Stances
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Stances
Hélène, ta beauté est pour moi comme ces barques nicéennes d’autrefois qui,
sur une mer parfumée, portaient doucement le défait et las voyageur à son rivage
natal.
Par des mers désespérées longtemps coutumier d’errer, ta chevelure hyacinthe,
ton classique visage, tes airs de Naïade m’ont ramené ainsi que chez moi, à la
gloire qui fut la Grèce, à la grandeur qui fut Rome.
Là, dans cette niche splendide d’une croisée, c’est bien comme une statue que
je te vois apparaître, la lampe d’agate en la main, ah ! Psyché ! de ces régions
issue qui sont terre sainte.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Stances galantes: Molière
Stances galantes |
Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille ; Par mes soupirs laissez-vous enflammer ; Vous dormez trop, adorable merveille, Car c'est dormir que de ne point aimer. Ne craignez rien ; dans l'amoureux empire Le mal n'est pas si grand que l'on le fait Et, lorsqu'on aime et que le cœur soupire, Son propre mal souvent le satisfait. Le mal d'aimer, c'est de vouloir le taire : Pour l'éviter, parlez en ma faveur. Amour le veut, n'en faites point mystère. Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur ! Peut-on souffrir une plus douce peine ? Peut-on subir une plus douce loi ? Qu'étant des cœurs la douce souveraine, Dessus le vôtre Amour agisse en roi ; Rendez-vous donc, ô divine Amarante ! Soumettez-vous aux volontés d'Amour ; Aimez pendant que vous êtes charmante, Car le temps passe et n'a point de retour. | |
Auteur : Molière (Jean-Baptiste Poquelin) (1622-1673 |
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Remerciement au Roi: Molière
Remerciement au Roi |
Votre paresse enfin me scandalise, Ma Muse, obéissez-moi: Il faut ce matin sans remise Aller au lever du Roi. Vous savez bien pourquoi Et ce vous est une honte De n'avoir pas été plus prompte A le remercier de ses fameux bienfaits, Mais il vaut mieux tard que jamais; Faites donc votre compte D'aller au Louvre accomplir mes souhaits. Gardez-vous bien d'étre en muse bâtie; Un air de muse est choquant dans ces lieux; On y veut des objets à réjouir les yeux; Vous en devez être avertie; Et vous ferez votre cour beaucoup mieux Lorsqu'en marquis vous serez travestie. Vous savez ce qu'il faut pour paraître marquis; N'oubliez rien de l'air ni des habits; Arborez un chapeau chargé de trente plumes Sur une perruque de prix; Que le rabat soit des plus grands volumes Et le pourpoint des plus petits, Mais, surtout, je vous recommande Le manteau, d'un ruban sur le dos retroussé; La galanterie en est grande; Es parmi les marquis de la plus haute bande C'est pour être placé. Avec vos brillantes hardes Et votre ajustement, Faites tout le trajet de la salle des gardes; Et, vous peignant galamment, Portez de tous côtés vos regards brusquement; Et ceux que vous pourrez connaître, Ne manquez pas, d'un autre ton, De les saluer par leur nom De quelque rang qu'ils puissent être. Cette familiarité Donne à quiconque en use un air de qualité. Grattez du peigne à la porte De la chambre du Roi; Ou si, comme je prévoi, La presse s'y trouve forte, Montrez de loin votre chapeau, Ou montez sur quelque chose Pour faire voir votre museau Et criez sans aucune pause, D'un ton rien moins que naturel: "Monsieur l'huissier, pour le marquis un tel!" Jetez-vous dans la foule et tranchez du notable; Coudoyez un chacun, point du tout de quartier, Pressez, poussez, faites le diable Pour vous mettre le premier; Et quand même l'huissier, A vos désirs inexorable, Vous trouverait en face un marquis repoussable, Ne démordez point pour cela, Tenez toujours ferme là: A déboucher la porte il irait trop du vôtre; Faites qu'aucun n'y puisse pénétrer, Et qu'on soit obligé de vous laisser entrer, Pour faire entrer quelque autre. Quand vous serez entré, ne vous relâchez pas: Pour assiéger la chaise, il faut d'autres combats; Tâchez d'en être des plus proches, En y gagnant le terrain pas à pas; Et si, des assiégeants le prévenant amas En bouche toutes les approches, Prenez le parti doucement