Stéphane Méliade:Vitraux de neige
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Stéphane Méliade:Vitraux de neige
Vitraux de
neige
Il marche
dans l'église, il marche sous sa tête, s'imprime dans la pierre.
Il regarde
le soleil s'aplatir contre les vitraux, comme un visage d'enfant qui regarde des
mystères derrière le verre.
Ce visage tout contre le vitrail. Sa couleur
est une expression. Rien ne le protège de la lumière.
Jadis, ici, il y a
eu une bataille de boules de couleur et Dieu est remonté tout essouflé de
bonheur, a demandé pour Noël quelques hommes à mettre dans sa cheminée. Ils font
de belles flammes et crient avec art.
Dieu a très peur des hommes
silencieux et des visages qui regardent en écarquillant les couleurs.
Il
neige, les flocons tombent en croix, se coupent sur le verre, brisent la terre
en la touchant.
Il pose sa main sur la rampe du ciel.
Le plomb règle
le chant du verre, trace les plans de la lumière.
Il prie en éclats sur
la pierre.
Des poches fouillent ses mains, les percent de leurs pas. Il lève
les bras, devient arbre blanc, coeur penché, couleur assise.
Peu à peu,
il ferme ses yeux et neige vers le ciel.
Il monte patiemment en cristaux de
chant.
Ses lèvres s'allument bleues, mais cela ne veut pas dire qu'il meurt,
juste qu'il fait peau dans ses mots.
Dans quelques minutes, il
reviendra, coloré de ciel d'été.
En montant, sa tête a cogné contre la
cloche. Les gens ont accouru, croyant à un mariage.
Il laissera leurs
yeux ouverts.
Dans quelques instants, les siens neigeront en rayons dans les
rues, prendront forme de buée en couleurs, riront de brûler vifs dans les paumes
des gens qui prient.
Alors, le soleil entrera dans l'église et viendra
mordre les âmes pour qu'elles s'éveillent.
neige
Il marche
dans l'église, il marche sous sa tête, s'imprime dans la pierre.
Il regarde
le soleil s'aplatir contre les vitraux, comme un visage d'enfant qui regarde des
mystères derrière le verre.
Ce visage tout contre le vitrail. Sa couleur
est une expression. Rien ne le protège de la lumière.
Jadis, ici, il y a
eu une bataille de boules de couleur et Dieu est remonté tout essouflé de
bonheur, a demandé pour Noël quelques hommes à mettre dans sa cheminée. Ils font
de belles flammes et crient avec art.
Dieu a très peur des hommes
silencieux et des visages qui regardent en écarquillant les couleurs.
Il
neige, les flocons tombent en croix, se coupent sur le verre, brisent la terre
en la touchant.
Il pose sa main sur la rampe du ciel.
Le plomb règle
le chant du verre, trace les plans de la lumière.
Il prie en éclats sur
la pierre.
Des poches fouillent ses mains, les percent de leurs pas. Il lève
les bras, devient arbre blanc, coeur penché, couleur assise.
Peu à peu,
il ferme ses yeux et neige vers le ciel.
Il monte patiemment en cristaux de
chant.
Ses lèvres s'allument bleues, mais cela ne veut pas dire qu'il meurt,
juste qu'il fait peau dans ses mots.
Dans quelques minutes, il
reviendra, coloré de ciel d'été.
En montant, sa tête a cogné contre la
cloche. Les gens ont accouru, croyant à un mariage.
Il laissera leurs
yeux ouverts.
Dans quelques instants, les siens neigeront en rayons dans les
rues, prendront forme de buée en couleurs, riront de brûler vifs dans les paumes
des gens qui prient.
Alors, le soleil entrera dans l'église et viendra
mordre les âmes pour qu'elles s'éveillent.
Iness- Invité
la poésie
La poésie
Souterraine ou céleste, la poésie est loin d'être "gentille". Elle
se joue de l'espace et du temps et lie les pointillés des trames. Le poète est
un aventurier de l'esprit, un flingueur d'oubli, un jongleur de vie, un pousseur
de premier cri.
Ce qui passe à travers nous dans ces moments là casse l'oeuf du
silence..
Moi, je ne suis pas poète. Je suis juste un être vivant qui
écrit.
Écrits dans le ciel, ces quelques textes pour voler debout et traverser toutes les
saisons....
