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poètes & muses en poèmes

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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty poètes & muses en poèmes

Message par chadiya madihi Mar 30 Mar - 11:36

Rappel du premier message :

Fonction du poète
Dieu le veut, dans les temps contraires,
Chacun travaille et chacun sert.
Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le désert !
Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité !
Le poète en des jours impies1
Vient préparer des jours meilleurs.
II est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir !
II voit, quand les peuples végètent !
Ses rêves, toujours pleins d'amour,
Sont faits des ombres que lui jettent
Les choses qui seront un jour.
On le raille. Qu'importe ! Il pense.
Plus d'une âme inscrit en silence
Ce que la foule n'entend pas.
II plaint ses contempteurs2 frivoles;
Et maint faux sage à ses paroles
Rit tout haut et songe tout bas !
Peuples ! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme
Dieu parle à voix basse à son âme
Comme aux forêts et comme aux flots.



1. impies : irréligieux, qui ne respectent ou offensent la religion.
2. contempteurs : ceux qui le méprisent.

Les Rayons et les Ombres (1840)

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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Un poème?

Message par Rita-kazem Mer 7 Avr - 22:26


Un poème?

Sortilège du coeur qui envoûte l'esprit
De flots d'incantations dont les sonorités
Répandent à la surface des réalités
Une harmonie mélodieuse pour habit

Douce saveur d'un plaisir que notre raison
Savoure sur les langues du temps élancé
Contre les frontières feutrées de l'émotion
Récoltant l'instant semé de germes d'idées

Le poème avalé n'a plus d'identité
Les Terres labourées aux quatre horizons
Dont chacun est vêtu recueille le sonnet

Les joies enivrantes de l'imagination
Multiplie ses possibles réapparitions
En mosaïques de couleurs qui font danser

Millet Benoist

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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Re: poètes & muses en poèmes

Message par Rita-kazem Mer 7 Avr - 22:28

De l'Autre Côté des yeux

Je n'ai rien à dire, rien à écrire puisque ma pensée danse
Au milieu d'impression et de sentiments indescriptibles.
Puisqu'elle se meut au milieu d'une multitude de couleurs d'âme
Qui n'existe pas pour nos yeux...

Les mots sont autant de petites ancres qui rattachent notre pensée
A la réalité. Mais la réalité se joue de ces attaches,
elle n'a que faire de repères particuliers. Elle sonde les tréfonds
de l'univers de notre condition.

Si les mots sont des états de la pensée, la mienne est un Océan de romans inachevés,
Où s'entrecroisent, au fil des tempêtes, des vagues de connaissances inutiles
de notre quotidien. Ballottant une multitude de questions sans que les réponses
assainissent ces ondes de soupir de vie...

Les images de l'imagination s'étirent, se disloquent,
se confondent en en créant de nouvelles.

Ces images deviennent temps, rafistolant des petits bouts de vrai,
des gouttes de matière qui enrichissent les instants d'impressions;

Impression des sentiments sur un morceau de rien, morceau de circuits de neurones.
Réseaux informationnel ponctué ça et là par une pluie d'essence des sens,
de naissance des idées qui se prolongent en mouvement...

Mouvement qui se réalise pendant l'éternité d'une seconde qui passe,
qui file avec le présent abstrait... territoire mental défriché.

Une histoire vient de paraître à la lumière de la raison,
infime partie de notre esprit qui se réveille quand l'Océan s'endort.

Millet Benoist
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty J’ECRIRAI

Message par Rita-kazem Jeu 8 Avr - 9:11

J’écrirai ce poème,

pour qu'il me donne

un fleuve doux

comme les ailes du toucan

J’écrirai ce poème

pour qu'il t'offre une aurore

quand Il fait nuit

entre ta gorge et ton aisselle

J'écrirai ce poème

pour que dix mille marronniers

prolongent leurs vacances

pour que sur chaque toit

vienne s'asseoir une comète

J'écrirai ce poème

pour que le doute ce vieux loup

parte en exil

pour que tous les objets reprennent

leurs leçons de musique

J'écrirai ce poème

pour aimer comme on aime par surprise

pour respecter comme on respecte en oubliant

pour être digne

de l'inconnu de l'impalpable

J'écrirai ce poème

mammifère ou de bois

il ne me coûte rien

il m'est si cher

Il vaut plus que ma vie

Alain BOSQUET
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Ode à la poésie

