poésie:Marc de PAPILLON DE LASPHRISE
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poésie:Marc de PAPILLON DE LASPHRISE
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Afin qu'amour-oiseau ne soit plus si volage
Afin qu'amour-oiseau ne soit plus si volage,
Je veux qu'il ait la forme ores d'un Papillon,
Il en sera plus gai, plus mignard, plus mignon,
Plus céleste, éveillé, plus reluisant, plus sage.
Il ne sera plus triste, étrangement sauvage,
Mais joyeux, mais privé, toujours beau, toujours bon,
Immortel, renaissant en la prime saison,
Bien humble, voletant sans faire aucun outrage.
Le soleil est le père à cet oisillon doux
Qui d'un ver précieux s'engendre idoine à tous,
Filant pour le public, s'emprisonne soi-même,
Pour élargir ses biens à qui le gardera.
En l'honneur de mon nom l'amour doncques sera
Désormais plus aimable, aimant comme on l'aime.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Avant que d'adorer le ciel de vos beautés
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Avant que d'adorer le ciel de vos beautés
Avant que d'adorer le ciel de vos beautés,
D'un clin d'oeil triplement j'aperçus d'aventure
Votre visage, Amour, chef-d'oeuvre de Nature,
Par qui je souffre, hélas, tant d'âpres cruautés !
Vous teniez ce cristal, miroir des déités,
Qui me représenta votre sainte figure,
Et ce riche portrait, riche de la peinture
Des braves traits naïfs de vos divinités.
Si j'ai donc vu d'un coup diverse votre face,
Que peut ore espérer mon coeur qui vous pourchasse ?
Ha ! je crains que ce teint ne soit gorgonien !
Mais s'il faut que ma mort procède de ma vue,
Un nouvel Actéon je me désire bien :
Il n'est rien de si beau comme une beauté nue.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Comme un corps féminin que la mère Nature
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Comme un corps féminin que la mère Nature
Comme un corps féminin que la mère Nature
N'a point favorisé de présent gracieux
S'efforce vainement, d'un art industrieux,
A vouloir déguiser sa première figure,
Ainsi l'illustre honneur par qui ma vie endure,
Sans être atteint du dard du premier né des dieux,
S'ombre inutilement pour complaire à mes yeux,
Car la bonne amitié n'a point de couverture.
Je sais bien davantage, ha ! taisez-vous, mes vers,
Ne découvrez l'ardeur qui vous rend si divers,
Si faites, poursuivez, n'ayez aucune doute,
Il est permis de plaindre aux pauvres affligés,
De même aux amoureux traîtrement licenciés.
Mais non, ne dites rien, ma dame nous écoute.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Cousinons la cousine
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Cousinons la cousine, elle est cointe et jolie
Cousinons la cousine, elle est cointe et jolie,
Elle aime à cousiner, et ne refuse rien
Au cousin cousinant, qui la cousine bien,
Car il a bouche à cour, et la chambre garnie.
En si beau cousinage un cousin ne s'ennuie,
Ce n'est que sucre et miel, ce n'est qu'humble entretien,
Il ne manque d'attraits, de faveurs, de moyen,
Tant qu'il peut cousiner sa cousine s'amie.
Cousinons donc, cousins, un chacun à son tour,
Cousinant à rangette on cousine en amour,
Que chaque cousineux en cousinant s'assemble !
Mais non, nobles cousins, fuyons ce coeur paillard,
Laissons le cousiner au cousin grand pendard,
Car au cheval Séjan la cousine ressemble.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Ha Dieu !
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Ha Dieu ! que j'ai de bien alors que je baisotte
Ha Dieu ! que j'ai de bien alors que je baisotte
Ma jeune folion dedans un riche lit
Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce plaisant conflit,
Perdant mon plus beau sang par une douce flotte.
Ha Dieu ! que j'ai de bien lorsque je la mignotte,
Lorsque je la chatouille, et lorsqu'elle me rit.
Ha Dieu ! que j'ai de bien quand j'entends qu'elle dit
D'une soufflante voix : " Mon mignon, je suis morte ! "
Et quand je n'en puis plus, ha Dieu ! que j'ai de bien
De faire la moquette en m'ébattant pour rien.
