poesie:Pontus de TYARD
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poesie:Pontus de TYARD
- Pontus de TYARD (1521-1605)
A cet anneau parfait en forme ronde
A cet anneau parfait en forme ronde,
Ensemble et toi, et moi, je parangonne.
La foi le clôt : la foi ne m'abandonne.
Son teint est d'or : moins que l'or tu n'es blonde.
S'il est semé de larmes : trop abonde
L'humeur en moi, qui proie au deuil me donne.
Si un écrit au dedans l'environne
Tu m'es au coeur en gravure profonde.
Sa foi retient un diamant lié
Et mon service à toi tout dédié
T'arrêtera ; tant sois cruelle, ou dure,
Et puis, ainsi que ni force, ni flamme
Peut consumer un diamant, (Madame)
Malgré tout sort sans fin mon amour dure.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
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Après qu'Amour par trop mortelle atteinte
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Après qu'Amour par trop mortelle atteinte
Après qu'Amour par trop mortelle atteinte
M'eut fait au coeur une plaie piteuse,
Et qu'il connut que sa flamme amoureuse
Etait en moi bien ardemment empreinte :
Il retira sa flèche en mon sang teinte,
Laissant en moi son humeur venimeuse :
Mais ma maîstresse (hélas) trop rigoureuse,
Il ne toucha seulement que par feinte.
Or pour fuir la rigueur, qui me tue,
J'ai fait dessein d'abandonner ce lieu,
Où vit ma douce, et fâcheuse contraire.
Mais pour empêche, Amour, ce petit Dieu,
Couvrant mes yeux de son obscure nue,
Ne me permet de mon mal me distraire
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
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Au premier trait, que mon oeil rencontra
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Au premier trait, que mon oeil rencontra
Au premier trait, que mon oeil rencontra
Des moins parfaits de sa perfection,
La plus grand part de ma dévotion
Soudainement en elle idolâtra.
Mais quand le son de sa voix pénétra
Dans mon ouïr, l'imagination
Ravissant haut ma contemplation,
Au plus parfait de son parfait entra.
Lors je connus que ce vermeil albâtre,
Pour qui mon oeil me rendait idolâtre,
Était fragile, et seulement un temple,
Temple sacré à celle Deité,
Qu'incessamment en toute humilité
Ma langue honore, et mon esprit contemple.
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Bien que Fortune en haut degré te range
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Bien que Fortune en haut degré te range
Bien que Fortune en haut degré te range
Dessus sa roue, et combien que Nature
Pour t'embellir sur toute créature,
Te fasse luire en cette beauté d'Ange,
Si ne dois-tu dépriser la louange
Que tu reçois de moi, car l'écriture,
Plus que beauté mortelle, beaucoup dure :
L'écrit demeure, et fortune se change.
Crois que vieillesse enfin arrivera,
Laquelle, ou bien la mort, te privera
De ces doux traits dont mon coeur tu allumes,
Mais soient les coeurs amants réduits en cendre,
Si se feront encor par tout entendre
Les beaux écrits des amoureuses plumes.
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Chanson
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Chanson
Plus subtile oeuvre tirée
Ne fut onc de soie ou d'or
Qu'est votre tresse dorée
De beauté riche trésor
Oncq' amour plus sûrement
Ne tendit ses lacs ailleurs
Pour s'y celer cautement
Et surprendre mille coeurs.
La belle douce lumière
Qui luit dessous votre front
Semble l'étoile première
Qui l'ombre de la nuit rompt
Oncques d'un astre plus beau
Amour son brandon n'éprit,
Ni plus honnête flambeau
Pour rallumer un esprit.
A votre bouche ressemble
Un corail, qui tient fermés
Deux rangs de perles ensemble
D'ambre et de musc parfumés
Amour ne peut mieux choisir
Pour donner commencement
A un amoureux désir
Et le forcer doucement.
