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La femme nue des Pyrénées

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La femme nue des Pyrénées Empty La femme nue des Pyrénées

Message par Nadej-isis Sam 17 Avr - 15:48

La femme nue des Pyrénées 117mezzr

Voici une histoire maintenant quasiment oubliée. Mais à son époque, elle a tellement frappé les esprits qu’elle a donné naissance à une multitude de rapports administratifs, d’études scientifiques et d’ouvrages tentant d’en expliquer les mystères. Ce récit a aussi engendré une pléthore de romans, de poèmes et de pièces de théâtre, ainsi que quelques opéras. Et c’est encore sans compter la mythologie persistante, presque la mystique, qui règne autour de cet épisode historique dans la région qui en fut le cadre. Quelle histoire a donc pu être à l’origine de tout ceci ? Pour lui donner un titre, je reprendrai juste celui de l’étude que lui a consacré Christian Bernadac : « La femme nue des Pyrénées ».


Nous sommes au printemps 1807. Napoléon vient d’écraser les armées russes à Eylau lors d’une bataille aussi sanglante qu’inutile. Mais nous ne sommes pas au milieu d’un champ de bataille, nous sommes loin de tout, dans une région reculée de l’Ariège, au fond d’une vallée encaissée entourée de montagnes. Ici, la vie est rude et quand on a un peu d’argent, on s’achète un fusil et on va le dimanche chasser l’isard ou, à défaut, l’ours, ce qui est nettement plus dangereux, surtout s’il s’agit d’une femelle et de ses oursons.


Nous voici donc avec deux chasseurs originaires de Suc, parmi les rochers et les à-pics. Ils sont sur la piste d’un isard qu’ils poursuivent depuis tôt dans la matinée. Tout à coup, l’un des deux épaule son fusil, croyant apercevoir l’animal, et s’apprête à tirer. L’autre lui crie : « Ne tire pas ! C’est une femme ! ». Après quelques instants, la réponse vient, pleine de stupéfaction : « Oui, c’est une femme… »


Une femme, là, au milieu des rochers. Mais dire cela n’est encore rien dire. Elle ne doit pas avoir quarante ans, elle est plutôt bien faite, assez grande, et son visage est avenant. Mais surtout elle est complètement nue, relativement sale et la peau hâlée par le soleil, un soleil qui a dû la brunir depuis longtemps déjà. Seule une très longue et abondante chevelure blonde, détail très inhabituel dans la région, apporte un semblant de décence à la scène, mais si peu. Les deux chasseurs sont abasourdis. On le serait à moins.


Que doivent faire nos deux gaillards ? Ils s’interrogent et hésitent. Ils décident finalement qu’ils pourront être les héros du jour s’ils ramènent cette femme à la civilisation. Pas si facile pourtant. Car à peine la femme a-t-elle repéré les chasseurs qu’elle prend les jambes à son cou et détale aussi vite et aussi agilement que si elle avait été un véritable isard.


Nos chasseurs, qui pensent en avoir vu d’autres, se lancent dans une longue traque. Si longue en fait qu’ils reviendront sans la femme dans la soirée à Suc. Naturellement, l’histoire fait vite le tour du village. Comme il faut bien travailler pour gagner sa vie, on laisse passer la semaine. Cependant, dès le dimanche suivant, une forte troupe de chasseurs part à la recherche de la femme nue.


Les chasseurs sont divisés sur la stratégie à adopter pour parvenir à leurs fins. Doivent-ils ratisser large ou sélectionner des endroits précis de la montagne ? On opte après discussion à un retour vers le lieu où les deux premiers chasseurs avaient vu la femme. Option gagnante, car la beauté nue s’y trouve effectivement. Néanmoins, la scène n’est plus la même qu’une semaine auparavant. Car la femme est au milieu de plusieurs ours, et pas plus mal que si elle était elle-même une ourse.


De nouveau, dès qu’elle voit les chasseurs, la beauté nue détale, tout comme les ours d’ailleurs. La traque recommence. Elle sera difficile, mouvementée et désespérante. Mais les chasseurs ont un atout-maître, des guides de montagne très aguerris. Ils placent des groupes de chasseurs à des points-clés très élevés. Si la femme passe en contrebas, ils la verront à coup sûr. Après une attente usante, la tactique finit par payer. La beauté nue est localisée et une battue est rapidement organisée. Néanmoins, la femme ne se laisse pas rattraper aussi aisément. Elle coure, saute de rocher en rocher, franchit des crevasses. Jusqu’à ce qu’elle se foule légèrement une cheville.