Message par KAMEL Jeu 8 Avr - 14:16


poètes & muses en poèmes - Page 2 TyrranCalliope

oh muse
j'aime le vin, tu le dédaignes
je ne peux supporter ton calme
laisse-moi être ton amant
bouffe-moi, écrase-moi
je resterai quand même
et pour toujours à tes pieds

je t'en fais le serment

à moins que tu dédaignes mes élans
que tu m'interdises de poser
sur tes seins langoureux
ma tête engourdie par la gnôle
que tu me tournes le dos
alors que je suis de braise
que tu te refuses, boudeuse
au moment où je te veux amoureuse

tu le sais, je serai toujours ton amant

mais sois pour moi Calliope
muse de la poésie
l'ange damné qui me conduit au paradis
la démone qui me caresse
de sa lourde poitrine
qui frôle ma bouche de ses lèvres
et qui s'en amuse
approche-toi que l'on s'enlace
de peur que de toi, si tu me boudes,
je ne me lasse

je veux souder nos chairs
que nos corps nus soient confondus
je veux te faire baver de jouissance
t'entendre crier de plaisir
enjôleuse à la bouche humide, viens-là
dépose sur mon flanc ta tête ensoleillée
oui, tu le sais, Calliope
je serai toujours ton amant

je t'en fais le serment

torture-moi, fais grise mine
parce que je suis ivre
traite-moi de salaud, de soûlard
c'est toi, perfide, qui me grise
je te veux corps et âme
et je déploierai tout mon art
pour que ta peau en émoi succombe
et après t'avoir à nouveau possédée
tu t'écraseras sur mon torse
amour incandescent
et pour toujours je serai
oh poésie
ton seul, ton unique amant

je t'en fais le serment



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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Alain Meyer-Abbatucci: Jeunesse dorée sous le soleil d’ Afri

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 19:52

Jeunesse dorée sous le soleil d’ Afrique



Serrure rouillée pour
porte grinçante, j’entre la clef,
Des pensées, ici bas, remplissent mon
vieux grenier,
J’effeuille la poussière de toutes mes visions passées,

Une croix ciselée aux couteaux du doute m’apparaît.

Mes croyances
stigmatisées au regard de mon coeur
La folie d’orgueil a enrichi l’égoïsme
des puissants,
Absence de l’azur, terre de France, pour la douleur,

Maraboutage, on a sacrifié l’innocence de l’enfant.

Gazelle, quels
soleils d’hiver éclairent ton cimetière?
Les cruelles années ont dessiné mon
futur cercueil,
Seul, un charognard face à ma conscience opprimée,
Ma
jeunesse s’est dorée dans une Afrique, en deuil.

Dans la savane lépreuse
de mes regrets, baobab, exilé,
Les mouches s’agglutinent sur le nougat d’une
carcasse,
Un silence putride murmure au griot la palabre oubliée,

Enfance blanche, âme noire, la fêlure dans ma calebasse.

Alain
Meyer-Abbatucci
nadia ibrahimi
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Le poète inconnu,

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 19:55

Le poète inconnu,
Je me fous de ce que les gens en pensent,
Mes écrits sont la trace de mon
existence,
Mes mots traduisent juste ce qu’elle vaut,
Tant pis, si
personne ne les trouve beaux.
Soupirs du mal aimé, du mal d’être si seul,
Exutoire contre l’indifférence
ou jouissance
Des rimes éternelles semblable à un linceul,
Drapant le
souvenir futur de mon absence.
Mes yeux, illuminés pour déshabiller l’enfer
Transpercent le miroir obscur
de ma nature,
De ces éclats de ma vie, brisée sur cette terre,
La mort me
promet d’autres folles aventures.
Je ne suis ni Goethe, ni Rimbaud, ni Lamartine,
Même si l’ombre de leur
génie plane sur ma vie,
Je vis au rythme de mes vers et de mon
spleen,
Illustre inconnu, dont l’amour fut la seule envie.
Alain Meyer-Abbatucci, le poète
Carlotta Irma Preo, l'artiste peintre
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty d'Alain Meyer-Abbatucci:poète

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 20:00

Poète,
qu'es-tu devenu?

Regarde, ici, là

Le vent,
l'inconnu.

-

Précieusement
romantique,

Bouffon des puissants,

Ta plume mélancolique

Trempée dans le sang

Des martyrs et des amants

Témoigne aux quatre vents

Tes louanges, pauvre innocent!
-

Demain,
prisonnier de l'image,

Tu ne seras plus ce sage,

Qui, jadis en
partage

Dans l'humaine aventure

Dévoilait les présages

De notre profonde nature.

-

Tes vers
illusoires,

Le destin de l'histoire

Tous ceux la qui t'invitent à la misère,

Prends peur et aies confiance,

Ta présence, ton errance,

Est comme une brise légère et éphémère,

Comme le dernier survol de l'oiseau blessé.
-

Poète, dans ta cage dorée,

Tu
ne sais plus chanter,

Même si dans
cet harmonieux décor,

Résonne encore
l'éloquence sonore

De tes
derniers accords.


Dernière édition par nadia ibrahimi le Jeu 8 Avr - 20:02, édité 1 fois
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty d'Alain Meyer-Abbatucci

Message par nadia ibrahimi Jeu 8 Avr - 20:01

Que
n'écrirais-je sans vous?



-




Lyrique ou bien romantique, ma plume
glisse,

Qu'importe la
sonorité et tous les archétypes,
Ce style jaillissant, vous offre pour esquisse,
Un reflet de mon âme, tel un miroir
mystique.

