Le tablier blanc de Mémé Joséphine.

Pourquoi, ce soir neigeux, ce grand tablier blanc
Revient à ma mémoire, embaumé de lavande ?
Pourquoi, au coin du feu, assise sur son banc,
Je revois Joséphine et cette houppelande
Où, bien emmitouflée, elle avait chaud dedans ?

Ce sarrau lui servait de vrai cache misère
Mais, en dessous sa robe était raccommodée,
Bien que souvent lavée à l’eau de la rivière
coulant en contrebas et sur la pierre usée
Par le battoir en bois de chaque lavandière.

Dans la poche ventrale on trouvait un trésor :
Rubans de satin noir et des boutons de nacre,
Du poivre gris en grains, un dé brillant comme or,
Des épingles de bois, un bâton au goût acre,
Un beau mouchoir brodé, roulotté sur son bord.

Ce soir, Je me souviens, je me réfugiais
Sous le grand tablier, car j’étais très timide,
Lorsque mémé ouvrait à Madame Augiais,
Une vieille barbue, la lippe si humide,
Que j'espérais tant fuir en me tenant de biais

Les souvenirs ne demandent pas la permission de venir envahir la mémoire et secouer le présent par une fumée d’images jaunies par le temps .
magnifique


au plaisir