poèmes nostalgie
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poèmes nostalgie
Adieux à Rome
L’airain avait sonné l’hymne pieux du soir.
Sur les temples de Rome, où
cessait la prière,
La lune répandait sa paisible lumière;
Au Forum à pas
lents, triste, j’allai m’asseoir.
J’admirais ses débris, ses longs portiques
sombres,
Et clans ce jour douteux, par leur masse arrêté,
Tous ces grands
monuments empruntaient de leurs ombres
Plus de grandeur encore et plus de
majesté;
Comme l’objet absent, qu’un regret nous rappelle,
Reçoit du
souvenir une beauté nouvelle,
Mon luth, longtemps muet, préluda dans mes
mains,
Et sur l’air grave et doux dont le chant se marie
Aux accents
inspirés des poètes romains,
Cet adieu s’échappa de mon âme attendrie;
<< Rome, pour la dernière fois
<< Je parcours ta funèbre
enceinte:
<< Inspire les chants dont ma voix
<< Va saluer ta
gloire éteinte.
<< Luis dans mes vers, astre éclipsé
<< Dont
la splendeur fut sans rivale;
<< Ombre-éclatante du passé,
<<
Le présent n'a rien qui t'égale.
<< Tout doit mourir, tout doit changer:
<< La grandeur s'élève
et succombe.
<< Un culte même est passager;
<< Il souffre,
persécute et tombe.
<< Tu brillais de ce double éclat,
<< Et
tu n'as pas fait plus d'esclaves
<< Avec la toge du sénat
<<
Que sous la pourpre des conclaves.
<< Du sang de tes premiers soutiens
<< Cette colline est
arrosée;
<< Le sang de les héros chrétiens
<< Rougit encor lé
Cotisée.
<< A travers ces deux souvenirs
<< Tu m'apparais pâle
et flétrie,
<< Entre les palmes des martyrs
<< Et les lauriers
de la patrie.
<< Que tes grands noms, que tes exploits,
<< Tes souvenirs de
tous les âges,
<< Viennent se confondre sans choix
<< Dans mes
regrets et mes hommages,
<< Comme ces temples abattus,
<<
Comme les tombeaux et les ombres
<< De tes Césars, de tes
Brutus
<< Se confondent dans tes décombres.
<< Adieu, Forum, que Cicéron
<< Remplit encor de sa
mémoire!
<< Ici, chaque pierre a son nom,
<< Ici, chaque
débris sa gloire.
<< Je passe, et mes pieds ont foulé
<< Dans
ce tombeau d'où sortit Rome,
<< Les restes d'un dieu mutilé
<<
Ou la poussière d'un grand homme.
<< Adieu, vallon frais où Numa
<< Consultait sa nymphe
chérie!
<< J'entends le ruisseau qu'il aima
<< Murmurer le nom
d'Égérie.
<< Son eau coule encor; mais les rois,
<< Que séduit
une autre déesse,
<< Ne viennent plus chercher des lois
<< Où
Numa puise la sagesse.
<< Temple, dont l'Olympe exilé
<< A fui la majesté
déserte,
<< Panthéon, ce ciel étoile
<< Achève ta voûte
entr'ouverte;
<< Et ses feux du haut de l'éther,
<< Cherchant
tes dieux dans ton enceinte
<< Vont sur l'autel de Jupiter
<<
Mourir au pied de la croix sainte.
<< Qui t'éleva, dôme éternel,
<< Du Panthéon céleste
frère?
<< Si tu fus l'oeuvre d'un mortel
<< Les arts ont aussi
leur Homère;
<< Et du génie en ce saint lieu
<< Je sens
l'invisible présence,
<< Comme je sens celle du Dieu
<< Qui
remplit ta coupole immense.
<< Je vous revois, parvis sacrés
<< Qu'un poète a rendus
célèbres!
<< Je foule les noms ignorés
<< Qui chargent vos
pavés funèbres,
<< Et de tous ces tombeaux obscurs
<< Le
marbre qui tient tant de place,
<< Laisse .à peine un coin clans vos
murs
<< Pour la cendre et le nom du Tasse!
<< Cloître désert, sous les arceaux
<< Mourut l'amant
d'Éléonore,
<< Près du chêne dont les rameaux
<< Devaient pour
lui verdir encore.
<< Avant l'âge ainsi meurt Byron;
<< Un
même trépas les immole:
<< L'un tombe au seuil du
Parthénon,
<< Et l'autre au pied du Capitole... >>
Je les pleurais tous deux, et je sentis ma voix
Mourir avec leurs noms sur
mes lèvres tremblantes;
Je sentis les accords s’affaiblir sous mes
doigts,
Pareils au bruit plaintif, aux notes expirantes
Qui se perdent
dans l’air, quand du Miserere
Les sous au Vatican s’éteignent par
degré.
