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François Coppée:Le Poète Des Sentiments

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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty François Coppée:Le Poète Des Sentiments

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:36

Rappel du premier message :

François Coppée


François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Dot


Le Poète Des Sentiments

1842-1908

François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Dot




François Coppée est né en 1842 à Paris et mort à Paris en 1908.
Il ètait un des poètes les plus populaires de la seconde moitié du 19ème siècle.
Son talent très varié s'est étendu dans tous les genres. C'est pourtant le poète
de la vie familière avant tout et son originalité s'est surtout manifesté
dans les recueils intitulés Promenades et Intérieurs Les Humbles,
et le Cahier rouge. C'est un poète qui brille par sa sentimentalité
et son lyrisme particulièrement bien illustré dans "Intimités", "Olivier",
"les Mois", "Jeunes filles", "le Reliquaire", "Arrière-Saison", et "l'Exilée".
François Coppée est aussi le poète de l'amour et du drame. Mais son talent
ne s'est pas arreté la. En effet il brille comme conteur, auteur satirique
et religieux. Avec ses paroles sincères, son patriotisme, il est le poète de
la prière et de la lutte. Ses poémes les plus célèbres sont "le Passant"
mais surtout Le "luthier de Crémone", "Le Trésor" et "le Pater" ce dernier
d'inspiration chrétienne qui constitue trois incroyable chefs-d'œuvre.
Nous lui devons de plus trois remarquables drames sentimentaux de théâtre:
"les Jacobites", "Severo Torelli" et "Pour la couronne", des contes et nouvelles,
un roman "Le Coupable", des articles de journaux réunis dans un ouvrage
"Mon Franc-Parler" et une autobiographie la "Bonne souffrance" où il raconte
son amour des humbles.

On ne peut s'empêcher de comparer François Coppée à Victor Hugo par l'étendu
de son talent quant bien même son style fut très différent.
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Message par chayma Lun 10 Mai - 18:48

Et moi, flâneur qui passe et jette par la grille
Un regard enchanté sur cette jeune fille,
Et m'en vais sans avoir même arrêté le sien,
J'imagine un bonheur calme et patricien,
Où cette noble enfant me serait fiancée;
Et déjà je m'enivre à la seule pensée
Des clairs matins d'avril où je galoperais,
Sur un cheval très vif et par un vent très frais,
À ses côtés, lancé sous la frondaison verte.
Nous irions, par le bois, seuls, à la découverte;
Et, voulant une image au contraste troublant
Du long vêtement noir et du long voile blanc,
Je la comparerais, dans ma course auprès d'elle,
À quelque fugitive et sauvage hirondelle.
Ritournelle

Dans la plaine blonde et sous les allées,
Pour mieux faire accueil au doux messidor,
Nous irons chasser les choses ailées,
Moi, la strophe, et toi, les papillons d'or.

Et nous choisirons les routes tentantes,
Sous les saules gris et près des roseaux,
Pour mieux écouter les choses chantantes,
Moi, le rythme, et toi, le choeur des oiseaux.

chayma

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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Re: François Coppée:Le Poète Des Sentiments

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:48

Suivant tous les deux les rives charmées
Que le fleuve bat de ses flots parleurs,
Nous vous trouverons, choses parfumées,
Moi, glanant des vers, toi, cueillant des fleurs.

Et l'amour, servant notre fantaisie,
Fera, ce jour-là, l'été plus charmant:
Je serai poète, et toi poésie;
Tu seras plus belle, et moi plus aimant.
La ferme