De la plus vermeille aurore,
Guide d'un soleil serein
Qui de blancheur se colore,
Vous est prêté ce beau teint
Amour oncques ne trouva
Un objet plus gracieux
Par lequel il éprouva
Comme il doit gagner les yeux.
D'Arachné ou de Minerve
Se prit votre belle main,
Qui tient la liberté serve
Et le coeur étreint au sein
Ce naeud gracieux et fort
A l'amour avez prêté,
Pour, contre tout autre effort,
Contraindre une volonté.
La contenance et la grâce
Peinte en votre gravité
Représente au vif la face
De la même majesté
Amour vous doit ressembler
Quand voletant par les lieux
Il fait dessous soi trembler
Et les hommes et les dieux.
Or cette beauté tant belle
N'eût jamais su toutefois
Ranger mon esprit rebelle
Sous les amoureuses lois,
Car déjà pour autre objet
Ayant souffert mille morts,
Il fuyait d'être sujet
A toutes beautés du corps.
Votre esprit qui en Parnasse
But tant de votre liqueur
Qu'il tient la dixième place
De l'Éliconien choeur,
C'est ce que j'ai admiré
Et qui tant m'attire à soi
Qu'aux mains d'amour j'ai juré
Une inviolable foi.
Lui, d'une éternelle source,
Éternel toujours vivra,
Mon amour de même course
Éternel donc le fuira
Et si vraie est la fureur
Dont Phébus le coeur me point,
Votre esprit, ni mon ardeur,
Ni mes vers ne mourront point.
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Des yeux auxquels ainsi, qu'en un Trophée
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Des yeux auxquels ainsi, qu'en un Trophée
Des yeux auxquels ainsi, qu'en un Trophée
L'arc, et les traits d'Amour sont amassés :
Des cheveux d'or, crêpés, et enlacés
D'une coiffure en fin or étoffée
Et de la main, qui rendait échauffée
La volonté des fiers coeurs englacés :
Et des doux mots doucement prononcés,
Fut dessus moi victoire triomphée.
Ô de beauté céleste simulacre,
Riche ornement, et pompe de Nature,
Des rais divins lumière gracieuse
Doit ta victoire être plus glorieuse,
Pour tant de pleurs, fruit de ma peine dure,
Qu'incessamment en ton nom je consacre ?
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Disgrâce
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Disgrâce
La haute Idée à mon univers mère,
Si hautement de nul jamais comprise,
M'est à présent ténébreuse Chimère.
Le tout, d'où fut toute ma forme prise,
Plus de mon tout, de mon tout exemplaire,
M'est simplement une vaine feintise.
Ce qui soulait mon imparfait parfaire
Par son parfait, sa force a retirée,
Pour mon parfait en imparfait refaire.
Le Ciel, qui fut mon haut Ciel Empyrée,
Fixe moteur de ma force première,
Pour m'affaiblir rend sa force empirée.
La grand clarté, à luire coutumière
En mon obscur, me semble être éclipsée
Pour me priver du jour de sa lumière.
La Sphère en rond, de circuit lassée
Pour ma faveur, malgré sa symétrie
En nouveau cours contre moi s'est poussée.
La harmonie, aux doux consens nourrie
Des sept accords, contre l'ordre sphérique
Horriblement entour mon ouïr crie.
Le clair Soleil, par la ligne écliptique
De son devoir mes yeux plus n'illumine,
Mais, puis que pis ne peut, se fait oblique.
La déité, qui de moi détermine,
De ne prévoir que mon malheur m'assure,
Et au passer du temps mon bien termine.
L'âme, qui fit longtemps en moi demeure,
Iniquement d'autre corps s'associe.
Et s'éloignant de moi, veut que je meure
Pour s'exercer en palingénésie.
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En contemplation de Dame Louise Labé
- Pontus de TYARD (1521-1605)
En contemplation de Dame Louise Labé
Quel Dieu grava cette majesté douce
En ce gai port d'une prompte allégresse ?
De quel lis est, mais de quelle déesse
Cette beauté qui les autres détrousse ?
Quelle Sirène hors du sein ce chant pousse,
Qui décevrait le caut Prince de Grèce ?
Quels sont ces yeux mais bien quel trophée est ce
Qui tient d'amour l'arc, les traits et la trousse ?
Ici le ciel libéral me fait voir
En leur parfait, grâce, honneur et savoir,
Et de vertu le rare témoignage ;
Ici le traître Amour me veut surprendre
Ah ! de quel feu brûle un coeur jà en cendre !
Conune en deux parts se peut-il mettre en gage ?
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Épigramme de la fontaine de Narcisse
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Épigramme de la fontaine de Narcisse
Narcisse aime sa soeur, sa chère soeur jumelle,
Sa soeur aussi pour lui brûle d'ardeur extrême ;
L'un en l'autre se sent être un second soi-même :
Ce qu'elle veut pour lui, il veut aussi pour elle.
De semblable beauté est cette couple belle,
Et semblable est le feu qui fait que l'un l'autre aime,
Mais la soeur est première à qui la Parque blême
Ferme les jeunes yeux d'une nuit éternelle.
Narcisse en l'eau se voit, y pensant voir sa soeur ;
Ce penser le repaît d'une vaine douceur,
Qui coulée en son coeur, lui amoindrit sa peine.
De lui son nom retint l'amoureuse fontaine,
Dans laquelle reçoit, quiconque aimant s'y mire,
Quelque douce allégeance à l'amoureux martyre.
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Épigramme de Salmace
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Épigramme de Salmace
A peine avait seize ans, de la belle Vénus
Et du Cyllénien la jeune et chère race,
Quand, au temps que Phébus son plus long chemin trace,
Dans un fleuve il voulut baigner ses membres nus.
Mes souhaits, dit Salmace, ore sont advenus.
Ce disant, elle court, entre en l'eau et l'embrasse,
La peur saisit le coeur, et la honte la face
D'Hermaphrodit, qui n'a les feux d'Amour connu.
Plus la Nymphe l'étreint, plus d'échapper il tâche,
Dea, dit-elle, fâcheux, donc ma beauté te fâche.
Si faut-il qu'à jamais ton corps au mien s'assemble.
Soit ainsi, dit Vénus, mais aussi vrai sera
Que quiconque en ton fleuve, ô Salmace, entrera,
Aura, comme vous deux, les deux sexes ensemble.
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Fortune enfin piteuse à mon tourment
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Fortune enfin piteuse à mon tourment
Fortune enfin piteuse à mon tourment,
Me fit revoir le soleil de mes yeux,
Alors qu'Amour me traitant encor mieux,
Me fit jouir de mon contentement.
Ô jour heureux, éclairci clairement,
De mon soleil ! ô soleil gracieux,
Saint, et luisant plus que celui des cieux !
Digne de lui en tout le firmament !
Le grand plaisir, que j'eus de toi jouir,
Fit tellement mes deux yeux éblouir,
Au flamboyer de tes vives ardeurs,
Que prenant peur de trop me contenter,
Content je fus loin de toi m'absenter,
Dont maintenant, hélas, hélas, je meurs
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J'ai tant crié, ô douce Mort, renverse
- Pontus de TYARD (1521-1605)
J'ai tant crié, ô douce Mort, renverse
J'ai tant crié, ô douce Mort, renverse
Avec ce corps mon grief tourment sous terre,
Que je me sens presque finir la guerre
De l'espérance à mon désir diverse.
Vois, Dame, vois, que les pleurs que je verse,
Et les soupirs ardents, que je déserre
Hors de mon coeur, et le trait qui m'enferre,
Veulent finir si dure controverse.
Mes pleurs ont ja tant d'humeur attiré,
Et mes soupirs tant d'ardeur respiré,
Et tant de sang ce trait m'a fait répandre,
Que sans humeur, chaleur, ou sang encore,
Ce peu d'esprit qui m'est resté t'adore
En ce corps sec, froid, pâle, et presque en cendres.
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Date d'inscription : 15/03/2010
Je fumais tout en mon fort soupirer
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Je fumais tout en mon fort soupirer
Je fumais tout en mon fort soupirer,
Si chaudement, que le froid de son coeur
Se distilla ; et l'ardente vigueur
Lui fit d'Amour un soupir respirer.
Mes yeux aussi, coutumiers d'attirer
A leurs ruisseaux tant de triste liqueur,
Amollissaient toute dure rigueur,
Dont me soulait ma dame martyrer.
Quand comme émue au soin de mon souci,
Me bienheurant de piteuse merci,
Merci, fin seule à mes dolents ennuis,
" Ami, dit-elle en visage amoureux,
Je mettrai fin à tes jours langoureux,
Pour commencer tes bienheureuses nuits. "
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Date d'inscription : 15/03/2010
Je mesurais pas à pas, et la plaine
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Je mesurais pas à pas, et la plaine
Je mesurais pas à pas, et la plaine,
Et l'infini de votre cruauté,
Et l'obstiné de ma grand' loyauté
Et votre foi fragile et incertaine.
Je mesurais votre douceur hautaine,
Votre angélique et divine beauté,
Et mon désir trop hautement monté,
Et mon ardeur, votre glace et ma peine.
Et ce pendant que mes affections,
Et la rigueur de vos perfections,
J'allais ainsi tristement mesurant :
Sur moi cent fois tournâtes votre vue,
Sans être en rien piteusement émue
Du mal, qu'ainsi je souffrais en mourant.
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L'ardent désir, qui d'espérer m'abuse
- Pontus de TYARD (1521-1605)
L'ardent désir, qui d'espérer m'abuse
L'ardent désir, qui d'espérer m'abuse,
Si bien la voie au penser d'Amour montre,
Que bien souvent devant moi je rencontre
Celle pour qui tant, et tant de pas j'use.
Mais quand ma douce, et cruelle Méduse
Fait à mes yeux de soi si belle montre,
L'esprit vital, d'admirable rencontre
Tout éperdu, son devoir me refuse.
Vraiment aussi point je ne m'émerveille,
Si rencontrant tant divine merveille,
Ainsi que mort je deviens froide image.
Mais j'ai grand deuil que ma métamorphose
Ne me permet de dire quelque chose,
Ou prosterné, du moins, lui faire hommage.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
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O calme nuit
- Pontus de TYARD (1521-1605)
O calme nuit , qui doucement compose ...
O calme nuit, qui doucement compose
En ma faveur l'ombre mieux animee
Qu'onque Morphee en sa sale enfumee
Peingnit du rien de ses Metamorphoses !
Combien heureus les oeillets et les roses
Ceingnoient le bras de mon ame espamee,
Affriandant une langue affamee
Du Paradis de deus levres descloses !
Lorsque Phebus, laissant sa molle couche,
Se vint moquer de mes bras, de ma bouche
Et de sa seur, la lumiere fourchue !
Ah ! que boiteux, d'une poussive haleine
Soient ses chevaus, et ne cueille sa peine
Qu'un fruit amer de la vierge branchue.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Oeil éloigné du Jour, qui te recrée
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Oeil éloigné du Jour, qui te recrée
Oeil éloigné du Jour, qui te recrée,
Comme, en l'obscur d'une nuée épaisse
Peux-tu tirer une si vive espèce
D'un corps, non corps, qui vainement se crée ?
Coeur martelé, quelle Éride est entrée
Dedans ton fort ? quelle pâle crainte est-ce,
Qui d'engendrer ta ruine te presse,
Et d'allaiter la fère de Matrée ?
Tourne avec moi, tourne avec moi, mon oeil :
Le moindre rais de notre beau Soleil
Chassera l'ombre, et le ténébreux songe.
Courage, ô coeur, courage, où je te mène,
Un ris serein, un autre fils d'Alcmène,
Assommera la fère qui te ronge.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Pere divin, sapience eternelle ...
