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Le Bélier:conte Antoine Hamilton

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Message par magda Ven 14 Mai - 14:44

Le Bélier.
Conte.

Par Le conte Antoine Hamilton (1646-1720)



PREMIERE PARTIE

A Mademoiselle
Moi, qui n'appris rien de ma vie,
Ni des neuf soeurs, ni d'Apollon,
Qui ne suis point de l'Helicon,
Ni de la docte academie;
Pourrois-je vous rendre raison
Du nouveau nom de Pontalie,
Et satisfaire votre envie
Sur le sort de son autre nom?
De l'antique étymologie
Je ne connois point le jargon;
Cependant vous serez servie,
Et voici ce que Mabillon
En a recueilli d'un mémoire
Que Scaliger et Casaubon
Auroient traité de fausse histoire.
Mais qu'importe de ces savans,
Qui sans choix et sans indulgence,
Jugent les morts et les vivans;
Et qui critiquant l'ignorance
Par d'envieux raisonnemens,
Donnent aux lecteurs de bons sens
Un grand mépris pour leur science.
Après tout pour ne point mentir,
Si ce mémoire est véritable,
Il porte tout l'air d'une fable,
Que j'aurois pour vous divertir
Essayé de rendre agréable.
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Message par magda Ven 14 Mai - 14:45

Le tout n'en est point emprunté
Des récits des Scheherazade,
Et s'il ne paroît pas conté
Avec cette vivacité
Dont la sultane fait parade,
Au moins dans sa naïveté
La respectable vérité
N'y sera point en mascarade
Sous l'arabesque antiquité.
Avant cette histoire finie
Vous verrez de l'enchantement;
D'une maîtresse et d'un amant,
Vous verrez la peine infinie.
Une sirene, un renard blanc,
Parens d'un roi de Lombardie,
Y paroîtront par accident,
Vous y verrez même un géant.
Mais voilà tout, car sûrement,
Vous n'y verrez aucun génie.
Déesses qui des tourbillons,
Quand leur secours est nécessaire,
Savez faire vos postillons,
Qui régnez sur les cupidons,
Et qui brillez plus que leur mere;
Vous qui d'une course légere,
Plus prompte que les aquilons,
Voyez en un instant l'un et l'autre hemisphere.
Qui dansez la nuit aux chansons,
Sans fouler la tendre fougere,
Dans la retraite solitaire
De vos bois et de vos valons,
Pour célébrer quelque mystere;
Qui pour tirer de leurs prisons
Un pauvre amant et sa bergere,
Ou pour dissiper les soupçons
Nés d'une jalouse colere,
Dépêchez quelque messagere
Sur les ailes des papillons.
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Message par magda Ven 14 Mai - 14:46

Vous qui présidez aux trophées,
Que dans les terres enchantées,
La chimere érige aux amours,
Vous que le beau sexe a chantées,
Douces et gracieuses fées,
Accordez-nous votre secours,
Et favorisez un discours
Où vous êtes intéressées.
Au tems jadis certain héros
Tout des plus fiers et des plus hauts
Géant plus craint que le tonnerre
Parmi ses malheureux vassaux,
Dans ces lieux avoit une terre,
Quelques moulins, quelques ruisseaux,
Dont avoient pris le nom de guerre
Ses devanciers les moulineaux.
Il vouloit de cet héritage,
(vieux patrimoine des géants,)
Faire part à ses descendans:
Se flatant par un mariage
Qu'il méditoit, en peu de tems,
De laisser la vivante image
De sa taille et de son visage,
Dans un nombreux recueil d'enfans.
De ce projet épouvantable
On vit pâlir mainte beauté;
Le parti n'étoit pas sortable,
Et comment l'auroit-il été?
Son visage étoit effroyable;
Il aimoit à coucher botté,
Soit en hyver, soit en été;
Et sa grandeur insoutenable
Cédoit à sa brutalité.
magda
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Message par magda Ven 14 Mai - 14:47

La voix des taureaux en furie
Étoit plus tendre que sa voix,
Avoit plus d'agrément cent fois,
Et cent fois plus de mélodie.
Il avoit pris dans son haras
Une machine faite en rosse,
Ou pour mieux dire un vrai colosse,
Qui le servoit en tout état,
Pour la charette ou pour le bat
Pour la selle ou pour le carosse.
Il avoit de plus un bélier
Dont l'esprit étoit si capable,
Que cet animal singulier
Étoit son premier conseiller;
Regloit ses moulins et sa table,
Lui servoit souvent d'écuyer,
Et lui contoit toujours quelque petite fable,
Dont il savoit un millier.
Dans leur voisinage un druide
Avoit un palais de roman,
Et des jardins où l'oeil avide
Sans rechercher l'éloignement,
Trouvoit par-tout contentement;
Soit à voir le crystal liquide
S'élever jusqu'au firmament;
Soit à le voir comme un torrent
Précipiter son cours rapide,
Ou bien se perdre en murmurant.
Deux cerberes à poil d'argent,
Chacun aux piés d'une euménide,
Sembloient écumer en grondant,
On voyoit là du grand Alcide
La figure en jaspe luisant;
Et Cléopatre en expirant
Dans la superbe pyramide
Qui lui servit de monument,
Regarder d'un oeil intrépide
La morsure de son serpent.
La source enfin du Nil qu'on voyoit au levant,
Formoit dans une grotte humide
Les ondes du fleuve naissant.
magda
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Message par magda Ven 14 Mai - 14:48

La source enfin du Nil qu'on voyoit au levant,
Formoit dans une grotte humide
Les ondes du fleuve naissant.
Mais de ces lieux tout l'ornement
Étoit certaine jeune Armide,
Faite par tel enchantement,
Que ses regards portoient sans guide
Au fond des coeurs l'embrasement;
L'aimer pourtant étoit folie,
Car l'insensible nymphe Alie,
Bien loin de vouloir secourir,
Ne cherchoit qu'à faire mourir.
Tout l'art du druide son pere,
Et ses enchantemens divers
S'étoient épuisés pour en faire
La merveille de l'univers.
Depuis ce tems-là chaque belle
A suivie ce brillant modele,
Mais nos modernes déités
Hérideres de ses beautés,
Et de sa fraîcheur immortelle,
Par malheur ont emprunté d'elle
Les rigueurs et les cruautés.
Mille amans: ciel quelle foiblesse!
Sûrs de mourir, vouloient la voir;
La sage et prudente vieillesse
Y venoit languir sans espoir;
Et la florissante jeunesse
N'en avoit pas pour jusqu'au soir.
Rien n'échappoit à la tygresse,
Tous les lieux d'alentour étoient tendus de noir,
Et l'on voyoit périr sans cesse
Quelque amant sec que la tendresse
Avoit réduit au désespoir.
Le moulineau fier de sa taille,
Traitoit de chetive canaille
Ceux qui par cette illustre fin
Avoient terminé leur destin,
Et mettant sa cotte de maille
Offroit à cet objet divin
Son coeur, ses moulins, et sa main
Et son grand cheval de bataille,
Pour prendre l'air soir et matin.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:15