La maison, aujourd'hui ferme, jadis château,
A bon air. Un fossé l'entoure; un vieux bateau,
Plein de feuillage mort, pourrit là, sous le saule.
Par l'étroit pont de pierre où la volaille piaule
Répondant à grands cris aux canards du fossé,
Et par la voûte sombre au cintre surbaissé,
On entre dans la cour spacieuse et carrée
Que jonchent le fumier et la paille dorée.
Avant le déjeuner, parfois j'en fais le tour.
Je regarde rentrer les bêtes de labour,
Gros chevaux pommelés, les pieds velus, la queue
Troussée, avec le lourd collier de laine bleue,
Le gland rouge à l'oreille, et le grossier harnais.
Je fus un paysan jadis, je m'y connais,
Je parle aux laboureurs, je leur dis ma recette
Pour extirper du blé la nielle et la luzette
Et que le temps humide est meilleur pour faucher.
La grosse cuisinière alors vient me chercher;
Je rentre dans la salle à manger confortable
Où je trouve Suzanne arrangeant sur la table
Les fruits de la saison dans un grand plat de Gien.
On déjeune gaîment. Quelquefois le vieux chien
Qu'on tolère au logis, car il n'est plus ingambe,
Vient poser en grondant sa gueule sur ma jambe
Pour avoir un morceau qu'il avale d'un coup.
En prenant le café, nous fumons, pas beaucoup.
Puis mes hôtes vont voir leurs travaux de campagne,
Ils prennent le panier, et je les accompagne.
La voiture d'osier a trois places. Devant,
La chère blonde, avec son voile brun au vent,
- Tandis que le papa maintient au trot Cocotte, -
Se retourne, voulant mettre dans la capote
Son parasol doublé de vert et ses bouquets.
Moi, derrière, occupant le siège du laquais,
Pour l'aider je m'incline, et je la touche presque.
- Et nous suivons alors un chemin pittoresque,
Où souvent, par-dessus les grands épis penchés,
Nous regardent de loin les pointes des clochers.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty La cueillette des cerises

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:49

La cueillette des cerises

Espiègle! j'ai bien vu tout ce que vous faisiez,
Ce matin, dans le champ planté de cerisiers
Où seule vous étiez, nu-tête, en robe blanche.
Caché par le taillis, j'observais. Une branche,
Lourde sous les fruits mûrs, vous barrait le chemin
Et se trouvait à la hauteur de votre main.
Or, vous avez cueilli des cerises vermeilles,
Coquette! et les avez mises à vos oreilles,
Tandis qu'un vent léger dans vos boucles jouait.
Alors, vous asseyant pour cueillir un bleuet
Dans l'herbe, et puis un autre, et puis un autre encore,
Vous les avez piqués dans vos cheveux d'aurore;
Et, les bras recourbés sur votre front fleuri,
Assise dans le vert gazon, vous avez ri;
Et vos joyeuses dents jetaient une étincelle.
Mais pendant ce temps-là, ma belle demoiselle,
Un seul témoin, qui vous gardera le secret,
Tout heureux de vous voir heureuse, comparait,
Sur votre frais visage animé par les brises,
Vos regards aux bleuets, vos lèvres aux cerises.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Le rêve du poète

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:49

Le rêve du poète

Ce serait sur les bords de la Seine. Je vois
Notre chalet, voilé par un bouquet de bois.
Un hamac au jardin, un bateau sur le fleuve.
Pas d'autre compagnon qu'un chien de Terre-Neuve
Qu'elle aimerait et dont je serais bien jaloux.
Des faïences à fleurs pendraient après des clous;
Puis beaucoup de chapeaux de paille et des ombrelles.
Sous leurs papiers chinois les murs seraient si frêles
Que même, en travaillant, à travers la cloison
Je l'entendrais toujours errer par la maison
Et traîner dans l'étroit escalier sa pantoufle.
Les miroirs de ma chambre auraient senti son souffle
Et souvent réfléchi son visage, charmés.
Elle aurait effleuré tout de ses doigts aimés.
Et ces bruits, ces reflets, ces parfums, venant d'elle,
Ne me permettraient pas d'être une heure infidèle.
Enfin, quand, poursuivant un vers capricieux,
Je serais là, François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 923781 et la main sur les yeux,
Elle viendrait, sachant pourtant que c'est un crime,
Pour lire mon poème et me souffler ma rime,
Derrière moi, sans bruit, sur la pointe des pieds.
Moi, qui ne veux pas voir mes secrets épiés,
Je me retournerais avec un air farouche;
Mais son gentil baiser me fermerait la bouche.