Ha Dieu ! que j'ai de bien de pinçotter sa cuisse,
De lécher son beau sein, de mordre son tétault,
Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce doux exercice,
Maniant l'honneur blond de son petit tonneau.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
J'aime bien le savoir
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
J'aime bien le savoir, bien que je n'aime à lire
J'aime bien le savoir, bien que je n'aime à lire,
J'aime beaucoup la guerre et la douce santé,
J'aime les bons chevaux, qui ont de la beauté,
J'aime le doux repos, j'aime à chanter et rire.
J'aime bien à moquer, un petit à médire,
- Ne disant toutefois que toute vérité -
J'aime l'honnête habit, j'aime la propreté,
J'aime bien à voguer dessus un fort Navire.
J'aime les lieux déserts, les habités aussi,
J'aime le jeu, la dance, ennemis du souci,
J'aime l'eau, la salade et la bonne viande.
J'aime bien aux repas le vin délicieux,
J'aime bien tout cela : mais, Saret, j'aime mieux
Jouir de la beauté qui douce me commande.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
J'aime tant ce parler bégayement mignard
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
J'aime tant ce parler bégayement mignard
J'aime tant ce parler bégayement mignard
Qui sent encor le lait d'une voix enfantine,
Toutefois bien souvent il donne du poignard
Qui m'objecte soudain à faire maigre mine.
Mais tout ainsi qu'il faut que le brave soldard
Doute moins l'ennemi que son bon capitaine,
Ainsi, ma chère amour, je crains votre regard,
Plus que de mes haineux la présence inhumaine.
J'ai peur en vous aimant que vous soyez fâchée,
Mais si vous courroucez de vous voir recherchée,
N'ayez plus de rigueur, fuyez l'ombre commun,
Ô sotte invention, ou bien devenez laide.
Alors je ne serai nullement importun :
Qui veut guérir d'Amour, en voilà le remède !
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Je l'oeilladais mi-nue, échevelée
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Je l'oeilladais mi-nue, échevelée
Je l'oeilladais mi-nue, échevelée,
Par un pertuis dérobé finement,
Mon coeur battait d'un tel débattement
Qu'on m'eût jugé comme en peur déréglée.
Or' j'étais plein d'une ardeur enflammée,
Ore de glace en ce frissonnement.
Je fus ravi d'un doux contentement,
Tant que ma vie en fut toute pâmée.
Là follâtrait le beau soleil joyeux,
Avec un vent, zéphyre gracieux,
Parmi l'or blond de sa tresse ondoyante,
Qui haut volante ombrageait ses genoux.
Que de beautés ! mais le destin jaloux
Ne me permit de voir ma chère attente.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Je penserai plutôt la mer non variable
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Je penserai plutôt la mer non variable
Je penserai plutôt la mer non variable,
Le beau printemps sans fleurs, le mois d'août sans moissons,
Le froidureux hiver sans neige, sans glaçons,
Et le pauvre idiot avisément croyable.
Je penserai plutôt le bonheur abhorrable,
L'automne sans fruitage, et sans nulles boissons,
Le monde sans envie, et la mer sans poissons,
Que je pensasse en rien son dire véritable.
Jamais plus faussement nul ne fut accusé,
Ni l'honneur de Suzanne à grand tort méprisé.
Ha ! langue serpentine envers tous venimeuse !
Punis, mon Dieu, punis ce menteur inconstant,
Brise, accable son chef de ton foudre éclatant,
Pour apprendre à blâmer la beauté vertueuse.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Je voudrais bien, pour m'ôter de misère
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Je voudrais bien, pour m'ôter de misère
Je voudrais bien, pour m'ôter de misère,
Baiser ton oeil - bel Astre flamboyant.
Je voudrais bien de ton poil ondoyant
Nouer un noeud qui ne se pût défaire,
Je voudrais bien ta bonne grâce attraire,
Pour me jouer un jour à bon esciant,
Je voudrais bien manier ce friant :
Aux appétits de mon désir contraire.
Je voudrais bien faire encore bien plus,
Défendre nu le beau flux et reflux
De ta mer douce où l'Amour est Pilote.
Je voudrais bien y être bien ancré,
Et puis après ayant le vent à gré,
Je voudrais bien périr en cette flotte.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
La honte à l'oeil baissé
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
La honte à l'oeil baissé ne me fera point taire
La honte à l'oeil baissé ne me fera point taire,
Je ne craindrai l'orgueil du causeur affeté,
Je ne me cacherai pour n'être fréquenté,
Laissant la sainte Amour qui ne me veut complaire.