En cas de refus l'inhumain
Montroit un grand amas de paille
Dont brûlant palais, et jardin,
Il juroit de faire ripaille
Des lys, des roses, du jasmin,
Qui formoient l'éclat de son tein,
Malgré ses remparts de rocaille
Et son château de parchemin,
Mais la belle d'un air serain
S'appuyant dessus sa muraille
Pour l'irriter l'appella nain.
Les flots d'une mer émue,
La foudre pendant la nuit,
Qui d'une chûte imprévue
Fracasse, abat, et détruit
Quelque tout mal soutenue,
L'ours au désespoir réduit,
Cent chiens fessés dans la rue,
Et cent cochons que l'on tue,
Ne sont rien auprès du bruit
Dont sa voix frappa la nue.
Vous l'entendîtes tout à plein
Meudon, Ruel, et Saint Germain,
Le cri qui troubla l'air et l'onde
Quand le dieu du fleuve prochain
Se retrancha dans sa grotte profonde;
Et vous magnanime Pepin,
Qui de la France alors gouverniez le destin;
Cette allarme fut la seconde
Qui d'angoisse brouilla le tein
De votre mere à tresse blonde;
Vous en sonnâtes le toxin,
Le sceptre de frayeur vous tomba de la main;
Et mille devins à la ronde
Soutinrent que ce bruit soudain
Pronostiquoit la fin du monde.
Pour vous, séjour affreux du ténébreux Marly,
Que le seigneur de la nature,
Malgré votre gloire future,
Tenoit encore enseveli
Dans l'horreur d'une nuit obscure:
Frappé du terrible hurlement,
Vous crutes que le changement
Dont le fameux Merlin vous tenoit dans l'attente,
S'alloit faire dans le moment.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:15

Et que cette main triomphante
Qui par vos agrémens aujourd'hui nous enchante,
Alloit dès-lors chez vous loger superbement,
Une cour auguste et brillante,
Dont sa présence est l'ornement.
Mais combien fûtes vous surprise,
Nymphe, qui l'écoutiez de près
Plus pâle que votre chemise,
Que devinrent vos fiers attraits?
Oui malgré son premier courage,
Malgré son extrème fierté,
La belle en changea de visage
Quand, de colere transporté,
Le géant lui tint ce langage.
Serpent formé par le dépit,
De qui la langue envenimée
Va de son aiguillon maudit,
Obscurcissant ma renommée;
Je vous parois donc trop petit
Pour avoir part à votre lit?
Mais c'est trop épargner l'ingrate;
C'est trop, au mépris de mes voeux,
Encenser l'orgueil qui la flate,
Que mon ressentiment éclate,
Et me vange par d'autres feux.
Il dit, et la paille allumêe
Couvroit le château de fumée
D'un côté fagots et cotrets
Ramassés des lieux les plus proches
Faisoient devers le toit un funeste progrès,
Tandis que du glacis on faisoit les approches
À la faveur des mantelets.
Les assiégés dessus leurs parapets,
Armés de fourches et de broches,
Bravoient les flammes et les traits;
Et de frayeur tous les petits valets
Se mirent à sonner les cloches.
Le palais attaqué de front,
Étoit investi par derriere,
Et la nymphe à genoux s'étoit mise en priere.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:16

Mais son pere en charmes fécond,
Entoura le château d'une vaste riviere;
Gouffre impétueux et profond,
Plus large que le Négrepont.
Jusques aux confins de Baviere,
Le géant d'un saut en arriere
Se sauva sur le haut d'un mont,
Jurant d'une horrible maniere
Contre les flots de cette onde sorciere.
Mais son bélier fit un grand pont
Qui la traversoit toute entiere.
Dès qu'il l'eut fait, il y sauta,
Son maître se mit à le suivre,
Et le druide ouvrit un livre
Que vainement il feuilleta.
Il en feuilleta plus de mille
Qu'il parcourut du haut en bas,
Le livre seul pour lors utile,
Par malheur ne s'y trouva pas.
Son étonnement fut extrème,
Il en parut tout éperdu,
Et d'effroi le visage blême,
Il s'écria, tout est perdu.
L'ennemi cependant triomphant par avance,
Marchoit en toute diligence.
Le géant allongeoit le cou;
Et menaçant déjà de corde et de potence,
Crioit au druide, vieux fou,
Qui vous mêlez de négromance,
Nous vous prendrons dans votre trou;
Et cette fille d'importance,
Dont le coeur est si loup-garou,
Sera bien-tôt en ma puissance.
Bien-tôt, ou je me trompe fort,
Nous verrons sa beauté divine,
Qui par un orgueilleux transport,
Méprisoit ma taille et ma mine,
Avec plaisir soumise au sort
Qu'un reste d'amour lui destine.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:16

Pour toi, disoit-il au bélier,
Je te donnerai son collier;
Et pour la choquer davantage,
(car il faut bien l'humilier)
Le druide sera ton page.
Mais, laissons-là pour un moment
Les vains projets que le géant
Se mettoit dans la fantaisie,
Au profit de son confident.
Nous ferions même sagement,
Si nous quittions la poésie,
Mais le moyen d'abandonner Alie
Au fort de son accablement?
De noirs chagrins environnée,
Tantôt du tems passé l'aimable souvenir,
Et tantôt l'affreux avenir
Qui menaçoit sa destinée,
Pour l'accabler, sembloient s'unir.
De tous les maux la plus cruelle espece,
Est celle que ressent un coeur
Éloigné par quelque malheur
Du seul objet de sa tendresse;
Pour se voir obsédé sans cesse
Du seul objet de son horreur.
La nymphe étoit dans cette peine,
Car son coeur qui de jour en jour
Sembloit ne respirer que haine,
En secret soûpiroit d'amour.
Delà, ses fiertés implacables,
Delà, tant de cris pitoyables
Des victimes de sa rigueur,
Tandis que l'unique vainqueur
Qui faisoit tant de misérables
Triomphoit au fond de son coeur.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:19

