Jeu de sons

"AR"

Faut-il donc, à ce jour, être un beau malabar ?
Combien faut-il avoir sur le cœur de dollars ?
Pourquoi vouloir singer les multiples lascars
Qu’on nous montre a volo, faisant leurs avatars :
Dire des racontars,
Fréquenter lupanars,
Riches hôtels ou bars,
Faire les fiers césars
En mangeant du caviar...
Cauchemar !
Grand bazar !
Ah ! Réchauffer les mots dans un grand samovar !
Goûter des sentiments l’incroyable nectar !
Ô, oui, mes amis ! Car,
Beaux sont les lys en fleurs et les verts nénuphars,
Les casoars vivants, les esturgeons et l’Art !

"IR"

Pourquoi taire cela ? Ne pas disconvenir ?
Fi donc ! Nous savons que, pourquoi donc se mentir,
Le mâle, à peine né, veut déjà se blottir
Sur le sein généreux de sa mère et dormir
Sur le ventre moelleux dont il vient de sortir.
Le sentencieux peut bien sur l’amour discourir,
Le prude se cacher, d’un voile se vêtir,
Le timide hésiter, tâtonner, réfléchir,
Le gaillard, sans montrer sa faiblesse, durcir
Ses propos et son cœur et l’indifférent fuir,
Un élan mystérieux pousse vers l’avenir
Tout homme, en l’invitant au féminin désir...
L’adolescent apprend l’indicible soupir ;
Bientôt le fiancé boit l’intense élixir
D’amour, pour une union de rubis ou saphir.
Sourire de l’aimée, au souffle de zéphyr...
Et l’amant, lentement, apprend à dévêtir
Le sein originel, qui contient à loisir
Tendresse, amour, passion et qui saura s’ouvrir
À ses baisers brûlants. Ah ! Gémir de plaisir !
Du sablier du temps, l’époux devra subir
L’outrage. Mais pourtant il saura s’enrichir
De l’union. Défraîchir, s’affadir, s’alourdir,
Mollir seront des mots qui tanneront son cuir
Pour avancer à deux sur le chemin, jouir
De l’amour éternel, féminin, puis dormir...

Que nous soyons fakirs
Ou sortis de Saint-Cyr,
Vivant à Aboukir,
Près du Guadalquivir,
Casimir
Grand vizir,

Mesdames, de cela, nous devons convenir.