Je connais maintenant mon humeur téméraire,
C'est trop pour un mortel qu'une Divinité,
J'aimerai - comme humain - la douce humanité,
Dont l'invincible mort ne me saurait distraire.
J'ai adoré longtemps, gonflé de belle ardeur,
Théophile aux beaux yeux, Déesse de l'honneur,
Qui a d'un chaste voeu repu ma triste vie.
Adieu donc feu m'Amour, miracle glorieux,
Je suis trop peu pour vous digne des mêmes Dieux,
Je vais voir les douceurs de l'humble Noémie.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
M'amour, tu as trahi ma jeunesse
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
M'amour, tu as trahi ma jeunesse peu caute
M'amour, tu as trahi ma jeunesse peu caute.
Je brûle t'oeilladant, certes je n'en puis plus !
Vois ma couleur changeante et vois mes sens émus,
Je suis près du péril de l'agréable faute.
Je ne quiers si tu es papiste ou huguenote,
Amour n'a point de loi. Malheureux sont tenus
Ceux qui ne sont sujets de la belle Vénus,
Qui fuit l'ombre d'honneur comme une chose sotte.
Quel bonheur, quelle joie est-ce qu'on en reçoit ?
C'est un abus commun qui les femmes déçoit,
Où l'amour est un bien qui réjouit notre âme.
C'est trop dit, je me perds, ha mon dieu ! je me meurs,
Je sens une liqueur qui doucement me pâme.
Bienheureux qui finit entre tant de faveurs.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Mais quelle aveugle loi tellement te maîtrise
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Mais quelle aveugle loi tellement te maîtrise
Mais quelle aveugle loi tellement te maîtrise
De prendre un voile noir, égarant tes beaux yeux
Des plaisirs, les plaisirs les plus délicieux,
Pères de ta beauté, des beautés plus exquise ?
Quel Christ, quel saint, quel roi, quel ange, quel Moïse,
A fait, dit, commandé, porté, prêché tels voeux ?
Que si c'était un saint, il fut lors oublieux
D'ôter pour prier Dieu la divine franchise.
Tous les biens assemblés sans elle ne sont rien,
Et par elle les maux semblent s'adoucir bien,
La chère liberté a l'honneur de la gloire.
Ne tranche donc le mot de la profession,
Ou tu es en danger, si tu ne me veux croire,
De souffrir sottement double damnation.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
N'oser aimer celui, doué de bonne grâce
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
N'oser aimer celui, doué de bonne grâce
N'oser aimer celui, doué de bonne grâce,
Qui est à ses amis sans artifice aucun,
Ne parler à personne, éloigner un chacun,
Fuir ce que la gloire aimablement pourchasse :
Marcher piteusement avecque triste face
Avoir le chef couvert d'un grand voile importun,
Vivotter mal-en-point - usage trop commun -
Et comme un prisonnier ne bouger d'une place,
Renoncer la Nature, ha ! quelle indignité !
Et embrasser par voeu la laide pauvreté,
Qui est assurément la mère vicieuse,
Chanter en gémissant, rire en Sardonien,
Ne vouloir point d'honneur, ni d'ami, ni de bien,
Appellez-vous cela sainte Religieuse ?
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi
Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi,
Et ne m'allègue plus ma sainte ardeur éprise,
Disant que je m'en aille à Théophile exquise
A qui j'offris mes voeux premièrement qu'à toi.
Je me fâche vraiment de ce double renvoi
Qui fraude les loyers de ma brave entreprise :
Le grand Prince use ainsi d'une feinte remise
Pour égarer l'effet de sa douteuse foi.
Je crains que tu ne sois en cette humeur encline :
Sans cesse l'on retient de sa prime origine,
On a beau transplanter le rosier odorant,
Le tailler, le lier pour adoucir ses roses,
Toujours il pique un peu ; aussi fait ton coeur grand,
Bien que ton sang illustre ait des métamorphoses.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Pourquoi négliges-tu l'extrême affection
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Pourquoi négliges-tu l'extrême affection
Pourquoi négliges-tu l'extrême affection
Dont je te veux servir, ma gente Théophile ?