Mais cette ardeur jadis si chere
Causoit alors tout son tourment.
Car tandis que l'art de son pere
Sembloit vaincu par le géant,
Le sort lui cachoit un amant
Qui dans un tems si nécessaire,
Loin de marquer l'empressement
D'une flamme vive et sincere,
Ne se montroit pas seulement;
Et ce lâche abandonnement
Mettoit le comble à sa misere.
Elle n'avoit aucun repos,
Du triste récit de ses peines
Elle entretenoit les échos.
Elle fatiguoit les fontaines,
Dêsespéroit tous les ruisseaux,
Dont les rives étoient prochaines,
Et demandoit sans cesse aux plaines
Des nouvelles de son héros.
Lasse de parcourir les salles,
Et chaque salon du palais,
Elle fut sous un vieux cyprès
Dans le cabinet des vestales,
S'abandonner à ses regrets.
Comme on savoit au temple antique
Soûpirer au bruit des tambours
Et se tourmenter en musique,
Comme on fait encor de nos jours
Quand on a besoin de secours,
La belle ne put s'en défendre,
Et du fond du coeur soûpira,
Ce tendre rondeau d'opera,
Sans croire qu'on la dût entendre.
Volage prince de Noisy,
Vous que mon coeur a mal choisi
Pour une constance éternelle,
Est-ce le tems d'être infidele
Quand un géant affreux de sang tout cramoisi,
Me fait une guerre cruelle?
Volage prince de Noisy!
Ingrat que vainement j'appelle,
Que mon coeur vous a mal choisi!
À ces mots d'un torrent de larmes,
(ressource des voeux opprimés,)
La douleur inonda ses charmes,
Et ses yeux furent abîmés.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:19

Trois fois l'éclat de son visage
En parut réduit aux abois,
Et son pouls s'arrêta trois fois,
Quand du fond d'un autre bocage,
Tout-à-coup sortit une voix.
Son ame entiere revenue
De ses premiers saisissemens,
Fut attentive aux chers accens
De cette voix jadis connue.
Cette voix disoit, belle Alie
Dont mon coeur asservi porte en tous
Lieux les traits,
Cessez par d'injustes regrets,
De m'accuser de perfidie.
Pouvez-vous croire que j'oublie
Tant de tendresse et tant d'attraits?
Adorable et constante Alie
Que mon coeur a si bien choisie,
Faites pour moi d'autres regrets;
Du destin malgré les arrêts,
Ce coeur par-tout vous a suivie.
Je vous aime plus que ma vie,
Et mille fois plus que jamais.
À ces mots, surprise, allarmée,
Mais d'un nouvel espoir charmée,
Elle parcourut à grands pas
Le lieu d'où cette voix aimée
Venoit de lui marquer d'une ardeur animée
Des mouvemens si pleins d'appas.
Que fais-tu? Montre-toi, cher objet de ma flamme,
Dit elle, montre-toi, viens consoler mon ame;
Quoi! D'un amant si cher et si tendre autrefois,
Ne resteroit-il que la voix;
Pourquoi d'une recherche vaine
Me fatiguer dans ce bosquet?
Pourquoi te refuser au penchant qui m'entraîne?
Pourquoi me fuir? Pourquoi redoubles-tu ma peine?
N'es-tu donc plus qu'un perroquet?
Alors d'une inutile quête,
Le désespoir et le chagrin
Menerent sa raison bon train,
Et l'amour lui tourna la tête.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:20

Pleine de vapeurs et d'ennuis
Elle se crut avec son aventure
Au beau milieu de mille nuits,
Car c'étoit alors sa lecture.
Elle se crut soumise aux cruautés
D'un époux bisarre et sauvage,
Qui par un détestable usage,
Épousoit chaque jour de nouvelles beautés
Pour les immoler à sa rage,
Et se couchant sous un épais feuillage,
Elle se crut à ses côtés.
Comme elle avoit dans la mémoire
Tout le récit de ces fratras,
Elle crut malgré ses appas
Qu'il falloit conter quelque histoire,
Pour se garantir du trépas.
Elle prit donc en fantaisie
De faire un détail des malheurs
Qui lui faisoient verser des pleurs,
En commençant ainsi l'histoire de sa vie.
Je suis fille de Pharabert,
Issu d'un petit-fils de France
De qui le pere Dagobert
En art magique très-expert,
Et politique à toute outrance,
Ordonna que dès mon enfance
On me mît dans un berceau vert:
Car, il prévit que dans ce beau désert,
Heureux séjour de l'innocence,
Un certain comte Philibert
Feroit un jour sa résidence,
D'un autre enchanteur digne héros,
De qui l'ame en projets féconde,
Venant après de longs travaux
Fixer dans ces heureux hameaux
Sa course errante et vagabonde,
Renonceroit à tous ses maux.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:21

Qu'une machine moins profonde
Que n'étoient les anciens tombeaux,
Mettroit son esprit en repos
Par sa figure sans seconde,
Sur tous les dangers des cachots,
Et que l'été lorsque sur l'onde
Chacun prend le frais en batteaux,
De ses jardins, de ses canaux,
Il feroit doucement la ronde,
Dans un petit char sans chevaux
Qui fut jadis à Rosemonde.
Ce fut pour lui que Dagobert,
Monsieur mon honoré grand pere,
D'un impénétrable mystere,
Dans ces beaux lieux mit à couvert
Un charme heureux et salutaire,
Et qui doit par lui seul être un jour découvert.
De mon enfance enfin le tems fuit et s'écoule,
Et le bruit de quelques appas
Que je n'avois peut-être pas,
M'attira des amans en foule,
Et mille chagrins sur leurs pas.
À tous leurs voeux inaccessible,
Mon coeur dans un repos paisible,
Méprisoit tous ces vains efforts,
Tandis qu'ils m'appelloient dans leurs mourans transports
Ingrate, inhumaine, inflexible.
Mais ce coeur si farouche alors,
N'est devenu que trop sensible!
Sur mes attraits et sur mes cruautés
On ne pouvoit alors se taire;
On offroit à mes yeux partout des libertés
Dont mes yeux ne savoient que faire.
Mais hélas! Le cruel amour
Choqué de tant d'indifférence,
Voulut signaler sa puissance,
Et de ma liberté triompher à son tour.
Dans un endroit obscur de la forêt prochaine,
Coule un agréable ruisseau,
Qui dans un beau valon va former de son eau
Cette merveilleuse fontaine
Où mon pere flaté d'une espérance vaine
Avoit enfoncé mon berceau.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:21