Jaloux pour mon pays, je cherchais en silence
Quels noms il
opposait à ces noms immortels;
Il m’apparaît alors, celui dont
l’éloquence
Des demi-dieux romains releva les autels;
Le Sophocle
français, l’orgueil de sa patrie,
L’égal de ses héros, celui qui
crayonna
L’âme du grand Pompée et l’esprit do Cinna;
Emu d’un saint
respect, je l’admire et m’écrie;
<< Chantre de ces guerriers fameux,
<< Grand homme, ô
Corneille, ô mon maître,
<< Tu n'as pas habité comme eux
<<
Cette Rome où tu devais naître;
<< Mais les dieux t'avaient au
berceau
<< Révélé sa grandeur passée,
<< Et sans fléchir sous
ton fardeau,
<< Tu la portais dans ta pensée!
<< Ah! tu dois errer sur ces bords,
<< Où le Tibre te rend
hommage!
<< Viens converser avec les morts
<< Dont ta main
retraça l'image.
<< Viens, et, ranimés pour te voir,
<< Ils
vont se lever sur tes traces;
<< Viens, grand Corneille, viens
t'asseoir
<< Au pied du tombeau des Horaces!
<< De quel noble-frémissement
<< L'orgueil doit agiter ton
âme,
<< Lorsque sur ce froid monument
<< De tes vers tu
répands la flamme!
<< Il tremble, et dans son sein profond
<<
J'entends murmurer sur la terre
<< Deux fils morts, dont la voix
répond
<< Au qu'il mourût de leur vieux père.
<< Beau comme ces marbres vivants
<< Dont l'art enfanta les
merveilles,
<< Ton front vaste abandonne aux vents
<< Ses
cheveux blanchis par les veilles;
<< Et quand les fils de
Romulus
<< Autour de toi couvrent ces plaines,
<< Je crois
voir un Romain de plus
<< Évoquant les ombres romaines.
<< Je pars, mais ces morts me suivront:
<< Ta muse a soufflé
sur leur cendre.
<< En renaissant ils grandiront
<< Dans tes
vers, qui vont me les rendre;
<< Et l'airain, qui, vainqueur du
temps,
<< Jusqu'aux cieux porta leurs images,
<< Les plaça sur
des monuments
<< Moins sublimes que tes ouvrages! >>
Casimir Delavigne
L’airain avait sonné l’hymne pieux du soir.
Sur les temples de Rome, où
cessait la prière,
La lune répandait sa paisible lumière;
Au Forum à pas
lents, triste, j’allai m’asseoir.
J’admirais ses débris, ses longs portiques
sombres,
Et clans ce jour douteux, par leur masse arrêté,
Tous ces grands
monuments empruntaient de leurs ombres
Plus de grandeur encore et plus de
majesté;
Comme l’objet absent, qu’un regret nous rappelle,
Reçoit du
souvenir une beauté nouvelle,
Mon luth, longtemps muet, préluda dans mes
mains,
Et sur l’air grave et doux dont le chant se marie
Aux accents
inspirés des poètes romains,
Cet adieu s’échappa de mon âme attendrie;
<< Rome, pour la dernière fois
<< Je parcours ta funèbre
enceinte:
<< Inspire les chants dont ma voix
<< Va saluer ta
gloire éteinte.
<< Luis dans mes vers, astre éclipsé
<< Dont
la splendeur fut sans rivale;
<< Ombre-éclatante du passé,
<<
Le présent n'a rien qui t'égale.
<< Tout doit mourir, tout doit changer:
<< La grandeur s'élève
et succombe.
<< Un culte même est passager;
<< Il souffre,
persécute et tombe.
<< Tu brillais de ce double éclat,
<< Et
tu n'as pas fait plus d'esclaves
<< Avec la toge du sénat
<<
Que sous la pourpre des conclaves.
<< Du sang de tes premiers soutiens
<< Cette colline est
arrosée;
<< Le sang de les héros chrétiens
<< Rougit encor lé
Cotisée.
<< A travers ces deux souvenirs
<< Tu m'apparais pâle
et flétrie,
<< Entre les palmes des martyrs
<< Et les lauriers
de la patrie.
<< Que tes grands noms, que tes exploits,
<< Tes souvenirs de
tous les âges,
<< Viennent se confondre sans choix
<< Dans mes
regrets et mes hommages,
<< Comme ces temples abattus,
<<
Comme les tombeaux et les ombres
<< De tes Césars, de tes
Brutus
<< Se confondent dans tes décombres.
<< Adieu, Forum, que Cicéron
<< Remplit encor de sa
mémoire!
<< Ici, chaque pierre a son nom,
<< Ici, chaque
débris sa gloire.
<< Je passe, et mes pieds ont foulé
<< Dans
ce tombeau d'où sortit Rome,
<< Les restes d'un dieu mutilé
<<
Ou la poussière d'un grand homme.
