Roger de COLLERYE
Page 1 sur 1
Roger de COLLERYE
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
Au pied du mur je me voy sans eschelle
Au pied du mur je me voy sans eschelle,
Plus je ne sçay de quel boys faire fleches,
Faulte d'Argent m'en donne les empesches,
Triste j'en suis, jà ne fault que le celle.
Durant ce temps mon corps d'ennuy chancelle,
Mes joues sont mesgres, palles et sèches,
Au pied du mur.
Si ayde n'ay du bon Dieu et de celle
Devant lesquelz a deulx genoulx me fleches,
De ma vie je ne donne troys pesches,
Car de vertu j'ay moins qu'une estincelle
Au pied du mur.
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
Ballade
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
Ballade
Or qui m'aimera, si me suive,
Je suis Bon Temps, vous le voyez ;
En mon banquet nul n'y arrive
Pourvu qu'il se fume ou étrive,
Ou ait ses esprits fourvoyés.
Gens sans amour, gens dévoyés
Je ne veux ni ne les appelle,
Mais qu'ils soient jetés à la pelle.
Je ne semons en mon convive
Que tous bons rustres avoyés ;
Moi, mes supports, à pleine rive,
Nous buvons, d'une façon vive,
A ceux qui y sont convoyés.
Danseurs, sauteurs, chantres, oyez,
Je vous retiens de ma chapelle
Sans être jetés à la pelle.
Grognards, hongnards, fongnards, je prive,
Les biens leurs sont mal employés ;
Ma volonté n'est point rétive,
Sur toutes est consolative,
Frisque, gaillarde, et le croyez ;
Jureurs, blasphémateurs, noyez ;
S'il vient que quelqu'un en appelle,
Qu'il ne soit jeté à la pelle.
Prince Bacchus, tels sont rayés,
Car d'avec moi je les expelle ;
De mon vin clairet essayez
Qu'on ne doit jeter à la pelle
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
Bon temps
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
Bon temps
Or qui m'aimera, si me suive,
Je suis Bon Temps, vous le voyez ;
En mon banquet nul n'y arrive
Pourvu qu'il se fume ou écrive,
Ou ait ses esprits fourvoyés.
Gens sans amour, gens dévoyés
Je ne veux ni ne les appelle,
Mais qu'ils soient jetés à la pelle.
Je ne semons* en mon convive**
Que tous bons rustres avoyés ;
Moi, mes supports, à pleine rive,
Nous buvons, d'une façon vive,
A ceux qui y sont convoyés.
Danseurs, sauteurs, chantres, oyez,
Je vous retiens de ma chapelle
Sans être jetés à la pelle.
Grognards, hongnards, fongnards, je prive,
Les biens leurs sont mal employés ;
Ma volonté n'est point rétive,
Sur toutes est consolative,
Frisque, gaillarde, et le croyez ;
Jureurs, blasphémateurs, noyez ;
S'il vient que quelqu'un en appelle,
Qu'il ne soit jeté à la pelle.
Prince Bacchus, tels sont rayés,
Car d'avec moi je les expelle*** ;
De mon vin clairet essayez
Qu'on ne doit jeter à la pelle.
(*) invite
(**) repas
(***) chasse
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
cessez, gendarmes et piétons
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
Cessez, cessez, gendarmes et piétons
Rondeau
Cessez, cessez, gendarmes et piétons,
De pilloter* et manger le bon homme
Qui de longtemps Jacqu' Bon-Homme se nomme,
Duquel blés, vins, et vivres achetons.
D'autant que nous et lui vous souhaitons
La corde au col, et que mort vous assomme,
Cessez, cessez, gendarmes et piétons,
De pilloter et manger le bon homme.
Gages en or, en monnaie, et testons
Du Roi avez en assez bonne somme ;
Puisque par vous l'on perd repos et somme,
Et que du rang des méchants vous mettons,
Cessez, cessez, gendarmes et piétons.
