Poèmes:Tolérance et liberté
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Poèmes:Tolérance et liberté
Le vieil homme et le chien
(Conte des temps modernes)
Transparent au regard des passants trop pressés,
Un vieil homme est assis, transi et affamé,
Sous un porche à l’abri des frimas de janvier.
Il implore un sourire, une pièce de monnaie.
Passe un chien dans la rue, un chien de pedigree,
Une voiture suit, heurte le canidé.
Aussitôt extirpés de leurs logis douillets
Accourent de partout des bourgeois empressés.
« Ne le laissez pas là, amenez-le chez moi
J’ai une couverture afin qu’il n’ait pas froid ! »
Quelques instants après, l’animal est pansé,
Dorloté, réchauffé, maintes fois caressé.
Au dehors dans la rue le silence est tombé
Tout le monde est rentré, a fermé ses volets.
Sous son porche à l’abri des frimas de janvier
Le vieil homme soudain s’est mis à aboyer.
Daniel Boy
In des Rimes et des rames
Editions de la voûte
(Conte des temps modernes)
Transparent au regard des passants trop pressés,
Un vieil homme est assis, transi et affamé,
Sous un porche à l’abri des frimas de janvier.
Il implore un sourire, une pièce de monnaie.
Passe un chien dans la rue, un chien de pedigree,
Une voiture suit, heurte le canidé.
Aussitôt extirpés de leurs logis douillets
Accourent de partout des bourgeois empressés.
« Ne le laissez pas là, amenez-le chez moi
J’ai une couverture afin qu’il n’ait pas froid ! »
Quelques instants après, l’animal est pansé,
Dorloté, réchauffé, maintes fois caressé.
Au dehors dans la rue le silence est tombé
Tout le monde est rentré, a fermé ses volets.
Sous son porche à l’abri des frimas de janvier
Le vieil homme soudain s’est mis à aboyer.
Daniel Boy
In des Rimes et des rames
Editions de la voûte
Dernière édition par Rita-kazem le Ven 16 Avr - 14:48, édité 1 fois
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
la terre-Eluard
La terre
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
A la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
Paul Eluard
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
A la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
Paul Eluard
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
c'est à vous que je parle
C'est à vous que je parle, homme des antipodes,
je parle d'homme à homme
avec le peu en moi qui demeure de l'homme,
avec le peu de voix qui me reste au gosier ;
mon sang est sur les routes, puisse-t-il, puisse-t-il
ne pas crier vengeance...
Un jour viendra, c'est sûr, de la soif apaisée,
nous serons au-delà du souvenir, la mort
aura parachevé les travaux de la haine,
je serai un bouquet d'orties sous vos pieds ;
alors, eh bien, sachez que j'avais un visage
comme vous, une bouche qui priait comme vous.
Quand une poussière entrait, ou bien un songe,
dans l'oeil, cet oeil pleurait un peu de sel.
Et quand
une épine mauvaise égratignait ma peau
il y coulait un sang aussi rouge que le vôtre.
Certes, tout comme vous j'étais cruel, j'avais
soif de tendresse de puissance,
d'or, de plaisir et de douleur.
Tout comme vous j'étais méchant et angoissé,
solide dans la paix, ivre dans la victoire
et titubant, hagard, à l'heure de l'échec ...
Et pourtant, non.
Je n'étais pas un homme comme vous.
Vous n'êtes pas nés sur les routes,
personne n'a jeté à l'égout vos petits
comme des chats encore sans yeux,
vous n'avez pas erré de cité en cité,
traqué par les polices,
vous n'avez pas connu les désastres, à l'aube
les wagons à bestiaux,
et le sanglot amer de l'humiliation,
accusé d'un délit que vous n'avez pas fait,
du crime d'exister,
changeant de nom et de visage
pour ne pas emporter un nom qu'on a hué,
un visage qui avait servi à tout le monde
de crachoir !
Un jour viendra sans doute, où ce poème lu
se trouvera devant vos yeux.
Il ne demande rien ! Oubliez-le, oubliez-le !
Ce n'est qu'un cri, qu'on ne peut pas mettre dans un poème
parfait : avais-je le temps de le finir ?
Mais quand vous foulerez ce bouquet d'orties
qui avait été moi, dans un autre siècle,
en une histoire qui vous semblera périmée,
souvenez-vous seulement que j'étais innocent
et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là,
j'avais eu, moi aussi, un visage marqué
par la colère, par la pitié et la joie,
un visage d'homme, tout simplement.
Benjamin Fondane
je parle d'homme à homme
avec le peu en moi qui demeure de l'homme,
avec le peu de voix qui me reste au gosier ;
mon sang est sur les routes, puisse-t-il, puisse-t-il
ne pas crier vengeance...
Un jour viendra, c'est sûr, de la soif apaisée,
nous serons au-delà du souvenir, la mort
aura parachevé les travaux de la haine,
je serai un bouquet d'orties sous vos pieds ;
alors, eh bien, sachez que j'avais un visage
comme vous, une bouche qui priait comme vous.
