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poèmes Vieillesse

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poèmes Vieillesse Empty poèmes Vieillesse

Message par sherazed Sam 27 Mar - 19:51

A ce Printemps perdu


A ce Printemps perdu
où nous nous sommes aimés
au bord de la rivière
un jour du mois de Mai
A ce Printemps perdu
où l’on sent le bonheur
quitter cette espérance
qu’on laisse et ne voit plus
A ce Printemps perdu
et à la renaissance
d’une passion si belle
Vie qui n’existe plus
A ce Printemps perdu
et aux charmants oiseaux
et à ces chants d’idylles
belles, mises à nu
A ce Printemps perdu
Comme un beau violon
aux cordes abimées
Qu’on n’entendra plus jamais
A ce Printemps perdu
et à ces vieilles pierres
un jour au coeur des vignes
qui ne seront plus là
Elodie Santos,
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poèmes Vieillesse Empty A Mme du Châtelet

Message par sherazed Sam 27 Mar - 19:52

” Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Rejoignez, s’il se peut, l’aurore.



Des beaux lieux où le dieu du vin
Avec l’Amour tient son empire,
Le Temps, qui me prend par la main,
M’avertit que je me retire.
De son inflexible rigueur
Tirons au moins quelque avantage.
Qui n’a pas l’esprit de son âge,
De son âge a tout le malheur.
Laissons à la belle jeunesse
Ses folâtres emportements.
Nous ne vivons que deux moments :
Qu’il en soit un pour la sagesse.
Quoi ! pour toujours vous me fuyez,
Tendresse, illusion, folie,
Dons du ciel, qui me consoliez
Des amertumes de la vie !
On meurt deux fois, je le vois bien :
Cesser d’aimer et d’être aimable,
C’est une mort insupportable ;
Cesser de vivre, ce n’est rien. “
Ainsi je déplorais la perte
Des erreurs de mes premiers ans ;
Et mon âme, aux désirs ouverte,
Regrettait ses égarements.
Du ciel alors daignant descendre,
L’Amitié vint à mon secours ;
Elle était peut-être aussi tendre,
Mais moins vive que les Amours.
Touché de sa beauté nouvelle,
Et de sa lumière éclairé,
Je la suivis; mais je pleurai
De ne pouvoir plus suivre qu’elle.
Voltaire
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poèmes Vieillesse Empty Ici, c’est un vieil homme de cent ans

Message par sherazed Sam 27 Mar - 19:53




Ici, c’est un vieil homme de cent ans
qui dit, selon la chair, Flandre et le sang :
souvenez-vous-en, souvenez-vous-en,
en ouvrant son coeur de ses doigts tremblants
pour montrer à tous sa vie comme un livre,
et, dans sa joie comme en des oraisons,
tout un genre humain occupé à vivre
en ses villes pies d’hommes et d’enfants.
Or à tous ici, ses pleurs et ses fêtes,
et, suivant le ciel peint à ses couleurs,
voici sa maison, ses fruits et ses fleurs,
en ses horizons d’hommes et de bêtes :
et lors ses heures d’hiver et printemps
venues en musique ainsi qu’en prières,
sous des Christs en croix, des saints, des calvaires,
puis sa foi aussi bonne en tous les temps,
pour la paix de sa vie trop à l’attache,
dans les jours, les mois, des quatre saisons,
et le réconfort de ses mains qui tâchent
ici de leur mieux et très simplement.
Max Elskamp
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poèmes Vieillesse Empty L’aïeul

Message par sherazed Sam 27 Mar - 19:53

L’aïeul mourait froid et rigide.
Il avait quatre-vingt-dix ans.
La blancheur de son front livide
Semblait blanche sur ses draps blancs.
Il entr’ouvrit son grand oeil pâle,
Et puis il parla d’une voix
Lointaine et vague comme un râle,
Ou comme un souffle au fond des bois.
Est-ce un souvenir, est-ce un rêve ?
Aux clairs matins de grand soleil
L’arbre fermentait sous la sève,
Mon coeur battait d’un sang vermeil.
Est-ce un souvenir, est-ce un rêve ?
Comme la vie est douce et brève !
Je me souviens, je me souviens
Des jours passés, des jours anciens !
J’étais jeune ! je me souviens !
Est-ce un souvenir, est-ce un rêve ?
L’onde sent un frisson courir
A toute brise qui s’élève ;
Mon sein tremblait à tout désir.
Est-ce un souvenir, est-ce un rêve.
Ce souffle ardent qui nous soulève ?
Je me souviens, je me souviens !
Force et jeunesse ! ô joyeux biens !
L’amour ! l’amour ! je me souviens !
Est-ce un souvenir, est-ce un rêve ?
Ma poitrine est pleine du bruit
Que font les vagues sur la grève,
Ma pensée hésite et me fuit.
Est-ce un souvenir, est-ce un rêve
Que je commence ou que j’achève ?
Je me souviens, je me souviens !
On va m’étendre près des miens ;
La mort ! la mort ! je me souviens !
Guy de Maupassant
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poèmes Vieillesse Empty Re: poèmes Vieillesse

Message par sherazed Sam 27 Mar - 19:54

Voici quinze ans déjà que nous pensons d’accord


Voici quinze ans déjà que nous pensons d’accord ;
Que notre ardeur claire et belle vainc l’habitude,
Mégère à lourde voix, dont les lentes mains rudes
Usent l’amour le plus tenace et le plus fort.
Je te regarde, et tous les jours je te découvre,
Tant est intime ou ta douceur ou ta fierté :
Le temps, certe, obscurcit les yeux de ta beauté,
Mais exalte ton coeur dont le fond d’or s’entr’ouvre.
Tu te laisses naïvement approfondir,
Et ton âme, toujours, paraît fraîche et nouvelle ;
Les mâts au clair, comme une ardente caravelle,
Notre bonheur parcourt les mers de nos désirs.
C’est en nous seuls que nous ancrons notre croyance,
A la franchise nue et la simple bonté ;
Nous agissons et nous vivons dans la clarté
D’une joyeuse et translucide confiance.
Ta force est d’être frêle et pure infiniment ;
De traverser, le coeur en feu, tous chemins sombres,
Et d’avoir conservé, malgré la brume ou l’ombre,
Tous les rayons de l’aube en ton âme d’enfant.
Émile Verhaeren
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poèmes Vieillesse Empty Re: poèmes Vieillesse

