vous regardiez à deux...

Vous regardiez à deux la nuit noircir le firmament
Tandis que le jour avait ce délicieux renoncement.
Les lumières des réverbères s’allumaient et le chenal
Scintillait sous le rayon tremblant de lignes parallèles.

C’est alors que s’entendit le discret froissement d’ailes
D’un oiseau regagnant son nid de duveteuses plumes.
Les senteurs capiteuses et suaves de ce jour posthume
S’exhalaient et allaient sombrer dans le silence et l’oubli.

Silencieux et heureux vous marchiez le long du canal
En évitant les cailloux d’un sol herbeux un peu inégal.
Vous alliez rejoindre sous les longues branches du saule
Le banc de marbre gris où vous admiriez le soir les cygnes.

Ils s’approchaient, glissant sitôt que vous leur faisiez signe
et le couple d’oiseaux immaculés fixait celui que vous formiez.
Vos pensées retenues jusqu’ici avaient alors des idées folles
Et vous vous hâtâtes pour rejoindre, enlacés, votre intimité
[b]

Ils se ressourçaient aux bons soins de madame nature,
Des coeurs d'enfants dans d'impétueux amants matures,
Voulant retrouver,pour mieux s'abandonner en passionnés,
A l'Amour des corps perdus dans des élans contorsionnés.