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Bal a Florence

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Message par Prince de dité Sam 13 Sep - 0:50

C'était la fête à Florence! En ce 14 Juin 1554, Gandolfo, noble et dernier héritier de la famille Médicis, famille ayant régnée sans partage sur Florence avant que les Guelfes Noirs ne les en chassent, donnait une réception dans sa villa sur les hauteurs de Santa Croce.

Gandolfo de Médicis avait invité tout ce que la Toscane comptait de nobles, descendants d'illustres familles telles que les Cosmes ou les Pazzi. Les femmes avaient revêtues leur plus belle toilette et les hommes repoudrés leur perruque.

Dans l'assemblée il y avait Rinaldo Pazzi, descendant de la famille Pazzi, et son fils appelé à lui succéder un jour, Giancarlo. Giancarlo était tout ce que son père n'était pas. Autant Rinaldo était calme et posé, autant son fils n'était que flammes. Giancarlo restait fidèle à un seul amour quand son père multipliait les maîtresses et les fils indignes, remplissant à lui seul la plupart des couvents Toscans. Giancarlo méprisait la haute société, mais il avait accepté de participer à cette réception quand son père lui promit que lui-même participerait à une fête populaire pour faire bonne mesure.

La réception était somptueuse. Rien ne manquait: alcools fins, mets succulents et musique de chambre divine. Les robes et le luxe des parures étaient un enchantement pour les yeux. Mais tout cet étalage de superficialité lassa très vite le jeune Giancarlo, qui sortit prendre l'air et admirer d'en haut les lumières de Florence qui avait revêtu ses habits de fête.

Le Ponte Vecchio brillait de milles feux et le Duomo resplendissait. Les Uffizzi étaient parés de guirlandes et de lampions, et la Piazza Santo Spirito semblait brûler sous les torches.

Soudain, Giancarlo sentit comme un souffle dans son dos: il se retourna pour ne voir qu'une chouette effraie, une dame blanche, qui s'envolait une souris dans le bec participer elle aussi au festin, à sa manière... Giancarlo lui souhaita bon appétit, et repris son observation des lumières et des fêtes populaires. Il nota que seule la prison du Forte di Belvedere restait obscure.

Giancarlo observait le Palazzio Pitti lorsqu'il sentit une deuxième fois quelqu'un souffler dans son oreille, très distinctement. Il se retourna et vit que se tenait en face de lui une silhouette évanescente, blanchâtre, semblant voler au-dessus du sol... enfin ce qu'il est convenu d'appeler un fantôme!

Le fantôme ressemblait à une jeune femme, aux cheveux et aux yeux noirs. Elle s'adressa à Giancarlo:

"Mon chéri, cela fait des siècles que je t'attends"

Interloqué, Giancarlo bredouilla: "nous nous connaissons?"

"Mon nom se perd dans l'histoire, mais ceçi t'évoquera sûrement quelque souvenir mon trésor. Cela appartenait à mon père."

Elle tendit alors un médaillon sur lequel s'enroulait une devise latine: "In nocte amor mea lucerna est" Dans la nuit, l'amour est ma lumière... Giancarlo réagit immédiatement:

"La devise des Capponi, la plus illustre et la plus terrible des familles Toscane. "Les Atrides de Toscane" c'est ainsi qu'on vous nomme. Donc vous ne pouvez être que...
-Francisca Capponi, fille dévoyée du patriarche Ménélas Capponi, meurtrier de ses 2 fils, et d'Ethra Capponi, qui sacrifia sa fille Hermione à la gloire du dieu Mercure."

Tandis qu'elle déroulait l'écheveau des horreurs, remontant le fil de la damnation de cette famille maudite, Giancarlo ne put que remarquer que les joues du fantôme se paraient de perles salées et brillantes, diamants de peine sur son visage spectral...

Alors qu'elle arrivait à son aïeul Atrèe, qui dévora son fils Thieste, Giancarlo l'arrêta:

"Est-ce pour me conter les horreurs de votre famille, que du reste tout le monde connaît, que vous êtes ici ce soir?"