J'appréhende le réel pour ne saisir que
l'essentiel,
Si un ballon
bleu rebondit dans un jardin d'enfant,
C'est la main d'un gamin qui s'est
ouverte au ciel,
M’offrant pour inspiration les berceuses
d’antan.

Je dois ma
survie aux rêves qui me transportent,
Des lèvres invisibles murmurant des « je t’aime
»,
Elles me guident
secrètement jusqu’à cette porte,
Que j’entrouvre et donne naissance à un
poème.

Fermer les
yeux et voir que lumières dans la nuit,
L’obscurité de l’être a
des lueursinsoupçonnées,
Brille un doux regard, là, où toute ombre me
suit,
L’amour prodiguant à mon écrit l’éclat de
beauté.

Je
laisse parler le sentiment pour mieux le partager,
Un arrêt sur image, une chaleur inconnue
m’envahit,
Votre beau
sourire se profile, me conquit tout entier,
Gageant sur son indulgence pour ma tendre
poésie.

Que
n’écrirais-je sans vous si vous cessiez de m’aimer?
Je noircirais des feuillets de
désespérances et douleurs,
Ma correspondance ne serait qu’une enveloppe
lacérée,
Alors que vous
la remplissez, en illuminant mon cœur
.

---------------------------------------------------------
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty les deux muses

Message par Valerie-M-kaya Ven 9 Avr - 7:43

Les deux muses
Henri Blaze

Revue des Deux Mondes T.11, 1837
Les Deux Muses

C'est pour moi que les arts façonnent la matière,
Que Dieu met ses trésors au fond des élémens;
Pour moi, fille du ciel, que l'esprit de la terre
Taille l'or précieux, et jette la lumière
Comme une passion au cœur des diamans;
Pour moi que tout rayonne et fleurit et murmure;
Pour moi que, dans le sein de chaque créature,
Brûle l'encens sacré de l'admiration,
Que l'aubépine tremble aux tiges du buisson;
Pour moi que le soleil dore la gerbe mûre.
Je suis reine du monde, et, partout où je vais,
La multitude en chœur chante et me glorifie;
Partout on me recherche, on m'aime, on me convie;
Les rois me font asseoir près d'eux, dans leurs palais ;
Et tandis que les fruits les plus beaux de la vie
Se détachent de l'arbre et tombent à mes pieds,
Tous les blonds jeunes gens, dans les nouveaux sentiers,
Murmurent près de moi : « Tu nous étais connue,
Chaste fille du ciel, bien avant ta venue;
Les fleuves, la rosée et la brise en émoi,
Nous avaient déjà dit quelque chose de toi. »

Comme un bon ouvrier qui s'épuise à la peine,
Unit dans un tissu tous les fils du rouet;
Ainsi, moi, travailleuse à la puissante haleine,
J'assemble tous les sons et les mêle à souhait.
Et ma sœur, la Nature, auguste filandière,
M'encourage au travail sans cesse, et du plus loin
Qu'elle voit le printemps accourir sur la terre,
Songe à me tenir prêts les fils dont j'ai besoin.
Tantôt c'est un rayon de soleil qu'elle mouille
Dans les flots de l'ondée heureuse du matin,
Et roule tout le jour autour de sa quenouille,
Comme le plus beau fil d'or, de soie ou de lin;
Tantôt une vapeur de la source voisine
Que chauffe dans son lit le souffle oriental,
Ou le bruit des métaux qui grondent dans la mine,
Ou la vibration lascive du cristal.
Et grace à ma science éternelle et profonde,
A l'inspiration qui me descend des cieux,
De tous ces élémens, moi, je compose un monde
Où viennent se croiser les bruits harmonieux
Qui chantent, séparés, dans l'œuvre universelle; -
Et tant que je les tiens assemblés sous mon aile,
Les hommes de la terre écoutent à loisir
Ce que Dieu seul pouvait combiner et saisir; -
Un monde glorieux, où le germe sonore
Est le seul qui prospère, et sur sa tige en fleur
Reçoive la rosée à la nouvelle aurore,
Le seul dont le calice exhale une senteur,
Où, dans le frais miroir des vagues transparences,
Chacun voit resplendir ses belles espérances,
Lumière insaisissable, et passer tour à tour
Le chœur de ses douleurs de la veille et du jour,
Et ses illusions défiler une à une
Comme de blanches sœurs aux rayons de la lune.

Les trésors à mes pieds roulent de toutes parts ;
C'est pour moi que l'épi tombe sous les faucilles,
Que l'or abonde aux mains débiles des vieillards;
Pour moi que la voix vient aux belles jeunes filles;
C'est pour me faire honneur et me glorifier
Que la vierge en amour laisse la mélodie
Épuiser dans son sein les sources de la vie,
Et travaille sans cesse, oubliant au clavier
La funeste pâleur dont sa face est couverte,
Et la fraîcheur du soir, et la croisée ouverte,
Et la Mort qui l'attend et vient pour l'épier
Chaque fois qu'elle passe une nuit à veiller ;
Puis, lorsque pour jamais sa paupière est éteinte,
Quand sur l'ivoire ému de sa divine plainte,
A la brise du soir, tremblent ses derniers pleurs,
Je recueille son ame, et dans mon élysée,
Dans l'harmonie, et loin des terrestres douleurs,
Je la transporte ainsi qu'une note embrasée.
Valerie-M-kaya
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty la poésie

Message par Valerie-M-kaya Ven 9 Avr - 7:44

LA POÉSIE.

Je n'ai pour vêtement que ma robe de lin,
Je n'ai dans mes cheveux perle ni diadème,
Et les fleurs de mon front, je les cueille moi-même,
Quand l'aurore se lève, en mon petit jardin.
Je traîne dans les cieux ma pauvreté divine.
Comme le mauvais riche, aux jours de la moisson,
Repousse, en l'insultant, une triste orpheline
Qui, pour avoir sa part des restes du sillon,
Parmi les serviteurs dans l'ombre s'est glissée;
Ainsi l'homme cruel de son bien m'a chassée,
Et désormais livrée à mon affliction,
Je vais à l'aventure et comme une insensée,
Attendant qu'une voix proclame enfin mon nom.
Chacun me fuit, me raille ou me cache sa vie;
On dirait que je suis la Misère ou l'Envie;
Ceux même qui jadis m'invoquaient à genoux,
Ceux à qui j'ai donné mes larmes les plus pures,
Ceux dont mes propres mains ont lavé les blessures,
Et que j'avais rendus glorieux entre tous,
Sans espoir de retour ils m'ont abandonnée,
Pour courir, au milieu d'une troupe effrénée,
Après l'ambition, cette folle du jour,
Que l'on suit au hasard, dans l'ombre et sans amour !
O mes pleurs éternels, mes larmes cristallines,
Que ne vous ai-je donc versés sur les collines,
Sur la vallée en fleurs, dans l'air, sur les chemins,
Partout, hélas ! plutôt qu'en leurs ingrates mains !
Car, par cet art profond qu'ils tiennent de l'étude,
Des chastes gouttes d'eau que dispersent les vents,
Ils ont fait à loisir perles et diamans,
Qu'ils devaient tous, un jour, vendre à la multitude.
Encore s'ils voulaient me reconnaître ! hélas !
Nul ne me sourit d'aise ou ne me tend les bras;
Et sur le siège acquis à leur sollicitude,
Ils me refuseraient une place auprès d'eux,
A moi, fille de l'air, qui leur ouvrais les cieux.

Je chante cependant quand la douleur me gagne,
Et me roule au hasard comme un céleste oiseau;
Car l'inspiration est telle en mon cerveau
Que la neige amassée au pic de la montagne.
Quand la terre en amour chante son gai réveil,
Quand le printemps lascif vient réjouir le monde,
Elle fond et palpite aux baisers du soleil,
Et montre à l'oeil du ciel sa nudité profonde.
Ensuite dans sa source elle s'émeut et gronde,
Puis de son cours prochain avertit les échos,
Et dès-lors, qu'on l'attende ou non dans la vallée,
Elle prend son élan et s'épanche à grands flots,
Et, selon que sa course est plus ou moins troublée,
Devient en un moment le fleuve ou le ravin,
Et s'avance au hasard, sans jamais rien attendre,
Cédant à ce besoin fatal de se répandre,
Qui l'agite et l'émeut comme un désir divin.
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Re: poètes & muses en poèmes

Message par Valerie-M-kaya Ven 9 Avr - 7:45

LA POÉSIE.

Certes, cet avenir que tu m'offres est beau,
Reine de l'univers, et je t'en remercie.
Mais, dis, que deviendrait ma blonde fantaisie,
Si j'allais la couvrir des plis de ton manteau?
Ta compagne, dis-tu?... Non, ta servante indigne.
Adieu, si j'acceptais, ma native beauté!
Il me faudrait ployer sous ta sévère ligne,
Comme dans un tombeau, mes deux ailes de cygne,
Et faire chaque pas selon ta volonté.
Captive sous les fils de ton tissu sonore,
Je verrais désormais le soleil, à l'aurore,
Du sein de l'Océan sortir humide et blond,
Sans pouvoir m'élancer vers lui comme l'aiglon.
Je sentirais l'odeur que la première pluie
Fait sortir en avril de l'herbe épanouie,
Et je ne pourrais plus, dans la rosée en pleurs,
Aller, comme l'oiseau, baigner ma plume ardente.
Non, le soleil, l'espace et la terre, et les fleurs !
Je vivrai, comme Dieu m'a faite, indépendante,
En attendant des jours prospères et meilleurs.
Valerie-M-kaya
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty J’ECRIRAI

Message par rayane Ven 9 Avr - 13:49

J’écrirai ce poème,

pour qu'il me donne

un fleuve doux

comme les ailes du toucan

J’écrirai ce poème

pour qu'il t'offre une aurore

quand Il fait nuit

entre ta gorge et ton aisselle

J'écrirai ce poème

pour que dix mille marronniers

prolongent leurs vacances

pour que sur chaque toit

vienne s'asseoir une comète

J'écrirai ce poème

pour que le doute ce vieux loup

parte en exil

pour que tous les objets reprennent

leurs leçons de musique

J'écrirai ce poème

pour aimer comme on aime par surprise

pour respecter comme on respecte en oubliant

pour être digne

de l'inconnu de l'impalpable

J'écrirai ce poème

mammifère ou de bois

il ne me coûte rien

il m'est si cher

Il vaut plus que ma vie

Alain BOSQUET
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Art poétique

Message par rayane Ven 9 Avr - 13:50







De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair,
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.


Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise ;
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.


C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !


Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !
Paul Verlaine
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty La Force des Mots

Message par Najat Sam 10 Avr - 16:17

Ce poème est dédié à mes Amis Poètes et Administrateur du Site : « Le Coin des Poètes. » ; et à tous ceux qui croient encore à la force des mots.

*
Quand je me sens triste, malheureux,
Sous un nuage très dangereux,
Plein de particules nucléaires
Que propage la haine sur la terre ;

Quand le soleil s’endort le soir,
Et le jour s’efforce de le voir ;
Mais la haine dans ses yeux fermés,
Le fait voir tout le monde armé ;

Quand mon bon café dans ma tasse,
Reflète tout ce qui me tracasse,
Et décrit mon meilleur espoir
Comme une lettre noyée dans le noir ;

Quand toutes mes feuilles blanches s’éparpillent,
Mes points noirs se cognent comme des billes,
Et ma plume crie dans mes écrits,
Pour ramasser tous les débris ;

Quand les vautours chantent pour la haine,
Dans tous les coins de l’innocence,
Imitant le chant d’une baleine,
Pour réveiller la bonne conscience ;

Quand tout cela bloque mon chemin
Pour sauver l’espoir de demain,
Que je sème au seuil de la fête,
Je ne sais quoi faire de ma tête !

Un jour, quand j’étais réveillé,
A l’aube de mes rêves effrayés,
J’ai vu l’horizon sans nuage ;
J’ai eu beaucoup plus de courage !

J’ai trempé ma plume dans mon cœur ;
Et sans peine, sans aucun labeur,
Tous les mots , les plus beaux, s’étalent
Comme un tableau d’art sur ma toile !

C’était bien « Le Coin des Poètes »
Qui a ouvert ses bras pour la fête,
Pour nous dire dans un ton très sûr,
Que les mots casseront ces murs,

Que la Paix perdue dans l’espace,
Sortira très vite de l’impasse ;
Viendra transportée par les mots,
En un jour plus fier et plus beau !


***

Salamdag – Jelloul DAGDAG
Taza (Maroc) - Vendredi 13 Janvier 2006
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Re: poètes & muses en poèmes

Message par Rita-kazem Dim 11 Avr - 11:38

Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences.
Rimbaud (1854-1891), Lettre du Voyant
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Re: poètes & muses en poèmes

Message par Rita-kazem Dim 11 Avr - 11:38

Quand un poète vous semble obscur, cherchez bien, et ne cherchez pas loin. Il n’y a d’obscur que la merveilleuse rencontre du corps et de l’idée, qui opère la résurrection du langage.
Alain (1868-1951), Propos de littérature
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Le lombric

Message par Rita-kazem Dim 11 Avr - 11:49

(Conseils à un jeune poète de douze ans)

Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence
Le lombric se réveille et bâille sous le sol,
Étirant ses anneaux au sein des mottes molles,
Il les mâche, digère et fore avec conscience.

Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
Comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
Il le connaît. Il meurt. La terre prend l’obole
De son corps. Aérée, elle reprend confiance.

Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre,
Il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
Où les hommes récoltent les denrées langagières;

Mais la terre s’épuise à l’effort incessant !
Sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
Le monde étoufferait sous les paroles mortes.
J. Roubaud (né en 1932) [Proposé par Jean-Luc]
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Re: poètes & muses en poèmes

Message par Rita-kazem Dim 11 Avr - 11:50

Le poète est celui qui, plongé, comme tout homme, dans l’obscurité d’un monde insaisissable, entrevoit un peu mieux sa raison, perçoit les premières lueurs du jour. En d’autres termes, le don de poésie ne le soustrait pas à la foule des hommes « pauvres et chétifs » ; c’est dans sa condition d’homme qu’il accueille le don divin ; et par là il vit plus intensément qu’autrui le malheur de l’existence humaine et ressent davantage l’absence de cette lumière dont quelques rayons lui parviennent.
J. Céard, La Nature et les prodiges (1977)
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Patrick Berta Forgas: L'ECRITURE.

