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Renia Aouadene: Ô LIBAN !

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Renia  Aouadene: Ô LIBAN ! Empty Renia Aouadene: Ô LIBAN !

Message par cristopher-cris Sam 6 Fév - 20:23

Renia Aouadene / Argelia
رانية عودان /
الجزائر

Ô LIBAN !

Des milliers de cercueils
Ont envahi
la ville
Même les cimetières
Vidés de sépultures
Ne cèdent plus de
places.

Les corps enchevêtrés
Des femmes, des enfants,
De tous ces
innocents
Qui se tournent vers Dieu
Et n’attendent plus rien.

Les
rescapés chantent
La complainte de celui
Qui survit encore un
jour,
Peut-être une nuit.

Au loin, on entend
Le chant des
survivantes,
Ces vieilles habillées de noir,
Noir du deuil pour les
unes,
Noir de la foi pour les autres.

Car tel est le destin
D’un
Liban entaché
Du sang des innocents,
Ceux qui n’y croyaient
plus.

L’espoir plein les poches pourtant,
Ils rêvaient d’un
pays
Ressoudé, reconstruit.

Les images d’une lointaine
Guerre se
voulaient d’un passé
A jamais effacé.

Ô Liban !
Des
cicatrices,
Des plaies et des brûlures !
Ô Liban !
Quel est donc ton
crime ?
Rêves de Liberté !

Liban, oublié de tous,
Des puissants
vénérés
Et sans aucune honte
Le monde contemple
Ce pays
dévasté.

Les doigts accusateurs
Se tournent vers les hommes
Ceux
qui les yeux fermés
Ont refusé de voir
Les massacres perpétrés
Par ceux
qui jadis
Pansaient leurs plaies,
Victimes inéluctables
De cette peste
immonde
Qui se voulait
Maître du monde.

Ô peuple de l’exil
!
Qu’as-tu fait ?

Tes mains tachées de sang,
Le sang de ces
femmes,
De ces enfants ne peuvent
Justifier ta soif de Liberté.

Je
vous ai regardé
A travers la lucarne,
Vous pénétrez chez moi,
Moi qui
n’en finit plus
De pleurer ces horreurs
Chaque jour projetées
Dans ce
bel univers
Et pourtant si hostile.

L’odeur de puanteur
A assailli
mes sens,
Traversant les frontières,
Les mers, les océans.
Alors que je
contemple
Ces images brouillées,
Ce sont bien mes entrailles
Que l’on a
déchirées
Au travers d’un Liban
Pour longtemps décimé.

Ô Liban
!
Regarde tes enfants,
Ils seront ton orgueil
Car demain dès
l’aurore
Ils voudront se lever
Pour qu’enfin puisse éclore
Les œufs
déjà couvés
D’un pays éclairé.
cristopher-cris
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Renia  Aouadene: Ô LIBAN ! Empty BOUGIE, BEJAIA, BGAYET

Message par cristopher-cris Sam 6 Fév - 20:25

BOUGIE, BEJAIA, BGAYET

Lorsque le Tariq ibn Zyad accoste au port de
Bejaia,
le voyageur prie pour que la mer ne soit pas déchaînée
devant ces
côtes accidentées.

Au loin, on aperçoit surplombant la ville, Ima
Gouraya,
lieu saint, lieu de prières où tant de pèlerins ont imploré Dieu et
son Saint.
Qui a quémandé la guérison de son enfant,
qui a supplié pour
que sa fille soit mariée,
qui a mendié la nourriture pour les siens


Bejaia la musulmane regorge de lieux saints.
A l’intérieur le
mausolée de Sidi – Abdelkader
et sa fontaine censée purifier les
âmes,
effacer les péchés, apporter la paix…
A l’extérieur, Sidi – Saïd où

les femmes se regroupent pour faire égorger
la chèvre ou le mouton afin
de nourrir les hordes de misérables
venus des villages alentour qui
accourent aux cris de
« C’est un jour d’Aumône, venez manger l’assiette de
couscous ! »
Un pèlerinage de plus afin de demander à Dieu, protection