Message par sherazed Sam 27 Mar - 19:55

La dernière escapade


I
Un grand château bien vieux aux murs très élevés.
Les marches du perron tremblent, et l’herbe pousse,
S’élançant longue et droite aux fentes des pavés
Que le temps a verdis d’une lèpre de mousse.
Sur les côtés deux tours. L’une, en chapeau pointu,
S’amincit dans les airs. L’autre est décapitée.
Sa tête fut, un soir, par le vent emportée ;
Mais un lierre, grimpé jusqu’au faîte abattu,
S’ébouriffe au-dessus comme une chevelure,
Tandis que, s’infiltrant dans le flanc de la tour,
L’eau du ciel, acharnée et creusant chaque jour,
L’entr’ouvrit jusqu’en bas d’une immense fêlure.
Un arbre, poussé là, grandit au creux des murs,
Laissant voir vaguement de vieux salons obscurs,
Chaque fenêtre est morne ainsi qu’un regard vide.
Tout ce lourd bâtiment caduc, noirci, fané,
Que la lézarde marque au front comme une ride,
Dont s’émiette le pied, de salpêtre miné,
Dont le toit montre au ciel ses tuiles ravagées,
A l’aspect désolé des choses négligées.
Tout autour un grand parc sombre et profond s’étend ;
Il dort sous le soleil qui monte et l’on entend,
Par moments, y passer des rumeurs de feuillages,
Comme les bruits calmés des vagues sur les plages,
Quand la mer resplendit au loin sous le ciel bleu.
Les arbres ont poussé des branches si mêlées
Que le soleil, jetant son averse de feu,
Ne pénètre jamais la noirceur des allées.
Les arbustes sont morts sous ces géants touffus,
Et la voûte a grandi comme une cathédrale ;
Il y flotte une odeur antique et sépulcrale,
L’humidité des lieux où l’homme ne va plus.
Mais sur les hauts degrés du perron qui dominent
Les longs gazons qu’au loin de grands arbres terminent,
Des valets ont paru, soutenant par les bras
Deux vieillards très courbés qui vont à petits pas.
Ils traînent lentement sur les marches verdies
Les hésitations de leurs jambes roidies,
Et tâtent le chemin du bout de leur bâton.
Très vieux, - l’homme et la femme, - et branlant du menton,
Ils ont le front si lourd et la peau si fanée
Qu’on ne devine pas quel pouvoir enfonça
Aux moelles de leurs os cette vie obstinée.
Affaissés dans leurs grands fauteuils on les laissa,
Pliés en deux, tremblant des mains et de la tête.
Ils ont baissé leurs yeux que la vieillesse hébète,
Et regardent tout près, par terre, fixement.
Ils n’ont plus de pensée. Un long tremblotement
Semble seul habiter cette décrépitude ;
Et s’ils ne sont pas morts, c’est par longue habitude
De vivre à deux, tout près l’un de l’autre toujours,
Car ils n’ont plus parlé depuis beaucoup de jours.
II
Mais un souffle de feu sur la plaine s’élève.
Les arbres dans leurs flancs ont des frissons de sève,
Car sur leurs fronts troublés le soleil va passer.
Partout la chaleur monte ainsi qu’une marée
Et, sur chaque prairie, une foule dorée
De jaunes papillons flotte et semble danser.
Épanouie au loin la campagne grésille,
C’est un bruit continu qui remplit l’horizon,
Car, affolé dans les profondeurs du gazon,
Le peuple assourdissant des criquets s’égosille.
Une fièvre de vie enflammée a couru,
Et rajeuni, tout blanc dans la chaude lumière,
Ainsi qu’aux premiers jours d’un passé disparu,
Le vieux château reprend son sourire de pierre.
Alors les deux vieillards s’animent peu à peu :
Ils clignotent des yeux et, dans ce bain de feu,
Les membres desséchés lentement se détendent ;
Leurs poumons refroidis aspirent du soleil,
Et leurs esprits, confus comme après un réveil,
S’étonnent vaguement des rumeurs qu’ils entendent.
Ils se dressent, pesant des mains sur leur bâton.
L’homme se tourne un peu vers son antique amie,
La regarde un instant et dit : “Il fait bien bon.”
Elle, levant sa tête encor tout endormie
Et parcourant de l’oeil les horizons connus,
Lui répond : “Oui, voilà les beaux jours revenus.”
Et leur voix est pareille au bêlement des chèvres.
Des gaietés de printemps rident leurs vieilles lèvres ;
Ils sont troublés, car les senteurs du bois nouveau
Les traversent parfois d’une brusque secousse,