D'attendre le Prince au passage; Il connaîtra votre visage Maigré votre déguisement; Et lors, sans tarder davantage, Faites-lui votre compliment. Vous pourriez aisément l'étendre Et parter des transports qu'en vous font éclater Les surprenants bienfaits que, sans les mériter, Sa libérale main sur vous daigne répandre, Et des nouveaux efforts où s'en va vous porter L'excès de cet honneur où vous n'osiez prétendre; Lui dire comme vos désirs Sont, après ses bontés qui n'ont point de pareilles, D'employer à sa gloire ainsi qu'à ses plaisirs, Tout votre art et toutes vos veilles, Et là-dessus lui promettre merveilles: Sur ce chapitre on n'est jamais à sec; Les Muses sont de grandes prometteuses! Et comme vos sœurs les causeuses, Vous ne manquerez pas, sans doute, par le bec. Mais les grands princes n'aiment guères Que les compliments qui sont courts, Et le nôtre surtout a bien d'autres affaires Que d'écouter tous vos discours. La louange et l'encens n'est pas ce qui le touche; Dès que vous ouvrirez la bouche Pour lui parler de grâce et de bienfait, II comprendra d'abord ce que vous voudrez dire, Et, se mettant doucement à sourire D'un air qui, sur les cœurs, fait un charmant effet, Il passera comme un trait, Et cela doit vous suffire: Voilà votre compliment fait. | |
Auteur : Molière (Jean-Baptiste Poquelin) (1622-1673) |
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Bouts-rimés commandés: Molière
Bouts-rimés commandés |
Sur le Bel air Que vous m'embarrassez avec votre... grenouille, Qui traîne à ses talons le doux mot d'... Hypocras ! Je hais des bouts−rimés le puéril... fatras, Et tiens qu'il vaudrait mieux filer une... quenouille. La gloire du bel air n'a rien qui me... chatouille ; Vous m'assommez l'esprit avec un gros... plâtras ; Et je tiens heureux ceux qui sont morts à... Coutras, Voyant tout le papier qu'en sonnets on... barbouille. M'accable derechef la haine du... cagot, Plus méchant mille fois que n'est un vieux... magot, Plutôt qu'un bout−rimé me fasse entrer en... danse. Je vous le chante clair, comme un... chardonneret ; Au bout de l'univers je fuis dans une... manse. Adieu, grand Prince, adieu ; tenez−vous... guilleret. | |
Auteur : Molière (Jean-Baptiste Poquelin) (1622-1673) |
roby- Nombre de messages : 1357
Date d'inscription : 28/10/2008
Amadis JAMYN
- (1538-1592)
Stances de l'impossible
L'été sera l'hiver et le printemps l'automne,
L'air deviendra pesant, le plomb sera léger :
On verra les poissons dedans l'air voyager
Et de muets qu'ils sont avoir la voix fort bonne.
L'eau deviendra le feu, le feu deviendra l'eau
Plutôt que je sois pris d'un autre amour nouveau.
Le mal donnera joie, et l'aise des tristesses !
La neige sera noire, et le lièvre hardi,
Le lion deviendra du sang acouardi,
La terre n'aura point d'herbes ni de richesses ;
Les rochers de soi-même auront un mouvement
Plutôt qu'en mon amour il y ait changement.
Le loup et la brebis seront en même étable
Enfermés sans soupçon d'aucune inimitié ;
L'aigle avec la colombe aura de l'amitié
Et le caméléon ne sera point muable :
Nul oiseau ne fera son nid au renouveau
Plutôt que je sois pris d'un autre amour nouveau.
La lune qui parfait en un mois sa carrière
La fera en trente ans au lieu de trente jours ;
Saturne qui achève avec trente ans son cours
Se verra plus léger que la lune légère :
Le jour sera la nuit, la nuit sera le jour
Plutôt que je m'enflamme au feu d'un autre amour.
Les ans ne changeront le poil ni la coutume,
Les sens et la raison demeureront en paix,
Et plus plaisants seront les malheureux succès
Que les plaisirs du monde au coeur qui s'en allume.
On haïra la vie, aimant mieux le mourir
Plutôt que l'on me voie à autre amour courir.
On ne verra loger au monde l'espérance ;
Le faux d'avec le vrai ne se discernera,
La fortune en ses dons changeante ne sera,
Tous les effets de mars seront sans violence,
Le soleil sera noir, visible sera Dieu
Plutôt que je sois vu captif en autre lieu.
davidof- Nombre de messages : 2697
loisirs : pêche, voyage, music...
Date d'inscription : 21/05/2008
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