Jamais dans ce lieu solitaire
À notre sexe consacré,
Aucun mortel n'étoit entré,
Et je m'y baignois d'ordinaire.
Or dans cette fontaine un jour
Comme j'entrois à demi-nue
Un homme s'offrit à ma vûe,
Mille fois plus beau que le jour.
Mais je vois ouvrir la barriere,
D'où le soleil vers l'orient
Sort pour commencer sa carriere:
Et sa brillante avant-courriere
Annonce son éclat naissant.
Adieu ma chere Dirarrade,
Bien-tôt le sultan monseigneur,
Va sauter du lit sur l'estrade,
Pour commencer sa promenade.
Dès qu'il est jour je lui fais peur,
Ce qui me reste est pourtant le meilleur
D'une histoire qui n'est pas fade:
Mais victime de sa rigueur,
Demain sur un lit de parade
Pour la dernière fois vous verrez votre soeur.
À cette derniere parole
Un doux someil par ses pavots,
Interrompant les vains propos
D'une illusion si frivole,
La mit dans les bras du repos,
Quand son pere accablé de maux
Cherchant en tous lieux son idole
Arriva là tout à propos
Pour entendre ces derniers mots,
Et pour juger qu'elle étoit folle.
Esprit qui de liriques sons
Par une habitude facile
Exercez les accords feconds.
Vous pour qui la rime docile
Se marie avec tous les tons
Du plus bisarre Vaudeville,
Qui sur l'air le plus difficile
Sans gêner vos expressions
D'une veine heureuse et fertile
Celebrez la cour et la ville,
Et savez tout mettre en chansons:
Venez sauver la belle Alie,
Venez décrire sa folie,
Venez au défaut de Phebus
Soutenir mon foible génie,
Car il languit et n'en peut plus,
Entrez tout frais dans la carriere
Qui me reste encore à fournir,
Et disposez de la matiere
Que je vous offre pour finir.
Elle a besoin de votre lime,
Vous m'imposez la dure loi
D'un trop long conte que je rime,
N'aurez-vous point pitié de moi?
Non, je connois votre injustice,
Votre coeur est un vrai rocher
Qui ne se laisse point toucher,
Ni du plus assidu service,
Ni du plus violent supplice;
Il ne faut rien pour vous fâcher,
Et vous voulez que je finisse.
Mais changeons de stile, il est tems
Que votre oreille se repose,
Et que les vulgaires accens
Qui chantoient les évenemens,
Fassent place à la simple prose.
Le cheval ailé court les champs,
Se cabre, et prend le frein aux dents:
Lors d'une main trop incertaine
Un auteur par de vains élans,
Au milieu des airs se promene;
Mais quand sous quelque espece vaine
Réduit au trot il bat des flancs,
Et bronche au milieu de la plaine.
Il est tout des plus fatiguans.
Un lecteur qui le souffre à peine,
S'endort sur ses pas chancelans,
Et quels que soient leurs ornemens
Dans un récit de longue haleine,
Les vers sont toûjours ennuyans.
Chez l'importune poésie
D'un conte on ne voit point la fin;
Car, quoiqu'elle marche à grand train,
À chaque moment elle oublie
Ou ses lecteurs ou son dessein;
Et sans se douter qu'elle ennuie,
Elle va l'hyperbole en main,
Orner un palais, un jardin,
Ou relever en broderie
Tout ce qu'elle trouve en chemin.



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Message par magda Dim 16 Mai - 20:22

Cela étant, comme j'ai l'honneur
de vous le dire, je vais, mademoiselle,
en langage de véritable
conte, tâcher de vous endormir
par la fin de celui-ci. Vous
vous souviendrez donc, s'il vous
plaît de l'étonnement du druide,
lorsqu'il vit le pont extraordinaire
qu'on avoit bâti sur la riviere:
mais avant de passer outre, il est
bon de vous avertir, qu'à l'égard
de la largeur de cette riviere et de
la longueur du pont, l'on vous
a menti de sept ou huit cent lieues,
tant pour la rareté du fait que
pour la commodité des rimes, et
que le seigneur Moulineau, loin
d'être aussi géant que vous pourriez
vous l'imaginer, n'étoit tout
au plus qu'une fois aussi grand et
une fois aussi sot que notre ami B.
Le druide, qui pour mettre son
château et sa fille hors d'insulte,
les avoit environnés d'un large
fossé plein d'eau, ne fut que surpris
quand il vit l'effet d'un enchantement
contraire au sien; car
il croyoit avoir dequoi se moquer
de tous les ponts et de tous les
géants du monde; il étoit seulement
embarrassé à deviner qui pouvoit
être l'auteur de ce pont. N'estimant
pas assez son voisin Moulineau pour
le croire enchanteur,
il court à la hâte feuilleter ses livres
pour s'éclaircir du fait, et
pour renverser le pont en moins
de tems qu'il n'avoit été élevé:
mais lorsque tous les livres qu'il
ouvrit ne lui apprirent rien, il fut
dans un grand embarras; embarras
qui se convertit en une affliction
étrange, quand il vit qu'il cherchoit
inutilement celui qui contenoit
tous les secrets de son art. Il
en avoit défendu la lecture à sa
fille, à qui il n'avoit jamais rien
défendu que cela, et quelque soûmise
qu'elle eût toûjours été à ses
volontés, il eut peur que la curiosité
pour une chose expressément
défendue, ne l'eût emporté
sur son obéissance. Ce fut dans
ces allarmes qu'il la trouva en l'état
que nous l'avons laissée. Il l'éveilla
promptement pour lui demander
des nouvelles de ce livre
si nécessaire à ses desseins: mais
ce fut pour lui en apprendre bien
d'autres qu'Alie prit la parole. De
la maniere dont elle venoit de
s'endormir, j'aurois juré qu'à son
réveil, elle alloit s'adresser au
druide, en lui disant: grand commandeur
des croyans...
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:22