Ainsi qu’un vin trop fort montant à leur cerveau.
Ils balancent leurs fronts d’une façon très douce
Et retrouvent dans l’air des souffles d’autrefois.
Lui, tout à coup, avec des sanglots dans la voix :
“C’était un jour pareil que vous êtes venue
Au premier rendez-vous, dans la grande avenue.”
Puis ils n’ont plus rien dit ; mais leurs pensers amers
Remontaient aux lointains souvenirs du jeune âge,
Ainsi que deux vaisseaux, ayant passé les mers,
S’en retournent toujours par le même sillage.
Il reprit : “C’est bien loin, cela ne revient pas.
Et notre banc de pierre, au fond du parc, - là-bas ?”
La femme fit un saut comme d’un trait blessée :
“Allons le voir”, dit-elle, et, la gorge oppressée,
Tous deux se sont levés soudain d’un même effort !
Coupe prodigieux tant il est grêle et pâle.
Lui, dans un vieil habit de chasse à boutons d’or,
Elle, sous les dessins étranges d’un vieux châle !
III
Ils guettèrent, ayant grand’peur d’être aperçus ;
Et puis, voûtés, avec le dos rond des bossus,
Humbles d’être si vieux quand tout semblait revivre,
Ainsi que des enfants ils se prirent la main
Et partirent, barrant la largeur du chemin.
Car chacun oscillant un peu, comme un homme ivre,
Heurtait l’autre d’un coup d’épaule quelquefois,
Et des zigzags guidaient leur douteux équilibre.
Leurs bâtons supportant chaque bras resté libre
Trottaient à leurs côtés comme deux pieds de bois.
Mais, d’arrêts en arrêts dans leur course essoufflée,
Ils gagnèrent le parc et puis la grande allée.
Leur passé se levait et marchait devant eux,
Et sur la terre humide ils croyaient voir, par places,
L’empreinte fraîche encor de leurs pieds amoureux ;
Comme si les chemins avaient gardé leurs traces,
Attendant chaque jour le couple habituel.
Ils allaient, tout chétifs, près des arbres énormes,
Perdus sous la hauteur des chênes et des ormes
Qui versaient autour d’eux un soir perpétuel.
Et comme un livre ancien dont on tourne la page :
“C’est ici”, disait l’un. L’autre disait : “C’est là :
La place où je baisai vos doigts ? - Oui, la voilà.
- Vos lèvres ? - Oui ! c’est elle !” Et leur pèlerinage,
De baisers en baisers sur la bouche ou les doigts,
Continuait ainsi qu’un chemin de la croix.
Ils débordaient tous deux d’allégresses passées,
Élans que prend le coeur vers les bonheurs finis,
En songeant que jadis, les tailles enlacées,
Les yeux parlant au fond des yeux, les doigts unis,
Muets, le sein troublé de fièvres inconnues,
Ils avaient parcouru ces mêmes avenues !
IV
Le banc les attendait, moussu, vieilli comme eux.
“C’est lui !” dit-il. “C’est lui !” reprit-elle. Ils s’assirent,
Et sous les chauds reflets des souvenirs heureux
Les profondes noirceurs des arbres s’éclaircirent.
Mais voilà que dans l’herbe ils virent s’approcher
Un crapaud centenaire aux formes empâtées.
Il imitait, avec ses pattes écartées,
Des mouvements d’enfant qui ne sait pas marcher.
Un sanglot convulsif fit râler leurs haleines ;
Lui ! le premier témoin de leurs amours lointaines
Qui venait chaque soir écouter leurs serments !
Et seul il reconnut ces reliques d’amants,
Car hâtant sa démarche épaisse et patiente,
Gonflant son ventre, avec des yeux ronds attendris,
Contre les pieds tremblants des amoureux flétris
Il traîna lentement sa grosseur confiante.
Ils pleuraient. - Mais soudain un petit chant d’oiseau
Partit des profondeurs du bois. C’était le même
Qu’ils avaient entendu quatre-vingts ans plus tôt !
Et dans l’effarement d’un délire suprême,
Du fond des jours finis devant eux accourus,
Par bonds, comme un torrent qui va, sans cesse accru,
Toute leur vie, avec ses bonheurs, ses ivresses,
Et ses nuits sans repos de fougueuses caresses,
Et ses réveils à deux si doux, las et brisés,
Et puis, le soir, courant sous les ombres flottantes,
Les senteurs des forêts aux sèves excitantes
Qui prolongent sans fin la lenteur des baisers !…
Mais comme ils s’imprégnaient de tendresse, l’allée
S’ouvrit, laissant passer une brise affolée ;
Et, parfumé, frappant leur coeur, comme autrefois,
