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Message par daniel Mer 31 Mar - 21:24

Rubayat, par Omar Khayyâm



CI
Que sont devenus tous nos amis ?
La Mort les a-t-elle renversés et
piétinés ?
Que sont devenus tous nos amis ? J'entends encore leurs chansons
dans la taverne...
Sont-ils morts, ou sont-ils ivres d'avoir vécu?

CII
Quand je ne serai plus,
Il n'y aura plus de roses, de cyprès,
de lèvres rouges et de vin parfumé.
Il n'y aura plus d'aubes et de
crépuscules, de joies et de peines.
L'univers n'existera plus, puisque sa
réalité dépend de notre pensée.

CIII
Voici la seule vérité.
Nous sommes les pions de la
mystérieuse partie d'échecs jouée par Allah.
Il nous déplace, nous arrête,
nous pousse encore,
Puis nous lance, un à un, dans la boîte du néant.

CIV
La voûte du ciel ressemble à une tasse renversée
Sous laquelle
errent en vain les sages.
Que ton amour pour ta bien-aimée soit pareil à
celui de l'urne pour la coupe.
Vois... Lèvre à lèvre, elles se donnent leur
sang.

CV
Les savants ne t'apprendront rien,
Mais la caresse des longs
cils d'une femme te révélera le bonheur.
N'oublie pas que tes jours sont
comptés et que tu seras bientôt la proie de la terre.
Achète du vin,
emporte-le à l'écart, puis laisse-le te consoler.

CVI
Il te versera sa chaleur.
Il te délivrera des neiges du passé
et des brumes de l'avenir.
Il t'inondera de lumière.
Il brisera tes
chaînes de prisonnier.

CVII
Autrefois, quand je fréquentais les mosquées,
Je n'y
prononçais aucune prière, mais j'en revenais riche d'espoir.
Je vais
toujours m'asseoir dans les mosquées,
Où l'ombre est propice au sommeil.

CVIII
Sur la Terre, bariolée, chemine quelqu'un qui n'est ni musulman,
ni infidèle, ni riche, ni pauvre.
Il ne révère ni Allah, ni les lois. Il ne
croit pas à la vérité.
Il n'affirme jamais rien.
Sur la Terre bariolée,
quel est cet homme brave et triste?

CIX
Avant de pouvoir caresser un visage pareil à une rose,
Que
d'épines tu as à retirer de ta chair! Vois ce peigne.
C'était un morceau de
bois. Quand on l'a découpé, quel supplice il a subi !
Mais, il a plongé dans
la chevelure parfumée d'un adolescent.

CX
Quand la brise du matin entr'ouvre les roses
Et leur chuchote
que les violettes ont déjà déplié leurs robes,
Seul est digne de vivre celui
qui regarde dormir une souple jeune,
Elle saisit sa coupe, la vide, puis la
jette.
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Message par daniel Mer 31 Mar - 21:25

Rubayat, par Omar Khayyâm



CLI
J'ai eu des maîtres éminents.
Je me suis réjoui de mes progrès, de
mes triomphes.
Quand j'évoque le savant que j'étais,
Je le compare à
l'eau qui prend la forme du vase et à la fumée que le vent dissipe.

CLII
Pour le sage, la tristesse et la joie se ressemblent, le bien et
le mal aussi.
Pour le sage, tout ce qui a commencé doit finir.
Alors,
demande-toi si tu as raison de te réjouir de ce bonheur qui t'arrive,
Ou de
te désoler de ce malheur que tu n'attendais pas.

CLIII
Puisque notre sort, ici-bas, est de souffrir puis de
mourir,
Ne devons-nous pas souhaiter de rendre le plus tôt possible à la
terre notre corps misérable ?
Et notre âme, qu'Allah attend pour la juger
selon ses mérites, dites-vous ?
Je vous répondrai là-dessus, quand j'aurai
été renseigné par quelqu'un revenant de chez les morts.

CLIV
Derviche, dépouille-toi de cette robe peinte dont tu es si fier
et que tu n'avais pas à ta naissance !
Endosse le manteau de la Pauvreté.

Les passants ne te salueront pas,
Mais tu entendras chanter dans ton
coeur tous les séraphins du ciel.

CLV
Ivre ou altéré, je ne cherche qu'à dormir.
J'ai renonce à
savoir ce qui est bien, ce qui est mal.
Pour moi, le bonheur et la douleur se
ressemblent.
Quand un bonheur m'arrive, je ne lui accorde qu'une petite
place, car je sais qu'une douleur le suit.

CLVI
On ne peut incendier la mer,
Ni convaincre l'homme que le
bonheur est dangereux.
Il sait, pourtant, que le moindre choc est fatal

A l'urne pleine et laisse intacte l'urne.

CLVII
Regarde autour de toi. Tu ne verras qu'afflictions, angoisses et
désespoirs.
Tes meilleurs amis sont morts. La tristesse est ta seule
compagne.
Mais, relève la tête ! Ouvre tes mains ! Saisis ce que tu désires
et ce que tu peux atteindre.
Le passé est un cadavre que tu dois enterrer.


CLVIII
Je regarde ce cavalier qui s'éloigne dans la brume du soir.

Traversera-t-il des forêts ou des plaines incultes ? Où va-t-il ? Je ne
sais.
Demain, serai-je étendu sur la terre ou sous la terre ?
Je ne sais.


CLIX
"Allah est grand!"
Ce cri du moueddin ressemble à une immense
plainte.
Cinq fois par jour,
Est-ce la Terre qui gémit vers son créateur
indifférent?

CLX
Le Ramazan' est fini. Corps épuisés, âmes fanées, la joie
revient !
Les conteurs savent des histoires nouvelles.
Les porteurs de
vin, les marchands de rêves lancent leurs appels.
Mais je n'entends pas
celui qui me rendra la vie, celui de ma bien-aimée.
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Message par daniel Mer 31 Mar - 21:26

Rubayat, par Omar Khayyâm



CLXI
Regarde ce ruisseau qui brille dans ce jardin.
Comme moi, décide
que tu vois le Kaouçar
Et que tu es dans le Paradis.
Va chercher ton amie
au visage de rose.

CLXII
Tu ne vois que les apparences des choses et des êtres.
Tu te
rends compte de ton ignorance, mais tu ne veux pas renoncer à aimer.

Apprends qu'Allah nous a donné l'amour
Comme il a rendu certaines
plantes vénéneuses.

CLXIII
Tu es malheureux? Ne pense pas à ta douleur, et tu ne
souffriras pas.
Si ta peine est trop violente, songe à tous les hommes qui
ont souffert inutilement depuis la création du monde.
Choisis une femme aux
seins de neige, et garde-toi de l'aimer.
Qu'elle soit, aussi, incapable de
t'aimer.

CLXIV
Pauvre homme, tu ne sauras jamais rien..
Tu n'élucideras
jamais un seul des mystères qui nous entourent.
Puisque les religions te
promettent le Paradis,
Aie soin de t'en créer un sur cette terre, car
l'autre n'existe peut-être pas.

CLXV
Lampes qui s'éteignent,
Espoirs qui s'allument.
Aurore.
Lampes qui s'allument,
Espoirs qui s'éteignent. Nuit.

CLXVI
Tous les royaumes pour une coupe de vin précieux !
Tous les
livres et toute la science des hommes pour une suave odeur de vin !
Tous les
hymnes d'amour pour la chanson du vin qui coule !
Toute la gloire de
Féridoun pour ce chatoiement sur cette urne !

CLXVII
J'ai reçu le coup que j'attendais. Ma bien-aimée m'a
abandonné.
Quand je l'avais, il m'était facile de mépriser l'amour et
d'exalter tous les renoncements.
Près de ta bien-aimée, Khayyâm, comme tu
étais seul !
Vois-tu, elle est partie pour que tu puisses te réfugier en
elle.

CLXVIII
Seigneur, tu as brisé ma joie !
Seigneur, tu as élevé une
muraille entre mon coeur et son coeur !
Ma belle vendange, tu l'as piétinée.

Je vais mourir, mais tu chancelles, enivré !

CLXIX
Silence, ma douleur!
Laisse-moi chercher un remède.
Il
faut que je vive, car les morts n'ont plus de mémoire.
Et je veux revoir
sans cesse ma bien-aimée !

CLXX
Luths, parfums et coupes, lèvres, chevelures et longs
yeux,
Jouets que le Temps détruit, jouets !
Austérité, solitude et
labeur, méditation, prière et renoncement,
Cendres que le Temps écrase,
cendres !
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Message par daniel Mer 31 Mar - 21:28

Rubayat, par Omar Khayyâm



CXI
Tu appréhendes ce qui peut t'arriver demain ?
Sois confiant, sinon
l'infortune ne manquerait pas de justifier tes craintes.
Ne t'attache à
rien, ne questionne ni livres ni gens,
Car notre destinée est insondable.


CXII
Seigneur, Ô Seigneur, réponds-nous!
Tu nous as donné des
yeux, et tu as permis que la beauté de tes créatures nous éblouisse...
Tu
nous as donné la faculté d'être heureux, et tu voudrais que nous renoncions à
jouir des biens de ce monde ?
Mais cela nous est aussi impossible que de
renverser une coupe sans répandre le vin qu'elle contient !

CXIII
Dans une taverne,
Je demandais à un vieux sage de me
renseigner sur ceux qui sont partis.
Il m'a répondu :
"Ils ne reviendront
pas. C'est tout ce que je sais. Bois du vin!"

CXIV
Regarde ! Écoute ! Une rose tremble dans la brise.
Un
rossignol lui chante un hymne passionné. Un nuage s'est arrêté.
Buvons du
vin! Oublions que cette brise effeuillera la rose,
Emportera le chant du
rossignol et ce nuage qui nous donne une ombre si précieuse.

CXV
Cette voûte céleste sous laquelle nous errons,
Je la compare à
une lanterne magique
Dont le soleil est la lampe.
Et le monde est le
rideau où passent nos images.

CXVI
Une rose disait : "Je suis la merveille de
l'univers.
Vraiment, un parfumeur aura-t-il le courage de me faire
souffrir ?"
Un rossignol chanta :
"Un jour de bonheur prépare un an de
larmes."

CXVII
Ce soir ou demain, tu ne seras plus.
Il est temps que tu
demandes du vin, couleur de rose.
Insensé, te compares-tu à un trésor,

Et crois-tu que des voleurs méditent déjà d'ouvrir ton sépulcre et
d'emporter ton cadavre?

CXVIII
Sultan, ta destinée glorieuse était écrite dans les
constellations où flamboie le nom de Khosrou !
Depuis le commencement des
âges,
Ton cheval, aux sabots d'or, bondissait parmi les astres.
Quand tu
passes, un tourbillon d'étincelles te dérobe à notre vue.

CXIX
L'amour qui ne ravage pas n'est pas l'amour.
Un tison
répand-il la chaleur d'un brasier ?
Nuit et jour, durant toute sa vie,

Le véritable amant se consume de douleur et de joie.

CXX
Tu peux sonder la nuit qui nous entoure.
Tu peux foncer sur
cette nuit... Tu n'en sortiras pas.
Adam et Ève, qu'il a dû être atroce,
votre premier baiser,
Puisque vous nous avez créés désespérés!
daniel
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Message par daniel Mer 31 Mar - 21:29

Rubayat, par Omar Khayyâm


Contente-toi de savoir que tout est mystère : la création du monde et
la tienne, la destinée du monde et la tienne.
Souris à ces mystères comme à
un danger que tu mépriserais.
Ne crois pas que tu sauras quelque chose quand
tu auras franchi la porte de la Mort.
Paix à l'homme dans le noir silence de
l'Au-Delà !

CXLII
Au milieu de la prairie verte, l'ombre de cet arbre ressemble à
une île.
Passant, reste où tu es, là-bas !
Entre la route que tu suis et
cette ombre qui tourne lentement,
Il y a peut-être un abîme infranchissable.


CXLIII
Que ferai-je, aujourd'hui ? Irai-je à la taverne ?
Irai-je
m'asseoir dans un jardin, ou me pencherai-je sur un livre ?
Un oiseau passe.
Où va-t-il ? Je l'ai déjà perdu de vue. Ivresse d'un oiseau dans l'azur
torride !
Mélancolie d'un homme dans l'ombre fraîche d'une mosquée!

CXLIV
Un peu plus de vin, ma bien-aimée !
Tes joues n'ont pas
encore l'éclat des roses.
Un peu plus de tristesse, Khayyâm !
Ta
bien-aimée va te sourire.

CXLV
Notre univers est une tonnelle de roses. Nos visiteurs sont les
papillons.
Nos musiciens sont les rossignols.
Quand il n'y a plus ni
roses, ni feuilles,
Les étoiles sont mes roses et ta chevelure est ma forêt.


CXLVI
Serviteurs, n'apportez pas les lampes puisque mes convives,
exténués, se sont endormis.
J'y vois suffisamment pour distinguer leur
pâleur.
Étendus et froids, ils seront ainsi dans la nuit du tombeau.

N'apportez pas les lampes, car il n'y a pas d'aube chez les morts.

CXLVII
Quand tu chancelles sous le poids de la douleur,
Quand tu
n'as plus de larmes, pense à la verdure qui miroite après la pluie.
Quand la
splendeur du jour t'exaspère,
Quand tu souhaites qu'une nuit définitive
s'abatte sur le monde, pense au réveil d'un enfant.
CXLVIII
Je dissimule ma tristesse,
Puisque les oiseaux blessés se
cachent pour mourir.
Du vin ! Écoutez mes plaisanteries !
Du vin, des
roses, des chants de luth et ton indifférence à ma tristesse, bien-aimée !

CXLIX
Seigneur, tu as placé mille pièges invisibles sur la route que
nous suivons,
Et tu as dit: "Malheur à ceux qui ne les éviteront pas!"
Tu
vois tout, tu sais tout. Rien n'arrive sans ta permission.
Sommes-nous
responsables de nos fautes ? Peux-tu me reprocher ma révolte ?

CL
J'ai beaucoup appris et j'ai beaucoup oublié aussi, volontairement.

Dans ma mémoire, chaque chose était à sa place. Par exemple, ce qui était à
droite ne pouvait aller à gauche.
Je n'ai connu la paix que le jour où j'ai
tout rejeté avec mépris.
J'avais enfin compris qu'il est impossible
d'affirmer ou de nier.
daniel
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