Désormais, les chasseurs se rapprochent d’elle inexorablement et finissent par l’entourer. Mais la femme est une sauvageonne indomptable. On lui tend un manteau, pour qu’elle ne reste pas nue. Elle s’en moque. On essaie de l’attraper. Elle se débat des poings, des ongles et des pieds. Et elle hurle aussi : « Cochons ! Gros porcs ! ». Mais ce n’est pas ces insultes qui étonnent les chasseurs, c’est la langue dans laquelle elles sont prononcées. C’est du français de Paris, pas du tout le langage usité dans la région. C’est la stupeur. Et l’interrogation. Que fait donc une femme nue, blonde, fréquentant les ours comme des frères, bondissant comme un isard, se battant comme une lionne, et parlant le français de Paris en haut des monts dominant les vallées reculées de l’Ariège ? C’est un mystère total.


Après avoir, non sans mal, ligoté la femme, on l’enrobe de vêtements divers et on la porte jusqu’à Suc. Mais là un problème se pose. Que doit-on en faire ? On décide que c’est au maire du village de résoudre la question. Une solution est trouvée. On va la mettre pour la nuit dans la plus haute chambre d’une maison, on va l’y enfermer et on va faire venir les gendarmes, qu’ils se débrouillent ensuite avec elle.


La nuit se passe, les gendarmes arrivent, montent dans la chambre, et là… ne trouvent pas la femme. Où est-elle donc ? La réponse en fait frémir plus d’un. La femme s’est tout simplement, de son point de vue en tout cas, échappée par la fenêtre, surplombant pourtant une falaise impressionnante. Et en prime, elle a abandonné ses vêtements près de la maison avant de s’enfuir. Tout est à recommencer. La femme est à nouveau nue dans ses montagnes en compagnie des ours, les chasseurs effondrés, le maire ridiculisé et les gendarmes se demandant si c’est du lard ou du cochon.


Consciencieux, et puisqu’ils sont maintenant sur place, ils mènent à tout hasard leur petite enquête. Ils vont de petit village en petit hameau et vont même frapper à la porte des maisons les plus isolées afin d’en savoir plus. Et ils découvrent alors que cette femme nue n’est en réalité pas franchement une inconnue. Beaucoup de gens lui ont donné à manger lors de ses mauvais jours. Quand on la voit, on laisse bien en vue du lait, du fromage et du pain et on s’éloigne. Sinon la femme ne vient pas pour s’en nourrir. On lui a même donné plein de noms. Certains l’appellent « La folle de Vicdessos », Vicdessos étant un village proche de celui de Suc. D’autres l’ont baptisé « La biondina », la (femme) blonde. D’autres encore la nomment « La nuda », c'est-à-dire la (femme) nue. Bref, c’est presque une célébrité dans certains coins reculés de l’Ariège !


Mais que peuvent faire quelques gendarmes alors qu’il s’agit de rattraper encore une fois au milieu des montagnes une femme experte à jouer la fille de l’air ? Ils décident d’en référer à leur supérieur, qui affolé, s’adresse encore plus haut. C’est donc à Foix, en haut-lieu, qu’on choisira la suite à donner à cette mystérieuse affaire. Qui devient aussi assez irritante pour beaucoup. Il faut refermer le dossier coûte que coûte et on va y mettre les moyens.


Une véritable expédition de chasse à la femme nue est organisée. Les résultats s’en feront longtemps attendre mais ils viendront. Et on envoie manu militari la femme, dûment rhabillée, à Foix. Victoire ? Pas tant que ça. Cette montagnarde sans pudeur copine des ours a droit à des égards maintenant. Pas question de la loger n’importe où et n’importe comment. D’autant qu’on se doute qu’elle doit avoir de la famille très bourgeoise ou très noble, donc très puissante, quelque part en France. Et la moindre erreur pourrait coûter cher si on n’y prenait pas garde.


On trouve en conséquence un hospice très correct pour prendre soin de la femme. Et on l’interroge aussi. Quel est son nom ? D’où vient-elle ? Comment s’est-elle retrouvée nue en haut des montagnes de l’Ariège ? Son nom, elle ne le dira qu’une seule et unique fois. Mais personne ne le comprendra. Mais c’est une noble, c’est un point largement établi. Quant à son histoire, elle ne veut pas trop s’étaler dessus. Elle donne juste assez de détails pour que, après une longue enquête semée d’embûches, on puisse enfin la reconstituer. Et la voici.


A la révolution, son mari, craignant, sûrement à juste titre pour sa tête et celles des membres de sa famille, a décidé de fuir en Espagne, où il y avait des attaches anciennes. Après une dizaine d’années, estimant que la situation a évolué et qu’il n’y a désormais plus rien de mortel à craindre en France, il choisit de rentrer. Mais lui et sa famille n’ont plus aucun passeport valable à faire valoir pour repasser la frontière. Et même s’il en avait, qui lui dit qu’il ne se fera pas arrêter en tant que noble ? Méfiant, il opte pour un retour discret, lui et sa femme, par les montagnes de l’Ariège. Si tout se passe bien, il sera toujours temps de voir concernant les enfants, pense-t-il.