- Et dans les bois voisins, inondés de rayons,
Précédés du gros chien, nous nous promènerions,
Moi, vêtu de coutil, elle, en toilette blanche,
Et j'envelopperais sa taille, et sous sa manche
Ma main caresserait la rondeur de son bras.
On ferait des bouquets, et, quand nous serions las
On rejoindrait, toujours suivis du chien qui jappe,
La table mise, avec des roses sur la nappe,
Près du bosquet criblé par le soleil couchant;
Et, tout en s'envoyant des baisers en mangeant,
Tout en s'interrompant pour se dire: Je t'aime!
On assaisonnerait des fraises à la crème,
Et l'on bavarderait comme des étourdis
Jusqu'à ce que la nuit descende…
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Le rêve du poète

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:50

- Ô Paradis!
La mémoire

Souvent, lorsque la main sur les yeux, je médite,
Elle m'apparaît, svelte et la tête petite,
Avec ses blonds cheveux coupés courts sur le front.
Trouverai-je jamais des mots qui la peindront,
La chère vision que malgré moi j'ai fuie?
Qu'est auprès de son teint la rose après la pluie?
Peut-on comparer même au chant du bengali
Son exotique accent, si clair et si joli?
Est-il une grenade entr'ouverte qui rende
L'incarnat de sa bouche adorablement grande?
Oui, les astres sont purs, mais aucun dans les cieux,
Aucun n'est éclatant et pur comme ses yeux;
Et l'antilope errant sous le taillis humide
N'a pas ce long regard lumineux et timide.
Ah! devant tant de grâce et de charme innocent,
Le poète qui veut décrire est impuissant;
Mais l'amant peut du moins s'écrier: « Sois bénie,
Ô faculté sublime à l'égal du génie,
Mémoire, qui me rends son sourire et sa voix,
Et qui fais qu'exilé loin d'elle, je la vois! »
Réponse
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Le rêve du poète

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:51

« Mais je l'ai vu si peu! » disiez-vous l'autre jour. -
Et moi, vous ai-je vue en effet davantage?
En un moment mon coeur s'est donné sans partage.
Ne pouvez-vous ainsi m'aimer à votre tour?

Pour monter d'un coup d'aile au sommet de la tour,
Pour emplir de clartés l'horizon noir d'orage,
Et pour nous enchanter de son puissant mirage,
Quel temps faut-il à l'aigle, à l'éclair, à l'amour?

Je vous ai vue à peine, et vous m'êtes ravie!
Mais à vous mériter je consacre ma vie
Et du sombre avenir j'accepte le défi.

Pour s'aimer faut-il donc tellement se connaître,
Puisque, pour allumer le feu qui me pénètre,
Chère âme, un seul regard de vos yeux a suffi?
À un ange gardien

Mon rêve, par l'amour redevenu chrétien,
T'évoque à ses côtés, ô doux ange gardien,
Divin et pur esprit, compagnon invisible
Qui veilles sur cette âme innocente et paisible!
N'est-ce pas, beau soldat des phalanges de Dieu,
Qui, pour la protéger, fais toujours, en tout lieu,
Sur l'adorable enfant planer ton ombre ailée,
Que ta chaste personne est moins immaculée,
Que ton regard, reflet des immenses azurs,
Et que le feu qui brille à ton front, sont moins purs,
Dans leur sublime essence au paradis conquise,
Que le coeur virginal de cette enfant exquise?
Ô toi qui de la voir as toujours la douceur,
Bel ange, n'est-ce pas qu'elle est comme ta soeur?
Ô céleste témoin qui sais que sa pensée
Par une humble prière au matin commencée
Dans ses rêves du soir est plus naïve encor,
N'est-ce pas qu'en voyant s'abaisser ses cils d'or
Sur ses yeux ingénus comme ceux des gazelles,
Tu t'étonnes parfois qu'elle n'ait pas des ailes?
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Romance

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:51

Romance

Quand vous me montrez une rose
Qui s'épanouit sous l'azur,
Pourquoi suis-je alors plus morose?
Quand vous me montrez une rose,
C'est que je pense à son front pur.

Quand vous me montrez une étoile,
Pourquoi les pleurs, comme un brouillard,
Sur mes yeux jettent-ils leur voile?
Quand vous me montrez une étoile,
C'est que je pense à son regard.