Quand une poussière entrait, ou bien un songe,
dans l'oeil, cet oeil pleurait un peu de sel.
Et quand
une épine mauvaise égratignait ma peau
il y coulait un sang aussi rouge que le vôtre.
Certes, tout comme vous j'étais cruel, j'avais
soif de tendresse de puissance,
d'or, de plaisir et de douleur.
Tout comme vous j'étais méchant et angoissé,
solide dans la paix, ivre dans la victoire
et titubant, hagard, à l'heure de l'échec ...
Et pourtant, non.
Je n'étais pas un homme comme vous.
Vous n'êtes pas nés sur les routes,
personne n'a jeté à l'égout vos petits
comme des chats encore sans yeux,
vous n'avez pas erré de cité en cité,
traqué par les polices,
vous n'avez pas connu les désastres, à l'aube
les wagons à bestiaux,
et le sanglot amer de l'humiliation,
accusé d'un délit que vous n'avez pas fait,
du crime d'exister,
changeant de nom et de visage
pour ne pas emporter un nom qu'on a hué,
un visage qui avait servi à tout le monde
de crachoir !
Un jour viendra sans doute, où ce poème lu
se trouvera devant vos yeux.
Il ne demande rien ! Oubliez-le, oubliez-le !
Ce n'est qu'un cri, qu'on ne peut pas mettre dans un poème
parfait : avais-je le temps de le finir ?
Mais quand vous foulerez ce bouquet d'orties
qui avait été moi, dans un autre siècle,
en une histoire qui vous semblera périmée,
souvenez-vous seulement que j'étais innocent
et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là,
j'avais eu, moi aussi, un visage marqué
par la colère, par la pitié et la joie,
un visage d'homme, tout simplement.
Benjamin Fondane
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
L'homme qui te ressemble
L'homme qui te ressemble
J'ai frappé à ta porte
pour avoir un bon lit
j'ai frappé à ton cœur
pour avoir un bon lit
pour avoir un bon feu
pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi, mon frère ... !
Pourquoi me demander
si je suis d'Afrique
si je suis d'Amérique
si je suis d'Europe ?
Ouvre-moi, mon frère ...!
Pourquoi me demander
la longueur de mon nez
l'épaisseur de ma bouche
la couleur de ma peau
et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi, mon frère ... !
Ouvre-moi ta porte
Ouvre-moi ton cœur
Car je suis un homme
L'homme de tous les temps
L'homme de tous les cieux
L'homme qui te ressemble .. .!
René Philombé (Yaoundé, 1977)
J'ai frappé à ta porte
pour avoir un bon lit
j'ai frappé à ton cœur
pour avoir un bon lit
pour avoir un bon feu
pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi, mon frère ... !
Pourquoi me demander
si je suis d'Afrique
si je suis d'Amérique
si je suis d'Europe ?
Ouvre-moi, mon frère ...!
Pourquoi me demander
la longueur de mon nez
l'épaisseur de ma bouche
la couleur de ma peau
et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi, mon frère ... !
Ouvre-moi ta porte
Ouvre-moi ton cœur
Car je suis un homme
L'homme de tous les temps
L'homme de tous les cieux
L'homme qui te ressemble .. .!
René Philombé (Yaoundé, 1977)
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
L a différence
La Différence
Pour chacun une bouche deux yeux
deux mains deux jambes
Rien ne ressemble plus à un homme
qu’un autre homme
Alors
entre la bouche qui blesse
et la bouche qui console
entre les yeux qui condamnent
et les yeux qui éclairent
entre les mains qui donnent
et les mains qui dépouillent
entre le pas sans trace
et les pas qui nous guident
où est la différence
la mystérieuse différence ?
Jean-Pierre Siméon
Pour chacun une bouche deux yeux
deux mains deux jambes
Rien ne ressemble plus à un homme
qu’un autre homme
Alors
entre la bouche qui blesse
et la bouche qui console
entre les yeux qui condamnent
et les yeux qui éclairent
entre les mains qui donnent
et les mains qui dépouillent
entre le pas sans trace
et les pas qui nous guident
où est la différence
la mystérieuse différence ?
Jean-Pierre Siméon
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Pour la liberté
Pour la liberté
Laissez chanter
l’eau qui chante
Laissez courir
l’eau qui court
Laissez vivre
l’eau qui vit
l’eau qui bondit
l’eau qui jaillit
Laissez dormir
l’eau qui dort
Laissez mourir
l’eau qui meurt.
Philippe Soupault
Laissez chanter
l’eau qui chante
Laissez courir
l’eau qui court
Laissez vivre
l’eau qui vit
l’eau qui bondit
l’eau qui jaillit
Laissez dormir
l’eau qui dort
Laissez mourir
l’eau qui meurt.
Philippe Soupault
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Le dilème
LE DILEMME
J’ai vu des barreaux
je m’y suis heurté
c’était l’esprit pur.
J’ai vu des poireaux
je les ai mangés
c’était la nature.
Pas plus avancé !
Toujours des barreaux
toujours des poireaux !