Hélas, ce retour ne se passe pas du tout comme prévu. A peine sa femme et lui ont-ils franchi la frontière que la charrette qui les transporte est assaillie par des brigands. Ceux-ci tuent le mari, qui a tenté de résister, volent argent, bijoux et tout ce qui a encore de la valeur à leurs yeux, et s’en prennent à la femme, qu’ils jugent très leur goût. Et c’est veuve, violée, mais encore vivante, que cette femme va se retrouver nue, seule et abandonnée au milieu des montagnes d’une région qu’elle ne connaît pas et dont elle ne parle pas la langue.


Cette agression l’a-t-elle rendue folle ? Ou après quelques années, toujours toute nue par tous les temps, compagne des ours, ennemie jurée des hommes désormais, a-t-elle peu à peu sombré dans la folie ? Peut-être les deux ? Oui, peut-être… Mais est-elle seulement folle, cette femme ? Ou peut-on la faire passer pour folle ? C’est la question très intéressée que se posent les autorités à Foix.


Car « La folle du Montcalm » (le Montcalm est l’une des montagnes dominant la région) commence à devenir carrément gênante. Les autorités craignent d’abord une mauvaise publicité. Leur région est-elle celle des folles nues parcourant les montagnes en compagnie des ours ? Un peu de sérieux, quoi. Et puis il y a la menace latente, mais pesante, de la famille, encore inconnue, mais sûrement puissante, on en est convaincu. Il faut absolument se débarrasser de cette femme, qu’elle soit folle ou pas, peu importe. Mais la tenir pour folle a un gros avantage...


En effet, si la folie est avérée – et les autorités de Foix feront tout pour qu’elle soit avérée ! – la loi stipule que cette femme doit être prise en charge par l’Etat – plus rien à payer pour la ville de Foix ! De plus, et c’est ce qui motive le plus les autorités de Foix, la loi précise que c’est à l’Etat de rechercher et de trouver un établissement convenable pour prendre soin de ce femme. Or, les autorités de Foix le savent bien, il n’existe aucun établissement de ce type dans la région. Il faudra donc envoyer cette femme, loin, très loin, dans un établissement spécialisé.


Un rapport très documenté sur la démence reconnue de cette pauvre femme accablée par la vie est acheminé illico vers Paris. On ne doute pas de l’issue positive de ce dossier. Mais il faut attendre la réponse. Et la réponse se fait vraiment attendre. Pendant ce temps-là, notre folle par intérêt des autorités montre qu’elle encore de la vivacité d’esprit à revendre. Car elle parvient à s’échapper de l’hospice dans laquelle elle était enfermée. Cependant, on remet vite la main dessus. Loin de s’être enfuie à toutes jambes vers les montagnes, elle errait tranquillement tout à fait nue dans les rues de Foix. Certes, c’est un camouflet pour les autorités de Foix, incapables aux yeux de tous de garder enfermée une « folle » dans un hospice. Mais c’est aussi, pense-t-on, une nouvelle preuve de la démence lamentable de cette pitoyable femme. Bref, ça va faire avancer le dossier et on n’entendra plus parler d’elle.


En attendant, il faut bien encore la garder quelque part. Plus dans un hospice, c’est clair. Mais où ? Il y a une prison à Foix, dans un ancien château-fort. C’est un peu sordide, d’accord, mais c’est sûr. Et on l’enferme donc dans une cellule. Les autorités sont rassurées. Les gardiens, beaucoup moins. Car il faut bien s’en occuper de cette femme avant qu’on l’expédie on ne sait où. Et là, ça se passe toujours mal. Elle se débat, elle griffe, elle envoie tout valser dans tous les coins. Et si ce n’était que ça. Mais en plus elle n’arrête pas de hurler, de hurler et de hurler encore. Insupportable. Même pour des gardiens très entraînés. Ils la placent donc dans un cachot, dans les sous-sols du château. Là, elle pourra hurler tant qu’elle voudra, personne ne l’entendra.


La réponse arrive enfin, positive. On va enfin pouvoir se débarrasser de cette femme. Mais après qu’on l’ait fait envoyer chercher dans sa prison, ses gardiens n’ont plus personne à aller libérer dans sa cellule. Car la femme est morte. Ils disent qu’elle s’est laissée mourir. Dans son cachot. En bas. Loin de leurs oreilles. La mort de cette femme sans nom et sans famille est attestée par un permis d’inhumer datant du 29 octobre 1808. C’est un document parfaitement officiel. Inattaquable. Fin de l’histoire ? Oui, mais pas des nombreux mystères entourant celle-ci.


