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Jean de SPONDE

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Jean de SPONDE - Page 2 Empty Jean de SPONDE

Message par nadia ibrahimi Dim 25 Avr - 14:38

Rappel du premier message :


  • Jean de SPONDE (1557-1595)

Et quel bien de la Mort ? où la vermine ronge



Et quel bien de la Mort ? où la vermine ronge
Tous ces nerfs, tous ces os ; où l'Ame se depart
De ceste orde charongne, et se tient à l'escart,
Et laisse un souvenir de nous comme d'un songe ?

Ce corps, qui dans la vie en ses grandeurs se plonge,
Si soudain dans la mort estouffera sa part,
Et sera ce beau Nom, qui tant partout s'espard,
Borné de vanité, couronné de mensonge.

A quoy ceste Ame, helas ! et ce corps desunis ?
Du commerce du monde hors du monde bannis ?
A quoy ces noeuds si beaux que le Trespas deslie ?

Pour vivre au Ciel il faut mourir plustost icy :
Ce n'en est pas pourtant le sentier racourcy,
Mais quoy ? nous n'avons plus ny d'Henoc, ny d'Elie.
nadia ibrahimi
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Jean de SPONDE - Page 2 Empty Stances de la mort

Message par nadia ibrahimi Dim 25 Avr - 14:56


  • Jean de SPONDE (1557-1595)

Stances de la mort



Mes yeux, ne lancez plus votre pointe éblouie
Sur les brillants rayons de la flammeuse vie,
Cillez-vous, couvrez-vous de ténèbres, mes yeux :
Non pas pour étouffer vos vigueurs coutumières,
Car je vous ferai voir de plus vives lumières,
Mais sortant de la nuit vous n'en verrez que mieux.

Je m'ennuie, de vivre, et mes tendres années,
Gémissant sous le faix de bien peu de journées,
Me trouvent au milieu de ma course cassé :
Si n'est-ce pas du tout par défaut de courage,
Mais je prends, comme un port à la fin de l'orage,
Dédain de l'avenir pour l'horreur du passé.

J'ai vu comme le Monde embrasse ses délices,
Et je n'embrasse rien au Monde que supplices,
Ses gais printemps me sont de funestes hivers,
Le gracieux Zéphir de son repos me semble
Un Aquilon de peine, il s'assure et je tremble,
Ô que nous avons donc de desseins bien divers !

Ce Monde, qui croupit ainsi dedans soi-même,
N'éloigne point jamais son coeur de ce qu'il aime,
Et ne peut rien aimer que sa difformité :
Mon esprit au contraire hors du Monde m'emporte,
Et me fait approcher des Cieux en telle sorte
Que j'en fais désormais l'amour à leur beauté.

Mais je sens dedans moi quelque chose qui gronde,
Qui fait contre le Ciel le partisan du Monde,
Qui noircit ses clartés d'un ombrage touffu,
L'esprit qui n'est que feu de ses désirs m'enflamme,
Et la chair qui n'est qu'eau pleut des eaux sur ma flamme,
Mais ces eaux-là pourtant n'éteignent point ce feu.

La chair des vanités de ce monde pipée
Veut être dans sa vie encor enveloppée,
Et l'esprit pour mieux vivre en souhaite la mort.
Ces partis m'ont réduit en un péril extrême.
Mais, mon Dieu, prends parti de ces partis toi-même,
Et je me rangerai du parti le plus fort. [...]

nadia ibrahimi

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Jean de SPONDE - Page 2 Empty Sur sa fièvre

Message par nadia ibrahimi Dim 25 Avr - 14:57


  • Jean de SPONDE (1557-1595)

Sur sa fièvre



Que faites-vous dedans mes os,
Petites vapeurs enflammées,
Dont les pétillantes fumées
M'étouffent sans fin le repos ?

Vous me portez de veine en veine
Les cuisants tisons de vos feux,
Et parmi vos détours confus
Je perds le cours de mon haleine.

Mes yeux, crevés de vos ennuis,
Sont bandés de tant de nuages
Qu'en ne voyant que des ombrages
Ils voyent des profondes nuits.

Mon cerveau, siège de mon âme,
Heureux pourpris de ma raison,
N'est plus que l'horrible prison
De votre plus horrible flamme.

J'ai cent peintres dans ce cerveau,
Tous songes de vos frénaisies,
Qui grotesquent mes fantaisies
De feu, de terre, d'air et d'eau.

C'est un chaos que ma pensée
Qui m'élance ore sur les monts,
Ore m'abîme dans un fond,
Me poussant comme elle est poussée.

Ma voix qui n'a plus qu'un filet
A peine, à peine encore tire
Quelque soupir qu'elle soupire
De l'enfer des maux où elle est.

Las ! mon angoisse est bien extrême,
Je trouve tout à dire en moi,
Je suis bien souvent en émoi,
Si c'est moi-même que moi-même.

A ce mal dont je suis frappé
Je comparais jadis ces rages
Dont Amour frappe nos courages,
Mais, Amour, je suis bien trompé,

Il faut librement que je die :
Au prix d'un mal si furieux,
J'aimerais cent mille fois mieux
Faire l'amour toute ma vie.
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Jean de SPONDE - Page 2 Empty Tandis que dedans l'air

Message par nadia ibrahimi Dim 25 Avr - 14:57


  • Jean de SPONDE (1557-1595)

Tandis que dedans l'air un autre air je respire



Tandis que dedans l'air un autre air je respire,
Et qu'à l'envy du feu j'allume mon desir,
Que j'enfle contre l'eau les eaux de mon plaisir,
Et que me colle à Terre un importun martyre,

Cest air tousjours m'anime, et le desir m'attire,
Je recerche à monceaux les plaisirs à choisir,
Mon martyre eslevé me vient encor saisir,
Et de tous mes travaux le dernier est le pire.

A la fin je me trouve en un estrange esmoy,
Car ces divers effets ne sont que contre moy :
C'est mourir que de vivre en ceste peine extresme.

Voila comme la vie à l'abandon s'espard :
Chasque part de ce Monde en emporte sa part,
Et la moindre à la fin est celle de nous mesme.
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Jean de SPONDE - Page 2 Empty Tout le monde se plaint de la cruelle envie

Message par nadia ibrahimi Dim 25 Avr - 14:58


  • Jean de SPONDE (1557-1595)

Tout le monde se plaint de la cruelle envie



Tout le monde se plaint de la cruelle envie
Que la nature porte aux longueurs de nos jours :
Hommes, vous vous trompez, ils ne sont pas trop cours,
Si vous vous mesurez au pied de vostre vie.

Mais quoy ? je n'entens point quelqu'un de vous qui die :
Je me veux despestrer de ces fascheux destours,
Il faut que je revole à ces plus beaux sejours,
Où sejourne des Temps l'entresuitte infinie.

Beaux sejours, loin de l'oeil, pres de l'entendement,
Au prix de qui ce Temps ne monte qu'un moment,
Au prix de qui le jour est un ombrage sombre,

Vous estes mon desir : et ce jour, et ce Temps,
Où le Monde s'aveugle et prend son passetemps,
Ne me seront jamais qu'un moment et qu'une Ombre.
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Jean de SPONDE - Page 2 Empty Tout s'enfle contre moy,

Message par nadia ibrahimi Dim 25 Avr - 14:59


  • Jean de SPONDE (1557-1595)

Tout s'enfle contre moy, tout m'assaut, tout me tente



Tout s'enfle contre moy, tout m'assaut, tout me tente,
Et le Monde et la Chair, et l'Ange revolté,
Dont l'onde, dont l'effort, dont le charme inventé
Et m'abisme, Seigneur, et m'esbranle, et m'enchante.

Quelle nef, quel appuy, quelle oreille dormante,
Sans peril, sans tomber, et sans estre enchanté,
Me donras tu? Ton Temple où vit la Sainteté,
Ton invincible main, et ta voix si constante ?

Et quoy ? mon Dieu, je sens combattre maintesfois
Encor avec ton Temple, et ta main, et ta voix,
Cest Ange revolté, ceste Chair, et ce Monde.

Mais ton Temple pourtant, ta main, ta voix sera
La nef, l'appuy, l'oreille, où ce charme perdra,
Où mourra cest effort, où se perdra ceste onde.
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Jean de SPONDE - Page 2 Empty Voulez-vous voir ce traict qui si roide s'eslance

Message par nadia ibrahimi Dim 25 Avr - 14:59


  • Jean de SPONDE (1557-1595)

Voulez-vous voir ce traict qui si roide s'eslance



Voulez-vous voir ce traict qui si roide s'eslance
Dedans l'air qu'il poursuit au partir de la main ?
Il monte, il monte, il perd : mais helas ! tout soudain
Il retombe, il retombe, et perd sa violence.