(*) piller
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
Complainte de l'infortuné et de regrets importuné
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
Complainte de l'infortuné et de regrets importuné
Considérant le cours de vie humaine,
Mon simple état, train tel que et domaine,
Qu'il n'est besoin le mettre en inventaire,
N'enregistrer, mais trop mieux de le taire,
Certain je suis que des biens terriens
Après la mort n'emporte en terre rien
Le riche et plain, soit-il gras ou mesgret,
Fors un linceul. Posé qu'il soit esgret*
Passer le pas, où le grand, le petit,
Comme je crois, n'y prend nul appétit,
Ce néanmoins, sans avoir ordonné,
Du Créateur a été ordonné
Qu'il nous convient tous mourir sans appel
Et de laisser en la terre la pel**.
Où l'âme va, je n'en saurais juger ;
A Dieu en est, non à autre, adjuger
Si Paradis la dite âme possède,
Car lui tout seul le permet et concède.
Et pour autant que écus, ducats à voir
Sont fort plaisants, il en fait bon avoir,
Pareillement revenus et offices,
Meubles foison, et aussi bénéfices,
Sans les avoir injustement acquis,
Et en user ainsi qu'il est requis,
Car à la fin il n'y a si ni qua,
Rendre il en faut le compte et reliqua.
Trop mieux vaudrait se voir berger ès champs
Que d'être au rang et nombre des méchants,
Et mal mourir. Ô terreur merveilleuse !
Ô pauvre fin ! ô fin très périlleuse,
De ceux qui sont ainsi prédestinés
Vivre en péchés et en mal obstinés.
Hélas ! hélas ! qui bien y penserait
Fier et hautain le pécheur ne serait.
Nul, quel qu'il soit, n'a le ciel hérité,
Si par vertu il ne l'a mérité ;
Car par avant que le ciel on hérite
Faut que premier précède le mérite ;
Ne pensons point l'acquérir autrement :
Sans ce point-là, on perd l'entendement.
Le bien vivant va à salvation,
Le mal vivant va à damnation ;
Rien n'emportons de ce monde terrestre.
Que le bien fait, et le corps en terre être.
Préméditant mes dessus dits propos,
En un matin, tôt après mon repos,
Ma plume pris pour mettre par écrit
Comme et comment Fortune m'a prescrit
Car tant ai eu sur ma personne envie
Que suis privé de tous biens pour ma vie ;
Et m'a contraint de me destituer
Du bien qu'ai eu, pour autre instituer.
Or, pour narrer ma fortune invincible
Est que j'ai mis en moi tout le possible
De fréquenter les gens dignes d'honneur,
Et supplier jésus, le grand donneur,
De me pourvoir ou de près ou de loin
De ce qui m'est nécessaire au besoin
A l'âme et corps, avant finir mes jours,
Et délaisser du monde les séjours,
Le requérant m'être miséricors
A l'âme plus qu'il ne convient au corps.
Nonobstant ce, ma requête signée
Encores n'est, n'aussi entérinée.
Las ! je ne sais si c'est pour mon péché
Que n'ai été ouï et dépesché,
Ou que mon coeur n'a voulu consentir
De ne fleurer ce qu'il devait sentir.
Or pauvreté joyeuse et volontaire,
Sûre vie est, et très fort salutaire,
Mais tant y a, avant que s'y offrir,
Comme l'on dit, elle est grive à souffrir.
Peu de gens a qui aujourd'hui la quièrent,
Ni de l'avoir le bon Dieu ne requièrent ;
Ce néanmoins, pour mon cas avérer
Délibéré je suis persévérer
De le prier de très bon coeur, afin
D'être pourvu de lui avant ma fin.
Plus ne me faut attendre à mes amis,
Décédés sont, et en la terre mis,
Qui m'a été une excessive perte
Que j'ai connu et connais bien aperte,
Car j'ai depuis leur trépas et décès
De pauvreté enduré les excès.
