Les naufragés

Si sombre était la mer que le firmament sublime
Devenait bleu-marine et étouffait les voix
De tous ces malheureux enfoncés dans l’abîme
Après avoir passé tant de jours dans les bois

Les vagues clapotaient sur les flancs du bateau
Mais ne recouvraient pas les prières et la peur
Des naufragés transis écopant toute l’eau
De la rude tempête noyant le caboteur

Ils n’entendaient déjà plus dans cette nuit noire
L’enfant qui gémissait et qu’on n’a pu bénir
Car la mort qui rôdait habitait la mémoire
De tous les survivants pour s’en souvenir

L’on célébra aussi le sombre épithalame
De leurs mortelles noces à deux jeunes amoureux
Qui au bout de leurs forces rendirent à Dieu l’âme
En exhalant, unis, leur souffle douloureux

Un matin lactescent à l’aube lumineuse
Une ligne plus sombre attira le regard
La terre était très proche et son eau sablonneuse
Remplaçait le bleu cru, meurtrier sans égard.

… à suivre