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À Lui...

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Message par gepetto Mar 28 Oct - 18:05

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Bientôt vingt et sept ans. Un triste jour d’octobre,
Le fossoyeur coucha, sous un tertre bien sobre,
Un poète-chanteur qui se prénommait Georges.
À sa guitare plus de corde et dans sa gorge,
Plus de corde. Moderato son cœur s’est tu.
Il est parti chanter pour ceux qui ne sont plus,
Pour ces copains d’abord, qu’il a rejoints là-haut.
Nous, nous sommes restés ici-bas, mais trop tôt,
La Camarde sans âme, un soir a dérobé
La tendresse ou le rêve ou le rire enrobé
De poésie... Alors, le poète est parti.
Mais, sur la pierre nue, est né un myosotis.

Si d'une ritournelle il réjouit les anges,
Son public, pour toujours, sur terre, chose étrange,
De son tréfonds, au loin, réentend la chanson
Pour l’Auvergnat, le soir, et de Mimi pinson,
Les soupirs étouffés par un air de guitare...

Sur la plage de Sète, est-ce bien le hasard,
Un grand pin parasol hors du sable a poussé.
Auprès de l’arbre vert, le jupon retroussé,
Une poupée entend le chant que l’amoureux
Lui fredonne tout bas, de l’amour plein les yeux.
Est-ce la Bécassine aux cheveux d’or ou bien

Pénélope ravie d’avoir trouvé enfin
L’Ulysse de banlieue qu’elle a tant attendu ?...
Sur la place et son banc, le chat ne viendra plus
Pour émouvoir les gens, téter Brave Margot ;
La fontaine est tarie, où Hélène en sabots,
Venait prendre son bain, à l’abri des regards...
Le grand chêne a perdu ses feuilles. Et sur la mare,
La cane de la Jeanne a égaré ses plumes...
Dans le ciel souffreteux, un orage s’allume :
Mais l’huis de la voisine est fermé pour toujours,
La belle ayant au loin redécouvert l’amour...

Quand les ombres des pins s’allongent au couchant,
Dans le bois de mon cœur, je crois ouïr le chant
De l’amandier qu’un jour, par amour, la gourmande
Fit dépouiller. Je crois voir l’ombre de Fernande,
Le minois de Ninon, les yeux de Marinette,
Se jouant d’un épris, la fourmi de Clairette,
Qui grimpe hardiment dans son cou. Et encor,
La vieille ramassant, pour son vieux, du bois mort...

Et la voix du croquant me dira : « Mon bonhomme,
Quand tu seras sorti du rêve, le Fantôme
Aura pris son envol. Je ne l’écoute pas.

J’aperçois Mélanie et j’aperçois Sarah :
Près de son arbre, là, un jeune croque-notes
Leur chante sa chanson, souriant à Charlotte...

Et je rentre au village. Et m’abreuve de vin,
Au bistrot des « Quat’ z’arts », l’estaminet du coin.
La table d’à-côté a des airs de ripaille :
Les deux oncles, Martin et Gaston, y bataillent,
En se remémorant leur temps jadis, dissous,
Les belles du trottoir et la fille à cent sous,
Le mouton de Panurge et les dames d’antan....

C’est une rêve, je sais !... Mais je sais que le temps
Ne fait rien à l’affaire et que dans ma mémoire,
Georges, demeureront tes charmantes histoires.
Le phono est sans voix. Le pornographe est mort.
Et la femme d’Hector a épousé Nestor...

Des lilas à la main, j’ai écouté, ce soir,
Par un discours de fleurs, un message d’espoir :
Au boulevard du temps le sablier s’égrène ;
De la disparition, n’ayons aucune peine,
Car de la renommée les trompettes sont là.
Le poète-chanteur, nous ne l’oublierons pas...

La route des chansons reste ouverte en nos coeurs.
Près de Saturne, si tu croises, par bonheur,
Oncle Archibald, Léon et le pauvre Martin,
Le vieux normand, l’ancêtre et le Modeste, enfin,
Si tu vois, dans le ciel, tes amis esseulés
Et nos amours d’antan, pour nous, embrasse-les !

Je dépose, en ce jour, ma fleur anniversaire
Sur ton corps allongé sous sépulcre de pierre,
La marguerite qui de leur missel a chu.
Je sais aussi que, grâce à toi, n’est pas déchue
La reine poésie, qu’il n’y a rien à jeter
Dans tes vers ; c’est pourquoi, humblement, moi, je t’ai
Dédié, ce soir, les miens. Ils sont sans prétention
Et ne recherchent pas bonne réputation...

Je dis aux braves gens et aux mauvaises herbes,
Par des alexandrins, faisant rimer le verbe :
Malgré les coups de sang, malgré les hécatombes,
Cueillez son testament de vie, près de sa tombe.
La poésie, le vent, les rires dans le ciel
Sont comme ses chansons. Brassens est éternel.

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Message par gepetto Mar 28 Oct - 18:20

Auprès de ton arbre, aux cieux, Ami, dors-tu ?
Bécassine à la bouche de guigne n'est plus.
Colombine a perdu son Pierrot-Croquenote.
Dans le fond de mon cœur chante une âme vieillote :
Elle syncope, ici, ma triste ritournelle.
Femme d’Hector, as-tu cassé sa chanterelle?
Gastibelza dis-nous où ton fusil tu caches.
Hécatombe n’a plus ton cri de "Mort aux Vaches!"
Il suffit de passer le pont, nous as-tu dis.
Jeanne ne sait plus même où est ton paradis !
Képis, plastrons, vestons ont perdu tes médailles ;
Le Grand Chêne a laissé ses glands dans la bataille.
Myosotis ne veut plus dire « Ne m’oublie pas. »
Nul ne livre aujourd’hui aux Quat’z’arts son trépas...
O Martin, o Gaston, vous les deux oncles morts :
Plus de fesse pincée par ton tonton Nestor.
Que va-t-on devenir sans cette marguerite
Retombant du missel de l’abbé hypocrite ?
Sétois, Dieu, s’il existe aux cieux, il exagère :
Tu avais bien des strophes encor à nous faire !
Un refrain pour le roi des cons, un pour Margot…
Vas-tu faire valser le vieux Léon, là-haut ?
Waterloo de tes vers est la plage de Sète.
Xéranthème et Lilas ne sont plus de la fête.
Y a-t-il une croche en travers de ma gorge ?
Zorro s'en est allé… Dors en paix mon cher Georges.

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Message par gepetto Mar 28 Oct - 18:21

Myosotis...

Plus d’ un quart
De siècle que
La petite
Marguerite
S'est taillée à l'écart
Des maîtres-queue
Sur la mer de Sète...
Mazette !

Vingt et sept ans
Que le grand chêne
A perdu ses glands
Dans l'eau de la claire fontaine,
Que les bouchons
"Pètent" là-bas
entre Georges et le vieux Léon...
Caramba !

Quoi ? Tous ces ans déjà !
Que le poète taciturne
A rejoint Saturne
Et son Auvergnat ?
Que les copains
font leur festin
éternel ?...

Bordel !!

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Message par atouthasard Mar 28 Oct - 20:01

Un grand parmi les grands

Moi, j'aime beaucoup la Pricesse Et le Croque-notes et d'autres aussi

Jadis, au lieu du jardin que voici,
C'etait la zone et tout ce qui s'ensuit,
Des masures des taudis insolites,
Des ruines pas romaines pour un sou.
Quant à la faune habitant la dessous
C'etait la fine fleur c'etait l'élite.

Réal
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Message par Admin Mar 28 Oct - 20:16

""La route des chansons reste ouverte en nos coeurs""

***
:feuilles:
vers sages
à relire
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loisirs : peinture/dessin/lecture/et bien d\'autres....
Humeur : joyeuse, le plus souvent.
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Message par Jeaf Mar 28 Oct - 23:52

Bel hommage en profondeur.

Je venais de laisser un com à Yann,
grand poète et conteur.
dans lequel je citai le chanteur
quand j'ai lu tes vers, "A Lui..."

Au manche de ma guitare, ces mots m'ont ramené
à chanter au coin d'un feu, d'un autre temps bien consommé.
Je me souviens de toi mon Georges, comme si tu m'avais fait
et me délecte encore de tes vers si bien jetés.

Brassens m'accompagnera toujours dans mes pensées
Il a accompagné mes convictions, mon adolescence, et mes protestations
au moment où elles avaient le plus besoin de raison.

Merci pour cet hommage à ce grand homme,
à ce grand poète, et que si nos vers sont bien moins que les siens,
qu'ils fassent à lui honneur en humbles poètes que nous sommes

Bravo pour ces textes, si bien dits et si bien rédigés,
avec les mots d'un connaisseur, ceux d'un passionné.

Merci
Jacques
Jeaf
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