mais
son égarement changea d'objet,
et se jettant à ses piés: mon pere,
dit-elle, je l'ai perdu, et si vous
ne me le rendez, vous me verrez
mourir de désespoir, car il n'est
plus tems de cacher ma foiblesse,
ni de dissimuler mon crime. Oui
je l'ai perdu... quoi! S'écria le
druide, non seulement, Alie,
vous m'avez désobéi: mais vous
avez perdu ce qui m'étoit le plus
cher au monde après vous! De
quelle maniere, ajouta-t-il, avez-vous
perdu ce livre, dont dépend
le bonheur ou le malheur de nos
destinées? Alie surprise, après
avoir gardé un moment le silence:
mon cher pere, lui dit-elle, puisque
vous savez cette perte, vous
savez aussi de quelle maniere elle
est arrivée. Helas, il est vrai, s'écria-t-elle,
en perdant ce livre fatal,
j'ai perdu un autre trésor qui
me devoit être mille fois plus précieux
que la vie. En disant ces
mots, elle quitta son pere, et courut
s'enfermer dans son appartement.
Le druide n'étoit pas en état de
suivre sa fille, il étoit si surpris et
si confondu des deux aveux qu'elle
venoit de lui faire, qu'il ne savoit
où il en étoit. Tout lui faisoit croire
que sa fille avoit eu plus d'une
curiosité. Pour s'éclaircir de ce
qu'il craignoit, il résolut de consulter
son favori poinçon. Or, ce
poinçon étoit un petit gnome,
fils d'une fée, ou si vous voulez,
d'une silphide, car le druide étoit
le plus grand, le plus habile, ou
plutôt le maître de tous les cabalistes.
Il fut donc droit à la statue
de Cléopatre, et l'ayant touchée
d'un talisman qu'il portoit en bague;
elle s'entr'ouvrit, et le favori
poinçon en sortit. C'étoit la plus
charmante petite créature du monde,
il étoit habillé de plumes de
perroquet de différentes couleurs,
il portoit un chapeau pointu, retroussé
d'un gros diamant, et un
esclavage de perles et de rubis au
lieu de carcan. Quoiqu'il n'eût
qu'une coudée de haut, jamais il
n'y eut de taille si fine ni si noble,
et son visage étoit du moins aussi
beau et aussi aimable que celui de
la belle Alie: mais tous ces avantages
cédoient encore à la bonté
de son coeur. Il fut effrayé de voir
pour la premiere fois l'air sévere
dont le reçut le druide. Il se douta
pourtant bien de ce qui pouvoit
en être la cause. Il l'aborda en
tremblant et versant des larmes:
viens, lui dit le druide, viens me
rendre compte de ta conduite.
T'avois-je chargé du soin de veiller
à la conservation de ma fille,
pour l'abandonner aux caprices
qui l'ont perdue et qui me déshonorent?
Le pauvre Poinçon fut si
pénétré de ce reproche, qu'il n'y
a point de coeur qui ne se fendît
à voir l'extrémité de son affliction.
Il se prosterna la face contre terre,
et de ses petites mains embrassant
autant qu'il le put les jambes de
son maître vers la cheville du pié,
il fut long-tems à les arroser de
ses larmes, avant que de pouvoir
parler. Il se releva enfin par ordre
du druide, et ayant tiré de sa poche
un petit mouchoir brodé que
sa mere lui avoit fait, il en essuya
ses yeux, et se mit à dire: mon
seigneur et mon maître, je vais
vous faire un aveu sincere de ma
faute, dont j'ai un repentir aussi
sensible que le méritent vos bontés.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:23

Après cet aveu, si vous ne me
trouvez pas digne de grace, tuez-moi
tout d'un coup, plutôt que
de me donner mille morts, comme
vous faites par ces marques
d'indignation. Je n'ai rien oublié
des obligations que je vous ai.
Vous m'avez dispensé de vivre
sous la terre, vous m'avez revêtu
d'une figure qui plaît, et me laissant
toutes les connoissances qui
sont données aux esprits de mon
espece, vous y en avez ajouté d'autres
qui me mettent de beaucoup
au-dessus de mes camarades; vous
avez établi ma demeure dans les
lieux agréables qui s'étendent bien
loin dessous la statue dont je viens
de sortir: mais vous savez, mon
souverain seigneur, que tous les
bienfaits ne sont point exemts de
leurs mortifications. Car je ne suis
visible que quand vous le voulez.
L'usage de la parole m'est interdit
sans votre permission, et dans ces
beaux appartemens que j'habite,
je suis condamné à veiller jour
et nuit pour la garde d'un trésor
qu'il ne m'est pas permis de voir:
de plus, je ne puis sortir de la statue,
que lorsqu'il vous plaît d'ouvrir
cette demeure, charmante il
est vrai, mais qui m'est insuportable,
puisqu'elle me sert de prison.
Vous m'avez ordonné de
suivre par tout la belle Alie dans
les tems de ma liberté, pour en
éloigner tous les dangers et pour
la garantir de tous les accidens
imprévûs qui pourroient troubler
son repos; vous savez avec quelle
attention je l'ai fait dans les commencemens;
j'ai obéi ponctuellement
à un ordre qui m'a bien
coûté des larmes.
magda
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:23

Ce fut lorsque
suivant ce ruisseau, qui sortant
des cataractes du Nil, après avoir
coulé bien long-tems dans les prairies
couvertes de fleurs, forme la
fontaine du berceau. J'y jettai
avec empressement cette petite
boule d'yvoire que vous m'aviez
donnée; parce que je crus que la
belle Alie s'y baigneroit, c'étoit pour
augmenter ses attraits, quoique
cela me parût impossible: mais je
vis bientôt que vous aviez eu tout
un autre dessein. La fête du guy
sacré, où tous les habitans de la
campagne ont accoutumé d'assister,
ne fut pas plutôt arrivée, que
votre fille y parut en habit de bergere;
et dès qu'elle y parut tous
les bergers distingués en devinrent
amoureux, la suivirent ici, la virent
souvent, et après avoir déclaré
leur passion, et éprouvé ses
rigueurs par mille marques de ses
mépris et de son aversion, ils lui
firent leurs adieux par les plus
tendres chansons; se mirent au lit
et moururent.
Peu de tems après il se fit un
tournois magnifique aux barrieres de
Saint Denis, où la fleur des
chevaliers de notre bon roi Pepin
devoit soutenir contre tous
venans, que la princesse Hermenegesilde
sa niece, étoit la plus belle
princesse de l'univers. Vous y envoyâtes
la divine Alie, accompagnée
de quatre silphides qui l'avoient
parée, et qui lui servoient
de dames d'honneur: quand le
roi vit Alie, il fut
ébloüi de sa beauté: mais la princesse sa niece
qui étoit assise à ses piés, rougit
de dépit et de honte, en voyant
Alie: ce n'étoit pas sans raison,
car il n'y eut qu'un petit nombre
d'anciens courtisans qui soutinrent
pour sa beauté; les héros se
déclarerent pour Alie, le baron
d'Argenteuil, le vidame de Gonesse,
le châtellain de Vaugirard
et le sénéchal de Poissy se mirent
sur les rangs en sa faveur, et ayant
remporté l'honneur du tournois,
l'accompagnerent jusques ici; vous
les traitâtes aussi bien qu'elle les
traita mal; pour moi qui les aimois
à cause qu'ils étoient jeunes,
vaillans et bien faits, je ne doutai
point qu'Alie ne se déclarât en
faveur d'un d'entre eux, et que
nous ne vissions bientôt un de ces
seigneurs possesseur de tant de
charmes. Mais que je me trompois!
Tandis que pleins d'amour
ils éprouvoient la haine d'Alie,
et qu'ils se consumoient en regrets,
le roi les avoit fait crier à
son de trompe pour comparoître
devant lui, et rendre raison de
l'insulte qu'ils avoient faite à la
premiere princesse du sang; et
comme ils n'avoient point parus,
il les avoit tous quatre condamnés
à être pendus: mais la cruelle Alie
leur en épargna la honte, et les
fit mourir de désespoir. J'en pleurai
de douleur, sur tout pour le
vicomte de Gonesse, qui étoit un
seigneur de grande espérance, et
auquel il m'a paru que vous aviez
quelque regret. Ce fut alors que
je me repentis d'avoir jetté cette
boule dans la fontaine du berceau,
ne doutant point que ce ne fût ce
qui causoit cette haine universelle
qu'Alie avoit pour tous ses amans.
magda
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:25