Car certains trouvent un peu légère la cause du décès de cette femme. Elle se serait laisser mourir. Voire. Qu’on se souvienne de son passé. Elle a vu son mari être assassiné, on lui a tout pris, on l’a violée, elle a vécu nue dans les montagnes durant des années, elle a déjà été enfermée pendant de nombreux mois et elle a survécu à tout ça, réussissant même à s’évader deux fois. Et là, en attente de son transfert dans un établissement bien plus confortable qu’une prison, elle serait morte de désespoir ? Pour beaucoup c’est tout simplement inconcevable. Qu’on leur dise plutôt que les gardiens on voulu abuser de cette femme toujours toute nue, qu’elle s’est débattue, et qu’ils l’ont tuée par accident…


Mais un fait tout à fait certain dérange aussi beaucoup. On sait que l’ordre de transfert de cette femme est arrivé bien avant, au moins une semaine avant, qu’on ait été la chercher dans sa prison. Pourquoi donc a-t-on attendu toute une semaine alors qu’on s’était montré avant si pressé ? Avait-on décidé d’en finir une fois pour toutes avec elle afin, entre autres griefs, de laver l’affront de son évasion ? Sa mort a-t-elle été une exécution désirée et planifiée ?


Pourtant, malgré un permis d’inhumer parfait dans sa forme, il y manque le fond. Car de tombe, il n’y a point. Ni secrète, ni anonyme, rien. Beaucoup sont partis à sa recherche, toujours en vain. Existe-t-elle seulement, cette tombe ? Ou cette femme n’a-t-elle jamais été enterrée à Foix ou dans sa région ? Beaucoup le pensent. L’hypothèse serait qu’un marché ultra-confidentiel aurait été conclu avec la famille de cette femme. On vous donne tant d’argent, vous la libérez et surtout vous gardez le secret à tout jamais. Nul ne devra jamais savoir, au grand jamais, qu’un membre d’une famille très en vue à Paris se promenait nue dans les montagnes de l’Ariège en compagnie des ours. On a une réputation et un rang à tenir, quoi.


Quelle est finalement la vérité de toute cette histoire et de sa fin tragique ? A vous de vous la forger. Ou alors laissez votre imagination faire. A l’instar de François Salvaing qui s’en est inspiré récemment pour écrire « La Nuda », un roman paru en 1994.


Frédéric Gerchambeau, pour la réunion du 22/02/09.
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La femme nue des Pyrénées Empty LONGUE MARCHE DE L'HOMME

Message par Nadej-isis Sam 17 Avr - 15:51



La femme nue des Pyrénées Rw8wjo9q
La si longue marche de l'homme :



Depuis quelques mois une révolution s’opère, un vrai renversement des valeurs et des connaissances. Mais cela se fait d’une manière si silencieuse que cela ne provoque aucun remou. Pourtant, c’est un choc immense pour la communauté scientifique. Imaginez donc : la revue Science, la bible absolue en la matière, a annoncé en été 2009 que l’homme ne descend pas du singe mais que c’est plutôt le singe qui descend de l’homme. Exactement l’inverse de ce qui se clamait depuis l’avènement de la théorie de l’évolution !


Cela s’est-il fait subitement ? Certes, non. Cela faisait des années que des voix professaient ceci dans le mépris, ou au mieux dans l’indifférence. Mais comment ces voix avaient-elles su avant les autres la vérité actuelle, celle-là même qui était encore une ineptie hier ? A cause de nos pieds et de nos mains. Je vais vous expliquer.


En fait, c’est très simple. Au cours des années 1890, un paléontologiste belge, Louis Dollo, a établi un principe qui n’a jamais été depuis remis en question, celui de l’irréversibilité de l’évolution. En clair, un membre ou un organe qui évolue ne reviendra jamais à son état d’origine. Quelle conséquence a cette Loi de Dollo ? Prenons un exemple : si un membre se spécialise dans la vie parmi les montagnes, il ne pourra pas revenir à son état d’origine non-spécialisé qui lui permettait d’évoluer aisément en plaine. Il permettra toujours l’évolution en plaine, mais d’une manière plus difficile qu’avant car il restera spécialisé pour la montagne. Soyons encore plus concret : le cheval, qui ne possède plus qu’un seul doigt à chaque patte muni d’un gros ongle, le sabot, ne retrouvera plus jamais les doigts qu’il a perdu au cours de l’évolution.


