La porte

La porte

Leur enfant n’est plus, alors ils ont abandonné la maison, mais ils n’ont pas laissé la porte.
Elle quittera avec eux la vallée où ils vécurent heureux. Il ne faisait pourtant pas beaucoup de bruit ce bonheur, il aurait pu passer inaperçu, se laisser oublier et durer…
La charrette organise le voyage, des gens, des choses utiles pour l’exil sur terre, et de la porte.
Le vent pourra mugir entre les quatre murs, soulever la toiture qui n’a pas su les protéger.
La pluie alors pourra finir le travail, laver, noyer les souvenirs.
Ils s’en foutent des souvenirs, ils emmènent la porte et ils la planteront quelque part, dans un coin joli et tant pis si on ne les comprend pas.
Il faut bien commencer par quelque chose, pourquoi pas par la porte !
Quand elle s’ouvrira, où que ce soit, ils verront entrer la silhouette aimée, et ensuite seulement ils laisseront le « nouveau » franchir le seuil…
et chaque ami sera invité, il apportera sa pierre et la maison se construira de l’intérieur. Le bonheur ne se construit pas autrement.
Après avoir beaucoup erré, la pensée arrêtera leurs pas et le temps, d’ici ou d’ailleurs se posera, en un lieu fertile et comme un arbre leur cœur tendra ses ramilles au souffle du printemps.

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Bonsoir Carmen,

Je ne sais que penser...
Les Banû Nadir furent chassés de Médine, en emportant avec eux la porte de leurs maisons ?! Cité par Démombynes "Mahomet" page 136. Est-ce que ce texte se réfère à cette tradition juive ?

De toute façon, il y a ici, une ébauche sur les vrais prémices du bonheur ! Une sorte d'introspection...
Dans certaines contrées, c'est une motte ou une poignée de terre qui symbolise, leur profond attachement à la mère-patrie !

Il y a des non dits :
- Leur enfant n'est plus.
- la silhouette aimée...
- "Le nouveau" né ? Qui remplacera l'autre qui n'est plus ?

Je crois que sont les murs et le toit (ne dit-on pas un "toit" en parlant d'un domicile ?) qui apporteront cette chaleur et cette sérénité familiales...

Merci pour le partage.

Amicalement. Kamel

goutdemiel a écrit:
Les Banû Nadir furent chassés de Médine, en emportant avec eux la porte de leurs maisons ?! Cité par Démombynes "Mahomet" page 136. Est-ce que ce texte se réfère à cette tradition juive ?

Je ne connaissais pas. Mais l'imagination puisée en soi, permet de retrouver la mémoire de l'humanité. Là ce n'est que poésie.
En fait j'ai écrit une histoire (nouvelle) qui se passe en Bretagne, et à un moment j'ai pensé que l'enfant de l'histoire aurait pu disparaître et que les parents seraient partis ainsi. L'image était très forte. L'histoire n'a pas pris cette tournure, mais il fallait que je note poétiquement mon image.
Je la trouvais universelle.
Merci de m'avoir lue goutdemiel.

Bonsoir Carmen,

Une histoire universelle, c'est vrai parce que l'homme a été de toutes les transhumances...ne dit-on pas que partir, c'est mourir un peu ?
Ton histoire prise dans l'engrenage de la mort et des déplacements forcés de population à travers l'Afrique subsaharienne et le Sahel en passant par la partie septentrionale de l'Irak, de la Syrie et de la Palestine, offre un tableau typique de cet exode massif vers des régions plus clémentes...
1) Le déracinement
2/ L'exode
3/ L'implantation
4/ la nostalgie
5/ La résignation
6/ L'espoir
7/ Le Retour...

Merci pour cet échange.

Amitiés. Kamel

je vois que Kamel a fait une lecture très profonde au sujet. je ne trouve pas de commentaire adéquat.
je dis simplement que c'est un beau texte.

Votre prose, ma chère, est contagieuse et porteuse d'envie d'évasion!J'ai subitement envie d'écrire un poème!

goutdemiel a écrit:Bonsoir Carmen,

Une histoire universelle, c'est vrai parce que l'homme a été de toutes les transhumances...ne dit-on pas que partir, c'est mourir un peu ?
Ton histoire prise dans l'engrenage de la mort et des déplacements forcés de population à travers l'Afrique subsaharienne et le Sahel en passant par la partie septentrionale de l'Irak, de la Syrie et de la Palestine, offre un tableau typique de cet exode massif vers des régions plus clémentes...
1) Le déracinement
2/ L'exode
3/ L'implantation
4/ la nostalgie
5/ La résignation
6/ L'espoir
7/ Le Retour...

Merci pour cet échange.

Amitiés. Kamel

Les sentiments appellent des réponses que l'homme essaie de donner du mieux qu'il le peut à certains moments de sa vie.
Le poète écrit des poèmes qui sont des points d'ancrage pour lui, pour les autres... et on se rend compte en écrivant combien on peut être proche de tout homme, d'hier et d'aujourd'hui.
Merci de ton attenion, Kamel. Il faut que moi-même je vienne laisser quelques mots sur la poésie des autres.

victoralain a écrit:je vois que Kamel a fait une lecture très profonde au sujet. je ne trouve pas de commentaire adéquat.
je dis simplement que c'est un beau texte.

Merci victoralain. J'aimerais que d'autres textes de ce genre surgissent (c'est le deuxième de ce style qui est venu sous ma plume)... mais je prends l'inspiration comme elle vient.

Mostafa a écrit:Votre prose, ma chère, est contagieuse et porteuse d'envie d'évasion!J'ai subitement envie d'écrire un poème!

J'en suis heureuse, Mostafa.
L'avez-vous écrit ?
Amitiés poétiques.
Carmen

"Après avoir beaucoup erré, la pensée arrêtera leurs pas et le temps, d’ici ou d’ailleurs se posera, en un lieu fertile et comme un arbre leur cœur tendra ses ramilles au souffle du printemps."

Alors fleuriront leurs bourgeons et leurs moments naîtront
Ensemble ils grandiront sous les yeux de cette porte qui les a vus partir s'arrêter pour rebatir.Elle ne leur interdira que ce qu'ils ne voudront et ne leurs permettra que ce qu'ils ne hairont
Partir et la porte oublier. Ils le le pourront. Leur porte elle a pris racine sur leur vie. Elle a bati un toit sublime .Leur murs de rêves elle a tapissés. Le vent parfumé est le bien venu puisque leur porte n'est jamais fermée. Les flammes de leur coeur toujours allumées et jamais plus sur leur porte le froid de la nuit ,jamais plus la tristesse du jour,jamais plus le départ vers autrui,toujours l'oubli dans l'heur,toujours les étoiles dans les pensées et toujours l'amour dans la vie et la porte sourit se reposa se ferma eternelle sur le bonheur de ceux qui lui ont donné naissance .

Toi Carmen.P l'éxiléé des mots cette ile ou se sont reposées mes peines sous les alyzés.
Alybmustagh qui aimerait avoir une porte comme la votre à ouvrir

Je te remercie alybmustagh.
Ma porte je ne l'ai pas encore ouverte en entier... même si les années passent.
Une poésie pour frapper à la porte de l'ami, non pas pour l'envahir, mais pour se poser un peu et écouter, créant ainsi un petit espace de sérénité.

c'est toujours un plaisir à vous relire carmen

Merci Mona.
C'est vrai que je n'ai rien posté depuis un certain temps. En fait je n'écris que de petites choses en poésie, et des nouvelles, trop longues qui ne sont pas lues ici.
Dès que l'inspiration me dictera un poème plus long, je le partagerai avec vous.
Amitiés.
Carmen

EXIL

riche ou pauvre
je suis un mort-vivant
longtemps je suis parti
je n'ai pas apporté avec moi
la porte familiale

bibi 2012