Message par rayane Dim 11 Avr - 19:53



poètes & muses en poèmes - Page 2 Q1467283364_170


L'ECRITURE

vendredi 26 février 2010

L'écriture est un amas des poussières du jour. Une constellation d'émotions traçantes. De douleurs infimes combinées et accumulées en plaie, au parcours d'un temps conséquent sinon considérable.
C'est un effet de vie.
L'écriture, c'est le pouvoir de suspendre par instants le vide des jours. C'est le désir d'une rupture d'être, qui fait que se libère l'acte d'écrire tous ces mots, de tracer ces marques.
L'écriture est une issue. Une recherche au labyrinthe. Une identification falsifiée plus réelle pourtant que la nature des faits ne peut l'expliquer.
C'est l'écho et la transparence de ce que tout avait enfoui.
C'est le retour au rivage, d'un naufrage tacite, de débris magnifiques.
C'est la reconnaissance et son annonce faite au monde.
C'est la plus pure impudeur.

C'est la magie de l'atavisme qui éveille et conduit la ligne que dessine mes doigts dans une lecture d'images et de repères où ne se reconnaissent que l'ardeur et la peur des choses que je taisais au pire de mes secrets. Et que je vois s'écrire , travestis de vérité comme pour mieux mentir ce que je suis et manque de dire.

C'est la délivrance de signaux, d'une primitive inspiration détournée poésie et , que je signe.
L'écriture comme un miroir de vie.

C'est aussi, prendre ce que d'autres prêtent, donnent ou offrent. Leur coeur, leur corps, la chair de leur esprit où s'inscrivent douleur, plaisir et vie.
La vie, un chemin d'événements où d'aucun bâtit des signes, des lignes, des couleurs, des formes et des fixations.
C'est prendre alors, tous les contours, les aborder avec respect, avec folie, avec émoi toujours.
Les faire siens comme une voie de partage.
L'écriture, c'est prendre au travers d'un alphabet d'émotions.

C'est nous retrouver au carrefour, à nous surprendre tour à tour, de ce que chacun apporte en offrande d'existence, pour que le cercle ait un sens.


©️ N.A.D.A. / VOIX PUBLIQUES / PBF. 1991
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Thierry François:ceux qui m'écrivent

Message par Nadej-isis Lun 12 Avr - 8:42

Ceux qui m'écrivent me ressemblent



De temps à autre des gens m'écrivent
Mes poèmes ne valent rien
Ou ils sont étranges
Suis-je un malade, un obsédé ?
Un fou, un pervers, un amoureux ?
Ou tout simplement suis-je heureux ?
Ils m'écrivent pour me demander ou me dire
Qu'ils aiment qu'ils n'aiment pas
Qu'ils vivent qu'ils ne connaissent pas
Qu'ils lisent qu'ils ne comprennent pas
Qu'ils regardent qu'ils ne voient pas
Qu'ils aiment qu'on ne les aime pas
Eux d'abord ont raison
J'écris, ça les regarde ou pas
Peu m'importe ce qu'ils en pensent
S'ils me comprennent ou pas
S'ils vivent, ils vivent
Et à ce titre me ressemblent


©️Thierry François
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Voltaire:Le poète

Message par Nadej-isis Lun 12 Avr - 8:51

Épigramme sur Gresset


Certain cafard, jadis jésuite,
Plat écrivain, depuis deux jours
Ose gloser sur ma conduite,
Sur mes vers, et sur mes amours :
En bon chrétien je lui fais grâce,
Chaque pédant peut critiquer mes vers ;
Mais sur l’amour jamais un fils d’Ignace
Ne glosera que de travers.

Voltaire (François Marie Arouet)
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Walt Whitman:Le poète

Message par Nadej-isis Lun 12 Avr - 8:52

Je chante le soi-même


Je chante le soi-même, une simple personne séparée,
Pourtant je prononce le mot démocratique, le mot En Masse,
C’est de la physiologie du haut en bas, que je chante,
La physionomie seule, le cerveau seul, ce n’est pas digne de la Muse;
je dis que l’Ëtre complet en est bien plus digne.
C’est le féminin à l’égal du mâle que je chante,
C’est la vie, incommensurable en passion, ressort et puissance,
Pleine de joie, mise en oeuvre par des lois divines pour la plus libre action,
C’est l’Homme Moderne que je chante.

Walt Whitman, Feuilles d’herbes (Traduction de Jules Laforgue)
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Alphonse de Lamartine:Le poète

