Le Danseur de nuages
3 participants
Page 1 sur 1
Re: Le Danseur de nuages
Bonjour Prince de dité,
conte extrêmement bien "raconté",
Tu m'as emporté sur ce pont, et j'ai même cru aider Marc à accrocher ses anneaux d'or,
Donc j'ai vu le temps changer, et les nuages se masser, puis bouger et
se métamorphoser en cette magnifique arche comme pour former un passage interdimentionnel,
Et je suis arrivée dans les yeux de ce petit garçon émerveillé par cette extraordinaire illusion...
Béa
conte extrêmement bien "raconté",
Tu m'as emporté sur ce pont, et j'ai même cru aider Marc à accrocher ses anneaux d'or,
Donc j'ai vu le temps changer, et les nuages se masser, puis bouger et
se métamorphoser en cette magnifique arche comme pour former un passage interdimentionnel,
Et je suis arrivée dans les yeux de ce petit garçon émerveillé par cette extraordinaire illusion...
Béa
miss Béa- Nombre de messages : 3641
loisirs : mes enfants, écrire, tv, amis...
Humeur : calme, posée, indépendante, un peu mélancolique, mais joyeuse quand même!
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Le Danseur de nuages
Bonsoir
grand merci pour ce bon partage
grand merci pour ce bon partage
cristopher-cris- Nombre de messages : 2748
loisirs : lecture, voyage
Date d'inscription : 18/07/2008
Le Danseur de nuages
La machine ronronnait depuis des heures, émettant à intervalles réguliers un bip rassurant.Marc reposait dans ce lit des soins intensifs de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, se remettant de ce qu’il est convenu d’appeler une longue maladie. Allongé, plongé dans un sommeil artificiel, la respiration contrôlée par un tube lui entrant dans la trachée, il savait d’avance qu’il n’y survivrait pas. Sa vie s’arrêterait là, dans cette chambre d’hôpital déprimante.
Il se souvenait de ce qu’il était avant que la vie et la fatalité le cloue dans ce lit. Il se souvenait surtout du jour où il avait gagné son surnom : Le Danseur de Nuages.
C’était une belle journée d’un été indien finissant, comme en fait parfois au nord de l’Oregon. Les ouvriers mettaient ce jour-là la dernière main à l’ouvrage du siècle dans cette partie du monde : un immense pont enjambant les vallées, et reliant les deux grandes villes. Un pont construit rapidement, en pierre, acier et tôle ondulée, et capable de supporter n’importe quel avatar. Tremblements de terre, cyclones, tornades… il était réputé comme étant à l’épreuve de tout. Et capable de porter un trafic dense sans s’écrouler, rompu aux températures extrêmes et pourvu d’un double niveau pour la sécurité.
Les ouvriers garnissaient les mâts du pont de guirlandes lumineuses rouges, or, bleues… faisant scintiller le pont de mille couleurs.
Marc était préposé, quand à lui, aux « effets spéciaux ». Ce qu’il réalisa ce jour-là, dans une simple répétition de ses talents, stupéfia tous les témoins présents et lui valut son surnom. Ce jour-là, Marc Temperone dansa avec les nuages…
Il n’était pas seul, bien sûr. Il disposait de son équipe d’assistants. Des hommes qu’on distinguait par leur tenue : cuir noir de la tête au pied, tel le Hillbilly Cat, avec un discret pendentif en or autour du cou, terminé par un diadème en forme de nuage reposant sur la poitrine. Marc arborait la même tenue. Engoncé dans cet uniforme moulant, il arpentait le pont nerveusement, lançant des regards rapides dans toutes les directions comme un chat sauvage. Mutique et renfermé, il semblait être un arc sur le point de se rompre, une boule d’énergie sur le point d’exploser.
Arrivé au milieu de l’ouvrage, il sortit de son mutisme pour lancer un bref « c’est bon, on y va ».
Ses hommes se mirent en place sur tous les mâts du pont, installant d’étranges petits cercles dorés tournés vers l’extérieur ; à différentes hauteurs. Une fois tous les cercles installés, Marc alla se poster à une extrémité du pont, tandis que son équipe gagnait l’autre extrémité. Plus ou moins trois kilomètres les séparaient.
Marc resta tout d’abord fixe, les yeux fermés et les bras le long du corps, parfaitement immobile. Puis une mélopée grave et gutturale s’échappa de ses lèvres fermées. A voix basse tout d’abord, puis de plus en plus fort. A mesure qu’il psalmodiait, le ciel se couvrait de nuages noirs et épais, masquant le soleil.
Aux ouvriers regroupés à l’autre bout du pont, légèrement inquiets, un des hommes de l’équipe de Marc répondit : « ne vous inquiétez pas, il ne pleuvra pas. Ce sont des nuages à rêve, pas des nuages à pluie ».
Une fois le ciel recouvert intégralement de nuages noirs, Marc commença à se mettre en mouvement. Lentement, sereinement, le visage figé par une concentration extrême, il se mit à tourner sur lui-même au rythme d’une valse à trois temps qu’il semblait être le seul à entendre. Peu à peu, les nuages aussi bougèrent…
Un filet grisâtre s’échappa du ciel et vint se faufiler dans les cercles d’or placés sur les mâts. Il en resta prisonnier, tournoyant également au tempo de l’inaudible valse. Puis un second filet se détacha des nues et vint aussi participer à la ronde. Puis un troisième, un quatrième… au bout de quelques minutes, le rythme s’accéléra, et le ciel dégringola littéralement dans les anneaux d’or fixés au pont.
L’ouvrage arborait désormais une ceinture mouvante de nuages, l’entourant de tout son long et bougeant au rythme imposé par Marc. Lequel s’immobilisa d’un coup, au milieu du pont, restant quelques secondes figé. Les nuages l’avaient également suivi, et restaient eux aussi statiques.
Puis Marc leva les bras au ciel, et les fit lentement retomber de chaque côté de son corps en arc de cercle. Les nuages sortirent alors des cercles d’or pour aller se figer autour du pont, mais formant cette fois une sorte d’arche, une porte céleste conduisant en d’autres mondes.
Sur l’autre extrémité, les ouvriers étaient ébahis, stupéfaits, immobiles et la bouche grande ouverte, les yeux exorbités. L’équipe de Marc arborait un sourire enfantin, signe que tout se déroulait comme prévu.
Marc commença alors à tourner selon le rythme d’un tango, alternant les passes et les poses. Les nuages le suivirent une fois de plus, du moins au début. Au bout d’un moment, ils échappèrent au tempo imposé et tournèrent en rond continuellement. Voyant cela, Marc ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire. Apparemment, cela était prévu et même souhaité.
Arrivé devant la troupe massée sur l’autre extrémité du pont, il leva les bras en l’air et claqua des mains trois fois : les nuages s’évaporèrent alors dans le ciel redevenu bleu et limpide.
Un tonnerre d’applaudissement retentit sur la vallée lorsque, exténué, il se baissa pour saluer son public.
Dans les multiples commentaires qu’il reçut ce soir-là, un seul lui revenait toujours en mémoire : un enfant albinos lui disant d’une voix timide : « vous êtes un danseur de nuages ».
Il se souvenait de ce qu’il était avant que la vie et la fatalité le cloue dans ce lit. Il se souvenait surtout du jour où il avait gagné son surnom : Le Danseur de Nuages.
C’était une belle journée d’un été indien finissant, comme en fait parfois au nord de l’Oregon. Les ouvriers mettaient ce jour-là la dernière main à l’ouvrage du siècle dans cette partie du monde : un immense pont enjambant les vallées, et reliant les deux grandes villes. Un pont construit rapidement, en pierre, acier et tôle ondulée, et capable de supporter n’importe quel avatar. Tremblements de terre, cyclones, tornades… il était réputé comme étant à l’épreuve de tout. Et capable de porter un trafic dense sans s’écrouler, rompu aux températures extrêmes et pourvu d’un double niveau pour la sécurité.
Les ouvriers garnissaient les mâts du pont de guirlandes lumineuses rouges, or, bleues… faisant scintiller le pont de mille couleurs.
Marc était préposé, quand à lui, aux « effets spéciaux ». Ce qu’il réalisa ce jour-là, dans une simple répétition de ses talents, stupéfia tous les témoins présents et lui valut son surnom. Ce jour-là, Marc Temperone dansa avec les nuages…
Il n’était pas seul, bien sûr. Il disposait de son équipe d’assistants. Des hommes qu’on distinguait par leur tenue : cuir noir de la tête au pied, tel le Hillbilly Cat, avec un discret pendentif en or autour du cou, terminé par un diadème en forme de nuage reposant sur la poitrine. Marc arborait la même tenue. Engoncé dans cet uniforme moulant, il arpentait le pont nerveusement, lançant des regards rapides dans toutes les directions comme un chat sauvage. Mutique et renfermé, il semblait être un arc sur le point de se rompre, une boule d’énergie sur le point d’exploser.
Arrivé au milieu de l’ouvrage, il sortit de son mutisme pour lancer un bref « c’est bon, on y va ».
Ses hommes se mirent en place sur tous les mâts du pont, installant d’étranges petits cercles dorés tournés vers l’extérieur ; à différentes hauteurs. Une fois tous les cercles installés, Marc alla se poster à une extrémité du pont, tandis que son équipe gagnait l’autre extrémité. Plus ou moins trois kilomètres les séparaient.
Marc resta tout d’abord fixe, les yeux fermés et les bras le long du corps, parfaitement immobile. Puis une mélopée grave et gutturale s’échappa de ses lèvres fermées. A voix basse tout d’abord, puis de plus en plus fort. A mesure qu’il psalmodiait, le ciel se couvrait de nuages noirs et épais, masquant le soleil.
Aux ouvriers regroupés à l’autre bout du pont, légèrement inquiets, un des hommes de l’équipe de Marc répondit : « ne vous inquiétez pas, il ne pleuvra pas. Ce sont des nuages à rêve, pas des nuages à pluie ».
Une fois le ciel recouvert intégralement de nuages noirs, Marc commença à se mettre en mouvement. Lentement, sereinement, le visage figé par une concentration extrême, il se mit à tourner sur lui-même au rythme d’une valse à trois temps qu’il semblait être le seul à entendre. Peu à peu, les nuages aussi bougèrent…
Un filet grisâtre s’échappa du ciel et vint se faufiler dans les cercles d’or placés sur les mâts. Il en resta prisonnier, tournoyant également au tempo de l’inaudible valse. Puis un second filet se détacha des nues et vint aussi participer à la ronde. Puis un troisième, un quatrième… au bout de quelques minutes, le rythme s’accéléra, et le ciel dégringola littéralement dans les anneaux d’or fixés au pont.
L’ouvrage arborait désormais une ceinture mouvante de nuages, l’entourant de tout son long et bougeant au rythme imposé par Marc. Lequel s’immobilisa d’un coup, au milieu du pont, restant quelques secondes figé. Les nuages l’avaient également suivi, et restaient eux aussi statiques.
Puis Marc leva les bras au ciel, et les fit lentement retomber de chaque côté de son corps en arc de cercle. Les nuages sortirent alors des cercles d’or pour aller se figer autour du pont, mais formant cette fois une sorte d’arche, une porte céleste conduisant en d’autres mondes.
Sur l’autre extrémité, les ouvriers étaient ébahis, stupéfaits, immobiles et la bouche grande ouverte, les yeux exorbités. L’équipe de Marc arborait un sourire enfantin, signe que tout se déroulait comme prévu.
Marc commença alors à tourner selon le rythme d’un tango, alternant les passes et les poses. Les nuages le suivirent une fois de plus, du moins au début. Au bout d’un moment, ils échappèrent au tempo imposé et tournèrent en rond continuellement. Voyant cela, Marc ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire. Apparemment, cela était prévu et même souhaité.
Arrivé devant la troupe massée sur l’autre extrémité du pont, il leva les bras en l’air et claqua des mains trois fois : les nuages s’évaporèrent alors dans le ciel redevenu bleu et limpide.
Un tonnerre d’applaudissement retentit sur la vallée lorsque, exténué, il se baissa pour saluer son public.
Dans les multiples commentaires qu’il reçut ce soir-là, un seul lui revenait toujours en mémoire : un enfant albinos lui disant d’une voix timide : « vous êtes un danseur de nuages ».
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum