Vous le dirais-je...

... EN UNE STROPHE ?

En un DISTIQUE ? Magique !...
Pour plate qu’elle fut, sa rime vint de moi
Et sa richesse fit de la faim de « Vous », « Toi ».

En un TERCET, sera-ce assez ?
Plongeant sous les sourcils aux lueurs de lampyre,
Ma plume dans vos yeux, encriers de porphyre,
Puise sa sève bleue en poésie de lyre…

… ou en un QUATRAIN ? Avec entrain...
Le parchemin gaufré de votre peau de myrrhe
Offre à ma plume émue un air de cantilène ;
Aux plis de votre cou, que sa césure admire,
S’abreuve mon vers nu, assoiffé de sa veine…

Ô vous le dire… En un QUINTIL ? Subtil ! …
Ma plume, en rimes de diamant,
Un poétique enjambement,
En vous rêvant, apprend à dire,
Des anacoluthes d’aimant
Et de doux vers de cachemire…

En un SIXAIN… Alors, succinct !
Six vers pour vous : preuve par six…
Le faut-il ? Repetita bis !
Six fruits cueillis dans ma coudraie :
Pieds menus, rimes d’hirondelle,
En sixain pour votre prunelle,
Six fleurs au cœur de mon ivraie…

En un HUITAIN ? Tiens, tiens !…
Si je n’eusse point écrit
Tout cela pour vous que j’aime,
Enjambements en doux cris,
Acrostiches en diadème,
Embrassements en poème,
De mon lundi à mon dimanche,
Ma feuille fut restée, et mon front en est blême,
Désespérément blanche !

Ou bien peut-être en un DIZAIN ? Zen !
Fleuve de vers, tercet, villanelle, odyssée,
Madrigal, virelai, sonnet, pantoum, ballade,
Rondel d’alexandrins, musique entrelacée,
Acrostiches en flux, césures en croisade,
Stances, strophes, couplets, triolets en cascade,
Sextines du passé, ïambes, lais, chants royaux :
L’arbre-poète perd mon âme en ses rameaux !
Pourquoi psalmodier en un discours-poème
Ce que je veux vous dire et qui tient en trois mots ?
Mon dizain médiéval vous chante : « Je vous aime ! »

gepetto

En une alaire VILLANELLE …

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Chanson rustique, ô, villanelle,
Prête-moi tes oiseaux perchés
Au cœur de tes frondaisons belles !

De ce don, une ritournelle
Pour ma mie aux trésors cachés,
Chanson rustique, ô, villanelle,

J’invente sur mon champ. Dût-elle
Faire les verts rameaux flacher
Au cœur de tes frondaisons belles !

Prête-moi ton bec de crécelle
Pour répéter sans l’écacher,
Chanson rustique, ô, villanelle,

Qu’un jour je volerai vers elle,
Pour d’un alexandrin aicher
Le cœur de ses frondaisons belles !

Donne-moi du pinson une aile,
L’autre du pic. J’ai aperché,
Chanson rustique, ô, villanelle,

Là-haut un nid de tourterelle
Que je voudrais enchevaucher
Au cœur de ses frondaisons belles !

D’un cou de héron, pour icelle
Que j’aime tant, j’irai pêcher,
Chanson rustique, ô, villanelle,

Des vers de lune où s’entremêlent
Des baisers pour les matacher,
Au cœur de ses frondaisons belles,

Sur sa peau, en milliers d’ocelles…
Je veux, par ta pie, écrancher,
Chanson rustique, ô, villanelle,

Ses plis du cœur, en douce grêle,
Pour rafraîchir son sein mâché,
Au cœur de ses frondaisons belles !

Donne-moi ton pigeon fidèle,
Pour aller là-bas dénicher,
Chanson rustique, ô, villanelle,

Ses laines secrètes et frêles
Que je voudrais tant détricher
Au cœur de ses frondaisons belles.

De ce manuscrit pour l’oiselle
Aucun mot n’est à exponcher
Chanson rustique, ô, villanelle,
Ni de ses frondaisons si belles !

Serais-tu tombé petit dans la marmite de Maître Villon?

Aux temps conjugués par toi,la grammaire devient facile même en vieux français que j'affectionne.

En une BALLADE ?
Voici :

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Mon calame enivré du sang
De mon encre, part en balade
Au gré des lettres, strapassant
Mon expédition d’Alcibiade :
Au sanctuaire de Nymphée,
Les voyelles d Océanide
Dessinent en accords d’Orphée
Qu’elle est maintenant Hispéride,

Mes doigts s’en vont, dépâtissant
Les consonnes d’Hamadryade
Sur mon parchemin bleuissant
Vers le feu d’une noire arcade…
Ai-je au bras la main de Morphée
Qui, sur vos marbres d’Argolide,
Sait écrire en une bouffée
Qu’elle est maintenant Hispéride ?

Mes vers, mon calame écuissant
De césures de l’Oréade,
Se nourrissent d’un doux accent
Montant de la blême esplanade
Des rives d’une blanche Alphée.
Ma balade devient abside,
Car d’une Naïade assoiffée
Elle est maintenant Hispéride.

Envoi

Ô Nymphes du Jardin, ô Fées,
Ma Mie en mon vélin préside…
Chantez en chœur, ô coryphées
Qu’elle est maintenant Hispéride !

GEPETTO

Cela démontre un certain nombre d'années d'acquis en écriture et en savoir.Un mélange de mots,du médiéval au persan en passant par la gréce.Mais à Késaco,rien d'impossible n'est-ce pas?

Je vais essayer ce langage un peu désuet de nos jours à dame Marquise,je doute que ce dialecte didactique lui sied.C'est une situation à passer des nuits en "culs" retournés.Si elle demande le divorce je saurai néanmoins à qui j'en dois la primeure.Bien à toi.

Des vers et des vers en cascade bien rimée par un calame fiévreux, désireux de faire partager sa passion des mots... merci pour ces beaux vers

Un travail linguistique qui attise le plaisir musculaire de dire à voix haute ces vers. Titefee pourrait s'y essayer, elle qui nous a enchantés par le passé de sa voix suave et caressante. Cette poésie - comme bien d'autres - mérite l'épreuve du "gueuloir" chère à Flaubert.
Merci pour ces excellents textes qui méritent une édition... Dites-nous en un peu plus, cher Gepetto.
A force d'aiguiser les mots, on oublie peu à peu l'ego...
seule compte la qualité des mots, porté par un coeur de héraut.

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