aux frontières de l'âme.

Les mots, les cultures, les langues, le partage ne reconnaissent pas les frontières................Heureusement

aux frontières de l'écrit
la plume crie la pensée
bienvenue à vous

Aux frontières de l’âme
Au bout de l’âme, aux confins du paradis perdu. Transcendantes, mes prières s’essoufflent ; à genoux, mes lamentations exotiques s’époumonent, s’éternisent… Suspendent les espoirs impossibles. D’une toile sans perspectives, sans fond elle sortit de nulle part.

Des anges aptères couvrent les deuils sans couleur de nuages secs et ouatés, de nuages gris comme le temps qui lessive les devenirs et drape les fonds des cafés refuges, des tavernes sorties des siècles ronds et éternels.
Au bout d’une rivière infinie, sans rivages et sans huppes de Salomon, d’où les acacias ont voyagé vers le pays lointain…
Auprès des spectres et des sirènes, je me rendrai chaque soir pour atteindre mon jour sans lendemain, pour concrétiser mon espace en perpétuelle métamorphose. Je me tapirai entre ciel et terre,
Là où les lois, la nature et l’instinct ne font qu’un. Là où l’ombre d’Hélianthe régnera sur le Royaume du désert. Rien ne tient ; rien ne vaut plus rien, ou alors tout est devenu Soleil, redevenu Elle.
Le monde s’est froissé, rétréci…
Une lueur, des balbutiements inaudibles, timides, tendent le cou, tentent le coup pour transgresser la pudeur et la nudité des noms et des choses.
Les sentiments affleurent, juste à côté du jujubier sacré, s’accrochent en guise d’espoirs martyrisés, suppliciés, en attendant Soleil, sous les regards des âmes éparpillées ça et là mais qui regardent toujours vers l’Est, vers La Mecque.
Un lointain souvenir, entre les rocs et les grisailles dolomitiques, sortit le signe, tel un Dolmen celtique, il me plongeait dans le fond de mes origines : des pleurs joyeux, jaunes et festifs.
Pourtant, une nuit, la place était déserte, au 28 rue Saint Jean ; la veille du premier novembre, des youyous interférèrent avec la fête des morts, des âmes se déchaînèrent, les frontières se confondirent, les anges survolaient la crèche de Saint Jean, c’était le début du voyage d’Hélianthe qui n’était pas encore née.
Les étoiles arrêtèrent de luire, la voûte s’étiola, la lune tourna le dos à l’ouest et s’éclipsa au fond des terres neuves, pays de mille et une couleurs.
L’âme suffoquait en descendant de la montagne sacrée, à terre rouge et rocs grisâtres, laissant des amandiers fleuris en pleurs, des figuiers gorgés de latex et de sève nourricière ; on dirait une vache fraîchement sortie de l’eutocie.
L’avènement d’Hélianthe dissipa la brume dense qui enveloppait les parages, sacralisa les lieux sous le regard des dieux venus de la Grèce antique et d’ailleurs.
Depuis, des jours identiques, de même longueur et de même couleur se sont écoulés, jusqu’au moment d’envol, du déchirement de la chrysalide… la ruée vers l’Est.
Les anges, les fantômes et le néant témoignent :
Depuis, le Royaume du désert englobe toutes les frontières, se vide de peuple et de sentiments à coups de noir et de froid. Un monde exigu est né, où l’eau bleue, ou sans couleur, sans aucune surface de reflet, s’évapore en vidant les corps de toute forme de souvenirs…

Les femmes, les hommes, les enfants et les rêves arrêtèrent leur existence, l’absurdité s’installe, les rues et les places, trépassent, perdant toute dimension possible, le temps se fracasse, les miroirs ne reflètent plus rien.
Narcisse est mort, les fantômes quittèrent alors les châteaux en ruine, la Dame Blanche qui nous gardait ne fait plus tourner le moulin, plus de grains, plus de vent, les quatre directions se sont enchevêtrées, plus de souvenirs…plus rien.
Un seul rayon émane des profondeurs de l’univers impossible, guiderait l’âme errante devenue S.D.F. Elle rode encore à la recherche de son corps juvénile beau comme un astre Grec.