Il y eut un silence puis Francisca dit d'une voix solennelle:

"Non. Je veux que tu mettes fin à cette damnation, et que tu réhabilites notre nom. Epouse-moi. Ainsi, la gloire de ta famille rejaillira sur la mienne.
-Mais vous êtes morte depuis plusieurs siècles!
-Il n'appartient qu'à toi de me rejoindre, de franchir le pas. Je me suis laissée dire que l'absolu te tentait. alors que dirais-tu d'essayer?
-Trop de choses me retiennent encore ici.
-Songe à ce qui t'attends, songe aux plaisirs que la mort procure.... et songe à ta devise.
-"Sed non satiata" je sais. "La soif mais jamais la satiété".
-L'avenir qui t'es promis te réjouit-il tant?
-Non, mais il est de mon devoir de...
-... Renie le passé, le devoir... toi qui ne vis que de flammes, laisse-les te consumer. Rejoins-moi mon amour!"

Giancarlo posa ses mains sur la rambarde bordant le jardin, et jeta un dernier regard à Florence et ses feux. Puis il murmura "Sed non satiata", et enjamba la rambarde avant de plonger vers l'inconnu, l'absolu...

Au matin, lorsque l'on s'enquit enfin de sa présence, un jardinier dit l'avoir vu sauter dans le vide, après avoir parlé tout seul pendant un long moment. On chercha son cadavre en contrebas, mais sa dépouille démembrée resta introuvable.

Un vieux Florentin eût cette parole étrange: "C'était un ange qui prenait enfin les dimensions de l'univers". Ce vieux Florentin se nommait Dante Alighieri.

Fin.
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Message par Admin Sam 11 Oct - 14:23

trés beau texte , à relire. king
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Humeur : joyeuse, le plus souvent.
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Message par rayane Dim 2 Nov - 20:52

Bal de noir, en un soir sombre, pour des âmes sans ombres; c'est ce qui me vient à la tête en lisant tes vers .
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rayane
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Message par gepetto Lun 3 Nov - 18:33

C'était la fête à Florence! En ce 14 Juin 1554, Gandolfo, noble et dernier héritier de la famille Médicis, famille ayant régné sans partage sur Florence avant que les Guelfes Noirs ne les en chassent, donnait une réception dans sa villa sur les hauteurs de Santa Croce.

Gandolfo de Médicis avait invité tout ce que la Toscane comptait de nobles, descendants d'illustres familles telles que les Cosmes ou les Pazzi. Les femmes avaient revêtu leur plus belle toilette et les hommes repoudré leur perruque.

Dans l'assemblée il y avait Rinaldo Pazzi, descendant de la famille Pazzi, et son fils appelé à lui succéder un jour, Giancarlo. Giancarlo était tout ce que son père n'était pas. Autant Rinaldo était calme et posé, autant son fils n'était que flammes. Giancarlo restait fidèle à un seul amour quand son père multipliait les maîtresses et les fils indignes, remplissant à lui seul la plupart des couvents Toscans. Giancarlo méprisait la haute société, mais il avait accepté de participer à cette réception quand son père lui promit que lui-même participerait à une fête populaire pour faire bonne mesure.

La réception était somptueuse. Rien ne manquait: alcools fins, mets succulents et musique de chambre divine. Les robes et le luxe des parures étaient un enchantement pour les yeux. Mais tout cet étalage de superficialité lassa très vite le jeune Giancarlo, qui sortit prendre l'air et admirer d'en haut les lumières de Florence qui avait revêtu ses habits de fête.

Le Ponte Vecchio brillait de mille feux et le Duomo resplendissait. Les Uffizzi étaient parés de guirlandes et de lampions, et la Piazza Santo Spirito semblait brûler sous les torches.

Soudain, Giancarlo sentit comme un souffle dans son dos: il se retourna pour ne voir qu'une chouette (précision inutile qui alourdit le texte, puisque l'effraie est une chouette ?) effraie, une dame blanche, qui s'envolait une souris dans le bec participer elle aussi au festin, à sa manière... Giancarlo lui souhaita bon appétit, et reprit son observation des lumières et des fêtes populaires. Il nota que seule la prison du Forte di Belvedere restait obscure. (Dans l'obscurité serait mieux, non ?)

