louis aragon:Il n'y a pas d'amour heureux
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louis aragon:Il n'y a pas d'amour heureux
Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de ce lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte en moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
Poème de Louis Aragon chanté par Georges BRASSENS
davidof- Nombre de messages : 2697
loisirs : pêche, voyage, music...
Date d'inscription : 21/05/2008
Re: louis aragon:Il n'y a pas d'amour heureux
Louis Aragon : Bierstube Magie allemandeBierstube Magie allemande
Bierstube Magie allemande
Et douces comme un lait
d'amandes
Mina Linda lèvres gourmandes
qui tant souhaitent d'être
crues
A fredonner tout bas s'obstinent
L'air Ach du lieber
Augustin
Qu'un passant siffle dans la rue
Sofienstrasse Ma mémoire
Retrouve la chambre et
l'armoire
L'eau qui chante dans la bouilloire
Les phrases des coussins
brodés
L'abat-jour de fausse opaline
Le Toteninsel de
Boecklin
Et le peignoir de mousseline
qui s'ouvre en donnant des idées
Au plaisir prise et toujours prête
O Gaense-Liesel des
défaites
Tout à coup tu tournais la tête
Et tu m'offrais comme cela
La
tentation de ta nuque
Demoiselle de Sarrebrück
Qui descendais faire le
truc
Pour un morceau de chocolat
Et moi pour la juger que suis-je
Pauvres bonheurs pauvres
vertiges
Il s'est tant perdu de prodiges
Que je ne m'y reconnais
plus
Rencontres Partances hâtives
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et
leurs baisers au loin les suivent
Comme des soleils révolus
Tout est affaire de décors
Changer de lit changer de
corps
A quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi
qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras
semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays
Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver
est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes
nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je
passais comme la rumeur
je m'endormais comme le bruit
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à
table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des
chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non
drôle
Moi si j'y tenait mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
Dans le quartier Hohenzollern
Entre la Sarre et les
casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de
Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais
m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola
Elle était brune et pourtant blanche
Ses cheveux tombaient
sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras
nus
Elle avait des yeux de faïence
Et travaillait avec vaillance
Pour
un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les
civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un
verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton
coeur
Un dragon plongea son couteau
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies
sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des
quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon
être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria RilkeLouis Aragon, Le Roman inachevé
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
Re: louis aragon:Il n'y a pas d'amour heureux
Louis Aragon : ElsaExtrait du recueil "Elsa"
Tandis que je parlais le langage des vers
Elle s'est
doucement tendrement endormie
Comme une maison d'ombre au creux de notre
vie
Une lampe baissée au coeur des myrtes verts
Sa joue a retrouvé le printemps du repos
O corps sans poids
pose dans un songe de toile
Ciel formé de ses yeux à l'heure des
étoiles
Un jeune sang l'habite au couvert de sa peau
La voila qui reprend le versant de ses fables
Dieu sait
obéissant à quels lointains signaux
Et c'est toujours le bal la neige les
traîneaux
Elle a rejoint la nuit dans ses bras adorables
Je vois sa main bouger Sa bouche Et je me dis
Qu'elle reste
pareille aux marches du silence
Qui m'échappe pourtant de toute son
enfance
Dans ce pays secret à mes pas interdit
Je te supplie amour au nom de nous ensemble
De ma
suppliciante et folle jalousie
Ne t'en va pas trop loin sur la pente
choisie
Je suis auprès de toi comme un saule qui tremble
J'ai peur éperdument du sommeil de tes yeux
Je me ronge le
coeur de ce coeur que j'écoute
Amour arrête-toi dans ton rêve et ta
route
Rends-moi ta conscience et mon mal merveilleuxLouis Aragon
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
J'arrive où je suis étranger
Louis Aragon : J'arrive où je suis étranger
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être
léger
J'arrive
où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D'où
viens-tu mais où vas-tu
donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le
coeur change avec le
chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe
ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes
yeux
Mieux
vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va
mieux
C'est
le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais
l'enfant qu'est-il
devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce
voyageur inconnu
De son
visage et ses pieds nus
Peu a peu
tu te fais silence
Mais pas assez vite
pourtant
Pour ne sentir
ta dissemblance
Et sur le toi-même
d'antan
Tomber la
poussière du temps
C'est long vieillir au bout du compte
Le
sable en fuit entre
nos doigts
C'est comme une eau froide qui
monte
C'est comme une honte qui
croît
Un cuir à crier qu'on
corroie
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de
renoncer
à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font
au-dedans de
nous
Lentement plier nos genoux
O mer amère ô
mer profonde
Quelle est l'heure de tes
marées
Combien faut-il
d'années-secondes
A l'homme pour l'homme
abjurer
Pourquoi
pourquoi ces simagrées
Rien n'est précaire comme vivre
Rien
comme être n'est
passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et
pour le vent être
léger
J'arrive où je suis étranger
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être
léger
J'arrive
où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D'où
viens-tu mais où vas-tu
donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le
coeur change avec le
chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe
ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes
yeux
Mieux
vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va
mieux
C'est
le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais
l'enfant qu'est-il
devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce
voyageur inconnu
De son
visage et ses pieds nus
Peu a peu
tu te fais silence
Mais pas assez vite
pourtant
Pour ne sentir
ta dissemblance
Et sur le toi-même
d'antan
Tomber la
poussière du temps
C'est long vieillir au bout du compte
Le
sable en fuit entre
nos doigts
C'est comme une eau froide qui
monte
C'est comme une honte qui
croît
Un cuir à crier qu'on
corroie
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de
renoncer
à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font
au-dedans de
nous
Lentement plier nos genoux
O mer amère ô
mer profonde
Quelle est l'heure de tes
marées
Combien faut-il
d'années-secondes
A l'homme pour l'homme
abjurer
Pourquoi
pourquoi ces simagrées
Rien n'est précaire comme vivre
Rien
comme être n'est
passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et
pour le vent être
léger
J'arrive où je suis étranger
Louis
Aragon
julien- Nombre de messages : 1159
Date d'inscription : 24/02/2010
Re: louis aragon:Il n'y a pas d'amour heureux
J' ai envie de dire oui, y a pas d'amour heureux mais au fond je ne le crois pas vraimentdavidof a écrit:
Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de ce lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte en moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
Poème de Louis Aragon chanté par Georges BRASSENS
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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