Message par Nadej-isis Lun 12 Avr - 8:58


Le poète mourant


La coupe de mes jours s’est brisée encor pleine ;
Ma vie hors de mon sein s’enfuit à chaque haleine ;
Ni baisers ni soupirs ne peuvent l’arrêter ;
Et l’aile de la mort, sur l’airain qui me pleure,
En sons entrecoupés frappe ma dernière heure ;
Faut-il gémir ? faut-il chanter ?…
Chantons, puisque mes doigts sont encor sur la lyre ;
Chantons, puisque la mort, comme au cygne, m’inspire
Aux bords d’un autre monde un cri mélodieux.
C’est un présage heureux donné par mon génie,
Si notre âme n’est rien qu’amour et qu’harmonie,
Qu’un chant divin soit ses adieux !
La lyre en se brisant jette un son plus sublime ;
La lampe qui s’éteint tout à coup se ranime,
Et d’un éclat plus pur brille avant d’expirer ;
Le cygne voit le ciel à son heure dernière,
L’homme seul, reportant ses regards en arrière,
Compte ses jours pour les pleurer.
Qu’est-ce donc que des jours pour valoir qu’on les pleure ?
Un soleil, un soleil ; une heure, et puis une heure ;
Celle qui vient ressemble à celle qui s’enfuit ;
Ce qu’une nous apporte, une autre nous l’enlève :
Travail, repos, douleur, et quelquefois un rêve,
Voilà le jour, puis vient la nuit.
Ah ! qu’il pleure, celui dont les mains acharnées
S’attachant comme un lierre aux débris des années,
Voit avec l’avenir s’écrouler son espoir !
Pour moi, qui n’ai point pris racine sur la terre,
Je m’en vais sans effort, comme l’herbe légère
Qu’enlève le souffle du soir.
Le poète est semblable aux oiseaux de passage
Qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage,
Qui ne se posent point sur les rameaux des bois ;
Nonchalamment bercés sur le courant de l’onde,
Ils passent en chantant loin des bords ; et le monde
Ne connaît rien d’eux, que leur voix.
Jamais aucune main sur la corde sonore
Ne guida dans ses jeux ma main novice encore.
L’homme n’enseigne pas ce qu’inspire le ciel ;
Le ruisseau n’apprend pas à couler dans sa pente,
L’aigle à fendre les airs d’une aile indépendante,
L’abeille à composer son miel.
L’airain retentissant dans sa haute demeure,
Sous le marteau sacré tour à tour chante et pleure,
Pour célébrer l’hymen, la naissance ou la mort ;
J’étais comme ce bronze épuré par la flamme,
Et chaque passion, en frappant sur mon âme,
En tirait un sublime accord.
Telle durant la nuit la harpe éolienne,
Mêlant aux bruits des eaux sa plainte aérienne,
Résonne d’elle-même au souffle des zéphyrs.
Le voyageur s’arrête, étonné de l’entendre,
Il écoute, il admire et ne saurait comprendre
D’où partent ces divins soupirs.
Ma harpe fut souvent de larmes arrosée,
Mais les pleurs sont pour nous la céleste rosée ;
Sous un ciel toujours pur le coeur ne mûrit pas :
Dans la coupe écrasé le jus du pampre coule,
Et le baume flétri sous le pied qui le foule
Répand ses parfums sur nos pas.
Dieu d’un souffle brûlant avait formé mon âme ;
Tout ce qu’elle approchait s’embrasait de sa flamme :
Don fatal ! et je meurs pour avoir trop aimé !
Tout ce que j’ai touché s’est réduit en poussière :
Ainsi le feu du ciel tombé sur la bruyère
S’éteint quand tout est consumé.
Mais le temps ? - Il n’est plus. - Mais la gloire ? - Eh ! qu’importe
Cet écho d’un vain son, qu’un siècle à l’autre apporte ?
Ce nom, brillant jouet de la postérité ?
Vous qui de l’avenir lui promettez l’empire,
Écoutez cet accord que va rendre ma lyre !…
………………………………………..
Les vents déjà l’ont emporté !
Ah ! donnez à la mort un espoir moins frivole.
Eh quoi ! le souvenir de ce son qui s’envole
Autour d’un vain tombeau retentirait toujours ?
Ce souffle d’un mourant, quoi! c’est là de la gloire ?
Mais vous qui promettez les temps à sa mémoire,
Mortels, possédez-vous deux jours ?
J’en atteste les dieux ! depuis que je respire,
Mes lèvres n’ont jamais prononcé sans sourire
Ce grand nom inventé par le délire humain ;
Plus j’ai pressé ce mot, plus je l’ai trouvé vide,
Et je l’ai rejeté, comme une écorce aride
Que nos lèvres pressent en vain.
Dans le stérile espoir d’une gloire incertaine,
L’homme livre, en passant, au courant qui l’entraîne
Un nom de jour en jour dans sa course affaibli ;
De ce brillant débris le flot du temps se joue ;
De siècle en siècle, il flotte, il avance, il échoue
Dans les abîmes de l’oubli.
Je jette un nom de plus à ces flots sans rivage ;
Au gré des vents, du ciel, qu’il s’abîme ou surnage,
En serai-je plus grand ? Pourquoi ? ce n’est qu’un nom.
Le cygne qui s’envole aux voûtes éternelles,
Amis ! s’informe-t-il si l’ombre de ses ailes
Flotte encor sur un vil gazon ?
Mais pourquoi chantais-tu ? - Demande à Philomèle
Pourquoi, durant les nuits, sa douce voix se mêle
Au doux bruit des ruisseaux sous l’ombrage roulant !
Je chantais, mes amis, comme l’homme respire,
Comme l’oiseau gémit, comme le vent soupire,
Comme l’eau murmure en coulant.
Aimer, prier, chanter, voilà toute ma vie.
Mortels ! de tous ces biens qu’ici-bas l’homme envie,
À l’heure des adieux je ne regrette rien ;
Rien que l’ardent soupir qui vers le ciel s’élance,
L’extase de la lyre, ou l’amoureux silence
D’un coeur pressé contre le mien.
Aux pieds de la beauté sentir frémir sa lyre,
Voir d’accord en accord l’harmonieux délire
Couler avec le son et passer dans son sein,
Faire pleuvoir les pleurs de ces yeux qu’on adore,
Comme au souffle des vents les larmes de l’aurore
Tombent d’un calice trop plein ;
Voir le regard plaintif de la vierge modeste
Se tourner tristement vers la voûte céleste,
Comme pour s’envoler avec le son qui fuit,
Puis retombant sur vous plein d’une chaste flamme,
Sous ses cils abaissés laisser briller son âme,
Comme un feu tremblant dans la nuit ;
Voir passer sur son front l’ombre de sa pensée,
La parole manquer à sa bouche oppressée,
Et de ce long silence entendre enfin sortir
Ce mot qui retentit jusque dans le ciel même,
Ce mot, le mot des dieux, et des hommes : … Je t’aime !
Voilà ce qui vaut un soupir.
Un soupir ! un regret ! inutile parole !
Sur l’aile de la mort, mon âme au ciel s’envole ;
Je vais où leur instinct emporte nos désirs ;
Je vais où le regard voit briller l’espérance ;
Je vais où va le son qui de mon luth s’élance ;
Où sont allés tous mes soupirs !
Comme l’oiseau qui voit dans les ombres funèbres,
La foi, cet oeil de l’âme, a percé mes ténèbres ;
Son prophétique instinct m’a révélé mon sort.
Aux champs de l’avenir combien de fois mon âme,
S’élançant jusqu’au ciel sur des ailes de flamme,
A-t-elle devancé la mort ?
N’inscrivez point de nom sur ma demeure sombre.
Du poids d’un monument ne chargez pas mon ombre :
D’un peu de sable, hélas ! je ne suis point jaloux.
Laissez-moi seulement à peine assez d’espace
Pour que le malheureux qui sur ma tombe passe
Puisse y poser ses deux genoux.
Souvent dans le secret de l’ombre et du silence,
Du gazon d’un cercueil la prière s’élance
Et trouve l’espérance à côté de la mort.
Le pied sur une tombe on tient moins à la terre ;
L’horizon est plus vaste, et l’âme, plus légère,
Monte au ciel avec moins d’effort.
Brisez, livrez aux vents, aux ondes, à la flamme,
Ce luth qui n’a qu’un son pour répondre à mon âme !
Le luth des Séraphins va frémir sous mes doigts.
Bientôt, vivant comme eux d’un immortel délire,
Je vais guider, peut-être, aux accords de ma lyre,
Des cieux suspendus à ma voix.
Bientôt ! … Mais de la mort la main lourde et muette
Vient de toucher la corde : elle se brise, et jette
Un son plaintif et sourd dans le vague des airs.
Mon luth glacé se tait … Amis, prenez le vôtre ;
Et que mon âme encor passe d’un monde à l’autre
Au bruit de vos sacrés concerts !