Ah ! si je pouvais
laisser les poireaux
derrière les barreaux
la clé sous la porte
et partir ailleurs
parler d’autre chose ! Jean Tardieu
J’ai vu des barreaux
je m’y suis heurté
c’était l’esprit pur.
J’ai vu des poireaux
je les ai mangés
c’était la nature.
Pas plus avancé !
Toujours des barreaux
toujours des poireaux !
Ah ! si je pouvais
laisser les poireaux
derrière les barreaux
la clé sous la porte
et partir ailleurs
parler d’autre chose ! Jean Tardieu
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Si...
Si tu peux rester calme alors que, sur ta route,
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi;
Si tu gardes confiance alors que chacun doute,
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi;
Si l'attente, pour toi, ne cause trop grand-peine:
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens,
Ou si, étant haï, tu ignores la haine,
Sans avoir l'air trop bon, ni parler trop sagement;
Si tu rêves, - sans faire des rêves ton pilastre;
Si tu penses, - sans faire de penser toute leçon;
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre,
Et traiter ces trompeurs de la même façon;
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes
Tordues par les coquins pour mieux duper les sots,
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes,
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux;
Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes
Et le risquer à pile ou face, - en un seul coup -
Et perdre - et repartir comme à tes débuts mêmes,
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout;
Si tu forces ton coeur, tes nerfs, et ton jarret
A servir à tes fins malgré leur abandon,
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l'arrêt,
Hormis la Volonté qui ordonne : << Tiens bon ! >>
Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre,
Ou frayes avec les rois sans te croire un héros;
Si l'ami ni l'ennemi ne peuvent te corrompre;
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop;
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable
De soixante secondes de chemins accomplis,
A toi sera la Terre et son bien délectable,
Et, - bien mieux - tu seras un Homme, mon fils.
Rudyard Kipling (Traduction de Jules Castier)
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi;
Si tu gardes confiance alors que chacun doute,
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi;
Si l'attente, pour toi, ne cause trop grand-peine:
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens,
Ou si, étant haï, tu ignores la haine,
Sans avoir l'air trop bon, ni parler trop sagement;
Si tu rêves, - sans faire des rêves ton pilastre;
Si tu penses, - sans faire de penser toute leçon;
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre,
Et traiter ces trompeurs de la même façon;
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes
Tordues par les coquins pour mieux duper les sots,
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes,
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux;
Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes
Et le risquer à pile ou face, - en un seul coup -
Et perdre - et repartir comme à tes débuts mêmes,
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout;
Si tu forces ton coeur, tes nerfs, et ton jarret
A servir à tes fins malgré leur abandon,
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l'arrêt,
Hormis la Volonté qui ordonne : << Tiens bon ! >>
Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre,
Ou frayes avec les rois sans te croire un héros;
Si l'ami ni l'ennemi ne peuvent te corrompre;
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop;
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable
De soixante secondes de chemins accomplis,
A toi sera la Terre et son bien délectable,
Et, - bien mieux - tu seras un Homme, mon fils.
Rudyard Kipling (Traduction de Jules Castier)
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Liberté
Liberté
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin!
Partez dans le vent,
Suivez votre rêve ;
Partez à l'instant,
La jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n'ont rien.
Maurice Carême
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin!
Partez dans le vent,
Suivez votre rêve ;
Partez à l'instant,
La jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n'ont rien.
Maurice Carême
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Prière d'un petit nègre
Prière d'un petit enfant nègre
Seigneur, je suis très fatigué
Je suis né fatigué.
Et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coq
Et le morne est bien haut qui mène à leur école.
Seigneur, je vous en prie, que je n'y aille plus!
Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches
Quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois
Où glissent les esprits que l'aube vient chasser.
Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers
Que cuisent les flammes de midi,
Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers²,
Je veux me réveiller
Lorsque là-bas mugit la sirène des blancs
Et que l'Usine
Sur l'océan des cannes
Comme un bateau ancrée
Vomit dans la campagne son équipage nègre...
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.
Ils racontent qu'il faut qu'un petit nègre y aille
Pour qu'il devienne pareil
Aux messieurs comme il faut.
Mais moi je ne veux pas
Devenir comme ils disent,
Un monsieur de la ville,
Un monsieur comme il faut.
Je préfère flâner le long des sucreries
Où sont les sacs repus³
Que gonfle un sucre brun autant qu ma peau brune.
Je préfère, vers l'heure où la lune amoureuse
Parle bas à l'oreille des cocotiers* penchés,
Ecouter ce que dit dans la nuit.
La voix cassée d'un vieux qui raconte en fumant
Les histoires de Zamba et de compère Lapin,
Et bien d'autres choses encore
Qui ne sont pas dans les livres.
Les nègres, vous le savez, n'ont que trop travaillé.
Pourquoi faut-il, de plus, apprendre dans des livres
Qui nous parlent de choses qui ne sont pas d'ici?
Et puis elle est vraiment trop triste, leur école,
Triste comme
Ces messieurs de la ville,
Ces messieurs comme il faut
Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune,Qui ne savent plus
marcher sur la chair de leurs pieds,
Qui ne savent plus conter les contes aux veillées.
