Pot-pourri

C’est dans les pots-pourris qu’on fait les meilleurs chants.
Ritournelle d’un tel, d’une telle, une antienne,
Ballade d’un quidam, d’un inconnu, touchants
Refrains ou gais couplets d’une chanson ancienne ;

Stances d’un troubadour, romances d’un trouvère,
Villanelle rimant avec la tarentelle,
Passacaille, élégie, ode et rondeau de verre,
Cristallin madrigal pour la flamme éternelle ;

Mélodie à l’ouïe ou aux yeux, sérénade ;
Pour la main que l’on tient, une aria de velours,
Pour le sourire aimé, la fraîcheur d’une aubade,
Une cantate amie au sein sur son cœur lourd...

Ces pots, tout frémissants sur des feux bien nourris
Par des braises de cœur, mijotant le fumet
De musiques d’hier, ces pots sont-ils pourris ?
Ces chants ont-ils vécu ? Sont-ils vaincus ? Jamais !

La rengaine, aujourd’hui, dit : « Vivez votre temps !
Mêlez donc aux néons tournoyants vos arpèges !
Taisez la chanterelle et le flûteau d’antan !
Rangez dans vos greniers sous la poussière-neige,

Vos coffres, vos tiroirs ou sur vos étagères,
Vos instruments d’avant, vos poèmes chantés,
Vos vers de troubadour, vos accords de trouvère :
Les sons d’ordinateur, nous avons inventés. »

Dussé-je être maudit par ces nouveaux brailleurs,
Je demeure attaché à mes premiers penchants :
La douce mélodie, et le rêve d’ailleurs...
C’est dans mes pots pourris que je cuirai mes chants...

gepetto

et c'est dans les gros pots les meilleurs onguents !

Pour la main que l’on tient, une aria de velours,
Pour le sourire aimé, la fraîcheur d’une aubade,

Et demain, qui se tient aux endroits d'alentours
Et ma main à sa main tendue telle… que les jours



Réal