Cependant je m'apperçus que
vous n'étiez pas content de ses effets,
quoiqu'elle eût produit tant
de morts si tragiques, et qu'il
vous manquoit encore quelqu'autre
victime, qui ne se présentoit
point; je n'en doutai plus quand
vous m'ordonnâtes un jour de prendre
la forme d'un chevreuil, et de
roder au tour de la forêt de Noisy,
j'obéis à regret, craignant que ce
ne fût pour attirer quelque malheureux
dans le piége fatal des
beautés d'Alie. D'abord que je fus
au milieu de la forêt j'entendis un
grand bruit de cors et de chiens;
c'étoit un loup qu'on couroit, il
me parut fort gros et fort insolent,
car quoiqu'on le pressât de près,
dès qu'il me vit, il voulut me saisir
en chemin faisant: mais je fis
un petit saut en l'air, et il passa
par dessous-moi: dès que les premiers
chiens m'apperçurent, ils
quitterent la piste du loup pour
suivre la mienne. Je m'étois fait
fort joli pour un chevreuil, et
j'allois comme le vent; je laissai
approcher les chiens, comme j'avois
fait le loup, et lorsqu'ils me
croyoient tenir, je fis trois bonds,
et je les perdis de vûe. Ils me suivirent
à grand bruit: je les attendis
encore, le maître étoit à leur
queue qui les fit rompre d'abord
qu'il me vit arrêté; je le laissai approcher,
je vis bien qu'il ne me
vouloit point de mal, je marchois
seulement à petit pas pour l'éloigner
de sa troupe; je crois qu'il
connut mon dessein, car il renvoya
tout son équipage. Quand je
le vis seul, je me couchai sur l'herbe:
alors il se mit à me considérer
avec une grande attention, et
à ce qui me parut, avec quelque
sorte de plaisir; pour moi charmé
de sa beauté, de sa taille, et de
son air plein de grace, j'aurois
passé toute ma vie à l'admirer.
Après m'avoir long-tems regardé,
il s'écria: le joli petit animal!
Que ne donnerois-je point pour
l'avoir dans ma ménagerie? Mon
pauvre petit chevreuil, continua-t-il,
tu y serois en repos et hors
de tous les dangers qui te menacent
dans les bois, si je n'avois
peur de t'effaroucher, je mettrois
pié à terre pour... il n'avoit pas
achevé, que nous entendîmes le
bruit d'une autre meute; à mesure
qu'elle approchoit, on eût dit
que c'étoit quelque taureau qui
l'animoit: il ne s'en falloit guere,
puisque c'étoit le géant Moulineau,
qui monté sur son grand
cheval, faisoit trembler la terre
sous lui, et remplissoit l'air de
mugissemens. Dès qu'il m'eut apperçu,
il anima tous ses vilains
chiens contre moi, il me lança
même un dard qui pensa fendre
un arbre en deux derriere moi:
le beau chasseur en fut indigné, et
lui ayant fait des reproches d'une
action qu'il trouvoit barbare, le
cruel Moulineau en fut si transporté
de colere, qu'après l'avoir
regardé avec fureur, il lui jetta un
autre javelot gros comme une lance:
mais qui lui passa par dessus la
tête, car par bonheur le géant est
aussi mal-adroit qu'il est fort et
brutal: le beau chasseur mit l'épée
à la main, et se lançant vers lui
pendant qu'il étoit panché sur le
cou de son énorme cheval, par
l'effort qu'il venoit de faire, il lui
donna un si furieux revers sur le
haut de la tête, qu'on entendit
raisonner le coup, comme s'il fût
tombé sur une enclume.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:25

Ce coup
le renversa par terre et sans connoissance,
quoiqu'il ne fût pas
blessé, et mit fin à un combat
qui m'avoit saisi de frayeur. Pour
mon généreux défenseur touché
d'amitié et de reconnoissance,
j'avoue que je ne pus me résoudre
à le conduire à une mort certaine,
en le menant à la fontaine du berceau.
Ainsi voyant qu'il me suivoit,
je me mis à courir: mais ce fut
pour m'éloigner de cette fatale
fontaine; cependant après avoir
bien couru, je m'apperçus tout
d'un coup que nous étions déjà
sous les premiers de ces grands
arbres, dont l'épais feuillage défend
les rayons du soleil. La belle
Alie se baignoit dans ce moment;
ce fut alors que me souvenant de
la mort de tant d'amans qui n'avoient
vû que son visage, je crus
que mon cher défenseur n'en avoit
que pour un moment, et je me
mis à pleurer.
D'abord que votre fille vit un
homme si près de la fontaine,
elle fit un grand cri. Les silphides
qui venoient de la déshabiller,
se sauverent dans l'épaisseur du
bois. Pour moi, désespéré de ma
triste aventure, j'allai me cacher
derriere un buisson, pour voir la
tragique fin où je venois d'amener
le plus aimable et le plus honnête
homme du monde. Mais je
ne fus pas long-tems dans cette
cruelle peine. Après avoir regardé
Alie quelque-tems, je le vis approcher
de la fontaine. Alie avoit
toûjours eû les yeux attachés sur
lui, depuis qu'elle étoit revenue
de sa premiere surprise: mais ce
n'étoit plus de ces regards mêlés
d'aversion et de mépris, dont elle
avoit tué tous ses autres amans.
Cependant il étoit aisé de juger
que le beau chasseur la trouvoit
du moins aussi charmante, et je
ne me sentois pas de joie de
voir qu'il ne s'en portoit pas plus
mal. Il est vrai que j'avois un autre
exemple dans le géant Moulineau,
qui en étoit aussi amoureux
qu'un brutal peut l'être: mais je
m'étois toûjours bien douté qu'il
n'avoit pas l'esprit de mourir d'amour.
Enfin le beau chasseur parla
respectueusement à Alie, et lui
dit des choses très-passionnées
pour une premiere fois.
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:25