Quel rapport avec l’homme, et notamment avec ses mains et ses pieds ? Le voici : la main de l’homme est totalement non-spécialisée alors que ses pieds sont au contraire extrêmement spécialisés dans la marche bipède. Soyons encore plus précis. La main de l’homme, ses os, ses tendons et ses muscles en témoignent, n’a pratiquement pas évoluée depuis 500 millions d’années, c'est-à-dire depuis l’ère primaire. Ce que traduit Yvette Deloison, chargée de recherche au CNRS, d’une formule lapidaire : « La main de l’homme n’a jamais été une patte ! ». Cette phrase est on ne peut plus signifiante : jamais la main de l’homme, si on remonte dans le cours du temps, n’a servi à autre chose qu’a être une main. Et ceci depuis 500 millions d’années. Et a fortiori, elle n’a jamais servi de patte à un animal quadrupède. C’est un point fondamental. Il faut bien le peser. Il signifie tout simplement que l’homme dérive d’une lignée d’animaux qui ont tous en commun une caratéristique bien cernée : la bipédie. Autrement dit, l’homme et ses ancêtres ont toujours marché sans discontinuité depuis 500 millions d’années.


Mais, hé ! Attendez ! Et la théorie qui dit que l’homme s’est redressé pour n’acquérir qu’assez récemment l’usage de ses deux mains, qu’en fait-on ? Elle a été démentie par son propre inventeur, Yves Coppens, et depuis un bon bout de temps déjà. Mais sa théorie était restée gravée dans nos têtes comme une loi d’airain alors même que son rejet est effectif depuis près de 10 ans déjà. Il faut dire qu’on ne savait pas trop par quoi la remplacer. En fait, si. Par la vérité qu’on clame maintenant. Mais il était si difficile d’admettre qu’on s’était trompé depuis des décennies, que l’homme ne dérive pas du singe, que c’est le contraire, et surtout que l’homme descend d’une lignée bipède depuis l’ère primaire. Car c’est bien cela la vraie révolution de l’article paru dans Science : la bipédie humaine a précédé l’homme lui-même. C’est inscrit dans ses pieds. Et dans ses muscles fessiers. Car une différence assez ignorée entre l’homme et le singe est l’homme a des fesses alors que le singe n’en a pas ou pratiquement pas. Bon, il a bien un fondement, un postérieur, mais rien qui ressemble à des fesses. Mais en quoi cette histoire de fesses importe-t-elle tant ? C’est qu’en fait les fesses, ou plutôt les muscles fessiers, sont les muscles les plus puissants chez l’homme. Ce sont ces muscles-là qui le maintiennent debout et qui lui servent à marcher et à courir. Or pour lier ces muscles au squelette, il faut des points d’attache, beaucoup de points d’attache, très étudiés, et très solides aussi. De fait, l’observation attentive de ces points d’attache prouve par a plus b qu’ils datent anatomiquement d’une époque si reculée qu’on ne l’estime même pas. L’homme est d’abord un bipède. Et il est fait pour la marche au sol. C’est l’autre grande différence entre l’homme et le singe : l’homme possède des coussinets graisseux, spécialisés pour la marche au sol, sous ses pieds alors que le singe n’en a pas. Ce dernier possède par contre des pieds préhensiles adaptés à la vie arboricole.


Mais, hé ! Attendez encore ! On sait que l’homme et le singe (et plus exactement le chimpanzé) n’ont que 1% de différence entre leurs gènes. Alors n’est-ce pas la preuve que l’homme et le singe, c’est quasiment la même chose ?


Non. Et les différences sont même nombreuses et frappantes. Un singe n’est pas un homme et inversement, c’est l’évidence même. Mais comment est-ce possible ? C’est que cette différence de 1% dans leurs gènes n’est qu’un leurre, l’arbre qui cache la forêt. En réalité, la seule chose qui compte est l’expression des gènes que chacun possède. C’est là que s’écartent irrémédiablement l’homme et le singe. Pourtant, oui, ils ont bien une chose en commun, un rapprochement indéniable : l’homme et le singe dérivent de la même lignée animale. Mais l’homme en a gardé la caractéristique principale, la bipédie, tandis que le singe s’est spécialisé dans la vie arboricole. On estime assez bien la date de la séparation de l’homme et du singe : entre 15 et 18 millions d’années. Autrement dit, et c’est encore un point important, le singe en tant que tel date de 15 à 18 millions d’années, et il en est donc de même pour l’homme, ce qui est bien plus que ce qu’on croit habituellement. Et avant ? Avant, il n’y avait qu’une seule lignée commune, celle qui remonte comme je l’ai dit plus haut à 500 milllions d’années.


Voici donc l’héritage le plus précieux et le plus visible de l’homme, sa base, son essentiel : cinq millions de siècles de bipédie. Et ce n’est pas fini. L’homme a déjà marché sur la Lune. Un jour il exportera sa bipédie sur Mars. Ce sera le véritable début de sa marche à travers l’univers.


