Lignes de vertige
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sarah
pierrejean
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Lignes de vertige
- La barrière -
« A moi l’histoire d’une de mes folies ! » - Rimbaud –
L’été brûlait son arc et sous le zénith d’une course tendue, animal bondissant je traversais ses espaces.
Flèche du temps, la brise riait par-dessus mon épaule.
Lorsqu’au détour du chemin, j’avisais l’escarpe : d’un geste auguste je levais la barrière.
Alors ton souffle ardent incendia mon regard et bu jusqu’à mon ombre sur le vieux chemin de terre !
Et je n’ai hélas récolté ni ton parfum, ni la couleur heureuse de tes yeux.
D’ailleurs, qu’avais je imaginé en tirant le dernier verrou si ce n’est, l’autre ?
Mon front de butor trônait sur le piédestal de l’impavide oubli.
Voyez le, pauvre fou, béant aux vents du triomphe, il trouait toutes les conventions.
O pré d’émeraudes, dis moi mon beau printemps, entre neiges éternelles et déserts sans fins,
dis-moi de quelle absence t’étais tu fait le bourreau ?
Les vents de glace ont croisé le feu des laves noires et sont venus au seuil de mes pressentiments déposer leur enfer.
J’ai pourtant crié, tempêté et gémi mille tourments à la face du monde.
J’ai accusé sous le déluge mon frère l’homme et sali jusqu’aux pétales de son nom !
J’ai pourtant bien cherché dans la malle aux souvenirs les clés de la barrière !
Une enfance balançoire au trait maternel, une adolescence échevelée et pur-sang,
les certitudes et les allants d’un homme jeune qui célèbre midi à sa porte et boit aux grands desseins d’une civilisation !
Mais soudain, l’accroche, la vrille, l’espace entre deux notes qui s’efface, je descendais les flots du Léthé !
Les notes ? Graves ou aigues, blanches ou noires, qu’importe, elles avaient cette respiration perdue
et l’extrême sur mon rythme s’avisait.
O mon chant triste et beau, tu t’éprouvais dans de longues plaintes. L’ivresse et la rupture en bandoulière, j’errais au bras d’une folie.
Quand d’autres songeaient à l’été, j’habitais l’hiver et si le mordant insistait, je ruais sous les Tropiques.
Je pulvérisais le présent et toutes ses instances ; j’habitais une chimère et l’aplomb cerclait mon horizon.
Nul doute n’avait droit de cité, chagrins et bonheurs, ces deux compagnons de vie, étaient mon Orient et mon Occident, mon ombre et mon sang.
Regardez ! Regardez les ravines ! Voyez le sentier plonger dans halliers et les ronces !
Oui là sur mes tempes d’argent, le sillon s’est creusé ! O douces et vertes frondaisons reviendrez-vous un jour d’un souffle les rafraîchir ?
J’ai refait patiemment la route, j’ai taillé le silex au couteau de mon âme et les étincelles pleuvaient en mon cœur.
Ma sueur en liane maîtresse sur la pierre d’angle assigne à ma route un nouvel horizon.
Les pierres sont belles et le granit sous l’enclume du soleil scintille éclats d’étoiles sur sa robe sombre.
Fuseau de strass, la route miroite tout doucement ses micas sur l’encolure de la colline, ondule encore derrière les grands tournesols,
et s’en va là bas, langue de feu, dévorer dans un champs de pavots quelques rouges vertiges.
J’ai carrossé l’ultime voie, elle m’attend, je m’élance. Il faut vivre, vivre, rien que vivre !
Vois mon fils, vois ! La barrière est désormais belle et luit d’un doux éclat.
De quelle lumière, dis moi, de quelles lumières dans tes yeux d’enfants, comètes ou soleils, est elle l’élue ?
Pierrejean
pierrejean- Nombre de messages : 52
Humeur : exhubérant, grave, mélancolique, charmeur
Date d'inscription : 23/12/2008
Re: Lignes de vertige
L’été brûlait son arc et sous le zénith d’une course tendue, animal bondissant je traversais ses espaces.
Flèche du temps, la brise riait par-dessus mon épaule.
Lorsqu’au détour du chemin, j’avisais l’escarpe : d’un geste auguste je levais la barrière.
Alors ton souffle ardent incendia mon regard et bu jusqu’à mon ombre sur le vieux chemin de terre !
Et je n’ai hélas récolté ni ton parfum, ni la couleur heureuse de tes yeux.
D’ailleurs, qu’avais je imaginé en tirant le dernier verrou si ce n’est, l’autre ?
Mon front de butor trônait sur le piédestal de l’impavide oubli.
Voyez-le, pauvre fou, béant aux vents du triomphe, il trouait toutes les conventions.
O pré d’émeraudes, dis moi mon beau printemps, entre neiges éternelles et déserts sans fins,
dis-moi de quelle absence t’étais tu fais le bourreau ?