Les réponses
qu'elle lui fit n'avoient
rien de sauvage; et jamais je n'ai
été si aise de voir deux personnes
si charmantes faire si-tôt connoissance.
Si vous n'êtes pas la reine
des dieux ou la mere des amours,
lui dit-il, apprenez-moi, je vous
prie, qui est la mortelle qui a tant
d'éclat et tant de majesté, pour
n'adorer plus qu'elle sur la terre.
Et vous, lui répliqua Alie, si vous
n'êtes point un de ces amours,
dont vous venez de parler, qui
pouvez-vous être? Mais qui que
vous soyez, non seulement je reçois
vos hommages, mais je vous
promets de n'en recevoir jamais
d'autres, pourvû que vous ne soyez
pas le prince de Noisy.
Malheureux! S'écria le druide,
en interrompant Poinçon, quel
nom viens-tu de me faire entendre?
Le prince de Noisy! Cet
homme que je déteste à l'égal du
belier! Mais poursuis, et m'apprens
tout ce qui a suivi cette fatale
conversation. Elle fut suivie,
reprit le fidele Poinçon, de l'aveu
que fit mon beau chasseur à
Alie, qu'il étoit le prince de Noisy.
Cet aveu embarrassa Alie, et
la fit rêver quelques momens:
mais il ne la fit point changer de
volonté. Et le moyen qu'elle en
eût changé, quand le prince de
Noisy lui juroit qu'il l'adoroit, et
qu'il ne pouvoit plus vivre sans
la voir? Elle lui dit, qu'il vînt la
troisieme nuit d'après ce jour au
bord de cette fontaine, qu'il cueillît
une de ces fleurs jaunes qu'il
voyoit, et que suivant le bord du
ruisseau, il se rendît aux eaux du
Nil où elle l'attendroit, et lui ordonna
ensuite de se retirer.
magda
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:45

Il
obéit, après lui avoir juré de l'adorer
jusqu'au tombeau. Et toi,
que faisois-tu, lui dit le druide,
pendant que tout cela se passoit?
Je m'applaudissois, répliqua Poinçon,
d'avoir si heureusement exécuté
vos volontés, en attirant auprès
de votre fille celui que vous
semblez souhaiter. Non, mon
bon maître, je n'étois point coupable
alors: mais je vous ai offensé
depuis, je vais vous dire comment.
Après avoir quitté ma figure de
chevreuil, je venois avec empressement
vous rendre compte de ce
qui étoit arrivé. Lorsque je fus
auprès de vous, je fus prévenu
par les reproches que vous me fîtes
de ma négligence, et de n'avoir
pas livré votre mortel ennemi
à toute votre colere, en l'exposant
à la vûe d'Alie. Il n'en fallut
pas davantage pour me faire
comprendre que si vous saviez
comment les choses s'étoient passées,
vous nous tueriez tous trois,
et ce fut cette crainte mortelle qui
m'obligea à vous dire, que je n'avois
trouvé que le géant Moulineau
qui m'avoit voulu tuer. Je
vous promis que je ferois mieux
une autrefois, et vous assurai que
je n'aurois point de repos que je
ne vous eusse amené celui que
vous vouliez si mal traiter. Vous
pouvez vous souvenir avec quel
empressement vous me l'ordonnâtes tout
de nouveau. Comme je
savois bien qu'il viendroit assez,
sans que je l'allasse chercher, deux
jours après je me fis cerf: mais au
lieu d'aller agacer le prince de
Noisy, qui ne songeoit à rien
moins qu'à la chasse, je fus me
présenter au géant, qui s'étoit
mis en campagne avec son équipage.
Je lui parus le cerf le plus
grand et le plus superbe de toute
la forêt; il me poursuivit à toute
outrance, je résolus de le mener
bon train; ma premiere station
fut à Montmartre, au haut duquel
je l'attendis, et dès qu'il eut gagné
l'endroit où j'étois, au grand regret
de son élephant de cheval, il
prit haleine, j'étois arrêté, ses
chiens me crurent aux abois, il
les poussa contre moi, et je lui
en tuai quatre en un moment. Je
me lançai ensuite au bas de la
montagne, il me suivit avec ardeur,
je sautai par dessus une carriere
à moitié couverte de ronces,
il s'y précipita avec sa bête, qui
pensa se rompre le cou, il en fut
tiré à grand peine, et voyant que
je ne faisois que trotter devant
lui, il voulut avoir sa revanche.
Je le ramenai à Poissy, où je passai
la riviere, il s'y jetta du bord
le plus escarpé que j'avois exprès
choisi, de sorte que s'il y avoit
une riviere au monde capable de
noyer un animal de cette taille,
il n'en fût jamais revenu.
magda
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:46

Enfin, après l'avoir mis au désespoir,
je me perdis dans la fôrêt,
et revins vous dire que je
m'étois fait chasser par un jeune
homme, le plus beau qui fût dans
la nature: mais que toutes les
fois que je l'avois voulu conduire
vers la fontaine du berceau, il
s'étoit arrêté pour prendre une
autre route. Vous n'eûtes pas de
peine à me croire, et s'il vous en
souvient, vous me dîtes qu'il ne
falloit plus y songer, et que vous
voyiez bien que l'enchanteur Merlin
le protégeoit. Vous ne me renfermâtes pas
ce jour-là, parce que
vous me commîtes la garde des
jardins et du château pendant la
nuit, ayant quelqu'autre commission
à donner aux gardes ordinaires.
Je fus charmé de cette commission,
par la curiosité que j'avois
d'être témoin d'une entrevûe
qui devoit être bien agréable et
bien tendre. Aussi-tôt que la nuit
fut entierement fermée, la belle
Alie traversa le parterre, trouva
le prince où elle croyoit l'attendre
encore long-tems, et le ramena
dans le jardin. Je les suivis pas à
pas dans les lieux où ils se promenerent,
et mon invisibilité leur
ôtant la contrainte que leur auroit
donné ma présence, j'entendis dire
au prince de Noisy tout ce que
l'amour le plus respectueux et le
plus tendre inspire dans ces occasions,
et à la belle Alie, tout ce
que l'innocence dans un coeur extrémement
attendri permet de répondre.
Après avoir donné les
premiers momens à s'exprimer
mutuellement sur la tendresse,
Alie soûpira, le prince se sentit
troublé à ce soûpir, il en demanda
le sujet; Alie lui dit, qu'elle
craignoit de ne pouvoir vaincre
en sa faveur les obstacles et les
difficultés qui traverseroient infailliblement
ses desseins. Elle lui
parla des poursuites du géant et
de ses menaces: mais elle lui dit
qu'elle n'en faisoit aucun compte,
que c'étoit un monstre pour qui
elle n'avoit que de l'horreur et du
mépris, sans lui faire seulement
l'honneur de le haïr. Elle ajouta,
que quoique vous l'aimassiez plus
que votre vie, vous ne consentiriez
jamais à son mariage, parce
que vous aviez découvert par son
horoscope, qu'il lui seroit funeste,
tant que le prince de Noisy resteroit
parmi les hommes, que c'étoit
pour cette raison que vous
aviez armé son coeur d'une aversion
qui avoit été fatale à tous
ceux qui l'avoient aimée, pour
servir d'exemple aux autres, et
pour se délivrer de l'importunité
des prétendans, qu'il étoit le seul
objet de vos craintes et de vos
persécutions, et qu'elle savoit que
vous mettriez tout en usage pour
le faire périr.
magda
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Message par magda Dim 16 Mai - 20:47

