Ce soir le Rhône avait une étrrange teinte metallique

écrite en 2003 et que je viens de retrouver.. Que de chemin parcouru! la vie n'est pas linéaire, mais l'on s'aperçoit qu'il faut rêver, penser, pour que nos rêves et nos pensées puissent un jour prendre corps
Dans quelques instants, nous quitterons la maison ardèchoise, Roland-Bibi et moi pour aller ouvrir quelques heures plus tard la maison alsacienne et courir bientôt dans les forêts des vosges qui nous attendent. Je vis la vie que j'attendais depuis longtemps et le temps s'écoule goutte à goutte, un peu plus vite il me semble, trop vite, depuis que nous sommes deux et heureux. cela fera deux années pleines, le 13 octobre que nous ne nous sommes plus jamais quittés !

Ce soir Le Rhône avait une étrange couleur métallique
Et penchée sur lui, se mirait comme en un miroir la lune
Au loin, éclairé, se détachait carré, le beffroi de la basilique
Et insensiblement Valence, prenait alors sa teinte nocturne

J’étais accoudée au bois encore réchauffé de mon balcon
Le nez au vent, les cheveux légèrement caressés par la brise
Je humais des dernières roses ouvertes les senteurs exquises
Mais ne conservant aucune pensée mon esprit restait infécond

Tant de nuits d’été, à l’heure où la chaleur intense du jour apaisée,
M’ont vue ainsi silencieuse, le regard noyé dans ce ciel immense,
À regarder les scintillantes étoiles, aux tremblantes lueurs éthérées !
J’étais solitaire, sereine et loin de la passion et de toute romance

Ma vie avait pris un autre tournant, les enfants étaient partis
Et ma vie de femme en suspend par l’abandon de ce tiède mari
Qui avait pendant quinze ans tenu secrète par paresse ou lâcheté
Sa double-vie, sa liaison avec une jeune-femme que j’avais aidée

Je me sentais étrangement délivrée de liens qui étaient si lâches
Que je ne les sentais pas, car mon époux depuis bien des années
Avaient déserté la maison, notre vie et notre lit où seule ma place
Etait chaude au matin car sa place à lui ne l’avait pas réchauffée

Je me sentais presque heureuse en tous les cas me sentais délivrée
Car Je faisais de la moindre de mes heures enfin, ce que je désirais
Un tendre et vrai amour n’était plus un projet que j’embrassais encore
Je me voyais aller au bout de la vie ainsi, jusqu’à l’heure de ma mort

Narration qui l'emporte sur le poème ; mise en vers nécessaire d'une confidente blessée. Thérapie ou constat, écriture cathartique , il faut oser le dire et l'écrire, avec plus ou moins de détachement, cette mise à distance qui est aussi ironie bien souvent. La liberté retrouvée, pour construire un être nouveau ! C'est un joli but, un destin inaltérable