Frédéric Gerchambeau, pour la réunion du 13/12/09.
Sculpture : Alberto Giacometti (1901-1966)
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La femme nue des Pyrénées Empty LES MYTHES ET LES CONTES SELON PIERRE GORDON

Message par Nadej-isis Sam 17 Avr - 15:52



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Les Mythes et les Contes selon Pierre Gordon


Nous allons ici parler d’ethnologie et de Pierre Gordon, encore qu’il soit impossible de trouver les ouvrages de Pierre Gordon dans les librairies traitant d’ethnologie. Ils dépassent ce domaine même si, à la lecture, on est bien en plein dans le sujet. Mais il en va comme de tous les sujets, si on les traite autrement que comme il est « convenu » de les traiter, on se voit très vite écarté. C’est ce qui est arrivé à Pierre Gordon et cela explique que ses livres soient difficiles à trouver. Seuls quelques librairies oeuvrant dans le domaine des religions ou de l’ésotérisme les proposent, et encore souvent faut-il faire la démarche de les commander.


Qui fut Pierre Gordon ? On sait très peu de choses de lui à part qu’il fut agrégé de philosophie, Master of Arts de l'Université de Cambridge et multi-diplômé en langues étrangères. Et pour épaissir encore le mystère, on sait aussi que Pierre Gordon ne fut que le nom de plume d’un inconnu dont on ne connaît pas non plus le visage. Pourquoi cet inconnu a-t-il autant brouillé les pistes ? Une première raison probable est que ce personnage occupait sûrement un poste d’importance dans l’administration française et que ses idées concernant l’homme, sa nature et son passé auraient passablement étonné concernant un homme de son rang. La deuxième raison, certainement plus essentielle pour cet auteur, est qu’il estimait que le contenu de ses écrits primait, et de loin, sur son nom et sa personnalité, deux choses dès lors vouées à rester dans l’ombre.


Qu’est-ce que l’ethnologie ? L'ethnologie est une science humaine qui relève de l'anthropologie, et dont l'objet est l'étude explicative et comparative de l'ensemble des caractères sociaux et culturels des groupes humains. À l'aide de théories et de concepts qui lui sont propres, elle tente de parvenir à la formulation de la structure, du fonctionnement et de l'évolution des sociétés. Un exemple : Marcel Griaule qui pendant 30 ans a étudié les dogons en Afrique.


Pour comprendre la pensée de Pierre Gordon, il faut revenir sur les travaux de sir James George Frazer, dont Pierre Gordon fut sans doute un des élèves parmi les plus attentifs. L’œuvre principale de cet auteur fut « Le Rameau d’Or », un ensemble de 12 livres qui révolutionnèrent la sociologie, l’ethnologie et l’anthropologie. James Frazer évoque au début de son ouvrage le Roi des Bois de Nemi : dans l'enceinte du sanctuaire de Diane de Némi, dans la campagne romaine, se dressait un arbre sacré. Seul un esclave fugitif avait le droit de briser un de ses rameaux. La possession de ce trophée lui permettait de provoquer le prêtre de Diane en combat singulier et s'il le tuait, de prendre à sa place le titre de Rex Nemorensis, Roi du Bois de Némi, roi destiné à périr des mains de son successeur, qui sera un esclave fugitif comme il le fut lui-même. Il y avait là une double énigme : pourquoi le roi devait-il être forcément un esclave en fuite ? Et pourquoi devait-il d’abord s’emparer d’un rameau d’un arbre sacré avant d’affronter le prêtre en place ? Pour répondre à cette double interrogation, James Frazer ne va pas hésiter à explorer tous les mythes, tous les rites et toutes les légendes de tous les continents en rapport avec les deux sujets et ce n’est qu’au bout de 2500 pages imprimées en petits caractères qu’il estimera avoir assez d’éléments pour tenter d’éclaircir le double-mystère. « Le Rameau d’Or » ne constitua pas seulement une œuvre imposante, foisonnante et fondatrice. Elle brisa aussi de nombreux tabous en matière d’étude des religions à une époque où simplement vouloir étudier une religion, et notamment la religion chrétienne, comme n’importe quel autre sujet d’étude était considéré comme une offense voire un insulte grave à cette religion.


Frazer fut donc un auteur aussi passionné que courageux. Mais ce fut aussi un « raciste malgré lui », le racisme étant alors « naturel » au sein de la bourgeoisie anglaise. Selon tous, l’homme blanc occidental civilisé, dont la pensée est « raisonnée », était de toute évidence supérieur au sauvage primitif, dont la pensée est occupée par les esprits de la nature et la magie. Frazer, en dépit d’efforts louables, n’échappera pas à ce redoutable défaut.