<< Adieu, vallon frais où Numa
<< Consultait sa nymphe
chérie!
<< J'entends le ruisseau qu'il aima
<< Murmurer le nom
d'Égérie.
<< Son eau coule encor; mais les rois,
<< Que séduit
une autre déesse,
<< Ne viennent plus chercher des lois
<< Où
Numa puise la sagesse.
<< Temple, dont l'Olympe exilé
<< A fui la majesté
déserte,
<< Panthéon, ce ciel étoile
<< Achève ta voûte
entr'ouverte;
<< Et ses feux du haut de l'éther,
<< Cherchant
tes dieux dans ton enceinte
<< Vont sur l'autel de Jupiter
<<
Mourir au pied de la croix sainte.
<< Qui t'éleva, dôme éternel,
<< Du Panthéon céleste
frère?
<< Si tu fus l'oeuvre d'un mortel
<< Les arts ont aussi
leur Homère;
<< Et du génie en ce saint lieu
<< Je sens
l'invisible présence,
<< Comme je sens celle du Dieu
<< Qui
remplit ta coupole immense.
<< Je vous revois, parvis sacrés
<< Qu'un poète a rendus
célèbres!
<< Je foule les noms ignorés
<< Qui chargent vos
pavés funèbres,
<< Et de tous ces tombeaux obscurs
<< Le
marbre qui tient tant de place,
<< Laisse .à peine un coin clans vos
murs
<< Pour la cendre et le nom du Tasse!
<< Cloître désert, sous les arceaux
<< Mourut l'amant
d'Éléonore,
<< Près du chêne dont les rameaux
<< Devaient pour
lui verdir encore.
<< Avant l'âge ainsi meurt Byron;
<< Un
même trépas les immole:
<< L'un tombe au seuil du
Parthénon,
<< Et l'autre au pied du Capitole... >>
Je les pleurais tous deux, et je sentis ma voix
Mourir avec leurs noms sur
mes lèvres tremblantes;
Je sentis les accords s’affaiblir sous mes
doigts,
Pareils au bruit plaintif, aux notes expirantes
Qui se perdent
dans l’air, quand du Miserere
Les sous au Vatican s’éteignent par
degré.
Jaloux pour mon pays, je cherchais en silence
Quels noms il
opposait à ces noms immortels;
Il m’apparaît alors, celui dont
l’éloquence
Des demi-dieux romains releva les autels;
Le Sophocle
français, l’orgueil de sa patrie,
L’égal de ses héros, celui qui
crayonna
L’âme du grand Pompée et l’esprit do Cinna;
Emu d’un saint
respect, je l’admire et m’écrie;
<< Chantre de ces guerriers fameux,
<< Grand homme, ô
Corneille, ô mon maître,
<< Tu n'as pas habité comme eux
<<
Cette Rome où tu devais naître;
<< Mais les dieux t'avaient au
berceau
<< Révélé sa grandeur passée,
<< Et sans fléchir sous
ton fardeau,
<< Tu la portais dans ta pensée!
<< Ah! tu dois errer sur ces bords,
<< Où le Tibre te rend
hommage!
<< Viens converser avec les morts
<< Dont ta main
retraça l'image.
<< Viens, et, ranimés pour te voir,
<< Ils
vont se lever sur tes traces;
<< Viens, grand Corneille, viens
t'asseoir
<< Au pied du tombeau des Horaces!
<< De quel noble-frémissement
<< L'orgueil doit agiter ton
âme,
<< Lorsque sur ce froid monument
<< De tes vers tu
répands la flamme!
<< Il tremble, et dans son sein profond
<<
J'entends murmurer sur la terre
<< Deux fils morts, dont la voix
répond
<< Au qu'il mourût de leur vieux père.
<< Beau comme ces marbres vivants
<< Dont l'art enfanta les
merveilles,
<< Ton front vaste abandonne aux vents
<< Ses
cheveux blanchis par les veilles;
<< Et quand les fils de
Romulus
<< Autour de toi couvrent ces plaines,
<< Je crois
voir un Romain de plus
<< Évoquant les ombres romaines.
<< Je pars, mais ces morts me suivront:
<< Ta muse a soufflé
sur leur cendre.
<< En renaissant ils grandiront
<< Dans tes
vers, qui vont me les rendre;
<< Et l'airain, qui, vainqueur du
temps,
<< Jusqu'aux cieux porta leurs images,
<< Les plaça sur
des monuments
<< Moins sublimes que tes ouvrages! >>
Casimir Delavigne
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Découverte
Découverte
J’étais enfant. J’aimais les grands combats,
Les Chevaliers et leur
pesante armure,
Et tous les preux qui tombèrent là-bas
Pour racheter la
Sainte Sépulture.
L’Anglais Richard faisait battre mon coeur
Et je l’aimais, quand après ses
conquêtes
Il revenait, et que son bras vainqueur
Avait coupé tout un
collier de têtes.
D’une Beauté je prenais les couleurs,
Une baguette était mon cimeterre
;
Puis je partais à la guerre des fleurs
Et des bourgeons dont je jonchais
la terre.
Je possédais au vent libre des cieux
Un banc de mousse où s’élevait mon
trône ;
Je méprisais les rois ambitieux,
Des rameaux verts j’avais fait ma
couronne.
J’étais heureux et ravi. Mais un jour
Je vis venir une jeune
compagne.
J’offris mon coeur, mon royaume et ma cour,
Et les châteaux que
j’avais en Espagne.
Elle s’assit sous les marronniers verts ;
Or je crus voir, tant je la
trouvais belle,
Dans ses yeux bleus comme un autre univers,
Et je restai
tout songeur auprès d’elle.
Pourquoi laisser mon rêve et ma gaieté
En regardant cette fillette blonde
?
Pourquoi Colomb fut-il si tourmenté
Quand, dans la brume, il entrevit un
monde.
Guy de Maupassant, Des vers
J’étais enfant. J’aimais les grands combats,
Les Chevaliers et leur
pesante armure,
Et tous les preux qui tombèrent là-bas
Pour racheter la
Sainte Sépulture.
L’Anglais Richard faisait battre mon coeur
Et je l’aimais, quand après ses
conquêtes
Il revenait, et que son bras vainqueur
Avait coupé tout un
collier de têtes.
D’une Beauté je prenais les couleurs,
Une baguette était mon cimeterre
;
Puis je partais à la guerre des fleurs
Et des bourgeons dont je jonchais
la terre.
Je possédais au vent libre des cieux
Un banc de mousse où s’élevait mon
trône ;
Je méprisais les rois ambitieux,
Des rameaux verts j’avais fait ma
couronne.
J’étais heureux et ravi. Mais un jour
Je vis venir une jeune
compagne.
J’offris mon coeur, mon royaume et ma cour,
Et les châteaux que
j’avais en Espagne.
Elle s’assit sous les marronniers verts ;
Or je crus voir, tant je la
trouvais belle,
Dans ses yeux bleus comme un autre univers,
Et je restai
tout songeur auprès d’elle.
Pourquoi laisser mon rêve et ma gaieté
En regardant cette fillette blonde
?
Pourquoi Colomb fut-il si tourmenté
Quand, dans la brume, il entrevit un
monde.
Guy de Maupassant, Des vers
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Fantaisie
Fantaisie
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout
Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des
charmes secrets.
Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme
rajeunit :
C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre
Un coteau
vert, que le couchant jaunit,
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de
rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses
pieds, qui coule entre des fleurs ;
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits
anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue… - et dont
je me souviens !
Gérard de Nerval
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout
Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des
charmes secrets.
Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme
rajeunit :
C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre
Un coteau
vert, que le couchant jaunit,
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de
rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses
pieds, qui coule entre des fleurs ;
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits
anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue… - et dont
je me souviens !
Gérard de Nerval
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Ici, c’est un vieil homme de cent ans
Ici, c’est un vieil homme de cent ans
Ici, c’est un vieil homme de cent ans
qui dit, selon la chair, Flandre et
le sang :
souvenez-vous-en, souvenez-vous-en,
en ouvrant son coeur de ses
doigts tremblants
pour montrer à tous sa vie comme un livre,
et, dans sa joie comme en des
oraisons,
tout un genre humain occupé à vivre
en ses villes pies d’hommes
et d’enfants.
Or à tous ici, ses pleurs et ses fêtes,
et, suivant le ciel peint à ses
couleurs,
voici sa maison, ses fruits et ses fleurs,
en ses horizons
d’hommes et de bêtes :
et lors ses heures d’hiver et printemps
venues en musique ainsi qu’en
prières,
sous des Christs en croix, des saints, des calvaires,
puis sa foi
aussi bonne en tous les temps,
pour la paix de sa vie trop à l’attache,
dans les jours, les mois, des
quatre saisons,
et le réconfort de ses mains qui tâchent
ici de leur mieux
et très simplement.
Max Elskamp, Enluminures
Ici, c’est un vieil homme de cent ans
qui dit, selon la chair, Flandre et
le sang :
souvenez-vous-en, souvenez-vous-en,
en ouvrant son coeur de ses
doigts tremblants
pour montrer à tous sa vie comme un livre,
et, dans sa joie comme en des
oraisons,
tout un genre humain occupé à vivre
en ses villes pies d’hommes
et d’enfants.
Or à tous ici, ses pleurs et ses fêtes,
et, suivant le ciel peint à ses
couleurs,
voici sa maison, ses fruits et ses fleurs,
en ses horizons
d’hommes et de bêtes :
et lors ses heures d’hiver et printemps
venues en musique ainsi qu’en
prières,
sous des Christs en croix, des saints, des calvaires,
puis sa foi
aussi bonne en tous les temps,
pour la paix de sa vie trop à l’attache,
dans les jours, les mois, des
quatre saisons,
et le réconfort de ses mains qui tâchent
ici de leur mieux
et très simplement.
Max Elskamp, Enluminures
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
L’enfance
L’enfance
Qu’ils étaient doux ces jours de mon enfance
Où toujours gai, sans soucis,
sans chagrin,
je coulai ma douce existence,
Sans songer au
lendemain.
Que me servait que tant de connaissances
A mon esprit vinssent
donner l’essor,
On n’a pas besoin des sciences,
Lorsque l’on vit dans
l’âge d’or !
Mon coeur encore tendre et novice,
Ne connaissait pas la
noirceur,
De la vie en cueillant les fleurs,
Je n’en sentais pas les
épines,
Et mes caresses enfantines
Étaient pures et sans
aigreurs.
Croyais-je, exempt de toute peine
Que, dans notre vaste
univers,
Tous les maux sortis des enfers,
Avaient établi leur domaine
?
Nous sommes loin de l’heureux temps
Règne de Saturne et de Rhée,
Où les
vertus, les fléaux des méchants,
Sur la terre étaient adorées,
Car dans
ces heureuses contrées
Les hommes étaient des enfants.
Gérard de Nerval, Poésies de jeunesse
Qu’ils étaient doux ces jours de mon enfance
Où toujours gai, sans soucis,
sans chagrin,
je coulai ma douce existence,
Sans songer au
lendemain.
Que me servait que tant de connaissances
A mon esprit vinssent
donner l’essor,
On n’a pas besoin des sciences,
Lorsque l’on vit dans
l’âge d’or !
Mon coeur encore tendre et novice,
Ne connaissait pas la
noirceur,
De la vie en cueillant les fleurs,
Je n’en sentais pas les
épines,
Et mes caresses enfantines
Étaient pures et sans
aigreurs.
Croyais-je, exempt de toute peine
Que, dans notre vaste
univers,
Tous les maux sortis des enfers,
Avaient établi leur domaine
?
Nous sommes loin de l’heureux temps
Règne de Saturne et de Rhée,
Où les
vertus, les fléaux des méchants,
Sur la terre étaient adorées,
Car dans
ces heureuses contrées
Les hommes étaient des enfants.
Gérard de Nerval, Poésies de jeunesse
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
La maison solitaire
La maison solitaire
Seule, en un coin de terre où plane la tristesse
Et le mélancolique et
vague ennui des soirs,
La vieille maison blanche, aux grands contrevents
noirs,
Pleure-t-elle ses gens, son hôte, son hôtesse ?
Avec sa porte close et ses carreaux en deuil
Qui ne semblent, au loin,
qu’un vaporeux décalque,
La maison blanche et noire a l’air d’un
catafalque
Érigé sur le vide et la nuit d’un cercueil.
À la croix des pignons tachés d’ocre et de suie,
Comme un crêpe fané, la
mousse vole au vent,
Et l’on dirait, parfois, qu’il tombe de l’auvent
Une
neige de cendre et des larmes de pluie.
Trois générations ont peiné dans ce lieu :
Trois générations de laboureurs
de terre
Ont vécu longuement le rêve solitaire,
Qui commence à l’autel et
finit devant Dieu.
Tout semble mort… Soudain, la vitre qui brasille
S’ouvre, et, tel qu’au
matin, brille un coquelicot,
Une face vermeille apparaît, et
l’écho
Éparpille un fredon d’enfant qui s’égosille.
Rouge d’orgueil, le fier petit gars d’habitant,
Que le ber ancestral a
couvé dans la paille,
Du jeu d’un gosier d’or, éblouit la marmaille
Et
fait taire le merle et le coq éclatant.
Et la vieille maison, tant de fois attristée
Par le glas et l’adieu des
funèbres convois,
Reprend jeunesse et vie au seul son de la voix
Qui
conjure l’ennui, dont son âme est hantée.
Le vieil âge n’est plus. Voici le jeune temps :
L’aurore entre malgré la
fenêtre morose ;
La chambre se plafonne et se meuble de rose ;
La maison
recommence à vivre ses vingt ans.
Et le chef du travail, dehors à coeur d’année,
Bénit l’horizon clair et le
soleil levant,
Le nuage et l’oiseau, la rosée et le vent,
Qui lui
promettent tous une belle journée.
Nérée Beauchemin
Seule, en un coin de terre où plane la tristesse
Et le mélancolique et
vague ennui des soirs,
La vieille maison blanche, aux grands contrevents
noirs,
Pleure-t-elle ses gens, son hôte, son hôtesse ?
Avec sa porte close et ses carreaux en deuil
Qui ne semblent, au loin,
qu’un vaporeux décalque,
La maison blanche et noire a l’air d’un
catafalque
Érigé sur le vide et la nuit d’un cercueil.
À la croix des pignons tachés d’ocre et de suie,
Comme un crêpe fané, la
mousse vole au vent,
Et l’on dirait, parfois, qu’il tombe de l’auvent
Une
neige de cendre et des larmes de pluie.
Trois générations ont peiné dans ce lieu :
Trois générations de laboureurs
de terre
Ont vécu longuement le rêve solitaire,
Qui commence à l’autel et
finit devant Dieu.
Tout semble mort… Soudain, la vitre qui brasille
S’ouvre, et, tel qu’au
matin, brille un coquelicot,
Une face vermeille apparaît, et
l’écho
Éparpille un fredon d’enfant qui s’égosille.
Rouge d’orgueil, le fier petit gars d’habitant,
Que le ber ancestral a
couvé dans la paille,
Du jeu d’un gosier d’or, éblouit la marmaille
Et
fait taire le merle et le coq éclatant.
Et la vieille maison, tant de fois attristée
Par le glas et l’adieu des
funèbres convois,
Reprend jeunesse et vie au seul son de la voix
Qui
conjure l’ennui, dont son âme est hantée.
Le vieil âge n’est plus. Voici le jeune temps :
L’aurore entre malgré la
fenêtre morose ;
La chambre se plafonne et se meuble de rose ;
La maison
recommence à vivre ses vingt ans.
Et le chef du travail, dehors à coeur d’année,
Bénit l’horizon clair et le
soleil levant,
Le nuage et l’oiseau, la rosée et le vent,
Qui lui
promettent tous une belle journée.
Nérée Beauchemin
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
La retraite
La retraite
Aux bords de ton lac enchanté,
Loin des sots préjugés que l’erreur
déifie,
Couvert du bouclier de ta philosophie,
Le temps n’emporte rien de
ta félicité ;
Ton matin fut brillant ; et ma jeunesse envie
L’azur calme
et serein du beau soir de ta vie !
Ce qu’on appelle nos beaux jours
N’est qu’un éclair brillant dans une nuit
d’orage,
Et rien, excepté nos amours,
N’y mérite un regret du sage
;
Mais, que dis-je ? on aime à tout âge :
Ce feu durable et doux, dans
l’âme renfermé,
Donne plus de chaleur en jetant moins de flamme ;
C’est le
souffle divin dont tout l’homme est formé,
Il ne s’éteint qu’avec son
âme.
Etendre son esprit, resserrer ses désirs,
C’est là ce grand secret ignoré
du vulgaire :
Tu le connais, ami ; cet heureux coin de terre
Renferme tes
amours, tes goûts et tes plaisirs ;
Tes vœux ne passent point ton champêtre
domaine,
Mais ton esprit plus vaste étend son horizon,
Et, du monde
embrassant la scène,
Le flambeau de l’étude éclaire ta raison.
Tu vois qu’aux bords du Tibre, et du Nil et du Gange,
En tous lieux, en
tous temps, sous des masques divers,
L’homme partout est l’homme, et qu’en
cet univers,
Dans un ordre éternel tout passe et rien ne change ;
Tu vois
les nations s’éclipser tour à tour
Comme les astres dans l’espace,
De
mains en mains le sceptre passe,
Chaque peuple a son siècle, et chaque homme
a son jour ;
Sujets à cette loi suprême,
Empire, gloire, liberté,
Tout
est par le temps emporté,
Le temps emporta les dieux même
De la crédule
antiquité,
Et ce que des mortels dans leur orgueil extrême
Osaient nommer
la vérité.
Au milieu de ce grand nuage,
Réponds-moi : que fera le sage
Toujours
entre le doute et l’erreur combattu ?
Content du peu de jours qu’il saisit au
passage,
Il se hâte d’en faire usage
Pour le bonheur et la vertu.
J’ai vu ce sage heureux ; dans ses belles demeures
J’ai goûté
l’hospitalité,
A l’ombre du jardin que ses mains ont planté,
Aux doux sons
de sa lyre il endormait les heures
En chantant sa félicité.
Soyez touché,
grand Dieu, de sa reconnaissance.
Il ne vous lasse point d’un inutile vœu
;
Gardez-lui seulement sa rustique opulence,
Donnez tout à celui qui vous
demande peu.
Des doux objets de sa tendresse
Qu’à son riant foyer toujours
environné,
Sa femme et ses enfants couronnent sa vieillesse,
Comme de ses
fruits mûrs un arbre est couronné.
Que sous l’or des épis ses collines
jaunissent ;
Qu’au pied de son rocher son lac soit toujours pur ;
Que de
ses beaux jasmins les ombres s’épaississent ;
Que son soleil soit doux, que
son ciel soit d’azur,
Et que pour l’étranger toujours ses vins mûrissent.