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Pere divin, sapience eternelle ...
Pere divin, sapience eternelle,
Commencement et fin de toute chose,
Ou en pourtrait indeleble repose
De l'Univers l'Idee universelle.
Voy de tes Raiz la plus belle estincelle
Qui soit ça-bas en corps humain enclose,
Que la trop fiere, impiteuse Parque ose
Tirer du clos de sa cendre mortelle.
Donq de mon feu pourra la flame claire,
Qui à vertu heureusement m'esclaire,
Me delaisser en tenebreuse plainte ?
Ah non : plustot pleuve la cruauté
Du Ciel sur moy, que voir celle clarté
De mon Soleil avant son soir esteinte.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Père du doux repos, Sommeil, père du Songe
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Père du doux repos, Sommeil, père du Songe
Père du doux repos, Sommeil, père du Songe,
Maintenant que la nuit, d'une grande ombre obscure,
Fait à cet air serein humide couverture,
Viens, Sommeil désiré et dans mes yeux te plonges.
Ton absence, Sommeil, languissamment allonge
Et me fait plus sentir la peine que j'endure.
Viens, Sommeil, l'assoupir et la rendre moins dure,
Viens abuser mon mal de quelque doux mensonge.
Ja le muet silence un escadron conduit
De fantômes ballants dessous l'aveugle nuit :
Tu me dédaignes seul qui te suis tant dévot.
Viens, Sommeil désiré, m'environner la tête,
Car, d'un voeu non menteur, un bouquet je t'apprête
De ta chère morelle et de ton cher pavot.
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Date d'inscription : 15/03/2010
Pourrai-je bien sans toi
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Pourrai-je bien sans toi, ma chère guide
Pourrai-je bien sans toi, ma chère guide
Montrer ce jour face sereine et claire ?
Mon oeil qui luit seulement pour te plaire,
Pourra il bien être de pluie vide ?
Si le doux feu de tes rais ne me guide,
Je suis certain de même ruine faire,
Que fut jadis le jeune téméraire,
Qui aux chevaux ardents mal tint la bride.
Ainsi Phébus dolent se prit à dire,
Ne voyant point l'Etoile blonde luire,
Qui le conduit. Puis ajouta encore :
Vieillard Titon debout : l'heure est venue.
Ah, n'as tu pas assez long temps tenue,
Entre tes bras jaloux ma blanche Aurore ?
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Date d'inscription : 15/03/2010
Puisque je vois que mes afflictions
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Puisque je vois que mes afflictions
Puisque je vois que mes afflictions
Sont au plus haut degré de leur effort,
Et que le Ciel conjuré à ma mort
A tout malheur me guide,
Regrets, soupirs, plaints, pleurs, et passions,
Je vous lâche la bride.
Je n'ai espoir que mon cri entendu
Puisse adoucir la fière cruauté
De ma déesse, et dame de beauté,
Mais ce mal me console,
Que c'est bien peu, m'étant déjà perdu,
De perdre ma parole.
Je sens couler et les jours, et les nuits,
Mais non l'effort de l'ardeur s'apaiser
De mes soupirs, ou la mer s'épuiser
Des larmes que je pleure,
Car le penser, sujet de mes ennuis,
Toujours en moi demeure.
Le trait par vous, ô mes yeux, fut reçu,
Qui me blessa au coeur si rudement,
Quand, attiré d'un vain contentement,
Lui fites ouverture.
Las, si par vous, mal cauts, je fus déçu,
Vous en payez l'usure.
Espoir trompeur, inutile secours,
Que je voulus à mes travaux choisir,
Songe illusif, ombre de mon désir,
Ta promesse faillie
Ne m'a laissé du fruit de mes discours
Que la mélancolie.
Je ne tiens point pour comble de malheur,
Car je me suis au deuil tant dédié,
Que j'aie mon bien, et moi-même oublié,
Que triste il me faut vivre,
Mais je me plains, que l'amère douleur
A la mort ne me livre.