Les vents de glace ont croisé le feu des laves noires et sont venus au seuil de mes pressentiments déposer leur enfer.
J’ai pourtant crié, tempêté et gémi mille tourments à la face du monde.
J’ai accusé sous le déluge mon frère l’homme et sali jusqu’aux pétales de son nom !
J’ai pourtant bien cherché dans la malle aux souvenirs les clés de la barrière !
Une enfance balançoire au trait maternel, une adolescence échevelée et pur-sang,
les certitudes et les allants d’un homme jeune qui célèbre midi à sa porte et boit aux grands desseins d’une civilisation !
Mais soudain, l’accroche, la vrille, l’espace entre deux notes qui s’efface, je descendais les flots du Léthé !
Les notes ? Graves ou aigues, blanches ou noires, qu’importe, elles avaient cette respiration perdue
et l’extrême sur mon rythme s’avisait.
O mon chant triste et beau, tu t’éprouvais dans de longues plaintes. L’ivresse et la rupture en bandoulière, j’errais au bras d’une folie.
Quand d’autres songeaient à l’été, j’habitais l’hiver et si le mordant insistait, je ruais sous les Tropiques.
Je pulvérisais le présent et toutes ses instances ; j’habitais une chimère et l’aplomb cerclait mon horizon.
Nul doute n’avait droit de cité, chagrins et bonheurs, ces deux compagnons de vie, étaient mon Orient et mon Occident, mon ombre et mon sang.
Regardez ! Regardez les ravines ! Voyez le sentier plonger dans halliers et les ronces !
Oui là sur mes tempes d’argent, le sillon s’est creusé ! O douces et vertes frondaisons reviendrez-vous un jour d’un souffle les rafraîchir ?
J’ai refait patiemment la route, j’ai taillé le silex au couteau de mon âme et les étincelles pleuvaient en mon cœur.
Ma sueur en liane maîtresse sur la pierre d’angle assigne à ma route un nouvel horizon.
Les pierres sont belles et le granit sous l’enclume du soleil scintille éclats d’étoiles sur sa robe sombre.
Fuseau de strass, la route miroite tout doucement ses micas sur l’encolure de la colline, ondule encore derrière les grands tournesols,
et s’en va là bas, langue de feu, dévorer dans un champ de pavots quelques rouges vertiges.
J’ai carrossé l’ultime voie, elle m’attend, je m’élance. Il faut vivre, vivre, rien que vivre !
Vois mon fils, vois ! La barrière est désormais belle et luit d’un doux éclat.
De quelle lumière, dis-moi, de quelles lumières dans tes yeux d’enfants, comètes ou soleils, est-elle l’élue ?
Pierre jean
Juste une question est-ce du vécu ?
Tes ont un air mélodieux, un arôme un peu personnel si j’ose dire ! à te relire.
Flèche du temps, la brise riait par-dessus mon épaule.
Lorsqu’au détour du chemin, j’avisais l’escarpe : d’un geste auguste je levais la barrière.
Alors ton souffle ardent incendia mon regard et bu jusqu’à mon ombre sur le vieux chemin de terre !
Et je n’ai hélas récolté ni ton parfum, ni la couleur heureuse de tes yeux.
D’ailleurs, qu’avais je imaginé en tirant le dernier verrou si ce n’est, l’autre ?
Mon front de butor trônait sur le piédestal de l’impavide oubli.
Voyez-le, pauvre fou, béant aux vents du triomphe, il trouait toutes les conventions.
O pré d’émeraudes, dis moi mon beau printemps, entre neiges éternelles et déserts sans fins,
dis-moi de quelle absence t’étais tu fais le bourreau ?
Les vents de glace ont croisé le feu des laves noires et sont venus au seuil de mes pressentiments déposer leur enfer.
J’ai pourtant crié, tempêté et gémi mille tourments à la face du monde.
J’ai accusé sous le déluge mon frère l’homme et sali jusqu’aux pétales de son nom !
J’ai pourtant bien cherché dans la malle aux souvenirs les clés de la barrière !
Une enfance balançoire au trait maternel, une adolescence échevelée et pur-sang,
les certitudes et les allants d’un homme jeune qui célèbre midi à sa porte et boit aux grands desseins d’une civilisation !
Mais soudain, l’accroche, la vrille, l’espace entre deux notes qui s’efface, je descendais les flots du Léthé !
Les notes ? Graves ou aigues, blanches ou noires, qu’importe, elles avaient cette respiration perdue
et l’extrême sur mon rythme s’avisait.
O mon chant triste et beau, tu t’éprouvais dans de longues plaintes. L’ivresse et la rupture en bandoulière, j’errais au bras d’une folie.
Quand d’autres songeaient à l’été, j’habitais l’hiver et si le mordant insistait, je ruais sous les Tropiques.