Pierre Gordon, résistant apparemment beaucoup mieux au racisme immensément répandu à son époque, n’est pas d’accord avec le postulat infériorisant les populations des contrées éloignées de notre civilisation. Le sauvage primitif n’est en rien si sauvage qu’on veut assurément le croire, et c’est encore moins un primitif. C’est même un être fortement établi dans une société elle-même établie de très longue date et dont la pensée est bien plus complexe et raisonnée qu’il n’y paraît. Mieux, en remontant aux origines des mythes, des rites et des légendes, presque identiques dans leurs fondements au travers de la Terre entière, cet auteur en arrive à une conclusion logique qu’il n’aura cesse ensuite d’étayer toujours plus livre après livre. Voici donc le principe de base de la pensée de Pierre Gordon :
« La seule exégèse satisfaisante de l'homme, c'est qu'il fut d'abord un surhomme. Nous ne sommes point des êtres venus d'en bas et qui s'efforcent de gagner un palier plus élevé. L'évolution de l'humanité n'est qu'une longue dégradation de la connaissance propre au surhomme, ou connaissance ontologique, en connaissance empirique. » (Pierre Gordon, Le sacerdoce à travers les âges)
Par surhomme, Pierre Gordon entend l’homme tel qu’il était à son origine, entièrement uni avec le monde dynamique situé au-delà du monde physique. Le monde dynamique se manifeste dans le monde physique par l’intermédiaire du mana. Le terme mana, qui est une notion fondamentale en ce qui concerne la magie et la religion, est un terme polynésien que l'on retrouve sous différents noms chez différents peuples (par exemple wakan ou orenda) et qui désigne un pouvoir spirituel ou une puissance magique habitant certains objets et ou émanant de certaines personnes.


Depuis sa chute, l’homme n’est plus que l’ombre de lui-même et il cherche constamment à retrouver ce qui était son univers d’origine. Pour cela, il a mis au point depuis des temps très lointains des rites d’initiation qui permettent aux initiés de retrouver tout ou partie de l’état de surhomme originel. Ces rites d’initiation impliquent un type de société très structurée et entièrement tournée vers la réintégration de ses membres dans la surhumanité primordiale. D’où un problème allant croissant en intensité, car les sociétés se sont peu à peu dégradées de siècle en siècle et leur passé, une fois devenu incompris par les générations suivantes, n’est plus dans les mémoires que sous forme de mythes.


Le mythe raconte une histoire sacrée qui relate non seulement l'origine du Monde, des animaux, des plantes et de l'homme, mais aussi tous les événements primordiaux à la suite desquels l'homme est devenu ce qu'il est aujourd'hui, c'est-à-dire un être mortel, sexué, organisé en société, obligé de travailler pour vivre, et vivant selon certaines règles. Le mythe se déroule dans un temps primordial et lointain, un temps hors de l'histoire, un Âge d'Or, un temps du rêve. Réciter le mythe produit une re-création du monde par la force du rite. L'exigence du sacrifice est l'un des plus puissants. Le mythe n'est pas récité n'importe quand mais à l'occasion de cérémonies : naissances, initiations, mariages, funérailles, et tout un calendrier de fêtes et célébrations, c'est-à-dire à l'occasion d'un commencement ou d'une transformation dont il rend compte.


Un mythe est, d’après Pierre Gordon, l’exact reflet d’un type de société ancien et oublié. Par exemple le mythe du minotaure, décrivant en fait une société où le grand prêtre chargé de l’initiation portant rituellement un masque de taureau. Corollaire : Les mythes se sont transformés peu à peu en légendes, puis en contes, plus ou moins jolis ou plus ou moins horribles.


Le conte a toujours pour cadre principal le monde des hommes, même si celui-ci, notamment dans le cas des contes merveilleux, est souvent en contact avec l'autre monde, celui des morts, des esprits, du petit peuple des forêts et des dieux. C’est un genre narratif dans lequel le récit, qui a traversé les siècles par l'intermédiaire de la mémoire des hommes, est délibérément fictif. Il peut aussi varier selon les régions du monde et selon le narrateur. On arrive cependant à distinguer l'unité d'une histoire, derrière la multiplicité de ses variantes, par l'intermédiaire de la notion ethnographique de conte-type, qui définit une trame narrative par rapport à son contenu et à sa structure. Toutefois, pour Pierre Gordon, les contes forment un témoignage très précieux des temps anciens. Car pour lui, « Le conte de fées n'est que la description scrupuleuse d'un rite. ».


Grâce à ces quelques explications, nous pouvons dès lors comprendre la vision de Pierre Gordon concernant le passé de l’humanité.