Quand vous me montrez l'hirondelle
Qui part jusqu'au prochain avril,
Pourquoi mon âme se meurt-elle
Quand vous me montrez l'hirondelle,
C'est que je pense à mon exil.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Lettre

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:51

Lettre

Non, ce n'est pas en vous « un idéal » que j'aime,
C'est vous tout simplement, mon enfant, c'est vous-même.
Telle Dieu vous a faite, et telle je vous veux.
Et rien ne m'éblouit, ni l'or de vos cheveux,
Ni le feu sombre et doux de vos larges prunelles,
Bien que ma passion ait pris sa source en elles.
Comme moi, vous devez avoir plus d'un défaut;
Pourtant c'est vous que j'aime et c'est vous qu'il me faut.
Je ne poursuis pas là de chimère impossible;
Non, non! Mais seulement, si vous êtes sensible
Au sentiment profond, pur, fidèle et sacré,
Que j'ai conçu pour vous et que je garderai,
Et si nous triomphons de ce qui nous sépare,
Le rêve, chère enfant, où mon esprit s'égare,
C'est d'avoir à toujours chérir et protéger
Vous comme vous voilà, vous sans y rien changer.
Je vous sais le coeur bon, vous n'êtes point coquette;
Mais je ne voudrais pas que vous fussiez parfaite,
Et le chagrin qu'un jour vous me pourrez donner,
J'y tiens pour la douceur de vous le pardonner.
Je veux joindre, si j'ai le bonheur que j'espère,
À l'ardeur de l'amant l'indulgence du père
Et devenir plus doux quand vous me ferez mal.
Voyez, je ne mets pas en vous « un idéal »,
Et de l'humanité je connais la faiblesse;
Mais je vous crois assez de coeur et de noblesse
Pour espérer que, grâce à mon effort constant,
Vous m'aimerez un peu, moi qui vous aime tant!
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Février

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:52

Février

Hélas! dis-tu, la froide neige
Recouvre le sol et les eaux;
Si le bon Dieu ne les protège,
Le printemps n'aura plus d'oiseaux!

Rassure-toi, tendre peureuse;
Les doux chanteurs n'ont point péri.
Sous plus d'une racine creuse
Ils ont un chaud et sûr abri.

Là, se serrant l'un contre l'autre
Et blottis dans l'asile obscur,
Pleins d'un espoir pareil au nôtre,
Ils attendent l'Avril futur;

Et, malgré la bise qui passe
Et leur jette en vain ses frissons,
Ils répètent à voix très basse
Leurs plus amoureuses chansons.

Ainsi, ma mignonne adorée,
Mon coeur où rien ne remuait,
Avant de t'avoir rencontrée,
Comme un sépulcre était muet;

Mais quand ton cher regard y tombe,
Aussi pur qu'un premier beau jour,
Tu fais jaillir de cette tombe
Tout un essaim de chants d'amour.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Avril

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:53

Avril

Lorsqu'un homme n'a pas d'amour,
Rien du printemps ne l'intéresse;
Il voit même sans allégresse,
Hirondelles, votre retour;

Et, devant vos troupes légères
Qui traversent le ciel du soir,
Il songe que d'aucun espoir
Vous n'êtes pour lui messagères.

Chez moi ce spleen a trop duré,
Et quand je voyais dans les nues
Les hirondelles revenues,
Chaque printemps, j'ai bien pleuré.

Mais, depuis que toute ma vie
A subi ton charme subtil,
Mignonne, aux promesses d'Avril
Je m'abandonne et me confie.

Depuis qu'un regard bien-aimé
A fait refleurir tout mon être,
Je vous attends à ma fenêtre,
Chères voyageuses de Mai.

Venez, venez vite, hirondelles,
Repeupler l'azur calme et doux,
Car mon désir qui va vers vous
S'accuse de n'avoir pas d'ailes.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Mai

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:53

Mai

Depuis un mois, chère exilée,
Loin de mes yeux tu t'en allas,
Et j'ai vu fleurir les lilas
Avec ma peine inconsolée.

Seul, je fuis ce ciel clair et beau
Dont l'ardent effluve me trouble,
Car l'horreur de l'exil se double
De la splendeur du renouveau.

En vain j'entends contre les vitres,
Dans la chambre où je m'enfermai,
Les premiers insectes de Mai
Heurter leurs maladroits élytres;

En vain le soleil a souri;
Au printemps je ferme ma porte
Et veux seulement qu'on m'apporte
Un rameau de lilas fleuri;

Car l'amour dont mon âme est pleine
Retrouve, parmi ses douleurs,
Ton regard dans ces chères fleurs
Et dans leur parfum ton haleine.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Juin

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:54

Juin

Dans cette vie ou nous ne sommes
Que pour un temps si tôt fini,
L'instinct des oiseaux et des hommes
Sera toujours de faire un nid;

Et d'un peu de paille ou d'argile
Tous veulent se construire, un jour,
Un humble toit, chaud et fragile,
Pour la famille et pour l'amour.