Tu m'amènes la loi, qui est toute mobile,
Étant sujette aux rois, divers d'opinion.
Je ne trouve au couvent nulle religion :
Sans l'effet apparent la voix est inutile.
La royale Amilly si belle, si subtile,
S'abuse comme toi en la dévotion.
La vie sans plaisir est une mort hideuse,
L'aise que tu reçois d'être religieuse,
C'est chanter - quel soulas ! - jour et nuit en latin,
Bien qu'en psalmodiant ton âme s'éjouisse.
Mais ton honneur mignon, ta bouche, et ton tétin
Ont malgré les saints voeux besoin d'autre délice !
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Qu'en dites-vous, mon Coeur ?
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Qu'en dites-vous, mon Coeur ? Je vous prie de le dire
Qu'en dites-vous, mon Coeur ? Je vous prie de le dire.
Quoi ? vous rêvez, ce semble, ô quelle étrange humeur !
Mais ce beau teint changeant m'avant-court un bonheur,
Et ce vent tremblotant qui doucement soupire.
Las ! ce bel oeil baissé, dont le jour se retire,
Pourrait bien messager quelque étrange douceur :
Non, ce souris bénin présage une douleur,
Pour donner à ce coup trêve entre mon martyre.
Parlez donc, mon souci, quoi ? vous ne dites rien.
Qui se tait il consent, vous le voulez donc bien.
Approche-toi m'Amour, baise-moi ma chère âme,
Je me veux enivrer de la douce poison,
Qui tant et tant de fois suborna ma raison :
Seigneur Dieu je me meurs, je me perds, je me pâme.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Quand viendra l'heureux temps que je sacrifiré
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Quand viendra l'heureux temps que je sacrifiré
Quand viendra l'heureux temps que je sacrifiré
Mon corps sur votre autel que saint Désir dédie,
Que j'épandrai mon sang en mémoire infinie
D'avoir par une erreur si longtemps soupiré ?
Quand viendra l'heureux jour que je vous offriré
Un bénit cierge ardent avec cérémonie,
Étant à deux genoux près de vous accomplie,
Afin d'avoir pitié de mon coeur martyré ?
Hé ! quand serai-je orné dans votre sacré temple,
Servant vos déités que dévot je contemple ?
Quand accepterez-vous ma chère oblation,
Pour fidèle témoin de mes peines souffertes ?
Mais quand en recevant mes divines offertes
Aurai-je de vos mains la bénédiction ?
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Que ne suis-je échangé en précieuse pluie
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Que ne suis-je échangé en précieuse pluie
Que ne suis-je échangé en précieuse pluie,
J'assoupirai Éole en sa prison soufflant !
Que ne suis-je changé en aigle haut volant
Pour te faire compagne à la grande Asterie !
Que ne suis-je échangé en babillarde pie
Pour t'aller saluer ores en gaudissant !
Que ne suis-je échangé en taureau blanchissant
Pour paître bienheureux en ta belle prairie !
Mais que n'ai-je le charme au valeureux Jason
Pour gagner glorieux ta plus riche toison,
Car tu es l'ornement du troupeau mieux voulu,
J'en crois les saints bergers, le prophète Anagramme
Dit encor que toi seule ORNE CE PRÉ ELLEU
Que L'OR LÈVE EN CE PRÉ pour l'amour de ma dame.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Quoi ! qu'est-ce que ceci ?
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Quoi ! qu'est-ce que ceci ? ma mignonne, es-tu folle ?
Quoi ! qu'est-ce que ceci ? ma mignonne, es-tu folle ?
Ne te moques-tu point ? penses-tu apaiser
L'audace de mon feu par un simple baiser,
D'un gracieux regard, d'une douce parole ?
Ni pour la compagnie, il faut que je t'accole.
Ne crains qu'on le découvre, on ne peut l'aviser,
Selon qu'il me plaît ore avec toi deviser,
Assis sur cette chaire agréablement molle.
Puis chacun parle à part, s'entretenant tout bas.
Faisons ainsi afin qu'on ne s'en doute pas,
Prenons l'occasion qui douce nous salue.