Je pulvérisais le présent et toutes ses instances ; j’habitais une chimère et l’aplomb cerclait mon horizon.
Nul doute n’avait droit de cité, chagrins et bonheurs, ces deux compagnons de vie, étaient mon Orient et mon Occident, mon ombre et mon sang.
Regardez ! Regardez les ravines ! Voyez le sentier plonger dans halliers et les ronces !
Oui là sur mes tempes d’argent, le sillon s’est creusé ! O douces et vertes frondaisons reviendrez-vous un jour d’un souffle les rafraîchir ?
J’ai refait patiemment la route, j’ai taillé le silex au couteau de mon âme et les étincelles pleuvaient en mon cœur.
Ma sueur en liane maîtresse sur la pierre d’angle assigne à ma route un nouvel horizon.
Les pierres sont belles et le granit sous l’enclume du soleil scintille éclats d’étoiles sur sa robe sombre.
Fuseau de strass, la route miroite tout doucement ses micas sur l’encolure de la colline, ondule encore derrière les grands tournesols,
et s’en va là bas, langue de feu, dévorer dans un champ de pavots quelques rouges vertiges.
J’ai carrossé l’ultime voie, elle m’attend, je m’élance. Il faut vivre, vivre, rien que vivre !
Vois mon fils, vois ! La barrière est désormais belle et luit d’un doux éclat.
De quelle lumière, dis-moi, de quelles lumières dans tes yeux d’enfants, comètes ou soleils, est-elle l’élue ?
Pierre jean
Juste une question est-ce du vécu ?
Tes ont un air mélodieux, un arôme un peu personnel si j’ose dire ! à te relire.
sarah- Nombre de messages : 2022
Date d'inscription : 12/11/2008
Re: Lignes de vertige
Densité émotionnelle, touchante
Ecrite d’une proximité ardente
Relatant échec, tourment, cœur qui se plante
Ecrite d’une proximité ardente
Relatant échec, tourment, cœur qui se plante
Re: Lignes de vertige
Vois mon fils, vois ! La barrière est désormais belle et luit d’un doux éclat.
De quelle lumière, dis-moi, de quelles lumières dans tes yeux d’enfants, comètes ou soleils, est-elle l’élue ?
Un espoir de l'autre coté...
Réal
atouthasard- Nombre de messages : 1113
Date d'inscription : 11/10/2008
Re: Lignes de vertige
J’ai refait patiemment la route, j’ai taillé le silex au couteau de mon âme et les étincelles pleuvaient en mon cœur.
Ma sueur en liane maîtresse sur la pierre d’angle assigne à ma route un nouvel horizon.
Le courage et la volonté deux atouts !
Ma sueur en liane maîtresse sur la pierre d’angle assigne à ma route un nouvel horizon.
Le courage et la volonté deux atouts !
sarah- Nombre de messages : 2022
Date d'inscription : 12/11/2008
vertiges
une expérience de la vie dans ses difficultés, ses échecs, ses écueils, ces gouffres où l'on menace de plonger et cette lumière en rédemption comme une main tendue qui vous soulève et vous jette hors du chaos, une volonté de sur-vivre et de côtoyer les grandes lignes de vertiges...
pierrejean- Nombre de messages : 52
Humeur : exhubérant, grave, mélancolique, charmeur
Date d'inscription : 23/12/2008
Re: Lignes de vertige
Très philosophique !
Les mots viennent d’un fond qui a goutté aux tourments, aux questions sur l’existence, sur la vie, sur l’amouret sur soi même.
Les mots viennent d’un fond qui a goutté aux tourments, aux questions sur l’existence, sur la vie, sur l’amouret sur soi même.
firdaws- Nombre de messages : 930
Humeur : joie de vie !
Date d'inscription : 21/05/2008
dans les
traverses de ronces, l'âme écorchée et la voix rauque, j'ai abîmé mes ailes de vent.
Je reviendrais par les dédales inouis fleurir ma vie dans la poussière folle des vents! :vase:
Je reviendrais par les dédales inouis fleurir ma vie dans la poussière folle des vents! :vase:
pierrejean- Nombre de messages : 52
Humeur : exhubérant, grave, mélancolique, charmeur
Date d'inscription : 23/12/2008
Re: Lignes de vertige
....et aux seuils des vents de pierre, j'ai rencontré d"un même front et l'espoir et la crainte!
pierrejean- Nombre de messages : 52
Humeur : exhubérant, grave, mélancolique, charmeur
Date d'inscription : 23/12/2008
Re: Lignes de vertige
des mots à la poursuite de ce vide intérieur qui tous nous habite à un moment de notre vie. Une écriture onirique qui me plait infiniment. :vase:
TITEFEE- Nombre de messages : 1437
loisirs : poésies, ballades
Humeur : rêveuse
Date d'inscription : 17/02/2008
Page 1 sur 1
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