Un cahier de silicium pour mettre en mots la fin d'un monde
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Un cahier de silicium pour mettre en mots la fin d'un monde
Comme un zeste terminal d'humanité perdue, les cadavres qui se traînent par milliers sur l'autoroute du paradis fredonnent en une lente mélopée la chanson de l'espoir.
Je suis sur cette route, âme désolée et putride face aux derniers liens du monde connu.
J'ai failli, il y a déjà longtemps, perdre ce qui me restait d'humanité au fond des certitudes acquises. J'ai voulu me noyer dans le réel et le semblable, ébrécher mes dernières volontés sur le béton des irradiés aveugles.
De ville en ville, j'ai vu avec les scanners rétiniens dévorés qui me servaient d'yeux se finir l'homo sapiens, victime de ses propres illusions.
Et j'ai vu, dans la forge herculéenne et le liquide vital, primal, se dessiner les schémas carcéraux d'un nouveau monde.
Cité Sécurité, ciudad sécuridad, home of the last human beings, goulag érigé en système, modèle infernal d'une humaine beauté.
J'ai vu, au-delà des messages subliminaux envoyés au cœur de chaque cortex, l'infini se réduire au champ de conscience, QHS de la pensée.
Je remâche ces souvenirs, tout en marchant sur le chemin vers la soupe populaire des âmes, cette vaste distribution de neuroleptiques et d'amorphisants, pour cadres défectueux et prisonniers de la Matrice.
Je sais qu'un jour, dans quelque ruine post moderne destinée déjà à faire du neuf avec du vieux, que sortira une âme vaillante et éclairée, qui saura vers quelle destination aller pour goûter nous aussi aux joies du jardin d'Eden.
Mais c'est toujours à reculons que se construisent les sociétés modernes, et les prisons domestiques où les habitants cachent leur misère et leurs secrets regorgent de potentiel, pour peu qu'on sache où le trouver.
Il y a longtemps qu'on ne crie plus, longtemps qu'on ne sait plus où aller ni comment, longtemps que l'homme est devenu l'esclave de ses propres créations.
L'urbanisation à outrance n'est que le prolégomène à une guerre civile intra-cités.
En effet, l'urbanisation à outrance ayant lieu ses dernières décennies masque mal le mal-être des populations rejetées hors du centre-ville, hors du downtown. Les villes sont devenues des cités, rongées par la pourriture qu'elles-mêmes ont engendrées, de par leur volonté de grandir toujours plus, au mépris de l'humain. Comprenez que la ville est une entité propre, et que par sa démesure elle a échappé au contrôle de l'homme.
Les cités seront des mégapoles, et l'homme une bête urbaine, devenu artefact de la polis, la ville en constante évolution.
Ne survivront que ceux et celles qui auront réussis à faire l'impasse sur tous sentiment dit "humain" pour devenir les esclaves de la mégapole, l'homme sera l'instrument de sa propre création, tout comme la bête de Frankenstein échappa à son créateur pour semer la désolation et le chaos.
Pour se rendre compte de çà, il suffit de savoir voir et écouter.
Il suffit d'avoir vécu dans une grande ville.
Il suffit d'être un enfant du 20ème siècle.
Les oiseaux de mauvaise augure finissent bradés dans un champ de poubelles en carbone défraîchi, luisant de l'acier rouillé de l'autorité bafouée.
Les androïdes, structures de polymétal et visio-récépteurs en carbonacier, seront les derniers représentants d'une humanité vouée à la contemplation éternelle de son passé détruit.
Les carcasses de fer rouillé ne roulent plus depuis longtemps dans ce désert post-apocalyptique. Seules quelques hordes de junkies défoncés à la C, métamphétamine intra-corticale et dope transgenre dernière génération, imbibent encore les cristaux de silice du sol de sang noirâtre, dernier résidu d'une vaine résistance face à l'inévitable ordre du monde.
Au fond d'une couveuse nimbée de lumière néon, le dernier espoir de l'humanité signe son arrêt de mort.