Nécessité tant m'a importuné
Que me voyant ainsi infortuné
Et dénué d'amis de grand'valeur,
Avec lesquels souventes fois va l'heur,
Avis m'est pris de tout point me tirer
Devers quelqu'un (et de moi retirer)
Plein de valeur et de noble vouloir
Qui puissance a de me faire valoir ;
Et lequel m'a doucement accueilli
Et de bon coeur reçu et recueilli
Dont et de quoi en rends grâces à Dieu,
Le suppliant lui donner place et lieu
Lassus ès cieux, au partir de ce monde,
Où tout soulas et toute joie abonde,
Et inspirer le dit seigneur prédit
De me pourvoir, comme autrefois m'a dit,
De quelque bien, sans y contrevenir,
Comme il verra, pour le temps advenir.
Faire le peut, s'il s'y veut employer,
Sans son trésor nullement déployer ;
S'il me fallait, je n'ai aucune attente
De nul qui soit, de quoi ne me contente.
Mais attendant sa grâce expectative
Pleine d'amour et très consolative
Je vacquerai en dévote oraison
Prier jésus de lui toute saison
Si que de coeur et de bonne amitié
L'infortuné y regarde en pitié.
(*) pénible
(**) peau
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
D'ung tel ennuy que je souffre et endure
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
D'ung tel ennuy que je souffre et endure
D'ung tel ennuy que je souffre et endure,
Femme, fleur, fruyt, ne plaisante verdure,
Ne me sçauraient nullement resjouyr ;
Faulte d'Argent me faict esvanouyr ;
Jà long temps a que ce malheur me dure.
Bource sans croix n'est que toute froidure,
Mon corps en est, de dueil, plain de laidure,
Et faict mon cueur et mes yeux esblouyr,
D'ung tel ennuy.
Nul ne m'en croit, supposé que j'en jure ;
Contraint je suis d'endurer s'on me injure ;
Et qui pis est, on ne me veult ouyr.
Voyant cecy, j'ayme mieulx m'enfouyr
Que me monstrer, en povreté, parjure
D'ung tel ennuy.
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
Durant ce temps de moissons et vandanges
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
Durant ce temps de moissons et vandanges
Durant ce temps de moissons et vandanges
Pratique n'est en ma bourse esprouvée ;
Qu'il soit ainsi la raison est prouvée,
Par ce que point ne me vient bon vent d'anges.
Vin en vaisseaulx, en cave, ne vidanges
A vendre n'ay, Povreté m'a couvée
Durant ce temps.
Blé en garnier ne gerbes n'ay en granges,
Richesse en moy ne fut onc approuvée
Necessité, qui tant est reprouvée,
Me suyt de près, ce sont choses estranges
Durant ce temps.
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
Misère du pauvre infortuné
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
Misère du pauvre infortuné
Par ce temps cher mon corps est consumé,
J'ai peu mangé, encore moins humé ;
Et si je suis d'être en ce monde las
La cause y est ; faim me tient en ses lacs ;
Souvent à Dieu l'ai dit et résumé.
Que l'on ait vu mon foyer enfumé
De gros tisons, serait mal présumé,
Je ne fais feu que de vieils échalas
Par ce temps cher.
Quand dîner veux, mon pot n'est écumé,
Mauprest* me sert, qui n'a accoutumé
De souhaiter le relief des prélats.
Faute d'argent me fait crier, : " Hélas ! "
Piteusement d'estomac enrhumé,
Par ce temps cher.
(*) jamais prêt
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
Par accident je suis prins de froidure
- Roger de COLLERYE (1470-1536)
Par accident je suis prins de froidure
Par accident je suis prins de froidure,
Et maulgré moy il convient que j'endure,
Faulte d'Argent me contrainct de ce faire ;
Parquoy je voy que j'auray de l'affaire
Se ce temps cy trop longuement m'y dure.
Necessité, plaine de grand laidure,
Dessus mon corps a gecté son ordure,
Pour me tollir la vie et me deffaire,
Par accident.
Maleureté me maudit et conjure,
Et pouvreté me diffame et injure,
Dueil et ennuy m'achèvent de parfaire ;
De cuyder dont le riche contrefaire
Possible n'est, sans me monstrer parjure,
Par accident.
KAMEL- Nombre de messages : 605
loisirs : lecture-guitare-(mots croisés)
Humeur : d'arc-en-ciel
Date d'inscription : 05/03/2010
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum