Les nuits d'insomnie.

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La chambre est plongée dans des ombres indigo ;
La lune enchâsse, dans la croisée ouverte,
Une virgule d’argent accrochant un nuage.
Le sommeil me fuit, et le silence enveloppe
Les bruits issus de la nuit qui sont assourdis.
Envie à l’instant d’un verre d’eau fraîche…
La pendule ponctue le temps… métalliquement…
Dans mes oreilles bourdonne comme une musique,
Entendue au loin, si loin que seul les graves m’arrivent.
La fenêtre orangée trouant le noir, dans la maison d’en face,
Me laisse entrevoir, couleur safranée,
La silhouette entrevue d’une vieille dame
Dégustant, l’air absent, un verre d’eau,
A moins que ce soit un café.
Complicité nocturne de deux insomniaques ;
Petit geste de la main, comme une connivence !
Juste ce mouvement de vie partagée…
Bientôt la lumière bleutée de mon écran
Éclaire faiblement mes deux mains sur le clavier.
Je commence à barbouiller des taches de couleur,
Qui peu à peu prennent des formes bizarres,
Au point qu’un visage soudain m’impose
Des yeux noyés de douceur, des cheveux vaporeux.

Une rose alors je lui dessine,
Afin que le visage m’offre son sourire.

Demain j’irai glisser sous la porte
De la vieille dame d’en face
Ce portrait né dans la nuit.
Un instant je l’ai imaginée
Il y a longtemps
Lorsqu’elle était
En devenir.