Iness- Invité
-- Larmes d'orage --
-- Larmes d'orage --
tu dis que tu aimes ces heures du soir
que le pire
de la lumière est déjà derrière toi
tu préviens tes rêves
que tu n'as pas
peur de la nuit qui vient
ni d'aucune autre qui viendra
tu les préviens
qu'ils devront être doux
s'ils veulent exister
pour pouvoir
redescendre comme au long d'un drap
tu noues des choses à d'autres
choses
juste avant de dormir
couronne de cailloux
perles autour de la
tête
ailes dessinées le plus bas possible
des fois qu'il faille s'éveiller
en sursaut
en plein ciel
il est l'heure il est l'heure de se
retourner
vers le long l'immense univers qui vit derrière ton dos
de
caresser la bête une dernière fois
avant le matin
il est l'heure il est
l'heure d'inviter le soleil secret
qui va venir nous parler tout bas
de
l'orage et des yeux qui s'ouvrent en face des tiens
des cils qui se penchent
et viennent toucher les nôtres
pour mieux franchir ensemble les tous derniers
contours
avant que formes et couleurs disparaissent jusqu'à
demain
d'autres nuits qui nous ressemblent
vont venir pour naître
contre la nôtre
comment peut-on naître de nuit
comment se reposer quand on
vient au monde
en plein voyage
je ne peux pas te dire
c'est le beau
mystère du temps qui se balance
c'est l'énigme des bras qui savent
trembler
et boire la vie dans l'ombre d'or liquide
faite des larmes du feu
qui brille derrière tes paupières
ballerine de gouttes et de
lampes
quelqu'un va venir te raconter les lits des rivières
qui ont
charrié les arbres où s'endormir perchés
berceau de branches pour les filles
en fontaine
qui retombent sur les épaules et le cou
avec des larmes
d'orage
quelqu'un viendra nouer autour de ta taille
un foulard de rayons
qui tournent avec le courant
et jouent avec la lune
pour qu'elle puisse
redevenir pleine
08-09-2005
Iness- Invité
Six soleils se sont levés à l'ouest
-- Six soleils se sont levés à l'ouest
--
(regarde les arbres trembler)
1.
Tu m'as dit de venir dans cette forêt à l'aube et
d'écouter les arbres trembler.
Tu m'as dit que quand j'y serai, je saurai
pourquoi ils tremblent.
La forêt se trouve au bord de l'eau. Il est essentiel
qu'elle se reflête, me dis-tu. Quand les vrais arbres tremblent, le reflet
devient si net que quelque chose s'ouvre de bas en haut dans l'air.
Ce n'est
pas normal.
Si me réponds-tu. C'est par là qu'il faut
passer.
2.
des cornes
j'ai des cornes sur ma tête
je tape du
pied
elles ne tombent pas
je prie avec
mais jointes autour
c'est
encore la nuit
lune entre les cornes
je les arrache
je veux les
jeter dans la mer
je les porte à ma bouche et je souffle dedans
je ne sais
pas ce que j'appelle
mais la musique est belle
elle fait des trouées en
forme de feuilles
entre les autres feuilles
celles qui existent
vraiment
des rayons tombent
toujours là où j'étais à l'instant
d'avant
des feuilles
des arbres
des gens
se jettent dans la
mer
3.
Je sens des présences, des cerfs qui courent sur moi, des
doigts intelligents qui tapent des codes.
Des matières solennelles se
succèdent en rideaux. Elles ne sont pas simples mais croisées. Acajous en
briques, marbres cousus, soies plantées, corps chargés de millénaires.
À côté
d'elles, je me sens léger, neuf, sautant de branche en branche, m'essayant à
façonner des outils. Dépliant mes ailes encore humides, face aux arbres.
Pour
le moment, c'est moi qui tremble.
4.
une fête se donne
ici
comme si j'étais chez moi
trop de gens entrent dans la
forêt
viennent voir
veulent voir
comme si j'étais chez moi entrez
il
faut les accueillir
leur servir à vivre
les emmener sur la corniche voir
la mer
se réjouir de leurs pieds dans le sable
trop de gens
entrent
comme si j'étais chez moi
toute la mer sous mes pieds
je pêche
la lumière dans l'eau noire pour les divertir
je fais tourner des moteurs et
parler les arbres
taille des haies en forme de leur visage
des gens
entrent et il en entre encore
5.
Docteur, je fais pipi
souvent, par la bouche, par les yeux, je fais pipi vers hier et vers demain.
Docteur, mon ombre prend vie, docteur je vais naître maintenant, les arbres vont
trembler, tendez bien les bras pour me rattraper, je vais fuser comme un chien
qui saute vers le soleil, je vais vous traverser de part en part et vous, vous
allez mourir juste quand je vais commencer à respirer. Docteur, il va se passer
quelque chose de fulgurant, comme le début de quelque chose, comme le début de
toutes choses.
Docteur, vous avez rêvé longtemps. Vous avez rêvé d'églises et
de routes, de fauteuils et de noms savants. Venez avec moi dans la forêt, venez
écouter les arbres trembler. Mettez une blouse verte déchirée et disposez des
brindilles dans vos cheveux. Appuyez vous sur vos pattes, elles semblent frêles
mais elles sont solides. Laissez sans peur pousser vos plumes.
Alors,
peut-être vous vivrez quand même.
6.
tu vois je t'avais
dit
regarde les racines
observe le frémissement des troncs
vois comme
fleurs feuilles et fruits restent ensemble
se rejoignent sur la même
branche
regarde la lune et les étoiles
ce matin elles ne partent
pas
ce matin le ciel redevient entier
respire l'étonnement de la
terre
elle annonce la fin du rêve
qui séparait jour et nuit
regarde
dans l'eau
le reflet qui devient net
regarde dans l'eau et bois-la
six
soleils se sont levés à l'ouest
regarde les arbres
trembler
23-04-2005
--
(regarde les arbres trembler)
1.
Tu m'as dit de venir dans cette forêt à l'aube et
d'écouter les arbres trembler.
Tu m'as dit que quand j'y serai, je saurai
pourquoi ils tremblent.
La forêt se trouve au bord de l'eau. Il est essentiel
qu'elle se reflête, me dis-tu. Quand les vrais arbres tremblent, le reflet
devient si net que quelque chose s'ouvre de bas en haut dans l'air.
Ce n'est
pas normal.
Si me réponds-tu. C'est par là qu'il faut
passer.
2.
des cornes
j'ai des cornes sur ma tête
je tape du
pied
elles ne tombent pas
je prie avec
mais jointes autour
c'est
encore la nuit
lune entre les cornes
je les arrache
je veux les
jeter dans la mer
je les porte à ma bouche et je souffle dedans
je ne sais
pas ce que j'appelle
mais la musique est belle
elle fait des trouées en
forme de feuilles
entre les autres feuilles
celles qui existent
vraiment
des rayons tombent
toujours là où j'étais à l'instant
d'avant
des feuilles
des arbres
des gens
se jettent dans la
mer
3.
Je sens des présences, des cerfs qui courent sur moi, des
doigts intelligents qui tapent des codes.
Des matières solennelles se
succèdent en rideaux. Elles ne sont pas simples mais croisées. Acajous en
briques, marbres cousus, soies plantées, corps chargés de millénaires.
À côté
d'elles, je me sens léger, neuf, sautant de branche en branche, m'essayant à
façonner des outils. Dépliant mes ailes encore humides, face aux arbres.
Pour
le moment, c'est moi qui tremble.
4.
une fête se donne
ici
comme si j'étais chez moi
trop de gens entrent dans la
forêt
viennent voir
veulent voir
comme si j'étais chez moi entrez
il
faut les accueillir
leur servir à vivre
les emmener sur la corniche voir
la mer
se réjouir de leurs pieds dans le sable
trop de gens
entrent
comme si j'étais chez moi
toute la mer sous mes pieds
je pêche
la lumière dans l'eau noire pour les divertir
je fais tourner des moteurs et
parler les arbres
taille des haies en forme de leur visage
des gens
entrent et il en entre encore
5.
Docteur, je fais pipi
souvent, par la bouche, par les yeux, je fais pipi vers hier et vers demain.
Docteur, mon ombre prend vie, docteur je vais naître maintenant, les arbres vont
trembler, tendez bien les bras pour me rattraper, je vais fuser comme un chien
qui saute vers le soleil, je vais vous traverser de part en part et vous, vous
allez mourir juste quand je vais commencer à respirer. Docteur, il va se passer
quelque chose de fulgurant, comme le début de quelque chose, comme le début de
toutes choses.
Docteur, vous avez rêvé longtemps. Vous avez rêvé d'églises et
de routes, de fauteuils et de noms savants. Venez avec moi dans la forêt, venez
écouter les arbres trembler. Mettez une blouse verte déchirée et disposez des
brindilles dans vos cheveux. Appuyez vous sur vos pattes, elles semblent frêles
mais elles sont solides. Laissez sans peur pousser vos plumes.
Alors,
peut-être vous vivrez quand même.
6.
tu vois je t'avais
dit
regarde les racines
observe le frémissement des troncs
vois comme
fleurs feuilles et fruits restent ensemble
se rejoignent sur la même
branche
regarde la lune et les étoiles
ce matin elles ne partent
pas
ce matin le ciel redevient entier
respire l'étonnement de la
terre
elle annonce la fin du rêve
qui séparait jour et nuit
regarde
dans l'eau
le reflet qui devient net
regarde dans l'eau et bois-la
six
soleils se sont levés à l'ouest
regarde les arbres
trembler
23-04-2005
Iness- Invité
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