Par les yeux d'une fille d'Ève
Mon coeur profondément touché
Avait fait aussi ce doux rêve
D'un bonheur étroit et caché.

Rempli de joie et de courage,
À fonder mon nid je songeais;
Mais un furieux vent d'orage
Vient d'emporter tous mes projets;

Et sur mon chemin solitaire
Je vois, triste et le front courbé,
Tous mes espoirs brisés à terre
Comme les oeufs d'un nid tombé.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Août

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:54

Août

Par les branches désordonnées
Le coin d'étang est abrité,
Et là poussent en liberté
Campanules et graminées.

Caché par le tronc d'un sapin,
J'y vais voir, quand midi flamboie,
Les petits oiseaux pleins de joie
Se livrer au plaisir du bain.

Aussi vifs que des étincelles,
Ils sautillent de l'onde au sol,
Et l'eau, quand ils prennent leur vol,
Tombe en diamants de leurs ailes.

Mais mon coeur lassé de souffrir
En les admirant les envie,
Eux qui ne savent de la vie
Que chanter, aimer et mourir!
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Décembre

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:54

Décembre

Le hibou parmi les décombres
Hurle, et Décembre va finir;
Et le douloureux souvenir
Sur ton coeur jette encor ses ombres.

Le vol de ces jours que tu nombres,
L'aurais-tu voulu retenir?
Combien seront, dans l'avenir,
Brillants et purs; et combien, sombres?

Laisse donc les ans s'épuiser.
Que de larmes pour un baiser,
Que d'épines pour une rose!

Le temps qui s'écoule fait bien;
Et mourir ne doit être rien,
Puisque vivre est si peu de chose.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty III En Faction.

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:55

III En Faction.

Sur le rempart, portant mon lourd fusil de guerre,
Je vous revois, pays que j'explorais naguère,
Montrouge, Gentilly, vieux hameaux oubliés
Qui cachez vos toits bruns parmi les peupliers.
Je respire, surpris, sombre ruisseau de Bièvre,
Ta forte odeur de cuir et tes miasmes de fièvre.
Je vous suis du regard, pauvres coteaux pelés,
Tels encor que jadis je vous ai contemplés,
Et dans ce ciel connu, mon souvenir s'étonne
De retrouver les tons exquis d'un soir d'automne;
Et mes yeux sont mouillés des larmes de l'adieu.
Car mon rêve a souvent erré dans ce milieu
Que va bouleverser la dure loi du siège.
Jusqu'ici j'allongeais la chaîne de mon piège;
Triste captif, ayant Paris pour ma prison,
Longtemps ce fut ici pour moi tout l'horizon;
Ici j'ai pris l'amour des couchants verts et roses;
Penché dès le matin sur des papiers moroses,
Dans une chambre où ma fantaisie étouffait,
C'est ici que souvent, le soir, j'ai satisfait,
À cette heure où la nuit monte au ciel et le gagne,
Mon désir de lointain, d'air libre et de campagne.
Me reprochera-t-on, dans cet affreux moment,
Un regret pour ce coin misérable et charmant?
Car il va disparaître à tout jamais. Sans doute,
Les boulets vont couper les arbres de la route;
Et l'humble cabaret où je me suis assis,
Incendié déjà, fume au pied du glacis;
Dans ce champ dépouillé, morne comme une tombe,
Il croule, abandonné. Regardez. Une bombe
A crevé ces vieux murs qui gênaient pour le tir:
Et, tels que mon regret qui ne veut pas partir,
Se brûlant au vieux toit, quelques pigeons fidèles
L'entourent, en criant, de leurs battements d'ailes.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Le chien perdu