Ce souffle, qui portait la jeunesse des bois,
Réveilla dans leur sang le frisson mort des germes.
Ils ont senti, brûlés de chaleurs d’épidermes,
Tout leur corps tressaillir et leurs mains se presser,
Et se sont regardés comme pour s’embrasser !
Mais au lieu des fronts clairs et des jeunes visages
Apparus à travers l’éloignement des âges
Et qui les emplissaient de ces désirs éteints,
L’une tout contre l’autre, étaient deux vieilles faces
Se souriant avec de hideuses grimaces !
Ils fermèrent les yeux, tout défaillants, étreints
D’une terreur rapide et formidable comme
L’angoisse de la mort !…
“Allons-nous-en !” dit l’homme.
Mais ils ne purent pas se lever ; incrustés
Dans la rigidité du banc, épouvantés
D’être si loin, étant si vieux et si débiles.
Et leurs corps demeuraient tellement immobiles
Qu’ils semblaient devenus des gens de pierre. Et puis
Tous deux, soudain, d’un grand élan, se sont enfuis.
Ils geignaient de détresse, et sur leur dos la voûte
Versait comme une pluie un froid lourd goutte à goutte ;
Ils suffoquaient, frappés par des souffles glacés,
Des courants d’air de cave et des odeurs moisies
Qui germaient là-dessous depuis cent ans passés.
Et sur leurs coeurs, fardeau pesant, leurs poésies
Mortes alourdissaient leurs efforts convulsifs,
Et faisaient trébucher leurs pas lents et poussifs.
V
La femme s’abattit comme un ressort qui casse ;
Lui, resta sans comprendre et l’attendit, debout,
Inquiet, la croyant seulement un peu lasse,
Car sa robe tremblait toujours. Puis tout à coup
L’épouvante lui vint ainsi qu’une bourrasque.
Il se pencha, lui prit les bras, et d’un effort
Terrible, il la leva, quoiqu’il fût très peu fort.
Mais tout son pauvre corps pendait, sinistre et flasque
Il vit qu’elle étouffait et qu’elle allait mourir,
Et pour chercher de l’aide il se mit à courir
Avec de petits bonds effrayants et grotesques,
Décrivant, sans la main qui lui servait d’appui,
Au galop saccadé par son bâton conduit,
Des chemins compliqués comme des arabesques.
Son souffle était rapide et dur comme une toux.
Mais il sentit fléchir sa jambe vacillante,
Si molle qu’il semblait danser sur ses genoux.
Il heurtait aux troncs noirs sa course sautillante,
Et les arbres jouaient avec lui, le poussant,
Le rejetant de l’un à l’autre et paraissant
S’amuser lâchement avec cette agonie.
Il comprit que la lutte horrible était finie,
Et, comme un naufragé qui se noie, il jeta
Un petit cri plaintif en tombant sur la face.
Faible gémissement qu’aucun vent n’emporta !
Il entendit encor, quelque part dans l’espace,
Les long croassements lugubres d’un corbeau
Mêlés aux sons lointains d’une cloche cassée.
Et puis tout bruit cessa. L’ombre épaisse et glacée
S’appesantit sur eux, lourde comme un tombeau.
VI
Ils restaient là. Le jour s’éteignit. Les ténèbres
Emplirent tout le ciel de leurs houles funèbres.
Ils restaient là, roulés comme deux petits tas
De feuilles, grelottant leurs fièvres acharnées,
Si vagues dans la nuit qu’on ne les trouva pas.
Ils formaient un obstacle aux bête étonnées
En barrant le sentier tracé de chaque soir.
Les unes s’arrêtaient, timides, pour les voir ;
D’autres les parcouraient ainsi que des épaves ;
Des limaces rampaient sur eux, traînant leurs baves ;
Des insectes fouillaient les replis de leurs corps,
Et d’autres s’installaient dessus, les croyant morts.
Mais un frisson bientôt courut par les allées.
Une averse entr’ouvrit les feuilles flagellées,
Ruisselante et claquant sur le sol avec bruit.
Et sur les deux vieillards qui grelottaient encore,
La pluie, en flots épais, tomba toute la nuit.
Puis, lorsque reparut la clarté de l’aurore,
Sous l’égout persistant des hauts feuillages verts
On ramassa, tout froids en leurs habits humides,
Deux petits corps sans vie, effrayants et rigides
Ainsi que les noyés qu’on trouve au fond des mers.
Guy de Maupassant, Des vers
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poèmes Vieillesse Empty TROHEL yolaine: je suis...

