José-Maria de HEREDIA
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José-Maria de HEREDIA
Le laboureur
Le semoir, la charrue, un joug, des socs luisants,
La herse, l'aiguillon et la faulx acérée
Qui fauchait en un jour les épis d'une airée,
Et la fourche qui tend la gerbe aux paysans ;
Ces outils familiers, aujourd'hui trop pesants,
Le vieux Parmis les voue à l'immortelle Rhée
Par qui le germe éclôt sous la terre sacrée.
Pour lui, sa tâche est faite ; il a quatre-vingts ans.
Prés d'un siècle, au soleil, sans en être plus riche,
Il a poussé le coutre au travers de la friche ;
Ayant vécu sans joie, il vieillit sans remords.
Mais il est las d'avoir tant peiné sur la glèbe
Et songe que peut-être il faudra, chez les morts,
Labourer des champs d'ombre arrosés par l'Érèbe.
Le semoir, la charrue, un joug, des socs luisants,
La herse, l'aiguillon et la faulx acérée
Qui fauchait en un jour les épis d'une airée,
Et la fourche qui tend la gerbe aux paysans ;
Ces outils familiers, aujourd'hui trop pesants,
Le vieux Parmis les voue à l'immortelle Rhée
Par qui le germe éclôt sous la terre sacrée.
Pour lui, sa tâche est faite ; il a quatre-vingts ans.
Prés d'un siècle, au soleil, sans en être plus riche,
Il a poussé le coutre au travers de la friche ;
Ayant vécu sans joie, il vieillit sans remords.
Mais il est las d'avoir tant peiné sur la glèbe
Et songe que peut-être il faudra, chez les morts,
Labourer des champs d'ombre arrosés par l'Érèbe.
firdaws- Nombre de messages : 930
Humeur : joie de vie !
Date d'inscription : 21/05/2008
Épitaphe
Suivant les vers de Henry III.
Ô passant, c'est ici que repose Hyacinthe
Qui fut de son vivant seigneur de Maugiron ;
Il est mort - Dieu l'absolve et l'ait en son giron !
Tombé sur le terrain, il gît en terre sainte.
Nul, ni même Quélus, n'a mieux, de perles ceinte,
Porté la toque à plume ou la fraise à godron ;
Aussi vois-tu, sculpté par un nouveau Myron,
Dans ce marbre funèbre un rameau de jacinthe.
Après l'avoir baisé, fait tondre, et de sa main
Mis au linceul, Henry voulut qu'à Saint-Germain
Fût porté ce beau corps, hélas ! inerte et blême ;
Et, jaloux qu'un tel deuil dure éternellement,
Il lui fit en l'église ériger cet emblème,
Des regrets d'Apollo triste et doux monument.
Ô passant, c'est ici que repose Hyacinthe
Qui fut de son vivant seigneur de Maugiron ;
Il est mort - Dieu l'absolve et l'ait en son giron !
Tombé sur le terrain, il gît en terre sainte.
Nul, ni même Quélus, n'a mieux, de perles ceinte,
Porté la toque à plume ou la fraise à godron ;
Aussi vois-tu, sculpté par un nouveau Myron,
Dans ce marbre funèbre un rameau de jacinthe.
Après l'avoir baisé, fait tondre, et de sa main
Mis au linceul, Henry voulut qu'à Saint-Germain
Fût porté ce beau corps, hélas ! inerte et blême ;
Et, jaloux qu'un tel deuil dure éternellement,
Il lui fit en l'église ériger cet emblème,
Des regrets d'Apollo triste et doux monument.
firdaws- Nombre de messages : 930
Humeur : joie de vie !
Date d'inscription : 21/05/2008
Le cocher
Étranger, celui qui, debout au timon d'or,
Maîtrise d'une main par leur quadruple rêne
Ses chevaux noirs et tient de l'autre un fouet de frêne,
Guide un quadrige mieux que le héros Castor.
Issu d'un père illustre et plus illustre encor...
Mais vers la borne rouge où la course l'entraîne,
Il part, semant déjà ses rivaux sur l'arène,
Le Libyen hardi cher à l'Autocrator.
Dans le cirque ébloui, vers le but et la palme,
Sept fois, triomphateur vertigineux et calme,
Il a tourné. Salut, fils de Calchas le Bleu !
Et tu vas voir, si l'oeil d'un mortel peut suffire
A cette apothéose où fuit un char de feu,
La Victoire voler pour rejoindre Porphyre.
Maîtrise d'une main par leur quadruple rêne
Ses chevaux noirs et tient de l'autre un fouet de frêne,
Guide un quadrige mieux que le héros Castor.