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:55

Le chien perdu

Quand on rentre, le soir, par la cité déserte,
Regardant sur la boue humide, grasse et verte,
Les longs sillons du gaz tous les jours moins nombreux,
Souvent un chien perdu, tout crotté, morne, affreux,
Un vrai chien de faubourg, que son trop pauvre maître
Chassa d'un coup de pied en le pleurant peut-être,
Attache à vos talons obstinément son nez
Et vous lance un regard si vous vous retournez.
Quel regard! long, craintif, tout chargé de caresse,
Touchant comme un regard de pauvre ou de maîtresse,
Mais sans espoir pourtant, avec cet air douteux
De femme dédaignée et de pauvre honteux.
Si vous vous arrêtez, il s'arrête, et, timide,
Agite faiblement sa queue au poil humide.
Sachant bien que son sort en vous est débattu,
Il semble dire: - Allons, emmène-moi, veux-tu?
On est ému, pourtant on manque de courage;
On est pauvre soi-même, on a peur de la rage,
Enfin, mauvais, on fait la mine de lever
Sa canne, on dit au chien: « Veux-tu bien te sauver! »
Et, tout penaud, il va faire son offre à d'autres.
La sinistre rencontre! et quels temps sont les nôtres!
Et quel mal nous ont fait ces féroces Prussiens,
Que les plus pauvres gens abandonnent leurs chiens
Et que, distrait du deuil public, il faille encore
Plaindre ces animaux dont le regard implore!
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Tableau rural

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:56

Tableau rural

Au village, en juillet. Un soleil accablant.
Ses lunettes au nez, le vieux charron tout blanc
Répare, près du seuil, un timon de charrue.
Le curé tout à l'heure a traversé la rue,
Nu-tête. Les trois quarts ont sonné, puis plus rien,
Sauf monsieur le marquis, un gros richard terrien,
Qui passe, en berlingot et la pipe à la bouche,
Et qui, pour délivrer sa jument d'une mouche,
Lance des claquements de fouet très campagnards
Et fait fuir, effarés, coqs, poules et canards.
Croquis de banlieue

L'homme, en manches de veste, et sous son chapeau noir,
À cause du soleil, ayant mis son mouchoir,
Tire gaillardement la petite voiture,
Pour faire prendre l'air à sa progéniture,
Deux bébés, l'un qui dort, l'autre suçant son doigt.
La femme suit et pousse, ainsi qu'elle le doit,
Très lasse, et sous son bras portant la redingote;
Et l'on s'en va dîner dans une humble gargote
Où sur le mur est peint - vous savez? à Clamart! -
Un lapin mort, avec trois billes de billard.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Cheval de Renfort

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:56

Cheval de Renfort

Le cheval qu'a jadis réformé la remonte
Est là, près du trottoir du long faubourg qui monte,
Pour qu'on l'attelle en flèche au prochain omnibus.
Il a cet air navré des animaux fourbus,
Sous son sale harnais qui traîne par derrière.
Mais lorsque, précédés d'une marche guerrière,
Des soldats font venir les femmes aux balcons,
Il se souvient alors du sixième dragon
Et du soleil luisant sur les lattes vermeilles;
Et le vieux vétéran redresse les oreilles.
Au bord de la Marne

C'est régate à Joinville. On tire le pétard.
Les cinq canots, deux en avant, trois en retard,
Partent, et de soleil la rivière est criblée.
Sur la berge, là-bas, la foule est assemblée,
Et la gendarmerie est en pantalon blanc.
- Et l'on prévoit, ce soir, les rameurs s'attablant
Au cabaret, les chants des joyeuses équipes,
Les nocturnes bosquets constellés par les pipes,
Et les papillons noirs qui, dans l'air échauffé,
Se brûlent au cognac flambant sur le café.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Rythme des vagues

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:57

Rythme des vagues

J'étais assis devant la mer sur le galet.
Sous un ciel clair, les flots d'un azur violet,
Après s'être gonflés en accourant du large,
Comme un homme accablé d'un fardeau s'en décharge,
Se brisaient devant moi, rythmés et successifs
J'observais ces paquets de mer lourds et massifs
Qui marquaient d'un hourra leurs chutes régulières
Et puis se retiraient en râlant sur les pierres.
Et ce bruit m'enivrait; et pour écouter mieux
Je me voilai la face et je fermai les yeux.
Alors, en entendant les lames sur la grève
Bouillonner et courir, et toujours, et sans trêve
S'écrouler en faisant ce fracas cadencé,
Moi, l'humble observateur du rythme, j'ai pensé
Qu'il doit être en effet une chose sacrée,
Puisque Celui qui sait, qui commande et qui crée,
N'a tiré du néant ces moyens musicaux,
Ces falaises au roc creusé par les échos,
Ces sonores cailloux, ces stridents coquillages,
Incessamment heurtés et roulés sur les plages
Par la vague, pendant tant de milliers d'hivers,
Que pour que l'Océan nous récitât des vers.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Matin d'octobre

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:57

Matin d'octobre

C'est l'heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
À travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.

Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L'érable à sa feuille de sang.

Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées:
Mais ce n'est pas l'hiver encor.

Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l'air tout rose,
On croirait qu'il neige de l'or.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Musée de marine

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:57

Musée de marine

Au Louvre, je vais voir ces délicats modèles
Qui montrent aux oisifs les richesses d'un port,
Je connais l'armement des vaisseaux de haut-bord
Et la voilure des avisos-hirondelles.

J'aime cette flottille avec ses bagatelles,
Le carré d'Océan qui lui sert de support,
Ses petits canons noirs se montrant au sabord,
Et ses mille haubans fins comme des dentelles.

Je suis un loup de mer et sais apprécier
Le blindage de cuivre et les ancres d'acier:
Car tous ces riens de bois, de ficelle et de liège

M'ont souvent fait trouver les dimanches bien courts.
Et, forçat de Paris dès longtemps pris au piège,
C'est là que j'ai rêvé le voyage au long cours.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Nostalgie parisienne

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:58

Nostalgie parisienne

Bon Suisse expatrié, la tristesse te gagne,
Loin de ton Alpe blanche aux éternels hivers;
Et tu songes alors aux prés de fleurs couverts,
À la corne du pâtre, au loin, dans la montagne.

Lassé parfois, je fuis la ville comme un bagne,
Et son ciel fin, miré dans la Seine aux flots verts.
Mais c'est là que mes yeux d'enfant se sont ouverts,
Et le mal du pays me prend, à la campagne.

Le vrai fils de Paris ne regrette pas moins
Le relent du pavé que, toi, l'odeur des foins.
Montagnard nostalgique, - il faut que tu le saches, -

Mon coeur, comme le tien, fidèle et casanier,
Souffre en exil, et l'air strident du fontainier
Me ferait fondre en pleurs ainsi qu'un Ranz des Vaches.
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty Re: François Coppée:Le Poète Des Sentiments

Message par chayma Lun 10 Mai - 18:58

IV
À mes jeunes camarades, aux équipiers du Club nautique de Chatou

Jadis, la Seine était verte et pure à Saint-Ouen,
Et, dans cette banlieue aujourd'hui sale et rêche,
J'ai canoté, j'ai même essayé de la pêche.
Le lieu semblait alors champêtre. Que c'est loin!

On dînait là. Le beurre, au cabaret du coin,
Était rance, et le vin fait de bois de campêche.
Mais les charmants retours, sur l'eau, dans la nuit fraîche,
Quand, sur les prés fauchés, flottait l'odeur du foin!

Oh! quels vieux souvenirs et comme le temps marche!
Pourtant je vois encor le couchant, sous une arche,
Refléter ses rubis dans les flots miroitants.

Amis, embarquez-moi sur vos bateaux à voiles,
Par un beau soir, à l'heure où naissent les étoiles,
Afin que je revive un peu de mes vingt ans.
Écrit sur l'Album des Chats d'Henriette Ronner

Je regarde, en ce bel album paru d'hier,
Ces chats pris sur le vif avec un talent rare.
Jamais il ne fut mieux compris, je le déclare,
Le tigre familier, caressant quoique fier.

Vos félins sont exquis, Henriette Ronner.
Je les admire et, non sans orgueil, les compare
Au charmant angora dont mon logis se pare
Et qui vient de vêtir sa fourrure d'hiver.

Comme vous, pour les chats j'ai tant de sympathies!
Chez moi, j'ai vu régner de longues dynasties
De ces rois fainéants au pelage soyeux:

Et, dans mon calme coin de vieux célibataire,
Toujours les chats prudents, les chats silencieux
Promènent leur beauté, leur grâce et leur mystère.






Source: http://www.poesies.net
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty L'Exilée (1877):Par François Coppée

Message par chayma Lun 10 Mai - 19:02

L'Exilée (1877)

Par François Coppée (1842-1908)

Invocation

Enfant blonde aux doux yeux, ô rose de Norvége,
Qu'un jour j'ai rencontrée aux bords du bleu Léman,
Cygne pur émigré de ton climat de neige!