C'est le train de noz jours, c'est ceste outrecuidance
Que ces monstres de Terre allaittent de leur sein,
Qui baise ore des monts le sommet plus haultain,
Ores sur les rochers de ces vallons s'offence.

Voire ce sont noz jours : quand tu seras monté
A ce point de hauteur, à ce point arresté,
Qui ne se peut forcer, il te faudra descendre.

Le traict est empenné, l'air, qu'il va poursuyvant,
C'est le champ de l'orage : hé ! commence d'apprendre
Que ta vie est de Plume, et le monde de Vent.
nadia ibrahimi
nadia ibrahimi

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Jean de SPONDE - Page 2 Empty Vous languissez, mes vers...

Message par nadia ibrahimi Dim 25 Avr - 15:00


  • Jean de SPONDE (1557-1595)

Vous languissez, mes vers...



Vous languissez, mes vers ; les glaçons de l'absence
Éteignant vos fureurs au point de leur naissance,
Vous n'entrebattez plus de soupirs votre flanc,
Vos artères d'esprits, ni vos veines de sang.
En quoi ! la mort vous tient ? et ce front teint en cendre
Vous marque les tombeaux où vous allez descendre ?
Si vous pouviez encor revoir dedans les cieux
Ce feu qui s'est caché des pointes de vos yeux,
Vous vivriez, dites-vous, mais la clarté ravie
Ravit en même temps l'éclair de votre vie.
Vous ne sauriez passer vos jours parmi les nuits,
Ni faire beau visage en ces affreux ennuis.
Ce contraire est trop grand : vivre auprès de ma belle,
Et n'approcher la mort quand on s'éloigne d'elle.
Il faut donques mourir et par nécessité.
Qu'à la fin votre hiver succède à votre été.

Papillons bien-aimés, nourrissons de mon âme,
Puisque votre origine est prise de ma flamme,
Et que ma flamme garde encore son ardeur,
D'où vous vient, d'où vous vient cette prompte froideur ?
Ce beau feu dont j'avais votre vie allumée,
Me l'avez-vous changé si soudain en fumée ?
Vous me laissez, ingrats, et la déloyauté
Récompense l'amour que je vous ai porté.
Est-ce que vous craignez que votre tendre vue
Se rebouche si bien contre la pointe aiguë
Des rayons du Soleil qu'à l'épreuve du jour,
On ne vous juge point de vrais enfants d'Amour ?
Et que ces beaux esprits dont on fait tant de compte,
S'ils vous ont découverts, ne vous couvrent de honte ?
Craindriez-vous point qu'encor votre déformité
Ne déplût d'aventure aux yeux de la beauté
Pour qui vous travaillez, et par trop de coutume,
Qu'on sente vos douceurs changer en amertume ?

Hélas ! ne mourez point ; et servez pour le moins
A ma fidélité de fidèles témoins.
Que si des Basilics l'oeil malin vous offense
Marchant parmi ces fleurs, j'en prendrai la défense,
Et du miroir luisant de mon autorité
J'éteindrai tout soudain cette malignité.
Lorsqu'on vous poursuivra je serai votre asile,
Et quand les vents battraient votre nef si fragile,
Vous ne sauriez vous perdre au phare de mon feu.
Quant à ces yeux à qui vous avez déjà plu
Ils vous donneront toujours leur vue toute entière,
Si ce n'est pour la forme, au moins pour la matière.
Que si votre langueur ne se peut secourir,
Si vous avez du tout résolu de mourir,
Mourez, mourez au moins d'une mort qui soit digne
De votre belle vie, et faites que le cygne
Qui charme de ses chants les bords méandriens
Sur le bord de sa mort, se charme par les miens.
Ce dernier feu, laissant votre mourante bouche,
Soit semblable au soleil qui luit quand il se couche
Beaucoup plus doucement que quand au fort du jour
Les brandons qu'il vomit grillent notre séjour.
Mourez, mes vers, mourez, puisque c'est votre envie,
Ce qui vous sert de mort me servira de vie.
nadia ibrahimi
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