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Louis-Xavier de RICARD

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Louis-Xavier de RICARD Empty Louis-Xavier de RICARD

Message par cristopher-cris Mer 5 Mai - 0:02


  • (1843-1911)

Clair de lune dans Paris



À Henri Winter.

Minuit faisait jaillir, comme des étincelles,
Les gerbes de ses sons qui, palpitant des ailes,
Montaient et vibraient en tremblant,
L'air était sec et vif ; la nuit calme et splendide ;
Et le dôme du ciel, sans vapeur et sans ride,
Était couvert d'or scintillant.

La lune avait tendu les blancheurs de son voile ;
On eût dit qu'un vent frais, passant sur chaque étoile,
Les faisait osciller ; et que, confusément
Semé d'une poussière impalpable et dorée,
Du vif argent, teinté d'une teinte azurée,
Animait cette nuit l'orbe du firmament.

Vous alliez calmement, baigné de clarté sombre ;
Vos pas s'amortissaient dans le silence et l'ombre ;
Peut-être alors sur votre bras
S'appuyait doucement le bras d'une maîtresse ;
Et, penché vers ses yeux tout trempés de tendresse,
Vous alliez en causant tout bas.

Vous disiez de ces mots qui font palpiter l'âme.
- Oh ! la nuit, à son bras presser un bras de femme ! -
Et la lune, rêveuse au fond des horizons,
Avait acculé l'ombre au tournant d'une rue ;
Et, tombant sur les toits, sa clarté vive et drue
Faisait saillir en noir le profil des maisons !
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Message par cristopher-cris Mer 5 Mai - 0:03


  • Louis-Xavier de RICARD (1843-1911)

J'admire, dédaigneux des vagues mélopées



J'admire, dédaigneux des vagues mélopées
Qu'entonnent nos rimeurs sinistres ou plaintifs,
L'épanouissement des vastes épopées
Balançant leurs parfums dans les vents primitifs.

Les jeunes univers dilatés et sonores,
S'abreuvaient de la vie, éparse dans les airs,
Et la virginité des naïves aurores
D'une lumière fraîche arrosait les cieux clairs.

Mais, quand je redescends vers notre crépuscule
Plein de gémissements mornes et violents,
Trouvant l'homme pervers, honteux et ridicule,
Dans l'immense avenir je m'engouffre à pas lents ;

Et, sur le long chemin de la Cité nouvelle
Pour marquer où passa mon pied de voyageur,
Je dresse quelque strophe, austère et solennelle,
Comme un sphinx de granit immuable et rêveur.
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Message par cristopher-cris Mer 5 Mai - 0:05


  • Louis-Xavier de RICARD (1843-1911)

La Garrigue



Puisse ma libre vie être comme la lande
Où sous l'ampleur du ciel ardent d'un soleil roux,
Les fourrés de kermès et les buissons de houx
Croissent en des senteurs de thym et de lavande.
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Message par cristopher-cris Mer 5 Mai - 0:05


  • Louis-Xavier de RICARD (1843-1911)

La mort de Rollant



C'était orgueil de vivre en France-la-Louée,
car Dieu l'avait élue et le monde avouée
et, manifeste en tous ses gestes qu'il dictait,
Dieu s'exprimait par elle - et la Terre écoutait.
Les jeunes d'à présent, vous l'avez appauvrie
de gloires et d'honneur jusqu'à la ladrerie,
si - qu'à vous observer - nous, les vieux, nous songeons :
la sève du vieux tronc se perd en sauvageons.

Karl, le grand Empereur, s'en revenait d'Espagne
et, droit contre le ciel, en haut de la montagne,
son beau neveu Rollant planta son pavillon.
L'aube crève : - les preux s'assemblent : Gannelon
dit au grand Karl : " Rollant, mon beau fils, est un homme
des plus fameux parmi tous ceux que l'on renomme
si nous voulons rentrer, sans être talonnés
par ces nègres païens, vrais diables incarnés,
à qui pouvons-nous mieux fier l'arrière-garde
qu'à Rollant ? " [...]
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Message par cristopher-cris Mer 5 Mai - 0:05


  • Louis-Xavier de RICARD (1843-1911)

Les papillons



Quelques feuilles, guirlande verte,
Environnent de leur émail
Cette jeune rose entrouverte,
Petite coupe de corail.

Ses pétales aux teintes blondes,
Dont la nacre rose pâlit,
Se frisent et semblent les ondes
Du frais parfum qui la remplit.

Vois-tu, soulevant de son aile
Un nuage de tourbillons,
Voler et tourner autour d'elle
L'essaim naïf des papillons.

Ainsi, pour savourer l'ivresse
Du baume de la volupté,
Mes désirs voltigent sans cesse
- Sans cesse, autour de ta Beauté.
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Message par cristopher-cris Mer 5 Mai - 0:06


  • Louis-Xavier de RICARD (1843-1911)

Sérénité



On dirait que ce vent vient de la mer lointaine ;
Sous des nuages blonds l'azur du ciel verdit,
Et, dans l'horizon blême, une brume incertaine
S'amasse à flot épais, se dilate et grandit.

Elle éteint le dernier éclat du soleil pâle
Qui plonge et s'enfouit dans le vague Occident ;
Son front, mélancolique et noirci par le hâle,
Cache au fond du ciel gris son diadème ardent.
.............................................

Si je te dis, Nature impassible et sereine :
" Bonne Mère ! rends-moi plus puissant et meilleur ! "
Je vois dans tes yeux bleus, éternelle sirène,
Sourire vaguement l'éternelle douleur.
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Message par cristopher-cris Mer 5 Mai - 0:06


  • Louis-Xavier de RICARD (1843-1911)

Vers pentédécasyllabiques



À Ad. Racot.

Tous d'un vaste élan, et d'un pied hâtif, courent aux batailles,
Les frémissements de la plaine immense emplissent les airs ;
Ivre et foudroyant, le glaive vengeur, roi des funérailles,
Dépèce à la Mort le corps des vaincus, leur sang et leurs chairs.
Le canon grondant vomit des boulets ; des murs d'hommes croulent,
Les chevaux pesants, dont les pieds tonnants font le bruit des eaux
Que l'orage bat d'une aile d'éclair, s'élancent et roulent
Et dans l'horizon avec de grands cris planent des corbeaux.
Mourez ! car pour vous, sans doute, la vie eut un mauvais rêve ;
La Mort est un lit où l'on peut du moins dormir sans souci.
Plusieurs ont pensé, mais je n'en suis pas, qu'elle est une trêve
Où notre pauvre âme attend des instants meilleurs que ceux-ci.
Mourez donc, mourez ! - Mais nous, nous vivrons pour les belles choses,
Nature ! à nos yeux, tes charmes divins ne sont point usés,
De charmants parfums s'élèvent encor des lèvres des roses,
Et, toujours fécond, l'arbre de l'amour fleurit de baisers.
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