Issu d'un père illustre et plus illustre encor...
Mais vers la borne rouge où la course l'entraîne,
Il part, semant déjà ses rivaux sur l'arène,
Le Libyen hardi cher à l'Autocrator.
Dans le cirque ébloui, vers le but et la palme,
Sept fois, triomphateur vertigineux et calme,
Il a tourné. Salut, fils de Calchas le Bleu !
Et tu vas voir, si l'oeil d'un mortel peut suffire
A cette apothéose où fuit un char de feu,
La Victoire voler pour rejoindre Porphyre.
firdaws- Nombre de messages : 930
Humeur : joie de vie !
Date d'inscription : 21/05/2008
Fleurs de feu
José-Maria De HEREDIA
Bien des siècles depuis les siècles du Chaos,
La flamme par torrents jaillit de ce cratère,
Et le panache igné du volcan solitaire
Flamba plus haut encor que les chimbotazos.
Nul bruit n'éveille plus la cime sans échos.
Où la cendre pleuvait l'oiseau se désaltère;
Le sol est immobile et le sang de la Terre,
La lave, en se figeant, lui laissa le repos.
Pourtant, suprême effort de l'antique incendie,
A l'orle de la gueule à jamais refroidie,
Eclatant à travers les rocs pulvérisés,
Comme un coup de tonnerre au milieu du silence,
Dans le poudroiement d'or du pollen qu'elle lance
S'épanouit la fleur des cactus embrasés.
Bien des siècles depuis les siècles du Chaos,
La flamme par torrents jaillit de ce cratère,
Et le panache igné du volcan solitaire
Flamba plus haut encor que les chimbotazos.
Nul bruit n'éveille plus la cime sans échos.
Où la cendre pleuvait l'oiseau se désaltère;
Le sol est immobile et le sang de la Terre,
La lave, en se figeant, lui laissa le repos.
Pourtant, suprême effort de l'antique incendie,
A l'orle de la gueule à jamais refroidie,
Eclatant à travers les rocs pulvérisés,
Comme un coup de tonnerre au milieu du silence,
Dans le poudroiement d'or du pollen qu'elle lance
S'épanouit la fleur des cactus embrasés.
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
La Source
José-Maria De HEREDIA
L'autel gît sous la ronce et l'herbe enseveli;
Et la source sans nom qui goutte à goutte tombe
D'un son plaintif emplit la solitaire combe.
C'est la Nymphe qui pleure un éternel oubli.
L'inutile miroir que ne ride aucun pli
A peine est effleuré par un vol de colombe
Et la lune, parfois, qui du ciel noir surplombe,
Seule, y reflète encore un visage pâli.
De loin en loin, un pâtre errant s'y désaltère.
Il boit, et sur la dalle antique du chemin
Verse un peu d'eau restée dans le creux de sa main.
Il a fait, malgré lui, le geste héréditaire,
Et ses yeux n'ont pas vu le cippe romain
Le vase libatoire auprès de patère.
L'autel gît sous la ronce et l'herbe enseveli;
Et la source sans nom qui goutte à goutte tombe
D'un son plaintif emplit la solitaire combe.
C'est la Nymphe qui pleure un éternel oubli.
L'inutile miroir que ne ride aucun pli
A peine est effleuré par un vol de colombe
Et la lune, parfois, qui du ciel noir surplombe,
Seule, y reflète encore un visage pâli.
De loin en loin, un pâtre errant s'y désaltère.
Il boit, et sur la dalle antique du chemin
Verse un peu d'eau restée dans le creux de sa main.
Il a fait, malgré lui, le geste héréditaire,
Et ses yeux n'ont pas vu le cippe romain
Le vase libatoire auprès de patère.
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
Le récif de corail
José-Maria De HEREDIA
Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Eclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore.
Et tout ce que le sel ou l'iode colore,
Mousse, algue chevelue, anémones, oursins,
Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins,
Le fond vermiculé du pâle madrépore.
De sa splendide écaille éteignant les émaux,
Un grand poisson navigue à travers les rameaux;
Dans l'ombre transparente indolemment il rôde;
Et, brusquement, d'un coup de sa nageoire en feu
Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu,
Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.
Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Eclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore.
Et tout ce que le sel ou l'iode colore,
Mousse, algue chevelue, anémones, oursins,
Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins,
Le fond vermiculé du pâle madrépore.
De sa splendide écaille éteignant les émaux,
Un grand poisson navigue à travers les rameaux;
Dans l'ombre transparente indolemment il rôde;
Et, brusquement, d'un coup de sa nageoire en feu
Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu,
Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.
Iness- Nombre de messages : 834
Date d'inscription : 18/02/2010
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