Message par marie la rebelle Jeu 8 Avr - 13:14

Je
suis

Je suis
comme l'hirondelle

Je me suis trompée
de printemps

A l'hiver de ma
vie

Je voudrais croire
à la rose sans épine

Je souris au
soleil de l'hiver

Qui est froid
comme mon coeur

L'hirondelle donne
un faux départ

Et meurt pendant
son voyage

J'ai voulu croire
à la rose

Et je meurs
pendant mon voyage

Je me suis trompée
de printemps

Auteur :
TROHEL yolaine
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poèmes Vieillesse Empty On a si peu de temps

Message par marie la rebelle Jeu 8 Avr - 13:14

On a
si peu de temps

On a si peu de temps
Il y a déjà longtemps

J'avais à peine dix ans

Et je courais tant
Pour arrêter le temps.

Il y a déjà longtemps,

J'ai eu vingt ans,
Et je pensais pourtant

Qu'il ferait toujours beau
temps.

Il n'y a pas si longtemps

Que j'ai eu mes trente ans,

Et je me disais en ce temps

Que je mourrai dans pas
longtemps.

Et quand j'ai eu quarante ans,

Je les ai chantés en dansant,

Je les ai dansés en
buvant,

Je les ai bus en pleurant,

Je les ai pleurés en pensant

Que bientôt j'aurai cinquante
ans.

Et puis j'ai eu cinquante ans

Et en regardant jouer mes
enfants,

Je me disais que peut-être en
partant

Je n'aurais pas soixante ans.

Mais un jour j'ai eu soixante
ans

Sans avoir vu passer le temps,

Et je me suis dit que peut-être
j'aurai encore le temps

De connaître mes petits-enfants

Et d'avoir soixante-dix ans.

Et maintenant j'ai soixante-dix
ans,

Et je me dis souvent
Que de dix en dix ans,

Je suis mort bien souvent,

Et je me dis souvent
Que je mourrai je ne sais pas
quand,

Mais que je mourrai en
pensant

Qu'on a si peu de temps.
Auteur :
HAJ
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poèmes Vieillesse Empty Mourir : Corti Michèle

Message par marie la rebelle Jeu 8 Avr - 13:15

Mourir

Mourir sur ton épaule tendre

Sans terreur au jour du départ

Avant de n'être plus que cendres

Brûler au feu de ton regard

Vivre la toute dernière heure

Dans la clarté de ton amour

Lorsque cette sombre demeure

Se fermera sur nos toujours

Lire dans tes yeux la promesse

Qu'un jour l'on se retrouvera

M'abandonner à la tendresse

Et à la force de tes bras !

Auteur :
Corti
Michèle
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poèmes Vieillesse Empty ô vieillesse ennemie...

Message par sandrine jillou Mar 13 Avr - 14:24

ô rage ! ô désespoir !

ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger en de meilleures mains.
Auteur :
Pierre Corneille (1606-1684)
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poèmes Vieillesse Empty Quand vous serez bien vieille,

Message par sandrine jillou Mar 13 Avr - 14:27

... au soir à la chandelle,

Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. »

Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom, de louange immortelle.

Je serai sous la terre et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Auteur :
Pierre de Ronsard (1524-1585)
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poèmes Vieillesse Empty Bernadette Bodson-Mary

Message par yassine Jeu 15 Avr - 12:57

Vieillesse

Pourvu que je croule
avant ma masure, mon manoir

Pour l'instant, tout tient
tiens-moi. Tiens-moi bien

Faudra bientôt refaire le toit
voir s'il n'y a pas de mérule

Pourvu que je croule
avant les murs.

Pour l'instant, tout tient
tiens-moi. Tiens-moi bien


©️
yassine
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poèmes Vieillesse Empty Jules RENARD

Message par marie la rebelle Lun 26 Avr - 19:39


  • (1864-1910)

Ne réservez pas à ma vieillesse un château



... Ne réservez pas à ma vieillesse un château, mais faites-
moi la grâce de me garder, comme dernier refuge, cette cuisine
avec sa marmite toujours en l'air,
avec la crémaillère aux dents diaboliques,
la lanterne d'écurie et le moulin à café,
le litre de pétrole, la boîte de chicorée extra et les allumettes
de contrebande,
avec la lune en papier jaune qui bouche le trou du tuyau de poêle,
et les coquilles d'oeufs dans la cendre,
et les chenets au front luisant, au nez aplati,
et le soufflet qui écarte ses jambes raides et dont le ventre fait
de gros plis,
avec ce chien à droite et ce chat à gauche de la cheminée,
tous deux vivants peut-être,
et le fourneau d'où filent des étoiles de braise,
et la porte au coin rongé par les souris,
et la passoire grêlée, la bouillotte bavarde et le grill haut sur
pattes comme un basset,
et le carreau cassé de l'unique fenêtre dont la vue se paierait cher
à Paris,
et ces pavés de savon,
et cette chaise de paille honnêtement percée,
et ce balai inusable d'un côté,
et cette demi-douzaine de fers à repasser, à genoux sur leur planche,
par rang de taille, comme des religieuses qui prient, voilées de noir
et les mains jointes.
marie la rebelle
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poèmes Vieillesse Empty André CHÉNIER : Triste vieillard...

Message par Rita-kazem Lun 3 Mai - 15:21


  • André CHÉNIER (1762-1794)

Triste vieillard...



(Saint-Lazare)

Triste vieillard, depuis que pour tes cheveux blancs
Il n'est plus de soutien de tes jours chancelants,
Que ton fils orphelin n'est plus à son vieux père,
Renfermé sous ton toit et fuyant la lumière,
Un sombre ennui t'opprime et dévore ton sein.
Sur ton siège de hêtre, ouvrage de ma main,
Sourd à tes serviteurs, à tes amis eux-même,
Le front baissé, l'oeil sec et le visage blême,
Tout le jour en silence à ton foyer assis,
Tu restes pour attendre ou la mort ou ton fils.
Et toi, toi, que fais-tu, seule et désespérée,
De ton faon dans les fers lionne séparée ?
J'entends ton abandon lugubre et gémissant ;
Sous tes mains en fureur ton sein retentissant,
Toit deuil pâle, éploré, promené par la ville,
Tes cris, tes longs sanglots remplissent toute l'île.
Les citoyens de loin reconnaissent tes pleurs.
" La voici, disent-ils, la femme de douleurs ! "
L'étranger, te voyant mourante, échevelée,
Demande : " Qu'as-tu donc, ô femme désolée ! "
- Ce qu'elle a ? Tous les dieux contre elle sont unis
La femme désolée, elle a perdu son fils !
Rita-kazem
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poèmes Vieillesse Empty Le Vieux Solitaire-Léon dierx

Message par Rita-kazem Mar 4 Mai - 9:30

Le Vieux Solitaire

Je suis tel qu'un ponton sans vergues et sans mâts,
Aventureux débris des trombes tropicales,
Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
Sur une mer sans borne et sous de froids climats.

Les vents sifflaient jadis dans ses raille poulies.
Vaisseau désemparé qui ne gouverne plus,
Il roule, vain jouet du flux et du reflux,
L'ancien explorateur des vertes Australies!

Il ne lui reste plus un seul des matelots
Qui chantaient sur la hune en dépliant la toile.
Aucun phare n'allume au loin sa rouge étoile;
Il tangue, abandonné tout seul sur les grands flots.

La mer autour de lui se soulève et le roule,
Et chaque lame arrache une poutre à ses flancs;
Et les monstres marins suivent de leurs yeux blancs
Les mirages confus du cuivre sous la houle.

Il flotte, épave inerte, au gré des flots houleux,
Dédaigné des croiseurs aux Nonnettes tendues,
La coque lourde encor de richesses perdues,
De trésors dérobés aux pays fabuleux.

Tel je suis. Vers quels ports, quels récifs, quels abîmes,
Dois-tu les charrier, les secrets de mon coeur?
Qu'importe? Viens à moi, Caron, vieux remorqueur.
Ecumeur taciturne aux avirons sublimes!
Rita-kazem
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