Là feignant d'admirer ton bel entendement,
Te serrant près de moi, j'hausserai vitement
Ton linge délié par ta jupe fendue.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Si l'amour ne paraît à mes désirs constant
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Si l'amour ne paraît à mes désirs constant
Si l'amour ne paraît à mes désirs constant,
Il n'en faut s'étonner. Le monde est variable,
Toute chose ici-bas est mouvante et muable,
Tout se change et rechange en un même instant.
Il n'est rien qui ne soit gouverné par le vent.
Le seul vent nous dispose, et au lit nous accable ;
Du vent nous recevons le beau temps désirable,
Et la fâcheuse pluie encores plus souvent.
Si doncques le vent prompt nous régit à toute heure,
Si l'on a toujours l'oeil sur sa frêle demeure,
Comme ayant biens et maux par sa légèreté
(Qui ne vient aux humains comme elle est demandée),
C'est donc folie, amis, d'espérer fermeté,
Puisque notre espérance est sur un vent fondée.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Sonnet des gestes des Dames
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Sonnet des gestes des Dames
S'habiller bravement, s'ombrer de fards menteurs,
D'un mauvais mot nous feindre une éloquence,
Apprendre à bégayer, n'aller qu'à révérence,
Et n'être aucunement sans servants serviteurs,
Recevoir le poulet, le plumer par humeurs,
Porter un éventail qui sert de contenance,
Avoir plus d'appareil que de vraie contenance,
Et hiéroglyphiquer en bizarres couleurs,
Naviguer à tous vents, adorer la fortune,
Faire bien les yeux doux, faire toujours la jeune,
Babiller, brocarder, médire nuit et jour,
Se mirer à toute heure haussant la chevelure,
Mettre en parlant d'amour des pièces sans couture,
Ce sont les actions des Dames de la Cour.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Sur ses ailes, Amour
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Sur ses ailes, Amour, d'un vol plein de vitesse
Sur ses ailes, Amour, d'un vol plein de vitesse,
Sans donner à mon âme un moment de repos,
Plus vite qu'un dauphin qui traverse les flots,
Me transporte haut-volant vers ma chaste déesse.
Jamais de tel randon* des aquilons la presse,
Franchissant à l'envi d'Amphitrite les sauts,
Si raide n'élança par le glacis des eaux
Le vaisseau désarmé vide de toute adresse.
Comme sur les cerceaux de cent mille désirs
Le vent impétueux de mes ailés soupirs
Me trajette à grands bonds au phare de sa vue :
Flambes d'amour et vous, soupirs, enfants de l'air,
Passez-moi sans danger cette amoureuse mer,
Et puis à mon retour que votre feu me tue.
(*) mouvement impétueux
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Ton poil, ton oeil, ta main
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Ton poil, ton oeil, ta main, crêpé, astré, polie
Ton poil, ton oeil, ta main, crêpé, astré, polie,
Si blond, si bluettant, si blanche, alme beauté,
Noue, ard, touche mes ans, mes sens, ma liberté,
Les plus chers, les plus prompts, la plus parfaite amie.
Mais ce noeud, mais ce feu, mais ce trait gâte-vie,
Qui m'enlace, m'enflamme, et me navre arrêté,
Étreint, encendre, occis, avecque cruauté,
Quel cheveu, quel flambeau, quelle dextre ennemie ?
Phébus, Cypris, l'Aurore, ange du plaisant jour,
Ton poète, ta mère, et ta cousine amour,
Porte-crins, porte-rais, porte-doigts agréables,
Puisses-tu donc, beau poil, bel oeil, et belle main,
Lier, brûler, blesser, mon coeur, mon corps, mon sein,
De cordelles, d'ardeurs, de plaies amiables.
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
Ton voile noir
- Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599)
Ton voile noir te fait approuver feinte
Ton voile noir te fait approuver feinte,
Il te déguise en cachant tes beaux yeux,
Et si convient à ton voeu soucieux,
Qui est couvert de religion sainte.
Certainement toute chose contrainte
Est haïssable aux hommes et aux dieux ;
Par force on entre au couvent odieux
Qui rend la vie étroitement étreinte.
Tu me diras : " J'y ai dévotion ",
Quelle folie aimer l'affliction,
Vu que bonté est souvent dangereuse !
Ainsi plusieurs se gâtent du bon vin,
En bonne terre est le mauvais chemin,
Et ta vertu est ainsi vicieuse...
yassine- Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010
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