âme d’artiste,
Semblaient clamer à tous : « Faites la charité ! »

Il suppliait pour ceux qui gémissent sans trêve
Et que le sort paraît s’obstiner à meurtrir,
Pour les pauvres honteux, que nul ne voit souffrir,
Qui, pareils aux oiseaux du bois ou de la grève,
Blessés par le chasseur, se cachent pour mourir.

Émus comme la fleur ou la feuille qui tremble
Aux sonores baiser d’un vent mélodieux,
Sous le charme vainqueur de ce souffle des cieux,
Tous les fronts pâlissaient et s’inclinaient ensemble,
Tous les yeux se mouillaient de pleurs silencieux.

« Maintenant secourez la pauvreté souffrante,
Pendant qu’en votre cœur parle la charité »,
Dit le violoniste avec simplicité.
Puis il rentra, furtif, dans la foule béante
Qui referma sur lui son grand flot agité.

Et l’aumône coula comme l’eau d’une source.
Dans le noir couvre-chef du vieillard à genoux
Les brillants louis d’or se mariaient aux sous.
Des femmes, regrettant l’absence de leur bourse,
S’affolaient, déliraient, et donnaient leurs bijoux.

Et tous se demandaient, ivres de l’harmonie
Qui venait d’éveiller dans les cœurs tant d’échos,
Quel était ce charmeur, quel était ce héros
Dont l’abnégation égalait le génie
Et dont la modestie avait fui les bravos.

Et, pendant que plus d’un bénissait dans son âme
Celui qui, rayonnant de l’éclair immortel,
Avait ainsi voulu fléchir le sort cruel,
Parmi les citadins fascinés une femme
Répétait : « C’est sans doute un messager du ciel » !

Ô le mystérieux pouvoir de la musique !
Depuis les jours sacrés d’Orphée et d’Arion
Enivrant le dauphin et charmant le lion,
Nul ne peut résister à son souffle magique
Où palpite le vol de l’Inspiration !
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Poèmes musique Empty Le Bal

Message par magda Mer 31 Mar - 19:55









La harpe tremble encore et la flûte soupire,
Car la Walse bondit dans son sphérique empire ;
Des couples passagers éblouissent les yeux,
Volent entrelacés en cercle gracieux,
Suspendent des repos balancés en mesure,
Aux reflets d'une glace admirent leur parure,
Repartent ; puis, troublés par leur groupe riant,
Dans leurs tours moins adroits se heurtent en criant.
La danseuse, enivrée aux transports de la fête,
Sème et foule en passant les bouquets de sa tête,
Au bras qui la soutient se livre, et, pâlissant,
Tourne, les yeux baissés sur un sein frémissant.

Courez, jeunes beautés, formez la double danse :
Entendez-vous l'archet du bal joyeux,
Jeunes beautés ? Bientôt la légère cadence
Toutes va, tout à coup, vous mêler à mes yeux.

Dansez et couronnez de fleurs vos fronts d'albâtre ;
Liez au blanc Poèmes musique 738196 l'hyacinthe bleuâtre,
Et que vos pas moelleux, délices d'un amant,
Sur le chêne poli glissent légèrement ;
Dansez, car dès demain vos mères exigeantes
A vos jeunes travaux vous diront négligentes ;
L'aiguille détestée aura fui de vos doigts,
Ou, de la mélodie interrompant les lois,
Sur l'instrument mobile, harmonieux ivoire,
Vos mains auront perdu la touche blanche et noire ;
Demain, sous l'humble habit du jour laborieux,
Un livre, sans plaisir, fatiguera vos yeux... ;
Ils chercheront en vain, sur la feuille indocile,
De ses simples discours le sens clair et facile ;
Loin du papier noirci votre esprit égaré,
Partant, seul et léger, vers le Bal adoré,
Laissera de vos yeux l'indécise prunelle
Recommencer vingt fois une page éternelle.
Prolongez, s'il se peut, oh ! prolongez la nuit
Qui d'un pas diligent plus que vos pas s'enfuit !

Le signal est donné, l'archet frémit encore :
Elancez-vous, liez ces pas nouveaux
Que l'Anglais inventa, nœuds chers à Terpsichore,
Qui d'une molle chaîne imitent les anneaux.

Dansez, un soir encore usez de votre vie :
L'étincelante nuit d'un long jour est suivie ;
A l'orchestre brillant le silence fatal
Succède, et les dégoûts aux doux propos du bal.
Ah ! reculez le jour où, surveillantes mères,
Vous saurez du berceau les angoisses amères :
Car, dès que de l'enfant le cri s'est élevé,
Adieu, plaisir, long voile à demi relevé,
Et parure éclatante, et beaux joyaux des fêtes,
Et le soir, en passant, les riantes conquêtes
Sous les ormes, le soir, aux heures de l'amour,
Quand les feux suspendus ont rallumé le jour.
Mais, aux yeux maternels, les veilles inquiètes
Ne manquèrent jamais, ni les peines muettes
Que dédaigne l'époux, que l'enfant méconnaît,
Et dont le souvenir dans les songes renaît.
Ainsi, toute au berceau qui la tient asservie,
La mère avec ses pleurs voit s'écouler sa vie.
Rappelez les plaisirs, ils fuiront votre voix,
Et leurs chaînes de fleurs se rompront sous vos doigts.

Ensemble, à pas légers, traversez la carrière ;
Que votre main touche une heureuse main,
Et que vos pieds savants à leur place première
Reviennent, balancés dans leur double chemin.

