Trois bouts de langue...
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TITEFEE
gepetto
6 participants
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Trois bouts de langue...
PONCTUATION...
Je suis une virgule
Mal placée,
Me dit la ridicule
Agacée,
Dans sa phrase ou un point
Suspendu
Interrogeant le loin
L’œil perdu...
Je suis guillemet, là
Déclarant
Ma flamme, raille la
Sans élan...
Je suis une accolade
Dans sa marge
Gémit, le cœur malade,
Le « sans large »...
Que je suis parenthèse,
Ou crochet
Note le mal à l’aise
Accroché...
Que je suis astérisque,
Me dit, lui,
L’encadré sans le risque !
Que, je suis
Un cadratin, un ex
Trait d’union
Me dit, elle, en son ex-
Clamation !
Espaces insécables
Je serai
Dirai-je à ces notables,
En un trait :
Si je suis accolade,
Ma courbure
Embrase votre aubade
Sans armure !
Je ponctue en mon cœur,
Les mots doux
Du poète rêveur.
Point. C’est tout !
gepetto
SUBJONCTIF
Dussé-je être taxé de vieux ringard maudit
Par de jeunes "loubards" anglicisant les mots,
Je reste à tout jamais,n’en déplaise aux marmots,
Attaché, par la langue, au français de jadis.
Qu’ils me fassent porter la coiffe du baudet
À leurs claviers, tous ces "taquineurs" d’alphabet,
Peu me chaut ! Je n’admets leur langage fictif
Que pour garder vivant notre vieux subjonctif.
Les asse et les ût ou les ussions qu'ils blâment,
Bien qu’ils soient imparfaits n’en demeurent pas moins
Saveurs de notre idiome et les garants lointains
De la conjugaison du verbe et de son âme...
Quoiqu’il fût, de tous temps, incertitude et doute,
Préserve de l’oubli ce mode et puis écoute
Chanter tous ces accents circonflexes, ces T
Qui, dans leur subjonctif, marquent ta volonté.
N’écoute pas tous ceux qui voudraient désormais
Que fût biffé d’un doigt, et d’un trait de souris,
Le « fallait-il encor que la dame sourît »,
Quand déclare un galant sa flamme à son aimée.
Aurait-il fallu que, pour respecter leur mode,
Nous fissions fi d’Hugo et de ses belles odes ?
Que nous fussions réduits à mettre à l’étagère
Les œuvres de Racine ou les vers de Molière ?
Marquises d’aujourd’hui, dévoyeurs de grammaire,
Si mon langage a bien quelques traits un peu vieux,
Sachez bien que vos mots ne valent guère mieux !
Les miens ont La Fontaine et Corneille pour pères !
"Et que vouliez-vous donc que je fisse", pourtant
Me dit un jour quelqu’un. Je répondis céans :
Que vous rétorquassiez, ami, que l’imparfait
Du subjonctif en fait, est bien plus que parfait !
gepetto
GRAMMAIRE...
Si j’avais été adjectif,
J’eusse été qualifié d’aimant.
En mots tendres, sans supplétif,
J’en aurais écrit un charmant...
Si j’avais été mode actif,
J’aurais porté haut sur la tête,
Circonflexe d’amour en fête,
Le vieil accent du subjonctif...
Si j’avais été substantif,
J’aurais été, quoique rêveur,
Doux amant, tendre et attentif
À tous les battements de cœur...
Si j’avais été gérondif,
J’aurais été, très sûrement,
Avec ma gironde, en aimant !
Quoi ? Mais son mont et son récif !
Eussé-je été impératif ?
J’aurais clamé aux prochains nôtres :
"Aimez-vous !" Et, itératif,
J’eusse ajouté : "Les uns, les autres !"
Que ne suis-je superlatif,
Pour que Chacune avec Chacun
"Issimement » ne fasse qu’un
Tendre et doux et vrai génitif !
gepetto
Je suis une virgule
Mal placée,
Me dit la ridicule
Agacée,
Dans sa phrase ou un point
Suspendu
Interrogeant le loin
L’œil perdu...
Je suis guillemet, là
Déclarant
Ma flamme, raille la
Sans élan...
Je suis une accolade
Dans sa marge
Gémit, le cœur malade,
Le « sans large »...
Que je suis parenthèse,
Ou crochet
Note le mal à l’aise
Accroché...
Que je suis astérisque,
Me dit, lui,
L’encadré sans le risque !
Que, je suis
Un cadratin, un ex
Trait d’union
Me dit, elle, en son ex-
Clamation !
Espaces insécables
Je serai
Dirai-je à ces notables,
En un trait :
Si je suis accolade,
Ma courbure
Embrase votre aubade
Sans armure !
Je ponctue en mon cœur,
Les mots doux
Du poète rêveur.
Point. C’est tout !
gepetto
SUBJONCTIF
Dussé-je être taxé de vieux ringard maudit
Par de jeunes "loubards" anglicisant les mots,
Je reste à tout jamais,n’en déplaise aux marmots,
Attaché, par la langue, au français de jadis.
Qu’ils me fassent porter la coiffe du baudet
À leurs claviers, tous ces "taquineurs" d’alphabet,
Peu me chaut ! Je n’admets leur langage fictif
Que pour garder vivant notre vieux subjonctif.
Les asse et les ût ou les ussions qu'ils blâment,
Bien qu’ils soient imparfaits n’en demeurent pas moins
Saveurs de notre idiome et les garants lointains
De la conjugaison du verbe et de son âme...
Quoiqu’il fût, de tous temps, incertitude et doute,
Préserve de l’oubli ce mode et puis écoute
Chanter tous ces accents circonflexes, ces T
Qui, dans leur subjonctif, marquent ta volonté.
N’écoute pas tous ceux qui voudraient désormais
Que fût biffé d’un doigt, et d’un trait de souris,
Le « fallait-il encor que la dame sourît »,
Quand déclare un galant sa flamme à son aimée.
Aurait-il fallu que, pour respecter leur mode,
Nous fissions fi d’Hugo et de ses belles odes ?
Que nous fussions réduits à mettre à l’étagère
Les œuvres de Racine ou les vers de Molière ?
Marquises d’aujourd’hui, dévoyeurs de grammaire,
Si mon langage a bien quelques traits un peu vieux,
Sachez bien que vos mots ne valent guère mieux !
Les miens ont La Fontaine et Corneille pour pères !
"Et que vouliez-vous donc que je fisse", pourtant
Me dit un jour quelqu’un. Je répondis céans :
Que vous rétorquassiez, ami, que l’imparfait
Du subjonctif en fait, est bien plus que parfait !
gepetto
GRAMMAIRE...
Si j’avais été adjectif,
J’eusse été qualifié d’aimant.
En mots tendres, sans supplétif,
J’en aurais écrit un charmant...
Si j’avais été mode actif,
J’aurais porté haut sur la tête,
Circonflexe d’amour en fête,
Le vieil accent du subjonctif...
Si j’avais été substantif,
J’aurais été, quoique rêveur,
Doux amant, tendre et attentif
À tous les battements de cœur...
Si j’avais été gérondif,
J’aurais été, très sûrement,
Avec ma gironde, en aimant !
Quoi ? Mais son mont et son récif !
Eussé-je été impératif ?
J’aurais clamé aux prochains nôtres :
"Aimez-vous !" Et, itératif,
J’eusse ajouté : "Les uns, les autres !"
Que ne suis-je superlatif,
Pour que Chacune avec Chacun
"Issimement » ne fasse qu’un
Tendre et doux et vrai génitif !
gepetto
gepetto- Nombre de messages : 1908
Humeur : Ça dépend du Lion ou du Rat...
Date d'inscription : 04/10/2008
Re: Trois bouts de langue...
Une belle leçon de grammaire, conjugaison et ponctuation, de quoi les relire avec passion et donner à nos rimes enfin une raison
merci Gepetto
merci Gepetto
TITEFEE- Nombre de messages : 1437
loisirs : poésies, ballades
Humeur : rêveuse
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: Trois bouts de langue...
parfait sujets, plaisants à lire dans le présent et le futur!
karim safriwi- Nombre de messages : 615
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: Trois bouts de langue...
"La grammaire est une chanson douce "; "les chevaliers du subjonctif"; deux titres de Erik Orsenna pour approuver les très beaux poèmes de Gepetto, joli pantin de bois dont les vers, en tendres copeaux, réchauffent le foyer des mots.
Belle réussite et au plaisir de te lire. J'aime !
Belle réussite et au plaisir de te lire. J'aime !
Re: Trois bouts de langue...
des bouts-bougies pour donner un rayon de charme aux vers forts et riches. merci pour ces beaux textes.
nadia ibrahimi- Nombre de messages : 1223
Date d'inscription : 18/07/2008
Re: Trois bouts de langue...
Ce n'est pas des bouts de langue, se sont des vers debout en l'honneur de la poésie qui bout de plaisir pour la langue!
karim safriwi- Nombre de messages : 615
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: Trois bouts de langue...
Aller vers vos écris donne automatiquement le plaisir de la découverte , le plaisir de la lecture rassasiée. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]gepetto a écrit:PONCTUATION...
Je suis une virgule
Mal placée,
Me dit la ridicule
Agacée,
Dans sa phrase ou un point
Suspendu
Interrogeant le loin
L’œil perdu...
Je suis guillemet, là
Déclarant
Ma flamme, raille la
Sans élan...
Je suis une accolade
Dans sa marge
Gémit, le cœur malade,
Le « sans large »...
Que je suis parenthèse,
Ou crochet
Note le mal à l’aise
Accroché...
Que je suis astérisque,
Me dit, lui,
L’encadré sans le risque !
Que, je suis
Un cadratin, un ex
Trait d’union
Me dit, elle, en son ex-
Clamation !
Espaces insécables
Je serai
Dirai-je à ces notables,
En un trait :
Si je suis accolade,
Ma courbure
Embrase votre aubade
Sans armure !
Je ponctue en mon cœur,
Les mots doux
Du poète rêveur.
Point. C’est tout !
gepetto
SUBJONCTIF
Dussé-je être taxé de vieux ringard maudit
Par de jeunes "loubards" anglicisant les mots,
Je reste à tout jamais,n’en déplaise aux marmots,
Attaché, par la langue, au français de jadis.
Qu’ils me fassent porter la coiffe du baudet
À leurs claviers, tous ces "taquineurs" d’alphabet,
Peu me chaut ! Je n’admets leur langage fictif
Que pour garder vivant notre vieux subjonctif.
Les asse et les ût ou les ussions qu'ils blâment,
Bien qu’ils soient imparfaits n’en demeurent pas moins
Saveurs de notre idiome et les garants lointains
De la conjugaison du verbe et de son âme...
Quoiqu’il fût, de tous temps, incertitude et doute,
Préserve de l’oubli ce mode et puis écoute
Chanter tous ces accents circonflexes, ces T
Qui, dans leur subjonctif, marquent ta volonté.
N’écoute pas tous ceux qui voudraient désormais
Que fût biffé d’un doigt, et d’un trait de souris,
Le « fallait-il encor que la dame sourît »,
Quand déclare un galant sa flamme à son aimée.
Aurait-il fallu que, pour respecter leur mode,
Nous fissions fi d’Hugo et de ses belles odes ?
Que nous fussions réduits à mettre à l’étagère
Les œuvres de Racine ou les vers de Molière ?
Marquises d’aujourd’hui, dévoyeurs de grammaire,
Si mon langage a bien quelques traits un peu vieux,
Sachez bien que vos mots ne valent guère mieux !
Les miens ont La Fontaine et Corneille pour pères !
"Et que vouliez-vous donc que je fisse", pourtant
Me dit un jour quelqu’un. Je répondis céans :
Que vous rétorquassiez, ami, que l’imparfait
Du subjonctif en fait, est bien plus que parfait !
gepetto
GRAMMAIRE...
Si j’avais été adjectif,
J’eusse été qualifié d’aimant.
En mots tendres, sans supplétif,
J’en aurais écrit un charmant...
Si j’avais été mode actif,
J’aurais porté haut sur la tête,
Circonflexe d’amour en fête,
Le vieil accent du subjonctif...
Si j’avais été substantif,
J’aurais été, quoique rêveur,
Doux amant, tendre et attentif
À tous les battements de cœur...
Si j’avais été gérondif,
J’aurais été, très sûrement,
Avec ma gironde, en aimant !
Quoi ? Mais son mont et son récif !
Eussé-je été impératif ?
J’aurais clamé aux prochains nôtres :
"Aimez-vous !" Et, itératif,
J’eusse ajouté : "Les uns, les autres !"
Que ne suis-je superlatif,
Pour que Chacune avec Chacun
"Issimement » ne fasse qu’un
Tendre et doux et vrai génitif !
gepetto
marie la rebelle- Nombre de messages : 1328
Date d'inscription : 11/07/2008
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