Pour moi, loin de ce port de la félicité,
Hélas ! par la jeunesse et
l’espoir emporté,
Je vais tenter encore et les flots et l’orage ;
Mais,
ballotté par l’onde et fatigué du vent,
Au pied de ton rocher
sauvage,
Ami, je reviendrai souvent
Rattacher, vers le soir, ma barque à
ton rivage.
Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques
Aux bords de ton lac enchanté,
Loin des sots préjugés que l’erreur
déifie,
Couvert du bouclier de ta philosophie,
Le temps n’emporte rien de
ta félicité ;
Ton matin fut brillant ; et ma jeunesse envie
L’azur calme
et serein du beau soir de ta vie !
Ce qu’on appelle nos beaux jours
N’est qu’un éclair brillant dans une nuit
d’orage,
Et rien, excepté nos amours,
N’y mérite un regret du sage
;
Mais, que dis-je ? on aime à tout âge :
Ce feu durable et doux, dans
l’âme renfermé,
Donne plus de chaleur en jetant moins de flamme ;
C’est le
souffle divin dont tout l’homme est formé,
Il ne s’éteint qu’avec son
âme.
Etendre son esprit, resserrer ses désirs,
C’est là ce grand secret ignoré
du vulgaire :
Tu le connais, ami ; cet heureux coin de terre
Renferme tes
amours, tes goûts et tes plaisirs ;
Tes vœux ne passent point ton champêtre
domaine,
Mais ton esprit plus vaste étend son horizon,
Et, du monde
embrassant la scène,
Le flambeau de l’étude éclaire ta raison.
Tu vois qu’aux bords du Tibre, et du Nil et du Gange,
En tous lieux, en
tous temps, sous des masques divers,
L’homme partout est l’homme, et qu’en
cet univers,
Dans un ordre éternel tout passe et rien ne change ;
Tu vois
les nations s’éclipser tour à tour
Comme les astres dans l’espace,
De
mains en mains le sceptre passe,
Chaque peuple a son siècle, et chaque homme
a son jour ;
Sujets à cette loi suprême,
Empire, gloire, liberté,
Tout
est par le temps emporté,
Le temps emporta les dieux même
De la crédule
antiquité,
Et ce que des mortels dans leur orgueil extrême
Osaient nommer
la vérité.
Au milieu de ce grand nuage,
Réponds-moi : que fera le sage
Toujours
entre le doute et l’erreur combattu ?
Content du peu de jours qu’il saisit au
passage,
Il se hâte d’en faire usage
Pour le bonheur et la vertu.
J’ai vu ce sage heureux ; dans ses belles demeures
J’ai goûté
l’hospitalité,
A l’ombre du jardin que ses mains ont planté,
Aux doux sons
de sa lyre il endormait les heures
En chantant sa félicité.
Soyez touché,
grand Dieu, de sa reconnaissance.
Il ne vous lasse point d’un inutile vœu
;
Gardez-lui seulement sa rustique opulence,
Donnez tout à celui qui vous
demande peu.
Des doux objets de sa tendresse
Qu’à son riant foyer toujours
environné,
Sa femme et ses enfants couronnent sa vieillesse,
Comme de ses
fruits mûrs un arbre est couronné.
Que sous l’or des épis ses collines
jaunissent ;
Qu’au pied de son rocher son lac soit toujours pur ;
Que de
ses beaux jasmins les ombres s’épaississent ;
Que son soleil soit doux, que
son ciel soit d’azur,
Et que pour l’étranger toujours ses vins mûrissent.
Pour moi, loin de ce port de la félicité,
Hélas ! par la jeunesse et
l’espoir emporté,
Je vais tenter encore et les flots et l’orage ;
Mais,
ballotté par l’onde et fatigué du vent,
Au pied de ton rocher
sauvage,
Ami, je reviendrai souvent
Rattacher, vers le soir, ma barque à
ton rivage.
Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
La Vie antérieure
La Vie antérieure
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins
teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et
majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon
solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche
musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur, des
vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin
était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins
teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et
majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon
solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche
musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur, des
vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin
était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Le vent d’autrefois
Le vent d’autrefois
Il est minuit et demi
Le vinyle tourne
Toujours
Ce vent
d’autrefois
Café, et encore du café
Ses yeux diamants
Inconscients
Ne se cachent
jamais
L’encre des idées
A peine séchée
Et tout est repris
Tout est réécrit
à nouveau
Le rythme de la basse
Coule à travers son corps
Comme du chocolat
fondant
Dans la bouche veloutée
De celle qu’il aime
Jules Delavigne
Il est minuit et demi
Le vinyle tourne
Toujours
Ce vent
d’autrefois
Café, et encore du café
Ses yeux diamants
Inconscients
Ne se cachent
jamais
L’encre des idées
A peine séchée
Et tout est repris
Tout est réécrit
à nouveau
Le rythme de la basse
Coule à travers son corps
Comme du chocolat
fondant
Dans la bouche veloutée
De celle qu’il aime
Jules Delavigne
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Ma vie de bohème
Ma vie de bohème
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées,
Mon paletot aussi
devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh !
là, là !que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit Poucet rêveur, j’égrenais
dans ma course
Des rimes. Mon auberge était la Grand Ourse.