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école!
Guy Tirolien
Seigneur, je suis très fatigué
Je suis né fatigué.
Et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coq
Et le morne est bien haut qui mène à leur école.
Seigneur, je vous en prie, que je n'y aille plus!
Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches
Quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois
Où glissent les esprits que l'aube vient chasser.
Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers
Que cuisent les flammes de midi,
Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers²,
Je veux me réveiller
Lorsque là-bas mugit la sirène des blancs
Et que l'Usine
Sur l'océan des cannes
Comme un bateau ancrée
Vomit dans la campagne son équipage nègre...
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.
Ils racontent qu'il faut qu'un petit nègre y aille
Pour qu'il devienne pareil
Aux messieurs comme il faut.
Mais moi je ne veux pas
Devenir comme ils disent,
Un monsieur de la ville,
Un monsieur comme il faut.
Je préfère flâner le long des sucreries
Où sont les sacs repus³
Que gonfle un sucre brun autant qu ma peau brune.
Je préfère, vers l'heure où la lune amoureuse
Parle bas à l'oreille des cocotiers* penchés,
Ecouter ce que dit dans la nuit.
La voix cassée d'un vieux qui raconte en fumant
Les histoires de Zamba et de compère Lapin,
Et bien d'autres choses encore
Qui ne sont pas dans les livres.
Les nègres, vous le savez, n'ont que trop travaillé.
Pourquoi faut-il, de plus, apprendre dans des livres
Qui nous parlent de choses qui ne sont pas d'ici?
Et puis elle est vraiment trop triste, leur école,
Triste comme
Ces messieurs de la ville,
Ces messieurs comme il faut
Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune,Qui ne savent plus
marcher sur la chair de leurs pieds,
Qui ne savent plus conter les contes aux veillées.
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école!
Guy Tirolien
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Qui es - tu ?
Je suis enfant de Guinée,
Je suis fils du Mali,
Je sors du Tchad ou du fond du Bénin,
Je suis enfant d’Afrique...
Je mets un grand boubou blanc,
Et les blancs rient de me voir
Trotter les pieds nus
Dans la poussière du chemin...
Ils rient ?
Qu' ils rient bien
Quant à moi, je bats des mains
Et le grand soleil d’Afrique
S’ arrête au zénith pour m’ écouter
Et me regarder,
Et je chante, et je danse,
Et je chante, et je danse.
Francis Bebey
Je suis fils du Mali,
Je sors du Tchad ou du fond du Bénin,
Je suis enfant d’Afrique...
Je mets un grand boubou blanc,
Et les blancs rient de me voir
Trotter les pieds nus
Dans la poussière du chemin...
Ils rient ?
Qu' ils rient bien
Quant à moi, je bats des mains
Et le grand soleil d’Afrique
S’ arrête au zénith pour m’ écouter
Et me regarder,
Et je chante, et je danse,
Et je chante, et je danse.
Francis Bebey
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
La ronde autour du monde
La ronde autour du
monde
Si toutes les filles du monde
Voulaient se
donner la main,
Tout autour de la mer
Elles pourraient faire une
ronde.
Si tous les gars du monde
Voulaient être
marins,
Ils f'raient avec leurs barques
Un joli pont sur
l'onde.
Alors on pourrait faire
Une ronde autour du
monde
Si tous les gens du monde
Voulaient s'donner la
main.
Paul Fort
monde
Si toutes les filles du monde
Voulaient se
donner la main,
Tout autour de la mer
Elles pourraient faire une
ronde.
Si tous les gars du monde
Voulaient être
marins,
Ils f'raient avec leurs barques
Un joli pont sur
l'onde.
Alors on pourrait faire
Une ronde autour du
monde
Si tous les gens du monde
Voulaient s'donner la
main.
Paul Fort
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Alain Meyer-Abbatucci :A toi, mon frère,
A toi, mon frère,
Discrimination enchaînée à la
chaleur des îles,
Une voix, rebelle, à l'orchestration sonore,
Clame,
haut et fort, qu'il y'a trop de morts!
Nous portons la couleur de tous les
frères en péril.
Sagaie plantée au cœur de l’âme universelle,
Poignants, sont ces regards, qu’ils sont tristes !
Essaim de gosses
affamés pourrissant au soleil,
Cancer du temps, l’argent a l’odeur d’un
kyste.
Les charognards aiment les cadavres de l’innocence,
Destins
individuels pour mines antipersonnelles,
Les grandes puissances se
nourrissent de purulence,
La morale n’est plus une valeur essentielle.
Qu'à paraître démodé on croit encore à l'amour,
Le sourire d'un
enfant, l'intelligence de l'âme
Si l'on vit le présent, comme un premier
jour,
On déposerait les armes pour aimer sa femme.
Alain
Meyer-Abbatucci
Discrimination enchaînée à la
chaleur des îles,
Une voix, rebelle, à l'orchestration sonore,
Clame,
haut et fort, qu'il y'a trop de morts!
