Je ne sais pas écrire

Je ne sais pas écrire
De romans policiers.
Lecteur, ça te fait rire,
Essaie de m'écouter.

Les histoires faciles
Emportent les passions
Jusqu'à ce que, débiles,
Viennent les expressions

Triviales, littéraires,
Faire à la fin du conte
La morale exemplaire
Arrivée à bon compte.

Je ne sais pas écrire
D'histoires fantastiques,
Encombrées de délires
Et de métaphysique.

De l'imagination,
J'en ai peu, je l'avoue,
Pourtant les sensations
De lire sont partout,

Depuis longtemps, chez moi :
Ce plaisir délicieux
De suivre à petits pas
Le héros malheureux,

Au coeur des aventures
Que je voulais humaines,
Tragédies et blessures
Où j'étais, incertaine,

En morceaux, découpée,
Une part au vainqueur,
Une autre, préférée,
A ceux dont la candeur

Sème dans les romans
Un peu d'humanité,
Une autre à cet enfant
Au fond de moi, caché.

Je ne sais pas écrire
D'essais philosophiques,
Là-dessus, il faut dire
Que je suis vraie bourrique :

De la philosophie
J'atteste seulement,
Par l'étymologie,
Qu'elle aime, c'est tentant,

Le bruit que la sagesse
Fait en partant, les idées
Hautes, je le confesse,
Que le monde a données,

Comme des cailloux blancs,
Pour que l'esprit, perdu,
Trouve, de temps en temps,
Des chemins inconnus

Menant à ce meilleur
Cherché, à perdre haleine,
Par l'homme inquisiteur
Aux faiblesses humaines.

Je ne sais pas l'écrire,
Ce bijou spirituel
Que l'on aime relire
Les yeux levés au ciel.

D'ailleurs, à ce sujet,
Risquant fort le bûcher,
Je prétends, je le sais,
Que Dieu n'a pas tracé

Le moindre hiéroglyphe.
Le grand livre des hommes
Sacré, est apocryphe,
La foi, il faut voir comme

Elle aime s'appuyer
Sur un texte donné,
Souvent sans se soucier
D'aucune vérité.

Parenthèses fermées,
Je ne sais pas écrire
Ni les contes de fées,
Ni histoires pour rire,

Il ne me reste plus
Vous m'en excuserez,
Que des rimes connues
Dont l'âpre pauvreté

Ne fait que renforcer
Mot à mot le désir
De te faire rêver,
Lecteur, sans rien te dire

D'autre que ces trois rimes
Comme perles d'images
Enfilées, anonymes,
Au collier de mon âge.

Tout ce qui me fait vivre
Au-delà de l'instant
C'est l'envie d'être libre,
Et l'écrire, souvent.

Les paroles s'en vont,
Pourtant, longtemps après,
Nous restent les chansons
Qu'un poète chantait.

©M.KISSINE
Extrait de "Vestiaires et labyrinthes"

vous savez très bien écrire
vos pensées
vos vers fluides et simples
sont rivière
qui coule de vers en vers
que désirer de plus ?

LA MODESTIE est notée dans la partition,
Le poème se fait musique et inspiration
Il n’a pas l’absence de l'imagination
Il est la respiration
De l'auteur...

seul le poète est capable de faire des mots un temple ou un ciel
bravo poétesse

Un plein, un vide,
Une encre intelligente
Un dessin en vers
Une fossette, pas une ride,
Un beau poème
Que dire de plus?

Les écrits sont la descendance de l'âme comme les enfants sont celle du corps