- Mes étoiles
au ciel avaient un doux frou-frou.
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre
où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais
les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Arthur Rimbaud
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées,
Mon paletot aussi
devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh !
là, là !que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit Poucet rêveur, j’égrenais
dans ma course
Des rimes. Mon auberge était la Grand Ourse.
- Mes étoiles
au ciel avaient un doux frou-frou.
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre
où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais
les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Arthur Rimbaud
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Rappelle toi
Rappelle toi
(Vergiss mein nicht)
(Paroles faites sur la musique de Mozart)
Rappelle-toi, quand l’Aurore craintive
Ouvre au Soleil son palais enchanté
;
Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive
Passe en rêvant sous son voile
argenté ;
A l’appel du plaisir lorsque ton sein palpite,
Aux doux songes
du soir lorsque l’ombre t’invite,
Ecoute au fond des bois
Murmurer une
voix :
Rappelle-toi.
Rappelle-toi, lorsque les destinées
M’auront de toi pour jamais
séparé,
Quand le chagrin, l’exil et les années
Auront flétri ce coeur
désespéré ;
Songe à mon triste amour, songe à l’adieu suprême !
L’absence
ni le temps ne sont rien quand on aime.
Tant que mon coeur
battra,
Toujours il te dira
Rappelle-toi.
Rappelle-toi, quand sous la froide terre
Mon coeur brisé pour toujours
dormira ;
Rappelle-toi, quand la fleur solitaire
Sur mon tombeau doucement
s’ouvrira.
Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelle
Reviendra près
de toi comme une soeur fidèle.
Ecoute, dans la nuit,
Une voix qui gémit
:
Rappelle-toi.
Alfred de Musset
(Vergiss mein nicht)
(Paroles faites sur la musique de Mozart)
Rappelle-toi, quand l’Aurore craintive
Ouvre au Soleil son palais enchanté
;
Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive
Passe en rêvant sous son voile
argenté ;
A l’appel du plaisir lorsque ton sein palpite,
Aux doux songes
du soir lorsque l’ombre t’invite,
Ecoute au fond des bois
Murmurer une
voix :
Rappelle-toi.
Rappelle-toi, lorsque les destinées
M’auront de toi pour jamais
séparé,
Quand le chagrin, l’exil et les années
Auront flétri ce coeur
désespéré ;
Songe à mon triste amour, songe à l’adieu suprême !
L’absence
ni le temps ne sont rien quand on aime.
Tant que mon coeur
battra,
Toujours il te dira
Rappelle-toi.
Rappelle-toi, quand sous la froide terre
Mon coeur brisé pour toujours
dormira ;
Rappelle-toi, quand la fleur solitaire
Sur mon tombeau doucement
s’ouvrira.
Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelle
Reviendra près
de toi comme une soeur fidèle.
Ecoute, dans la nuit,
Une voix qui gémit
:
Rappelle-toi.
Alfred de Musset
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Voeu
Voeu
Ah ! les oaristys ! les premières maîtresses !
L’or des cheveux, l’azur
des yeux, la fleur des chairs,
Et puis, parmi l’odeur des corps jeunes et
chers,
La spontanéité craintive des caresses !
Sont-elles assez loin toutes ces allégresses
Et toutes ces candeurs !
Hélas ! toutes devers
Le printemps des regrets ont fui les noirs hivers
De
mes ennuis, de mes dégoûts, de mes détresses !
Si que me voilà seul à présent, morne et seul,
Morne et désespéré, plus
glacé qu’un aïeul,
Et tel qu’un orphelin pauvre sans sœur aînée.
Ô la femme à l’amour câlin et réchauffant,
Douce, pensive et brune, et
jamais étonnée,
Et qui parfois vous baise au front, comme un enfant !
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Ah ! les oaristys ! les premières maîtresses !
L’or des cheveux, l’azur
des yeux, la fleur des chairs,
Et puis, parmi l’odeur des corps jeunes et
chers,
La spontanéité craintive des caresses !
Sont-elles assez loin toutes ces allégresses
Et toutes ces candeurs !
Hélas ! toutes devers
Le printemps des regrets ont fui les noirs hivers
De
mes ennuis, de mes dégoûts, de mes détresses !
Si que me voilà seul à présent, morne et seul,
Morne et désespéré, plus
glacé qu’un aïeul,
Et tel qu’un orphelin pauvre sans sœur aînée.
Ô la femme à l’amour câlin et réchauffant,
Douce, pensive et brune, et
jamais étonnée,
Et qui parfois vous baise au front, comme un enfant !
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
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