Nous portons la couleur de tous les
frères en péril.
Sagaie plantée au cœur de l’âme universelle,
Poignants, sont ces regards, qu’ils sont tristes !
Essaim de gosses
affamés pourrissant au soleil,
Cancer du temps, l’argent a l’odeur d’un
kyste.
Les charognards aiment les cadavres de l’innocence,
Destins
individuels pour mines antipersonnelles,
Les grandes puissances se
nourrissent de purulence,
La morale n’est plus une valeur essentielle.
Qu'à paraître démodé on croit encore à l'amour,
Le sourire d'un
enfant, l'intelligence de l'âme
Si l'on vit le présent, comme un premier
jour,
On déposerait les armes pour aimer sa femme.
Alain
Meyer-Abbatucci
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Re: Poèmes:Tolérance et liberté
Libre comme le vent
Insouciant du temps présent
Briller sous tes
ardeurs
Émerveillé de ce bonheur
Rugir de ton plaisir
Toucher jusqu’au
point g
Et s’évader de ta pensée
Insouciant du temps présent
Briller sous tes
ardeurs
Émerveillé de ce bonheur
Rugir de ton plaisir
Toucher jusqu’au
point g
Et s’évader de ta pensée
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Que dieu aide les exclus
Lara Fabian
Seigneur tends l'oreille jusqu'à moi
Y a loin du ciel à la Terre
Est-ce qu'un jour tu entendras
Mon humble prière?
Je sais bien j'ne suis qu'une exclue
Indigne devant tout
Mais aurais-tu été des nôtres
Quand sur terre tu es venu?
Dieu aide les exclus
Vois la misère
Que la clémence nous
Parvienne sur cette Terre
Exhausse de ta grâce
Ton peuple en prière
Dieu aide les Exclus
Ou nous sommes perdus
Aide Oh Seigneur
Aide les miens
J'implore ta clémence
Pour ceux qui n'on rien
Dieu aide les Exclus
Les pauvres et les geux
Puisque nous sommes tous
Les enfants de Dieu
Dieu pourquoi certains sont bénis
Pourquoi d'autres sont maudits ?
Ceux qui méritent toutes tes faveurs
Nous craignent
Nous ignorent
Nous brisent le coeur
Dieu aide les exclus
Ces infortunés
Pourquoi je t'en prie
Les avoir crées
La malédiction
Les a affligés
Ils sont vos enfants
Ces âmes mal-aimées
Je prie pour mon peuple
Les pauvres et les geux
Puisque nous sommes tous
Les Enfants de Dieu
Seigneur tends l'oreille jusqu'à moi
Y a loin du ciel à la Terre
Est-ce qu'un jour tu entendras
Mon humble prière?
Je sais bien j'ne suis qu'une exclue
Indigne devant tout
Mais aurais-tu été des nôtres
Quand sur terre tu es venu?
Dieu aide les exclus
Vois la misère
Que la clémence nous
Parvienne sur cette Terre
Exhausse de ta grâce
Ton peuple en prière
Dieu aide les Exclus
Ou nous sommes perdus
Aide Oh Seigneur
Aide les miens
J'implore ta clémence
Pour ceux qui n'on rien
Dieu aide les Exclus
Les pauvres et les geux
Puisque nous sommes tous
Les enfants de Dieu
Dieu pourquoi certains sont bénis
Pourquoi d'autres sont maudits ?
Ceux qui méritent toutes tes faveurs
Nous craignent
Nous ignorent
Nous brisent le coeur
Dieu aide les exclus
Ces infortunés
Pourquoi je t'en prie
Les avoir crées
La malédiction
Les a affligés
Ils sont vos enfants
Ces âmes mal-aimées
Je prie pour mon peuple
Les pauvres et les geux
Puisque nous sommes tous
Les Enfants de Dieu
Valerie-M-kaya- Nombre de messages : 875
Date d'inscription : 21/03/2010
Ivan Goll :La Grande Misère
La Grande Misère de la France Nous n'irons plus au bois ma belle Les lauriers sont coupés les ponts Aussi : les arcs-en-ciel Et même le pont d'Avignon Jeanne d'Arc mortelle statue Un peu de bronze ensanglanté Dans cette France qui s'est tue Ton coeur a cessé de chanter Jeanne dans sa jupe de bure Assise sous les framboisiers Se prépare une confiture Avec du sang de cuirassiers La poule noire des nuages Pond les oeufs pourris de la mort Les coqs éplumés des villages N'annoncent que les vents du Nord Car l'aube avait du plomb dans l'aile Et le soleil est un obus Qui fait sauter les citadelles Et les lilas sur les talus Le ciel de France est noirci d'aigles De lémures et de corbeaux Ses soldats couchés dans les seigles Ignorent qu'ils sont des héros Ni Chartres, ni Rouen, ni Bruges N'ont assez d'anges dans leurs tours Pour lutter contre le déluge Et les escadres de vautours Taureau chassé des pâturages Et du silence paternel Devant la pourpre de l'outrage Perd tout son sang au grand soleil Il perd son sang par ses fontaines Par ses veines par ses ruisseaux Il perd son sang par l'Oise et l'Aisne Par ses jets d'eau par ses naseaux Les douze soeurs de ses rivières Aux bras cambrés aux noeuds coulants Dénouent leurs lacets et lanières Pour se jeter à l'océan Buvez buvez guerriers ivrognes Les vins fermentés de la peur Les sangs tournés de la Bourgogne Les alcools amers du malheur Les bières gueuses de la Meuse Et les vins platinés du Rhin Les sources saintes des Chartreuses Et les absinthes du chagrin Les larmes qui de chaque porte Ont débordé sur le pays Les eaux de vie et les eaux mortes Grisantes comme le vin gris Nous n'irons plus au bois ma belle Les lauriers sont coupés les ponts Aussi : les arcs-en-ciel Et même le Pont d'Avignon. Ivan Goll |
sandrine jillou- Nombre de messages : 1700
loisirs : écrire, courir, vélo.
Date d'inscription : 08/10/2008
Marie-Joseph CHÉNIER
- Marie-Joseph CHÉNIER
(1764-1811)
A la liberté
Descends, ô liberté ! fille de la nature :
Le peuple a
reconquis son pouvoir immortel ;
Sur les pompeux débris de l'antique
imposture
Ses mains relèvent ton autel.
Venez, vainqueurs des rois :
l'Europe vous contemple ;
Venez ; sur les faux dieux étendez vos succès ;
Toi, sainte liberté, viens habiter ce temple ;
Sois la déesse des
Français.
Ton aspect réjouit le mont le plus sauvage,
Au milieu des
rochers enfante les moissons ;
Embelli par tes mains, le plus affreux rivage
Rit, environné de glaçons.
Tu doubles les plaisirs, les vertus, le
génie ;
L'homme est toujours vainqueur sous tes saints étendards ;
Avant
de te connaître, il ignorait la vie :
Il est créé par tes regards.
Au
peuple souverain tous les rois font la guerre ;
Qu'à tes pieds, ô déesse,
ils tombent désormais !
Bientôt sur les cercueils des tyrans de la terre
Les peuples vont jurer la paix.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Marie-Joseph CHÉNIER
- Marie-Joseph CHÉNIER
(1764-1811)
Chant du 14 Juillet
Dieu du peuple et des rois, des cités, des campagnes,
De
Luther, de Calvin, des enfants d'Israël,
Dieu que le Guèbre adore au pied de
ses montagnes,
En invoquant l'astre du ciel !
Ici sont rassemblés
sous ton regard immense
De l'empire français les fils et les soutiens,
Célébrant devant toi leur bonheur qui commence,
Égaux à leurs yeux comme
aux tiens.
Rappelons-nous les temps où des tyrans sinistres
Des
Français asservis foulaient aux pieds les droits ;
Le temps, si près de
nous, où d'infâmes ministres
Trompaient les peuples et les rois.
Des
brigands féodaux les rejetons gothiques
Alors à nos vertus opposaient leurs
aïeux ;
Et, le glaive à la main, des prêtres fanatiques
Versaient le
sang au nom des cieux.
Princes, nobles, prélats, nageaient dans
l'opulence ;
Le peuple gémissait de leurs prospérités ;
Du sang des
opprimés, des pleurs de l'indigence,
Leurs palais étaient
cimentés.
En de pieux cachots l'oisiveté stupide,
Afin de plaire à
Dieu, détestait les mortels ;
Des martyrs, périssant par un long homicide,
Blasphémaient an pied des autels.
Ils n'existeront plus, ces abus
innombrables
La sainte liberté les a tous effacés ;
Ils n'existeront
plus, ces monuments coupables :
Son bras les a tous renversés.
Dix ans
sont écoulés ; nos vaisseaux, rois de l'onde,
À sa voix souveraine ont
traversé les mers :
Elle vient aujourd'hui des bords d'un nouveau monde
Régner sur l'antique univers.
Soleil, qui, parcourant ta route
accoutumée,
Donnes, ravis le jour, et règles les saisons ;
Qui, versant
des torrents de lumière enflammée,
Mûris nos fertiles moissons ;
Feu
pur, oeil éternel, âme et ressort du monde,
Puisses-tu des Français admirer
la splendeur !
Puisses-tu ne rien voir dans ta course féconde
Qui soit
égal à leur grandeur !
Que les fers soient brisés ! Que la terre respire
!
Que la raison des lois, parlant aux nations,
Dans l'univers charmé
fonde un nouvel empire,
Qui dure autant que tes rayons !
Que des
siècles trompés le long crime s'expie !
Le ciel pour être libre a fait
l'humanité :
Ainsi que le tyran, l'esclave est un impie,
Rebelle à la
Divinité.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
Marie-Joseph CHÉNIER
- Marie-Joseph CHÉNIER
(1764-1811)
Hymne à l'égalité
Égalité douce et touchante,
Sur qui reposent nos destins,
C'est aujourd'hui que l'on te chante,
Parmi les jeux et les
festins.
Ce jour est saint pour la patrie ;
Il est fameux par tes
bienfaits
C'est le jour où ta voix chérie
Vint rapprocher tous les
Français
Tu vis tomber l'amas servile
Des titres fastueux et vains,
Hochets d'un orgueil imbécile
Qui foulait aux pieds les
humains.
Tu brisas des fers sacriléges ;
Des peuples tu conquis les
droits ;
Tu détrônas les priviléges ;
Tu fis naître et régner les
lois.
Seule idole d'un peuple libre,
Trésor moins connu qu'adoré,
Les bords du Céphise et du Tibre
N'ont chéri que ton nom
sacré.
Des guerriers, des sages rustiques,
Conquérant leurs droits
immortels,
Sur les montagnes, helvétiques
Ont posé tes premiers
autels.
Et Franklin qui, par son génie,
Vainquit la foudre et les
tyrans,
Aux champs de la Pensylvanie
T'assure des honneurs plus grands
!
Le Rhône, la Loire et la Seine,
T'offrent des rivages pompeux
Le front ceint d'olive et de chêne
Viens y présider à nos
yeux.
Répands ta lumière infinie,
Astre brillant et bienfaiteur ;
Des rayons de la tyrannie
Tu détruis l'éclat imposteur.
Ils
rentrent dans la nuit profonde
Devant tes rayons souverains ;
Par toi la
terre est plus féconde ;
Et tu rends les cieux plus sereins.
Najat- Nombre de messages : 1088
Date d'inscription : 14/03/2010
François Villon
Frères
humains qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Si frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis ;
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis ;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
À son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
À lui n'ayons que faire ni que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
François
Villon
humains qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Si frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis ;
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis ;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
À son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
À lui n'ayons que faire ni que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
François
Villon
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Les longs chemins
Les longs chemins
par Lucie Poirier |
Avec son poème Les longs chemins, dans lequel elle développe le thème de la liberté, la poétesse, comédienne et journaliste Lucie Poirier a mérité le 2e Prix au concours de Poésie du Festival International du Texte Court de Sherbrooke.
air respirable et inaccessible
possibilité de déploiement
dernier refuge des âmes entravées
fragile peau originelle de la naissance
intimité du couple préservé dans la neige tournoyante
or immarcescible du ciel aveugle et battu
union fusionnelle des danses du feu
rosée secrète des confidences pleines de ferveur
pudeur du cœur qui cède à l’élan vers la confiance
exactitude des mots imprégnés d’idéal
poussière lumineuse jetée sur les visages ouverts
eau pour la soif des esprits purs et maltraités
recours acharné des démunis qui réclament la lune
insondable espoir des sourires mouillés et des mains terreuses
éveil insoumis qui perdure dans les saisons retorses
crachat et vomissure ensanglantés sur la veulerie des puissants criminels incondamnables
opposition volontaire dans la nuit ivre, l’aurore effrontée, le jour massacré et le crépuscule silencieux
vision soluble et charnue aux épines attrayantes défiant la perfection des êtres et des accomplissements
ampleur des gestes et des revendications égalitaires au nom des autres qui viendront affamés, ébahis, déterminés et beaux de désirs
Sur les murs et sur nos épaules, nos images délavées, nous serons la transparence, la limpidité, le rayonnement et l’accession
parce qu’enfin nous serons libres
air respirable et inaccessible
possibilité de déploiement
dernier refuge des âmes entravées
fragile peau originelle de la naissance
intimité du couple préservé dans la neige tournoyante
or immarcescible du ciel aveugle et battu
union fusionnelle des danses du feu
rosée secrète des confidences pleines de ferveur
pudeur du cœur qui cède à l’élan vers la confiance
exactitude des mots imprégnés d’idéal
poussière lumineuse jetée sur les visages ouverts
eau pour la soif des esprits purs et maltraités
recours acharné des démunis qui réclament la lune
insondable espoir des sourires mouillés et des mains terreuses
éveil insoumis qui perdure dans les saisons retorses
crachat et vomissure ensanglantés sur la veulerie des puissants criminels incondamnables
opposition volontaire dans la nuit ivre, l’aurore effrontée, le jour massacré et le crépuscule silencieux
vision soluble et charnue aux épines attrayantes défiant la perfection des êtres et des accomplissements
ampleur des gestes et des revendications égalitaires au nom des autres qui viendront affamés, ébahis, déterminés et beaux de désirs
Sur les murs et sur nos épaules, nos images délavées, nous serons la transparence, la limpidité, le rayonnement et l’accession
parce qu’enfin nous serons libres
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
Sous les cendres
Sous les cendres
par Micheline Mercier |
Je sais à peine téter,
J’ignore encore ce qu’est marcher
Ou tout simplement parler mais
Tu dois savoir que je sais penser et
J’ignore encore ce qu’est marcher
Ou tout simplement parler mais
Tu dois savoir que je sais penser et
Avoir peur »
Tu n’as pas le droit de me toucher ainsi !
Je ne peux pas encore me raidir la tête
Pour te crier mon dégoût...
