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poème universel:Taha ADNAN

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Message par firdaws Jeu 4 Fév - 20:47


Taha
Adnan

طه عدنان / المغرب

POÈME UNIVERSEL


Des volcans, en ma tête, tout près de jaillir
A ne plus être capable de me tenir
A ce bureau muet
Pour écrire ce que certains appellent “poésie”
Mais comme les autres
Je me prends au jeu séduisant de l’écriture
Comme les autres
Elle enjôle ma main droite
Me soustrait à la langueur de dix heures
Un dimanche matin épuisé
Et tel un acteur qui n’a pas choisi son rôle
Je me prépare à la scène de l’écriture
Je laisse pousser ma barbe et grandir mes idées
Mes cheveux ébouriffés tel un poème en prose
Je ride le front dans un excès d’attention
Arque les sourcils pur exciter le sérieux :
Me voici tourmenté
Et aussi mystérieux qu’un poète universel.

Ce matin je ne suis guère porté au poème
Faut-il composer un poème
Pour demeurer en rêve ?
Je ne puis brider mes chevaux
Dans la glaciale écurie
De mon instant fragile
Les juments de la mémoire voudraient seulement galoper en souvenir
De leurs premières prairies
Où se rencontrent
Un ciel sûr de son bleu. Un ciel lointain.
Des orangers. Des arbres haut dressés. Une rue poussiéreuse.
L’enceinte du cimetière. De méchantes ornières qui draguent les souliers des filles. Des marchands de cigarettes au détail. Le café bondé. Algarade et ses munitions entourée d’amis, nobles terroristes. Des palmiers, d’autres arbres encore. Un rouge qui enseigne à la ville ses noms.
La crème des amants. Le café des morts. Et le thé des mères.

Je dois maintenant retourner au poème
A sa chambre blanche
Je fixerai l’instant avec des yeux aussi profonds
Qu blessure d’amant éconduit
Je déploierai ma carte dans son patio :
Une baie en pleurs.. Une photo berbère au sourire candide
Un miroir qui voile les apparitions. Une carte venant de Marrakech..
Et une enveloppe brune.
Une cheminée sans feu. La pluie qui tambourine contre les vitres.
Le bruit de pas dans l’escalier... Et mon cœur s’épanche.
On frappe à côté. Et cette gazelle en mon esprit.
Je brise alors la jarre des secrets :
Encore petits nous nous sommes épris
Comme des prophètes... nous foulions une eau pure
Et comme des lutins percions le vent
La transparence de nos traits
Et sans rien sentir
Ni elle, ni moi
Nous étions lance contre lance.

Avec la sagesse d’une tortue subjuguée par le chemin
Et sans guère se soucier d’arriver
Je m’en irai vers ce qui ne me touche
Avec l’humeur d’un tailleur aveugle
Je recoudrai les lambeaux de mots
Les ordonnancerai, phrase après phrase
Paragraphe arès paragraphe
Ici, depuis ma chambre
Appartement 34, rue de Chambéry
Ici, de ma fenêtre
L’église Saint-Antoine en est témoin
Je m’arrogerai le monde entier
Et réclamerai des capitales
Que mon pas ne foula jamais.

Je ne puis rester crucifié
Sur ce siège froid et réjoui de mon impuissance
La plus délicate poésie est la plus mensongère
Moi je suis victime de ma véracité
Lorsque l’imagination me ferme ses portes
Mon mauvais génie m’incite à suivre
Les traces de cet ami
Aux larcins aussi remarquables
Que les jambes de Sabrina
Je ne trouve pas alors assez de poésies
Pour ciseler un poème
Au diable ma misérable bibliothèque !
Au diable ces mirages
Ils ont enterré l’ultime eau dans le vent
Et puis se sont dissipés.

Nulle force en moi
Un cerveau rouillé gît en mon cœur
Mon corps, exténué... ma tête, en vertige
Et mes sens, pétrifiés
Moi, poète universel
Je lis les poèmes de mes amis
Sns me soucier du destin d’Eliot dans sa Terre vaine
Breton ne m’importe guère plus
Malgré son absurde internement
Dans l’asile des sensés
Les poèmes des amis me suffisent
Et leurs lettres
Avec chagrin je relis leurs tristes nouvelles :
Jarir toujours pris dans les tourments de la prison et la rage des dents
Khâlid est mort asphyxié par le gaz
Comme s’il y avait pris refuge contre un air corrompu
Ilham.. est morte dans des circonstances obscures
La voilà sauvée dans un courrier suivant
Dans sa dernière lettre elle me saluait …
Ahmed, Aziz, Hicham et d’autres amis encore
Triomphent quotidiennement dans les concours de “désespoir”
Ah ! Courrier d’afflictions
Les palmiers ne sont plus si élancés
Et les lumières de ma ville rouge ont pâli
Mon jeune frère est parti sans me dire au revoir
Et n’a pas écrit depuis son départ
..........................................................
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Message par firdaws Jeu 4 Fév - 20:49

Taha Adnan

Ce jeune poète marocain est né le 2 août 1970 à Safi et a grandi à Marrakech. Une ville qui frôle le rêve et côtoie la poésie. En 1994, il participe à Marrakech à la création d’un cercle de jeunes poètes non-conformistes et protestataires. Avec pour unique moyen la volonté de faire lire et découvrir la poésie autrement, ils publient leur revue manuscrite Al-Ghara Al-Shiriya [Algarade poétique]. Licencié en sciences économiques en 1994, il poursuit ses études supérieures en Management et en Gestion des Ressources Humaines à Bruxelles entre 1996 et 2000. Aujourd'hui employé par l’Administration générale du personnel de l’enseignement au Ministère e la Communauté française de Belgique, il s'est définitivement installé au 'plat pays'. Durant toute cette période, Taha Adnan a poursuivi l'écriture en langue arabe. L'année 2003 a vu l'édition de son premier recueil de poèmes par le Ministère de la culture au Maroc. Cette année également, le recueil a été primé à Sarjah, aux Emirats Arabes Unis, pour la créativité arabe. Sa poésie capture les moments lumineux qui filent dans un quotidien sombre. Elle chante la liberté et dénonce la stigmatisation ou toute autre forme de standardisation forcée dans un monde Macdonaldisé. Le réel et le virtuel s’embrassent dans la poésie d’Adnan. Son stỳle oscille harmonieusement entre le plus moderne et le plus traditionnel. Tout en se référant aux traditions littéraires et poétiques arabes anciennes, il reste adapté à l’ère de l’e-littérature. Membre de l’Union des Ecrivains du Maroc et président de l’Espace Culturel Marocain de Bruxelles 'ARGANA', Taha Adnan embrasse l’action culurelle marocaine et arabe au niveau de Bruxelles. Il est fondateur et responsable de la rédaction du journal interculturel bruxellois 'Le Souk' et travaille aussi en tant que correspondant occasionnel depuis Bruxelles pour plusieurs médias arabes.
poème universel:Taha ADNAN Taha%20Adnan%20Marrakechi%20120
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