Alphonse de Lamartine, Nouvelles méditations poétiques
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Poète tu es au paradis

Message par Nadej-isis Lun 12 Avr - 8:59





Le poète est Cézanne, Michel Ange, Monet
Magritte ou bien Renoir, Picasso ou Manet
Botticelli, Rembrand, Ingres ou Raphael
Sisley, Corot, Degas, Gauguin, Rubens, Bruegel
Poète peint ta toile, tu es au Paradis
Winston Perez, 1979
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Poètes à venir:Walt Whitman

Message par Nadej-isis Lun 12 Avr - 8:59

Poètes à venir! orateurs, chanteurs, musiciens à venir!
Ce n’est pas aujourd’hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale,
plus grande qu’on ait jamais vu, Levez-vous! Car vous devez me justifier.
Moi, je n’écris qu’un ou deux mots indicatifs pour l’avenir;
Moi, j’avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s’arrêter, tourne par
hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l’examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal.



Walt Whitman, Feuilles d’herbes (Traduction de Jules Laforgue)


Poème classé dans Le poète, .
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poètes & muses en poèmes - Page 2 Empty Jules Delavigne,Le poète

Message par Nadej-isis Lun 12 Avr - 9:00

Vérité éphémère


Ta créativité est ton essence
Même si tu ne le sais pas
Pour ce que tu fais, tes proches te flattent
Des fois ils te rabaissent, des fois c’est l’indifférence
Tu comprends, mais tu ne les comprends pas
Leur objectivité est-elle ternie par amour, amitié, jalousie ?
Tu te dis que ce n’est pas de leur faute
Tu as surement raison
Mais toi, tu cherches la vérité
Ces sages autour ne t’aident guère
Et la vérité ne vient pas de toi tout seul
Pourtant tu as de la chance
Des autres te regardent aussi
Et ceux-là tu ne les connais pas

Jules Delavigne, Conclusions, 2008
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