Dansez : un jour, hélas ! ô reines éphémères !
De votre jeune empire auront fui les chimères;
Rien n'occupera plus vos cœurs désenchantés,
Que des rêves d'amour, bien vite épouvantés,
Et le regret lointain de ces fraîches années
Qu'un souffle a fait mourir, en moins de temps fanées
Que la rose et l'oeillet, l'honneur de votre front ;
Et, du temps indompté lorsque viendra l'affront,
Quelles seront alors vos tardives alarmes ?
Un teint, déjà flétri, pâlira sous les larmes,
Les larmes, à présent doux trésor des amours,
Les larmes, contre l'âge inutile secours :
Car les ans maladifs, avec un doigt de glace,
Des chagrins dans vos cœurs auront marqué la place,
La morose vieillesse... O légères beautés !
Dansez, multipliez vos pas précipités,
Et dans les blanches mains les mains entrelacées,
Et les regards de feu, les guirlandes froissées,
Et le rire éclatant, cri des joyeux loisirs,
Et que la salle au loin tremble de vos plaisirs.
magda
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Poèmes musique Empty Charles Baudelaire-harmonie du soir

Message par magda Mer 31 Mar - 19:56

Charles Baudelaire
Les Fleurs du mal
SPLEEN ET IDÉAL
Harmonie du soir


Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. [ 108 ]

Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.....
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
magda
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Poèmes musique Empty Re: Poèmes musique

Message par magda Mer 31 Mar - 19:58

La musique...

La musique a déjà crée sa place,
dans mon petit cœur douloureux ,a laissé sa trace.
Elle calme ma haine, ma douleur,
elle me fait vivre, la joie et le bonheur.
La musique pour elle j'existe, je vis,
elle est ma seule lumière qui me nourris...

la vie, les gens m'ont tant blessé
dans mon trou de silence m'ont tabassé
hier j'avais l'âme triste et sanglanté
aujourd'hui grâce à la musique j'ai tout évité
Juste une clé de SOL peut me faire vibré...

tout mon respect au jeune et ancien artiste
je sais que la vie n'est que de joie, mais aussi triste
vous avez dû battre, pour arrivé au bute de vie
et vous voilà fière de la réussite de votre envie
Avec moi et nous, vous l'avez partagé...

De Fatipoesie /Fatima Chakiri
magda
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Poèmes musique Empty vieux piano

Message par Rita-kazem Ven 2 Avr - 22:16

Emile NELLIGAN


Vieux piano

L'âme ne frémit plus chez ce vieil instrument ;
Son couvercle baissé lui donne un aspect sombre ;
Relégué du salon, il sommeille dans l'ombre
Ce misanthrope aigri de son isolement.

Je me souviens encor des nocturnes sans nombre
Que me jouait ma mère, et je songe, en pleurant,
À ces soirs d'autrefois - passés dans la pénombre,
Quand Liszt se disait triste et Beethoven mourant.

Ô vieux piano d'ébène, image de ma vie,
Comme toi du bonheur ma pauvre âme est ravie,
Il te manque une artiste, il me faut L'Idéal ;

Et pourtant là tu dors, ma seule joie au monde,
Qui donc fera renaître, ô détresse profonde,
De ton clavier funèbre un concert triomphal ?
Rita-kazem
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Poèmes musique Empty violon d'adieu

Message par Rita-kazem Ven 2 Avr - 22:17


Violon d'adieu



Vous jouiez Mendelssohn ce soir-là ; les flammèches
Valsaient dans l'âtre clair, cependant qu'au salon
Un abat-jour mêlait en ondulement long
Ses rêves de lumière au châtain de vos mèches.

Et tristes, comme un bruit frissonnant de fleurs sèches
Éparses dans le vent vespéral du vallon,
Les notes sanglotaient sur votre violon
Et chaque coup d'archet trouait mon coeur de brèches.

Or, devant qu'il se fût fait tard, je vous quittai,
Mais jusqu'à l'aube errant, seul, morose, attristé,
Contant ma jeune peine au lunaire mystère,

Je sentais remonter comme d'amers parfums
Ces musiques d'adieu qui scellaient sous la terre
Et mon rêve d'amour et mes espoirs défunts.
Rita-kazem
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Poèmes musique Empty la musique- BAUDELAIRE

Message par julien Lun 5 Avr - 15:00

La musique

La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !

Charles Baudelaire
julien
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Poèmes musique Empty La flûte

Message par nisrine nacer Lun 5 Avr - 18:55






Voici le soir. Au ciel passe un vol de pigeons.
Rien ne vaut pour charmer une amoureuse fièvre,
Ô chevrier, le son d'un pipeau sur la lèvre
Qu'accompagne un bruit frais de source entre les joncs.

A l'ombre du platane où nous nous allongeons
L'herbe est plus molle. Laisse, ami, l'errante chèvre,
Sourde aux chevrotements du chevreau qu'elle sèvre,
Escalader la roche et brouter les bourgeons.

Ma flûte, faite avec sept tiges de ciguë
Inégales que joint un peu de cire, aiguë
Ou grave, pleure, chante ou gémit à mon gré.

Viens. Nous t'enseignerons l'art divin du Silène,
Et tes soupirs d'amour, de ce tuyau sacré,
S'envoleront parmi l'harmonieuse haleine.
nisrine nacer
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Poèmes musique Empty Re: Poèmes musique

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