Vous souvenez-vous ?

Vous souvenez-vous de l'indigo des ombres prochaines
Quand la nuit étendait doucement sur les grands chênes
Sa nappe d’obscurité qui faisait peur aux petits enfants?

Et vous souvenez-vous de ces grandes et belles tables
Pour communions et mariages où l’aïeule respectable
A la fin du repas se levait pour chanter « les bas noirs »
Avec cette voix encore coquine qu’elle savait avoir ?

Vous souvenez-vous de nos récriminations querelleuses
Lorsqu’avec nos sœurs nous voulions capter l’attention
De notre mère qui calmait nos ardeurs trop belliqueuses
En nous punissant ensemble et sans aucune distinction ?

Vous souvenez vous de nos fugaces secrets d’adolescentes
De nos petits carnets secrets, de nos lectures clandestines
Qui nous mettaient le rouge aux joues de façon évidente
Et nous faisaient les yeux brillants mais sans être libertines?

Plongée au creux de mes souvenirs,
Des images ne voulant point périr,
Ranimant au profond de mon coeur,
Des instants,trop rares,de douceur.

Je me souviens d'une chanson ancienne
où le ruisseau nous racontait sa peine
où les oiseaux chantaient pour une reine...

( Tiens, sans m'en rendre compte,
"v'la que j'fais aussi d'la polésie" comme dirait Zazie...)

Nostalgie et souvenirs
occupent l'enfance de notre maturité.

Georges Pérec a écrit de magnifiques variations sur ce début de phrase, revenant conne une anaphore : "Je me souviens"... Un poème/spectacle joué par Sami Frey.