comme une femme de marin

Son cœur tambourinant sous la fine dentelle
Soulève à grands coups sa gorge oppressée.
Le sang s’est retiré des joues, où en ombelle
Les cils peignent une ombre aux paupières bistrées.

Perdue depuis une heure à attendre que sonne,
L’appel tant attendu venant du téléphone,
Elle se surprend parfois à remonter le temps,
Et se souvient alors de ce lointain printemps.

Têtue une chanson, telle une litanie,
Fait renaître alors les émotions bannies
De tous les mots d’amour, qui résonnent encor
Dans chacun des endroits où se noie le décor.

Et, comme en écho, monte dans l’air du soir
La rengaine connue émiettant son espoir
De revoir l’horizon où simple matelot,
Marius délaissa Fanny sur le quai sans un mot

Elle est comme Fanny, l’amante délaissée
Porteuse d’une vie et d’un amour blessé,
Acceptant maintenant d’être fille-mère
Ou femme respectée dans un lit de galère.

Ô combien de marins
(ou qui croyaient en être, sans galion)
combien de capitaines
(sans galons...)

mais...

En rêvant l'océan...

La nuit lève peu à peu
un coin de linceul noir.
L'horizon devient angélique auréole,
puis halo ensanglanté...

Sous la brise séculaire du recommencement,
naît un baiser sur ma joue tendue.
Devant la vaste aurore, mes branches ploient
sous le frisson de l'éternel mouvement
et de la renaissance...

Océan...
Je bois les embruns de ses yeux
en milliers de larmes salées...
Reflets...
Le miroir céleste me renvoie mes espérances
en spasmes des profondeurs, douleurs de algues...

Sous les rayons de cire du soleil naissant,
coule un miel sur mon coeur endolori...
La danse éternelle, en lèvres d'écume,
réveille mon rêve des distances...

Et les bras de la vague enveloppent
mon regard de sel...
Un baiser de miel
naît sur ma joue tendue,
le tien...

gep
bien à toi Titfée

En rêvant l'océan et ses lumières maléfiques qui sont comme lueurs des enfers abyssins, Je me laisse couler dans une chimérique pensée.. Mon corps se fait liquide, et mes cheveux déployés flottent autour de mon visage blême. Je redeviens sirène, au ventre argenté...Et je retrouve le centre de la terre, goulet de feu, lave en fusion, et ne suis plus alors qu'une poussière d'étoile dans la grande immensité d'un néant abouti.