Je suis sur cette route, âme désolée et putride face aux derniers liens du monde connu.
J'ai failli, il y a déjà longtemps, perdre ce qui me restait d'humanité au fond des certitudes acquises. J'ai voulu me noyer dans le réel et le semblable, ébrécher mes dernières volontés sur le béton des irradiés aveugles.
De ville en ville, j'ai vu avec les scanners rétiniens dévorés qui me servaient d'yeux se finir l'homo sapiens, victime de ses propres illusions.
Et j'ai vu, dans la forge herculéenne et le liquide vital, primal, se dessiner les schémas carcéraux d'un nouveau monde.
Cité Sécurité, ciudad sécuridad, home of the last human beings, goulag érigé en système, modèle infernal d'une humaine beauté.
J'ai vu, au-delà des messages subliminaux envoyés au cœur de chaque cortex, l'infini se réduire au champ de conscience, QHS de la pensée.
Je remâche ces souvenirs, tout en marchant sur le chemin vers la soupe populaire des âmes, cette vaste distribution de neuroleptiques et d'amorphisants, pour cadres défectueux et prisonniers de la Matrice.
Je sais qu'un jour, dans quelque ruine post moderne destinée déjà à faire du neuf avec du vieux, que sortira une âme vaillante et éclairée, qui saura vers quelle destination aller pour goûter nous aussi aux joies du jardin d'Eden.
Mais c'est toujours à reculons que se construisent les sociétés modernes, et les prisons domestiques où les habitants cachent leur misère et leurs secrets regorgent de potentiel, pour peu qu'on sache où le trouver.
Il y a longtemps qu'on ne crie plus, longtemps qu'on ne sait plus où aller ni comment, longtemps que l'homme est devenu l'esclave de ses propres créations.
L'urbanisation à outrance n'est que le prolégomène à une guerre civile intra-cités.
En effet, l'urbanisation à outrance ayant lieu ses dernières décennies masque mal le mal-être des populations rejetées hors du centre-ville, hors du downtown. Les villes sont devenues des cités, rongées par la pourriture qu'elles-mêmes ont engendrées, de par leur volonté de grandir toujours plus, au mépris de l'humain. Comprenez que la ville est une entité propre, et que par sa démesure elle a échappé au contrôle de l'homme.
Les cités seront des mégapoles, et l'homme une bête urbaine, devenu artefact de la polis, la ville en constante évolution.
Ne survivront que ceux et celles qui auront réussis à faire l'impasse sur tous sentiment dit "humain" pour devenir les esclaves de la mégapole, l'homme sera l'instrument de sa propre création, tout comme la bête de Frankenstein échappa à son créateur pour semer la désolation et le chaos.
Pour se rendre compte de çà, il suffit de savoir voir et écouter.
Il suffit d'avoir vécu dans une grande ville.
Il suffit d'être un enfant du 20ème siècle.
Les oiseaux de mauvaise augure finissent bradés dans un champ de poubelles en carbone défraîchi, luisant de l'acier rouillé de l'autorité bafouée.
Les androïdes, structures de polymétal et visio-récépteurs en carbonacier, seront les derniers représentants d'une humanité vouée à la contemplation éternelle de son passé détruit.
Les carcasses de fer rouillé ne roulent plus depuis longtemps dans ce désert post-apocalyptique. Seules quelques hordes de junkies défoncés à la C, métamphétamine intra-corticale et dope transgenre dernière génération, imbibent encore les cristaux de silice du sol de sang noirâtre, dernier résidu d'une vaine résistance face à l'inévitable ordre du monde.
Au fond d'une couveuse nimbée de lumière néon, le dernier espoir de l'humanité signe son arrêt de mort.
Re: Un cahier de silicium pour mettre en mots la fin d'un monde
l'espoir ne meurt jamais il est phénix
il renait de ses cendres
il renait de ses cendres
marwa- Nombre de messages : 445
Date d'inscription : 07/05/2010
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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