Qui étaient les dieux de l’antiquité ? C’était une caste régnante nommée comme s’il ne s’agissait que d’une seule personne et qui était chargé de la diffusion et de la bonne exécution des rites d’initiation. En effet, ce fut une pratique systématique d’agglomérer une multiplicité de personnalités en une seule. Exemple : au début, il y eu Ouranos, puis vint Kronos, et ensuite Zeus. Mais c’est exactement comme si on parlait d’une dynastie royale désignée par le nom d’un seul roi suivie d’une deuxième puis d’une troisième (chacune sensiblement dégradée par rapport à la précédente). Se référer aussi concernant les agglomérations aux Hécatonchires, monstres qui possédaient 50 têtes et 100 bras (en réalité des groupes rituellement formés de 50 personnes), ou à Argos, qui avait 50 paires d’yeux (et qui était aussi un groupe rituellement formés de 50 personnes).


Qui étaient les démons ? Même réponse que précédemment, à cette précision près qu’on a fini par faire de certains dieux des démons, autrement dit des sur-êtres maléfiques, mais qui n’étaient pas considérés comme tels à l’origine, à l’instar de Lucifer, le Porteur de Lumière, devenu par la suite un sur-être maléfique. Exemple : Pluton et Hadès, les deux dieux grecs des enfers. Chez les romains, c’était Orcus, dont le nom s’est peu à peu changé en Ogre, le fameux ogre qu’on retrouve les contes horrifiques. Selon le terme de Pierre Gordon, il s’agissait d’un Digesteur divinisant, c'est-à-dire d’un prêtre chargé du séjour des personnes à initier dans une grotte sacrée (ou tout autre endroit considéré comme faisant office de grotte sacrée). Le prêtre est dans ce cas-là (mais ce fut un cas universellement répandu dans l’antiquité) assimilé à la grotte sacrée, elle-même assimilée à un intestin digérant les personnes à initier entrées par la bouche de la grotte avant qu’elle n’en soient libérées une fois la surhumanité atteinte. Cela rappelle évidemment Kronos, qui a mangé ses enfants (qui restent entiers dans son ventre). Zeus en réchappe, caché au fond d’une grotte. Et cela rappelle bien sûr aussi le Grand Méchant Loup des contes, qui se fait généralement ouvrir le ventre à la fin de l’histoire, par un bûcheron dans le Petit Chaperon Rouge, libérant ainsi la ou les personnes qu’il avait dévorée(s).


Quelle différence alors entre dieux et démons ? Aucune, à part le moment de l’initiation mis en valeur. Pour les démons, c’est la souffrance occasionnée par les efforts pour qu’un homme abandonne sa condition d’homme. Pour les dieux, c’est la récompense de ces efforts, c'est-à-dire la condition de surhomme.


Que désignaient les enfers ? Par principe, tous les lieux d’initiation, cabanes, grottes, bois sacrés ou autres, étaient assimilés à des lieux situés sous la terre. Or en latin, en dessous se dit inferus, d’où le mot enfer. Variante de l’enfer, le labyrinthe (dont la structure fait penser à un intestin) est, par définition, un lieu où on se perd (à soi-même).


Qui étaient les fées ? C’était originellement des femmes chargées des rites d’initiation dans les sociétés de type matriarcal.


Qui étaient les sorcières ? Ce qui restait (et reste peut-être encore) de l’ancienne fonction, maintenant très dégradée, des fées.


Qui étaient les dragons ? C’était originellement des hommes-serpents (c'est-à-dire des hommes vêtus rituellement comme des serpents) chargés des rites d’initiation dans les sociétés de type patriarcal.


Qui étaient les héros des temps antiques ? Des initiés combattant rituellement un ennemi redoutable quelconque et prouvant par là même la valeur de leur initiation et des pouvoirs acquis.


Quels étaient les pouvoirs dont étaient dotés les héros ? Ceux, peu ou prou amoindris selon les époques, du surhomme originel et dont les initiés tendaient à se rapprocher plus ou moins.


Pour conclure, on peut difficilement imaginer de nos jours ce que furent concrètement les civilisations d’Ouranos, de Kronos et de Zeus. Néanmoins, on peut peut-être en avoir une vague idée en se référant au chamanisme et essayant d’extrapoler à partir des civilisations maya, égyptienne, grecque et romaine. Mais peut-être aussi que cela n’avait rien à voir avec ces civilisations-là. Peut-être même est-ce totalement inimaginable pour l’homme d’aujourd’hui. En effet, qui peut se figurer dans notre ère dite moderne, et que Pierre Gordon considérait plutôt comme terriblement dégradée, un monde où la divinité était l’état normal de l’homme ?


Frédéric Gerchambeau


Illustration : "Hercule arrachant Alceste aux Enfers", Joseph Franque (1774-1833).
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