En achevant ces mots, les beaux
yeux d'Alie furent baignés de larmes;
le prince de Noisy se jetta
à ses piés, lui dit: qu'il n'étoit
pas digne de la moindre de ses
larmes, qu'il se tiendroit plus heureux
de mourir en l'adorant, que
de vivre pour tout autre. Ces tendres
propos ne firent que redoubler
ses pleurs et son affliction.
Ils se séparerent enfin, après s'être
juré de s'aimer toûjours. Quoiqu'ils
se soient souvent revûs depuis,
je vous proteste par votre
tête sacrée, que tous leurs rendez-vous
se sont passés avec autant
d'innocence que si vous aviez été
présent vous-même. Pour moi,
qui sai qu'il n'y a rien de caché
pour vous, quand il vous
plaît, je vous croyois informé de
tout ce qui se passoit, et je pensois
que vous le souffriez pour
quelque raison. Enfin le dernier
jour qu'ils se virent, Alie parut
mille fois plus belle qu'à son ordinaire,
parce qu'elle avoit la
joie dans le coeur; ce fut dans les
transports de cette joie qu'elle dit
au prince de Noisy, qu'elle avoit
trouvé ce qui les devoit rendre
heureux: mais qu'il falloit, quelque
danger qu'il y eût pour l'un
et pour l'autre, qu'il la suivît dans
le château pour être instruit de
ce qu'il avoit à faire. Elle y entra,
et lui ordonna de n'y entrer qu'une
demi-heure après elle: mais cette
demi-heure fut tellement racourcie
par l'impatience du prince de
Noisy, qu'au bout de quelques
minutes il courut avec empressement
vers la porte qui paroissoit
ouverte. Cependant il ne put jamais
entrer, tantôt elle se haussoit,
tantôt elle se baissoit, tantôt elle
se mettoit à sa droite, et tantôt à
sa gauche; si-bien qu'une demi-heure
de plus que celle qu'on lui
avoit prescrite s'étoit passée dans
cette vaine poursuite. Alie impatiente parut
à une fenêtre, et
voyant le prince, lui demanda
pourquoi il n'entroit point. Quand
elle eut appris l'obstacle qu'il trouvoit,
elle voulut aller lui aider à
le vaincre: mais la même chose
lui arriva en dedans de la porte.
Elle revint à la fenêtre, et après
lui avoir dit qu'il s'étoit trop pressé,
elle lui ordonna de se tenir
exactement sous la fenêtre jusqu'à
son retour. Elle revint un moment
après avec un livre. Elle dit
à la hâte au prince de Noisy, de
ne l'ouvrir qu'à l'endroit où le
feuillet étoit replié, et sur-tout de
prendre garde qu'il ne touchât rien
avant que de tomber entre ses
mains; alors elle le laissa doucement
tomber, tandis qu'il haussoit les mains pour
le recevoir:
mais une bouffée de vent s'éleva
soudainement qui l'emporta à côté,
et le fit tomber sur la tête
d'un des chiens d'argent. Dès qu'il
l'eut touché on entendit un long
mugissement, et la terre trembla:
le prince ne laissa pas de ramasser
son livre et de se sauver: mais
depuis ce jour il n'a paru ni à mes
yeux, ni à ceux d'Alie. Elle a
pensé s'en désespérer, et vous
auriez été touché vous-même
comme je l'ai été toutes les fois
qu'elle s'est promenée seule dans
les endroits où ils s'étoient vûs;
car après l'avoir souvent demandé
à ces lieux, elle l'accusoit de perfidie,
d'inconstance et de trahison,
ou se mettoit à pleurer sa
mort d'une maniere à percer l'ame
de douleur à tous ceux qui auroient
pû l'entendre. Ce fut environ
ce tems-là que vous conçûtes
tant de haine pour le bélier du
géant, dont on vous a appris des
choses si extraordinaires, et dont
le ministere vous a donné tant de
peines, et vous met dans l'embarras
où vous êtes aujourd'hui.
magda
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Le Bélier:conte Antoine Hamilton Empty Re: Le Bélier:conte Antoine Hamilton

Message par magda Dim 16 Mai - 21:07

Je vous ai déjà appris, continua
le petit Poinçon, que quelques
formes que j'aie prises, et
quelqu'industrie que j'y aie employée,
jamais je n'ai pû pénétrer
jusques à la demeure du géant,
pour exécuter vos ordres, ni pour
vous informer de ce que ce peut
être que ce bélier si singulier; une
puissance secrete me rendoit immobile
dès que j'en étois à une
certaine distance, et il ne m'étoit
plus permis que de revenir sur
mes pas. Voilà, mon cher maître,
et souverain seigneur, l'aveu sincere
des fautes que j'ai commises
contre vous, je me soumets à toutes
les peines qu'il vous plaira de
me faire souffrir pour les expier,
pourvû que ce ne soit pas celle
de votre disgrace. Cependant,
comme je vous ai offensé en vous
cachant des choses que j'aurois dû
vous dire, je vais vous en apprendre
une qui vous sera peut-être
de quelque utilité. Sachez donc
que le prince de Noisy doit être
quelque part ici autour, car quoiqu'il
n'ait point paru, il a aujourd'hui
même parlé à Alie; quand
je ne l'aurois pas reconnu à sa
voix, les choses qu'il lui a dites ne
me permettent pas d'en douter,
et je m'imagine que c'est ce qui
l'a mise dans l'état où vous l'avez
trouvée.
magda
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