Parle-moi

Je me souviens de cette journée
Comme d’un crépuscule qu’on étouffe
Avec la peur de m’y retrouver
- Seule
Je me souviens de ces moments pareils
Comme des siècles traversés
Aussi robustes qu’un bois de cimier
Et du pli blanc à la nacre de fil
Que dévoile ton cou.

Je me souviens que depuis dix sept ans,
- Déjà ! O lumière négative,
Toujours tu as le même âge.
Dis-moi
- Les rags à mon pouls –
- Mon cœur et mon âme cochères -
Les as-tu aimés ?

[…] Les femmes que j’aime ce n’est jamais celles que vous
Croyez
Qui ont des seins pointus des ongles de poignard et des
Yeux de phosphore
Celles dont les paroles sont onduleuses comme la route
Que suivent les torrents
J’aime celle dont la bouche est pareille à une robe
Déchirée
Entr’ouvrant son accroc luisant sur la blancheur
Terrible d’une épaule
Près du collier qui brinqueballe ainsi que grelottent
Des dents
Des dents de carnassier aux babines aussi douces que
Du lait
Malgré les griffes qui s’accrochent dans le vent


Qu’importe les évènements des places publiques
L’ivrognerie qui ne me sert aucunement à oublier
Mais seulement à hâter l’avènement de constructions
Plus mystérieuses et plus sensuelles
Où mon regard triompherait sans coup férir des becs de
Gaz et de maisons

Celle que j’aime a le mérite d’être éternellement inconsciente
Et extérieure à mes secrets(*) […]

Dis-moi encor,

Une lèvre décousue perle gouttes
Est-ce moi
- Est-ce toi
- Ou est-ce cette pierre
Qui enfle l’amer des caniveaux ?

- Je me souviens que pâle
J’ai bien cru te voir sourire
Toi, mort sans temps
Et moi, comme dans un rêve revenant

Une larme à mes yeux dure toujours. –

[i](*) De […] à […] extrait de Jocase de Michel Leiris dans Haut Mal aux éditions Poésie/Gallimard[/i]

Tu es partout où je me trouve....Serais-tu l'ombre de mon ombre?Bises.

Malgré les griffes qui s’accrochent dans le vent !
Des mots en griffes bien profondes
Sur l’arbre de l’âme
Des douleurs qui s’alignent
Toutes fines
Entre les lignes
**
Bien venue sur le forum.

c'est prenant,
difficile de rester indifférent en lisant ce texte !


je ne sais pas si mon interprétation de ce passage correspond à ce que tu as voulu y mettre , mais ce que j'ai ressenti m'a donné les frissons.

Je me souviens de cette journée
Comme d’un crépuscule qu’on étouffe
Avec la peur de m’y retrouver
- Seule

...

Celui qui sait,
pour rien au monde, je ne voudrais être ton ombre. Aziza pour qui j'ai beaucoup de tendresse m'a invitée, voilà tout. Tu vas devoir me supporter jusqu'à ce que l'admin me vire.

Au fil des mots,
C'est le seul texte pathos de ma production. Je veux dire qu'il parle directement de mon vécu tout en rendant hommage à Leiris, auteur dont je me sens proche.
Cette journée à laquelle je fais référence fut celle ou mon amoureux d'enfance est mort accidentellement. J'avais 20ans.
Oui, ça reste prenant.

je t"'ai bien lu, anne , on devine ton chagrin!!!
et en tant qu'admin, je te dis : ta place est ici, avec nous, sur ce forum...

et derrière le chagrin se dessinent la tendresse, l'amour qui eux resteront éternels ( même si cela reste une maigre consolation)

AnneLyse, pathos ou pas, m'en fiche royalement (de la royauté aussi du reste ) , le partage des émotions est un cadeau précieux, tout le monde n'a pas ce don.

merci

monique

Admin a écrit:je t"'ai bien lu, anne , on devine ton chagrin!!!
et en tant qu'admin, je te dis : ta place est ici, avec nous, sur ce forum...

Ahahaha!
Je vais bien m'amuser alors!

comme tu voudra!!!!belle juliette.

toute mon admiration pour ce morceau rare,ce dernier temps dans le monde de la poesie,mohamed

merci mohamed kojok

[quote="anneLyse"]Celui qui sait,
pour rien au monde, je ne voudrais être ton ombre. Aziza pour qui j'ai beaucoup de tendresse m'a invitée, voilà tout. Tu vas devoir me supporter jusqu'à ce que l'admin me vire.

quote]

Annelyse soit gentille
Laisse à cette ombre qui ne cite même pas ses sources,
la consolation de l'errance.
"...Laisse moi devenir l'ombre
de ton ombre,
l'ombre de ta main
l'ombre de ton chien..."
Jacques Brel

Pour citer des vers de mirliton
C'est surement que celui que tu sais
n'est plus que l'ombre de lui même
Et si l'ombre de son ombre
se promène ici bas
L'ombre de son chien elle
a écrit "ne me quitte pas"

Pardonnez leur monsieur Jacques Brel
Ils ne savent pas ce qu'ils font
Ni où ils font

JE NE SAIS PAS POURQUOI J'AI AIME RELIRE CE POEME,
est-ce par ce que tu es la,presente,et tu nous touches profondement?
est-ce la magie des mots,leur symphonie qui nous transperce avec joie?
Est-ce ces images qui ne laisseraient personne indifferent?
a vrai dire je ne sais pas,sauf que j'aime tant
amitie,mohamed

merci

S'il y a quelque chose que j'aime vraiment dans tes écrits,c'est les mots pris pour expliquer une situation vu par tous,reprise au travers tes yeux ( tes mots ) et la voire pour la première fois,d'un angle nouveau.C'est quelque chose de rare,je crois,de pouvoir ainsi décrire l'unicité d'une situation.L'amalgame de tes mots est très fort...tu décortiques si bien les pièces de l'instant !

J'ai beaucoup de respect pour ta façon d'écrire.

Michel

anneLyse a écrit:Je me souviens de cette journée
Comme d’un crépuscule qu’on étouffe
Avec la peur de m’y retrouver
- Seule
Je me souviens de ces moments pareils
Comme des siècles traversés
Aussi robustes qu’un bois de cimier
Et du pli blanc à la nacre de fil
Que dévoile ton cou.

Je me souviens que depuis dix sept ans,
- Déjà ! O lumière négative,
Toujours tu as le même âge.
Dis-moi
- Les rags à mon pouls –
- Mon cœur et mon âme cochères -
Les as-tu aimés ?

[…] Les femmes que j’aime ce n’est jamais celles que vous
Croyez
Qui ont des seins pointus des ongles de poignard et des
Yeux de phosphore
Celles dont les paroles sont onduleuses comme la route
Que suivent les torrents
J’aime celle dont la bouche est pareille à une robe
Déchirée
Entr’ouvrant son accroc luisant sur la blancheur
Terrible d’une épaule
Près du collier qui brinqueballe ainsi que grelottent
Des dents
Des dents de carnassier aux babines aussi douces que
Du lait
Malgré les griffes qui s’accrochent dans le vent


Qu’importe les évènements des places publiques
L’ivrognerie qui ne me sert aucunement à oublier
Mais seulement à hâter l’avènement de constructions
Plus mystérieuses et plus sensuelles
Où mon regard triompherait sans coup férir des becs de
Gaz et de maisons

Celle que j’aime a le mérite d’être éternellement inconsciente
Et extérieure à mes secrets(*) […]

Dis-moi encor,

Une lèvre décousue perle gouttes
Est-ce moi
- Est-ce toi
- Ou est-ce cette pierre
Qui enfle l’amer des caniveaux ?

- Je me souviens que pâle
J’ai bien cru te voir sourire
Toi, mort sans temps
Et moi, comme dans un rêve revenant

Une larme à mes yeux dure toujours. –

(*) De […] à […] extrait de Jocase de Michel Leiris dans Haut Mal aux éditions Poésie/Gallimard

bonjour chere Annelyse,
voila,je te parle,je veux un autre poeme,stp,mohamed

Poème qui cite Michel Leiris. Parle-moi s'adresse à l'absent, objet et sujet de bien des quêtes poétiques. Le manque devient présence et déclenche sensations, figures, images sincères et idées complexes.

Les coms de Michel et de Yann sont plus proches du cœur du poème.
Je ne trouve pas de mots pour exprimer ce que je ressens d’une maniére plus brillante qu’eux ou même moins brillante.