Je ne peux pas encore me raidir la tête
Pour te crier mon dégoût...
Arrête, tu me fais mal !
Qui t’a donné le droit
De me dépouiller du bonheur qui m’est dû ?
D’anémier mon avenir.
De me dépouiller du bonheur qui m’est dû ?
D’anémier mon avenir.
Je ne suis qu’un nourrisson et toi,
Sale pervers, tu t’éclates
À m’affliger de ta rudesse excessive...
Sale pervers, tu t’éclates
À m’affliger de ta rudesse excessive...
Je souffre !
La douleur est intolérable,
Je crois que je vais mourir.
Je ne suis qu’un poupon,
Je crois que je vais mourir.
Je ne suis qu’un poupon,
Ne le vois-tu pas !
Repartir dans les nuages voilà ce que je veux.
Je suis trop petite
Pour supporter une telle désolation.
Je suis trop petite
Pour supporter une telle désolation.
Comprends-tu l’ampleur de ma douleur ?
Vous, qui savez reconnaître
Le pouvoir des mots,
Avez l’obligation de me protéger.
Le pouvoir des mots,
Avez l’obligation de me protéger.
Ne vous laissez pas leurrer.
Complet-cravate, sourire enjôleur,
Trompe-l’œil il sait si bien
Ensorceler les bien-pensants qui ont ...
Trompe-l’œil il sait si bien
Ensorceler les bien-pensants qui ont ...
Eh ! Ne me regarde pas de cette façon.
Décrété que nouvellement née,
Je ne vaux pas plus qu’un poulet de grain.
Je ne vaux pas plus qu’un poulet de grain.
Mon corps est si faible... Ne me serre pas trop fort,
Tu me brise les os !
Tu me brise les os !
Combien d’années de cette triste vie,
Dois-je attendre
Pour que la justice des hommes,
Me considère son égale.
Dois-je attendre
Pour que la justice des hommes,
Me considère son égale.
Je ne pourrai jamais m’adapter
À une telle machination...
À une telle machination...
Vicieux !
Tu abuses encore de ma faiblesse !
Tu abuses encore de ma faiblesse !
Maman !
Mais où es-tu ?
Mais où es-tu ?
Vous n’avez pas encore
Compris qu’il ment
Lorsqu’il dit vouloir ne plus me blesser.
Compris qu’il ment
Lorsqu’il dit vouloir ne plus me blesser.
Je ne veux pas retourner dans ses bras.
Je sais qu’il est fourbe et
Récidiviste.
Je sais qu’il est fourbe et
Récidiviste.
Cesse ce ridicule rictus !
Je te sais tricheur.
Je te sais tricheur.
Maman !
Ne m’abandonne pas...
Ne m’abandonne pas...
Ça pue la cigarette !
Pourquoi l’approches-tu
Si près de ma cuisse ?
Ça brûle ! Je prends feu !
Je me meurs dans la souffrance !
Pourquoi l’approches-tu
Si près de ma cuisse ?
Ça brûle ! Je prends feu !
Je me meurs dans la souffrance !
J’entends la démence de ton rire.
Eh ! Ne vous éloignez pas de moi,
Assurez-vous qu’il n’approchera plus de moi.
Assurez-vous qu’il n’approchera plus de moi.
Où suis-je ?
Les murs sont blancs.
J’ai froid. Mon petit corps est en ruine.
J’ai froid. Mon petit corps est en ruine.
Le sort en est jeté, vous avez failli,
Fermé les yeux.
Fermé les yeux.
Ne laissez pas la justice abandonner l’enfant
À une supposée déficience
Du comportement humain.
À une supposée déficience
Du comportement humain.
C’est un crime contre l’enfance !
Je ne veux plus vivre avec vous.
Je ne veux plus vivre avec vous.
Mon âme est en cendre, écoutez ma prière,
Ramenez-moi vers mon jardin d’avant-vie,
Je ne veux plus jamais revenir ici.
Ramenez-moi vers mon jardin d’avant-vie,
Je ne veux plus jamais revenir ici.
Et maintenant, je vous supplie
De panser mes blessures.
Bercez-moi, laissez-moi sangloter,
M’endormir dans la paix
De panser mes blessures.
Bercez-moi, laissez-moi sangloter,
M’endormir dans la paix
Note de l’auteure :
Trop souvent, nous sommes témoins de sévices envers les enfants. Et ils sont de plus en plus jeunes à subir des atrocités.
Ce n’est pas dans un esprit de confusion ou de contraintes personnelles que j’ai écrit ce poème, mais bien par amour des enfants et avec l’espoir que le monde serait peut-être prêt à ouvrir les yeux ou entendre ces mots que les tout-petits ne peuvent prononcer eux-mêmes.
Redonner un sens à la vie, être à l’affût de gestes pervers voire même brutaux dans le but de protéger ces enfants qui comptent sur nous pour grandir dans la dignité.[Micheline Mercie]
Rita-kazem- Nombre de messages : 4254
Date d'inscription : 18/02/2010
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