Giancarlo observait le Palazzio Pitti lorsqu'il sentit une deuxième fois quelqu'un souffler dans son oreille, très distinctement. Il se retourna et vit que se tenait en face de lui une silhouette évanescente, blanchâtre, semblant voler au-dessus du sol... Enfin ce qu'il est convenu d'appeler un fantôme !

Le fantôme ressemblait à une jeune femme, aux cheveux et aux yeux noirs. Elle s'adressa à Giancarlo:

"Mon chéri, cela fait des siècles que je t'attends"

Interloqué, Giancarlo bredouilla: "nous nous connaissons ?"

"Mon nom se perd dans l'histoire, mais ceci (la cédille n'est employée que devant a, o et u) t'évoquera sûrement quelque souvenir mon trésor. Cela appartenait à mon père."

Elle tendit alors un médaillon sur lequel s'enroulait une devise latine: "In nocte amor mea lucerna est" Dans la nuit, l'amour est ma lumière... Giancarlo réagit immédiatement :

"La devise des Capponi, la plus illustre et la plus terrible des familles Toscane. "Les Atrides de Toscane" c'est ainsi qu'on vous nomme. Donc vous ne pouvez être que...
-Francisca Capponi, fille dévoyée du patriarche Ménélas Capponi, meurtrier de ses 2 fils, et d'Ethra Capponi, qui sacrifia sa fille Hermione à la gloire du dieu Mercure."

Tandis qu'elle déroulait l'écheveau des horreurs, remontant le fil de la damnation de cette famille maudite, Giancarlo ne put que remarquer que les joues du fantôme se paraient de perles salées et brillantes, diamants de peine sur son visage spectral...

Alors qu'elle arrivait à son aïeul Atrée, qui dévora son fils Thieste, Giancarlo l'arrêta:

"Est-ce pour me conter les horreurs de votre famille, que du reste tout le monde connaît, que vous êtes ici ce soir?"

Il y eut un silence puis Francisca dit d'une voix solennelle :

"Non. Je veux que tu mettes fin à cette damnation, et que tu réhabilites notre nom. É (Alt 144) pouse-moi. Ainsi, la gloire de ta famille rejaillira sur la mienne.
-Mais vous êtes morte depuis plusieurs siècles !
-Il n'appartient qu'à toi de me rejoindre, de franchir le pas. Je me suis laissée dire que l'absolu te tentait. Alors que dirais-tu d'essayer?
-Trop de choses me retiennent encore ici.
-Songe à ce qui t'attends, songe aux plaisirs que la mort procure.... et songe à ta devise.
-"Sed non satiata" je sais. "La soif mais jamais la satiété".
-L'avenir qui t'est promis te réjouit-il tant ?
-Non, mais il est de mon devoir de...
-... Renie le passé, le devoir... toi qui ne vis que de flammes, laisse-les te consumer. Rejoins-moi mon amour !"

Giancarlo posa ses mains sur la rambarde bordant le jardin, et, jetant un dernier regard à Florence et ses feux, tout en murmurant "Sed non satiata", l'enjamba avant de plonger vers l'inconnu, l'absolu...

Au matin, lorsque l'on s'enquit enfin de sa présence, un jardinier dit l'avoir vu sauter dans le vide, après avoir parlé tout seul pendant un long moment. On chercha son cadavre en contrebas, mais sa dépouille démembrée resta introuvable.

Un vieux Florentin eut cette parole étrange: "C'était un ange qui prenait enfin les dimensions de l'univers". (J'irais à la ligne, non ?)
Ce vieux Florentin se nommait Dante Alighieri.

Fin.

j'ai bien aimé l'ambiance rendue et la chute (celle du récit ...) et je me suis permis quelques corrections (obligatoires pour l'orthographe) et facultatives (pour la forme).

Wink en tous cas !
gepetto
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Message par Nuage Dim 9 Nov - 14:49

Une histoire quelque part entre la vie et la mort, la lumière et l'ombre ... en tout cas, une très jolie légende, racontée avec délicatesse !
Merci et :j'm c'q't'écri
Nuage
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