Mourir ne puis, hélas, et ne vis point,
Si fais, je vis, misérable, d'autant
Que la douleur, qui me va combattant,
Aux plaints, aux pleurs me mène,
Et n'ai de vie au plaisir un seul point,
Vivant tout à la peine.
Quand je naquis, l'astre de mon destin
Tout incliné à cruelle impitié,
M'éloigna tant des aspects d'amitié,
Que je me hais moi-même.
Ah, je connais, mais trop tard, quelle fin
Prend qui vainement aime.
Laisse-moi seul en ce lieu tourmenter,
Chanson, non, mais complainte,
Car tu ne fais que le deuil augmenter,
Dont mon âme est atteinte.
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Date d'inscription : 15/03/2010
Quand elle vit à la Mort déployer
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Quand elle vit à la Mort déployer
Quand elle vit à la Mort déployer
L'impiteux trait pour son voisin occire,
En permettant à la pitié d'élire
Siège en son coeur, se prit à larmoyer.
Et tant de traits, qu'Amour vint employer,
Pour me contraindre en infini martyre
Mourir toujours, n'ont jamais pu suffire,
Pour à pitié, tant soit peu, la ployer.
Bien mille morts, morts de moi qui l'adore,
N'ont eu pouvoir de l'émouvoir encore
A déluger par l'oeil quelque tristesse.
Mais je sais bien, ô tard, qu'il adviendra,
Que mes travaux perdus elle plaindra,
Lors que mes morts par la mort prendront cesse.
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Date d'inscription : 15/03/2010
Quand le désir de ma haute pensée
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Quand le désir de ma haute pensée
Quand le désir de ma haute pensée,
Me fait voguer en mer de ta beauté,
Espoir du fruit de ma grand' loyauté,
Tient voile large à mon désir haussée.
Mais cette voile ainsi en l'air dressée,
Pour me conduire au port de privauté,
Trouve en chemin un flot de cruauté,
Duquel elle est rudement repoussée.
Puis de mes yeux la larmoyante pluie,
Et les grands vents de mon soupirant coeur,
Autour de moi émeuvent tel orage
Que si l'ardeur de ton amour n'essuie
Cette abondance, hélas, de triste humeur,
Je suis prochain d'un périlleux naufrage.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Quand près de toi le travail je repose
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Quand près de toi le travail je repose
Quand près de toi le travail je repose,
Seule en ce monde image de merveille,
Du long souci, qui mon penser réveille,
Et qu'Amour dicte au parler quelque chose,
Je vois ta face en teint naïf de rose,
Être à la blanche, ou la rouge pareille,
Ore pâlir, puis devenir vermeille,
Tant au changeant ta couleur se dispose.
Vois que quand l'air son arc diversifie
En cent, et cent couleurs, il signifie
Le temps prochain humide et pluvieux.
Serait donc bien en l'air de ton visage
Ce teint changeant, quelque fâcheux présage,
Ainsi qu'Iris, au pleuvoir de mes yeux ?
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
Sonnet
- Pontus de TYARD (1521-1605)
Sonnet
Mon âme est en vos mains heureusement étreinte
Du plus gracieux noeud qu'oncq' beauté n'enlaça ;
Une plus douce flèche oncques coeur ne blessa
Que celle qui par vous dedans mon sang est teinte ;
Plus docte poésie en votre esprit est peinte
Qu'oncques sur Iélicon Apollon n'en pensa ;
Un plus illustre rêts oncq' Phébus n'élança
Qu'est celui dont mon coeur nourrit sa flamme empreinte,
De Python, des neuf Sueurs, et des Grâces, ensemble
La troupe des Vertus, en vous seule s'assemble,
Et la fureur d'Amour toute en moi seul abonde.
Si vous aimez autant doncq' mes affections,
Comme doux m'est le joug de vos perfections,
Un si vrai pair d'amour ne serait point au monde.
Nadej-isis- Nombre de messages : 958
Date d'inscription : 15/03/2010
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