Je t'ai vue & je t'aime ainsi qu'en un roman,
Je t'aime & suis heureux comme si quelque fée
Venait de me toucher avec un talisman.

Quand tu parus, naïve & d'or vivant coiffée,
J'ai senti qu'un espoir sublime & surhumain
Soudain m'enveloppait de sa chaude bouffée.

Voyageur, je devais partir le lendemain;
Mais tu m'as pris mon coeur sans pouvoir me le rendre,
Alors que pour l'adieu je t'ai touché la main.

A ce dernier bonheur j'étais loin de m'attendre,
Et je me croyais mort à toutes les amours;
Mais j'ai vu ton regard spirituel & tendre;

Et tout m'a bien prouvé, dans les instants trop courts
Passés auprès de toi, blonde soeur d'Ophélie,
Que je pouvais aimer encore, & pour toujours.

Et je ne me dis pas que c'est une folie,
Que j'avais dix-sept ans le jour où tu naquis;
Car le triste passé, je l'efface & l'oublie,

Et tu ne peux savoir à quel point c'est exquis
chayma
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty La Mémoire

Message par chayma Lun 10 Mai - 19:03

La Mémoire

Souvent, lorsque la main sur les yeux je médite,
Elle m'apparaît, svelte & la tête petite,
Avec ses blonds cheveux coupés courts sur le front.
Trouverai-je jamais des mots qui la peindront,
La chère vision que malgré moi j'ai fuie?
Qu'est auprès de son teint la rose après la pluie?
Peut-on comparer même au chant du bengali
Son exotique accent, si clair & si joli?
Est-il une grenade entr'ouverte qui rende
L'incarnat de sa bouche adorablement grande?
Oui, les astres sont purs, mais aucun, dans les cieux,
Aucun n'est éclatant & pur comme ses yeux;
Et l'antilope errant sous le taillis humide
N'a pas ce long regard lumineux & timide.
Ah! devant tant de grâce & de charme innocent,
Le poëte qui veut décrire est impuissant,
Mais l'amant peut du moins s'écrier : «Sois bénie,
O faculté sublime à l'égal du génie,
Mémoire, qui me rends son sourire & sa voix,
Et qui fais qu'exilé loin d'elle je la vois!»





Réponse

-«Mais je l'ai vu si peu!» - disiez-vous l'autre jour.
Et moi, vous ai-je vue, en effet, davantage?
En un moment mon coeur s'est donné sans partage.
Ne pouvez-vous ainsi m'aimer à votre tour?

Pour monter d'un coup d'aile au sommet de la tour,
Pour emplir de clartés l'horizon noir d'orage
Et pour nous enchanter de son puissant mirage,
Quel temps faut-il à l'aigle, à l'éclair, à l'amour?

Je vous ai vue à peine & vous m'êtes ravie;
Mais à vous mériter je consacre ma vie
Et du sombre avenir j'accepte le défi.

Pour s'aimer faut-il donc tellement se connaître,
Puisque, pour allumer le feu qui me pénètre,
Chère âme, un seul regard de vos yeux a suffi?
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François Coppée:Le Poète Des Sentiments - Page 2 Empty A un ange gardien

Message par chayma Lun 10 Mai - 19:03

A un ange gardien

Mon rêve, par l'amour redevenu chrétien,
T'évoque à ses côtés, ô doux ange gardien,
Divin & pur esprit, compagnon invisible
Qui veilles sur cette âme innocente & paisible!
N'est-ce pas, beau soldat des phalanges de Dieu,
Qui, pour la protéger, fais toujours, en tout lieu,
Sur l'adorable enfant planer ton ombre ailée,
Que ta chaste personne est moins immaculée,
Que ton regard, reflet des immenses azurs,
Et que le feu qui brille à ton front, sont moins purs,
Dans leur sublime essence au paradis conquise,
Que le coeur virginal de cette enfant exquise?

O toi qui de la voir as toujours la douceur,
Bel ange, n'est-ce pas qu'elle est comme ta soeur?
O céleste témoin qui fais que sa pensée
Par une humble prière au matin commencée
Dans ses rêves du soir est plus naïve encor,
N'est-ce pas qu'en voyant s'abaisser ses cils d'or
Sur ses yeux ingénus comme ceux des gazelles,
Tu t'étonnes parfois qu'elle n'ait pas des ailes?
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