Bougie et sa place Guédon d’où le désespoir se jette.
Combien de
jeunes filles, de jeunes garçons se sont envolés
devant l’absence d’issue,
d’espoir, de projet.
Des rues soudain peuplées de fellahs,
paysans ayant
abandonné à l’indépendance, en ces
jours glorieux, leurs gourbis, leurs
terres, leurs villages…
Fellahs sans illusions, sans rêves
et sans
passions.
Ils sont donc descendus pour remplir des baraques
et respirer
l’odeur de ces hydrocarbures,
choix ô combien prioritaires d’une Algérie
indépendante
au détriment d’une agriculture qui nourrissait
les français
du temps de Madame la France !

Bougie devenue monstrueuse
!
Constructions anarchiques,
toujours, toujours plus haut, encore, encore
plus vaste !
Propriétaires spoliés, terres dérobées, maisons
occupées,
Bougie se dresse inhumaine, sale mais encore fière.

Bgayet,
la kabyle, peuplée d’enfants, bâtards, ingrats, naturels, légitimes,
debout,
assis, couchés, recroquevillés
aux regards hagards, violents,
haineux,
malheureux, impuissants mais si verts, si bleus, si
noirs….
Berbères courageux,
de printemps en printemps qui sillonnent les
rues
en criant leur slogan « Ulach Smah, Ulach Smah ! »
Aucun pardon,
aucun pardon
pour un pouvoir criminel, assassin d’enfants
kabyles.

Bgayet crie son attachement à sa culture,
rêve de ses
ancêtres, éternels oubliés
au fin fond du livre d’histoire où jamais
n’a
été écrit qu’elle était descendante du peuple Imazighen,
celui des hommes
libres

Bgayet et ses poètes, ses chanteurs, ses écrivains,
ses
sculpteurs inconnus qui pourtant ne demandent
qu’à déverser leur art dans
les rues de la ville
pour bien montrer combien cette ville est si
riche.

Bougie n’a plus de traces de ces enfants maltais,
de ces beaux
italiens et sardes et siciliens, lascives andalouses…
Un jour ils sont
partis, ils ont laissé Bougie.
Mais oui, ils l’ont pleurée ! je les ai
rencontrés.
Ils ont toujours rêvé un jour d’y retourner.

Bejaia,
Bougie, Bgayet !
C’est surtout ces visages, ces silhouettes de femmes
trop
longtemps effacées, égarées, écorchées.
On les a vu pourtant déferler dans
les rues
pour demander justice quand l’enfant innocent
sous les balles est
tombé.

Bgayet, c’est ma ville, non je n’y suis pas née,
moi fille de
Marseille.
C’est l’âme de ma mère qui traverse ces rues,
que je viens
retrouver, chaque fois un peu plus.
Alors, je l’imagine enfant,
adolescente,
jouant dans ces ruelles en ces temps de la
France.

Bgayet, Bejaia, Bougie !
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Renia  Aouadene: Ô LIBAN ! Empty TANGO

Message par cristopher-cris Sam 6 Fév - 20:26

TANGO
C’est…
un tango solitaire
un tango
argentin
quelques notes jetées
au hasard des chemins
quelques cris
oubliés.

C’est…
un tango sublimé
une plainte envolée
un sourire
évadé
par-delà l’horizon
la mort et la passion.

Ce tango c’est nous
deux
c’est ton désir cruel
c’est un viol consenti
c’est le gaucho
viril
perverti, rejeté
que tu portes en toi
qui s’oublie, qui
s’enfuit
qui me montre du doigt .

C’est…
un tango argentin
un
tango falsifié
avec ses lendemains
de violence et de haine.
C’est
peut-être…
Sans doute… le tango
De demain.
cristopher-cris
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